Mehmet Ali Ağca
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Mehmet Ali Ağca (né le 9 janvier 1958 à Malatya en Turquie) est un militant de l'extrême droite turque (les « Loups Gris ») qui a tiré sur le pape Jean-Paul II sur la place Saint-Pierre de Rome, le 13 mai 1981.
Après l'attentat, Jean-Paul II demanda aux fidèles de prier pour « son frère (Ağca), à qui j'ai sincèrement pardonné ». En 1983, Jean-Paul II et Ağca se sont rencontrés à la prison italienne où celui-ci était détenu, et ont parlé en privé. Selon un article de United Press, le pape a gardé le contact, jusqu'à sa mort, avec la famille d'Ağca. Il a même rencontré la mère et le frère d'Ağca une décennie plus tard.
En 2000, Ağca est transféré en prison en Turquie pour des crimes qu'il a commis sur le sol turc avant d'aller en Italie. Le 27 avril 2002, le président de la République turque Ahmet Necdet Sezer avait mis son veto à la loi d’amnistie qui aurait permis d’annuler la peine de Mehmet Ali Ağca, condamné initialement à la prison à vie (peine réduite par la suite à dix ans d'emprisonnement) pour le meurtre en 1979 du directeur de publication du quotidien Milliyet, Abdi İpekçi. Il a été libéré pendant une semaine début 2006.
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[modifier] Sa vie
Dans sa jeunesse, Ağca, orphelin de père depuis 1966, fut un petit voyou et fit partie d'un gang de rue de sa propre ville. Il fut plus tard contrebandier dans le commerce lucratif entre la Turquie et la Bulgarie. Il alla ensuite en Syrie où il reçut deux mois d'entraînement en armement et sur les tactiques terroristes. Il affirma que cela avait été payé par le gouvernement bulgare. Après cet entraînement, il travailla pour l'extrême droite turque, les Loups gris, qui à l'époque poussèrent à la déstabilisation du pays et à l'instauration d'un gouvernement militaire. Les opinions divergent quant à savoir si les Loups gris étaient utilisés par la CIA ou par les Services secrets bulgares à cette fin; selon Le Monde diplomatique, ils étaient manipulés par Gladio, les réseaux "stay-behind" de l'OTAN [1]. Ağca se décrit lui-même comme un mercenaire sans orientation politique qui était prêt à faire n'importe quoi pour de l'argent. Le 1er février 1979, sur les ordres des Loups gris, il tua Abdi İpekçi, rédacteur en chef de « Milliyet », un grand quotidien de centre-gauche en Turquie. Il fut arrêté grâce à un informateur et fut condamné à la prison à vie. Il parvint à s'enfuir avec l'aide d'Abdullah Çatlı, le numéro 2 des Loups gris [1].
[modifier] Complot contre le pape
- Pour plus d'information, voir l'article : Tentative d'assassinat du Pape du 13 mai 1981
Ağca fuit vers la Bulgarie. Il déclara par la suite qu'il fut approché à Sofia par les Services secrets bulgares, qui lui offrirent trois millions de marks pour assassiner le pape. Les Bulgares reçurent prétendument des ordres du KGB d'assassiner le pape à cause de son appui au mouvement Solidarité en Pologne. Toutefois, plus tard, Ağca retira cette version des faits et donna d'autres versions contradictoires.
Des personnes dont Edward Herman et Michael Parenti pensent que l'histoire de Ağca est douteuse, d'autant plus que ce dernier n'a fait aucune allusion à l'implication de la Bulgarie avant d'être mis en cellule d'isolement et visité par le service de renseignement militaire italien (SISMI), qui lui aurait sans doute soufflé l'idée de l'implication bulgare.
Au début août 1980, Ağca commença à voyager dans la région méditerranéenne, changeant de passeports et d'identités, sans doute pour brouiller les pistes sur son point de départ à Sofia. Pendant son voyage en Europe, Ağca avait dépensé 50 000 dollars, or Ağca à cette époque n'avait aucun travail, ce qui ramenait à confirmer l'hypothèse de l'aide du parti neo-fasciste MHP et/ ou de la CIA. On pense aussi que l'homme d'affaire Turc : Bekir Çelik proche du parti des nationalistes Turc (MHP) aurait aidé au financement des projets. Ağca avoua que Musa Celebi, qui était le leader de MHP en Europe lui donna l'ordre de tuer le pape Jean-Paul II.
Il arriva à Rome le 10 mai 1981 par un train depuis Milan.
À Rome, il déclara avoir rencontré trois complices, un Turc et deux Bulgares, on pense que le Turc était Musa Celebi. Selon Ağca, l'opération était dirigée par Zelio Vassilev l'attaché militaire bulgare à Rome.
Le plan était qu'Ağca et sa réserve Oral Celik tirent depuis la Place Saint-Pierre et ensuite déclenchent une bombe pour créer la panique et le chaos, et permettre au groupe de fuir vers l'ambassade bulgare. Le 13 mai, ils écrivaient des cartes postales sur la place Saint-Pierre en attendant le Pape. Quand il passa, Ağca tira deux fois, mais fut rapidement maîtrisé par la foule. Celik paniqua et donc ne déclencha pas la bombe et ne tira pas sur le Pape, il s'évanouit dans la foule avant d'être arrêté peu de temps après.
D'abord Ağca déclara appartenir au Front populaire de libération de la Palestine mais cette organisation démentit tout lien avec lui.
Un peu après, Sergei Antonov, un des Bulgares, fut arrêté sur la base du témoignage d'Ağca. Après trois ans de procès, il fut déclaré non coupable par manque de preuves. Le témoignage d'Ağca fut souvent contradictoire et parfois même insensé puisqu'il déclara être l'incarnation de Jésus. Les Bulgares prétendirent toujours être innocents et avancèrent que l'histoire d'Ağca était en fait un complot anti-communiste mis en place par les Loups gris, les services secrets italiens et la CIA (i.e. Gladio). Edward Herman, dans son livre sur la connexion bulgare, affirma que la CIA employa Michael Ledeen comme défenseur de la thèse du projet bulgare. Cette thèse a éte mise en place par Ronald Reagan et les États-Unis pour lutter contre le communisme. La thèse de l'implication du réseau stay-behind Gladio a aussi été soutenue par la journaliste Lucy Komisar [2]
Ağca, condamné à l'emprisonnement à vie en Italie pour la tentative d'assassinat sur Jean-Paul II, fut grâcié, après 19 ans passés derrière les barreaux, par le président italien Carlo Azeglio Ciampi, et extradé vers la Turquie le 14 juin 2000. Dès son arrivée dans son pays natal, il fut incarcéré dans la centrale de haute sécurité de Kartal-Maltepe (Istanbul), pour l'assassinat en 1979 du journaliste turc Abdi İpekçi, pour lequel il avait été condamné à mort par contumace en 1980, peine commuée en dix années de réclusion en vertu d’une loi d’amnistie de 1991.
Le 26 juin 2000, le pape Jean-Paul II dévoila le troisième secret de Fatima et expliqua que la tentative d'assassinat était l'accomplissement de ce troisième secret. Des théoriciens de la conspiration mettent en doute la divulgation complète du contenu de la lettre, car en général, on croit que le secret prédit est l'Apocalypse.
Pendant sa visite en Bulgarie en mai 2002, le pape Jean-Paul II déclara qu'il n'avait jamais cru à la piste bulgare.
Ağca déclara : « Pour moi, le pape était l'incarnation du capitalisme dans son ensemble ». Malgré une demande de libération anticipée en novembre 2004, une cour turque décida qu'il ne pouvait pas quitter la prison jusqu'en 2010.
Au début février 2005, pendant la maladie du pape, Ağca lui envoya ses vœux et lui annonça la fin du monde. Un peu plus tard, le pape publia son livre « Mémoire et identité : Conversations au passage entre deux millénaires », qui relate sa vision de la tentative d'assassinat. Le livre est pour l'essentiel une retranscription des conversations qu'il eut en polonais avec son ami, le philosophe politique Krzysztof Michalski et feu le révérend Jozef Tishner en 1993 à Castel Gandolfo près de Rome.
Le 9 janvier 2006, un tribunal turc décide de le libérer dans la semaine et le 12 janvier, Mehmet Ali Ağca sort de prison après près de 25 années passées derrière les barreaux, dont 19 en Italie. Mais sa libération est de courte durée puisqu'elle est annulée le 20 janvier 2006 date à laquelle il est de nouveau placé en détention. La Cour de cassation ayant estimé qu'il devait continuer à purger sa peine de dix ans de prison à laquelle il avait été condamné pour le meurtre d'un journaliste turc en 1979.
D'après le rapport d'une commission d'enquête parlementaire italienne, publié en mars 2006, l'URSS aurait commandité l'attentat contre le pape Jean-Paul II en mai 1981. Ces révélations, attribuant la décision de l'attentat au président de l'URSS Léonid Brejnev et son organisation aux services militaires soviétiques, reposent sur les archives d'un ex-agent du KGB passé à l'Ouest au début des années 1990, Vassili Mitrokhine.
[modifier] Les interviews de 2005
Le 31 mars 2005, la mort du pape Jean-Paul II étant imminente, Ağca accorda une interview au journal italien la Repubblica. [2]. Une traduction anglaise commentée peut être également consultée [3]. Ağca déclara travailler sur un livre concernant la tentative d'assassinat qui devrait être publié plus tard en 2005. Il affirma également avoir eu des complices au Vatican pour l'aider. Toutefois, une semaine plus tard, Turkish Weekly rapporta la dénégation d'Ağca. [4].
Quand le pape mourut le 2 avril 2005, le frère d'Ağca, Adnan déclara, dans une interview, que Mehmet Ali et toute sa famille le pleurait et que le pape était leur ami. Le 5 avril, CNN annonça qu'Ağca voulait assister aux funérailles du pape le 8 avril. Cependant, les autorités turques rejetèrent cette requête. [5]
[modifier] Références culturelles
La tentative d'assassinat du pape est un élément majeur du livre de Tom Clancy, Red Rabbit. Ağca n'y est pas expressément mentionné mais le livre détaille l'implication supposée du KGB et la tentative elle-même.
Voir aussi le roman de Philippe Sollers, Le Secret. Voir aussi le documentaire de Yona Andronov, Sur la piste des loups
[modifier] Références
- ↑ "Les liaisons dangereuses de la police turque", Le Monde diplomatique, mars 1997
- ↑ (en) "The Assassins of a Pope" article de Lucy Komisar 4 juin 1997 sur Abdullah Catli et Mehmet Ali Agca et l'implication de Gladio
[modifier] Liens externes
- (en) Chronologie de Agça.