Makhnovchtchina
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Makhnovchtchina (en cyrillique Махновщина) est le nom de l'Armée insurrectionnelle d'Ukraine dans les années 1920, nom donné d'après le nom de Nestor Makhno.
La Makhnovchtchina prend forme lorsque Lénine livre l'Ukraine aux Allemands (traité de Brest-Litovsk, 1918) : les paysans de la région du bord de la mer Noire se rassemblant alors de manière plus ou moins spontanée autour de la personnalité charismatique de Makhno.
La Makhnovchtchina a combattu aussi bien les Armées blanches (partisans du Tsar) de Dénikine, avec succès, que l'Armée rouge, dirigée par les Bolcheviks, sous la forme d'une guérilla. Pendant quatre années, elle combattra les forces contre-révolutionnaires, qui voient dans cette région de l'Ukraine un passage vers Moscou. La guérilla s'achèvera lors de la bataille victorieuse d'Ekatérinoslav. Beaucoup d'historiens[réf. nécessaire] s'accordent à dire que sans ce soulèvement inattendu, les Bolcheviks n'auraient jamais réussi à tenir la Russie. La Makhnovchtchina fut finalement exterminée par les Bolcheviks, en surnombre et disposant de moyens militaires beaucoup plus importants. C'est Léon Trotsky lui-même qui commandera la répression du mouvement à bord de son train blindé.
Son action a aussi été de tenter l'ébauche d'une forme nouvelle de société, avec la création de collectivités non-autoritaires comme à Sébastopol, mais les mouvements armés incessants, auxquels la région fut en proie, rendirent impossible la véritable réalisation de ce projet.
Comme les autres forces en lutte dans le cadre de la Guerre civile russe, elle s'est rendue coupable de certaines exactions, cependant des historiens[réf. nécessaire] s'accordent à reconnaître l'excellente réputation auprès de la population civile ukrainienne de cette armée composée exclusivement de volontaires, et à séparer les cas d'exactions commis par des officiers isolés, tels Grigorieff, qui fut fusillé, et ceux commis par diverses bandes armées de pillards se réclamant de la Makhnovchtchina sans être reconnue par elle[1].
Pour les anarchistes, elle est le symbole d'un communisme non autoritaire, et sa défaite face à l'Armée rouge annonce les dérives à venir du régime soviétique.
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[modifier] Contexte historique
A la fin du mois de février 1917, excédé par une guerre qui n’en finissait plus et une famine qui s’accentuait, le peuple russe détruisit en moins d’une semaine la domination tsariste. Un gouvernement bourgeois fut constitué, le gouvernement Kérensky, qui réussit tant bien que mal à se maintenir au pouvoir jusqu’en octobre 1917. Considéré trop timoré, refusant d’arrêter la guerre et incapable de régler les problèmes politiques et économiques, ce gouvernement fut renversé par les masses populaires russes le 25 octobre, et cela sous l’impulsion du Parti bolchevik. Les Bolcheviks bénéficièrent de l’appui de l’armée, des Soviets (conseils d’ouvriers, fonctionnant au début de la révolution sur une base autogestionnaire) et surtout ont pris le pouvoir politique grâce à des mots d’ordres percutants et libertaires : « À bas la guerre ! Vive la paix immédiate ! La terre aux Paysans ! Les usines aux ouvriers ! ». Ces deux derniers slogans signifiaient explicitement que la terre et les usines seraient sous le contrôle des paysans et des ouvriers. Cependant, le Parti bolchevik, qui détenait l’appareil d’état, s'affirmant être le seul représentant de la classe ouvrière et attachant moins d'importance à la classe paysanne, nationalisa et militarisa la production dans les usines et appauvrit les campagnes.
Sous la « dictature du prolétariat », qu'on peut en fait voir comme la dictature du Parti bolchevik sur le prolétariat, la bureaucratie étatique, l’armée et la police furent développées à outrance non pas pour lutter contre les armées contre-révolutionnaires, mais plutôt pour permettre aux nouveaux maîtres « rouges » de juguler les velléités de révoltes populaires. Les travailleurs russes furent ainsi sommés, sous peine de mort, au début de l’année 1918, de remettre leurs armes aux autorités militaires bolchéviques.
Après la signature du traité de Brest-Litovsk (3 mars 1918), qui offrait l’Ukraine aux Allemands, les Bolcheviks se sentirent en confiance et débutèrent la répression de leurs opposants politiques. Ils s’attaquèrent aux socialistes-révolutionnaires de gauche, qui avaient été leurs alliés, mais surtout commencèrent à éliminer physiquement les anarchistes, qui étaient les seuls à prôner la liberté d’action et d’organisation pour le peuple laborieux. C’est dans cette période historique troublée que le mouvement makhnoviste naquit.
[modifier] Naissance, développement et extinction du mouvement makhnoviste
En Ukraine, dans cette région agricole jadis appelée « le grenier de l’Europe » en raison de ses récoltes abondantes, trois forces politiques totalement différentes étaient présentes.
- Les Bolcheviks, qui après le départ des Allemands en décembre revinrent militairement en Ukraine[2].
- La Pétliourovtchina, un mouvement national-autonomiste et bourgeois qui rencontra beaucoup de succès à la fin de l’année 1918, mais se désagrégea par la suite. Néanmoins, les « pétliourovtzi » réussirent à se maintenir dans certaines parties de l’Ukraine.
- La Makhnovtchina.
Ce dernier mouvement, composé de paysans indépendants, essentiellement « actif » dans le sud de l’Ukraine, œuvrait pour l’émancipation totale des travailleurs, autant à un niveau économique que politique. Dès octobre 1918, l’Armée insurrectionnelle makhnoviste lutta à la fois contre les Allemands et le gouvernement de Petlioura. A partir de 1919, l’intervention militaire importante du général Dénikine, qui voulait rétablir un système monarchiste, compliqua encore la tâche révolutionnaire que se fixaient les makhnovistes et qu’ils mettaient en place dans les régions qu’ils libéraient. Les makhnovistes conclurent un accord militaire avec les Bolchéviks, qui commençaient à apparaître militairement dans la région, afin de combattre la contre-révolution dénikinienne. Trahis par l’Armée rouge, qui était commandée par Trotsky, les makhnovistes furent obligés, en juin 1919, d’abandonner à Dénikine une partie de l’Ukraine. De juin à décembre 1919, l’Armée rouge ayant quitté l’Ukraine, l’Armée insurrectionnelle makhnoviste se reconstitua, engagea de nouveau le combat contre l’armée de Dénikine et réussit à la vaincre au prix de luttes acharnées. Enfin, pendant toute l’année 1920 et la moitié de 1921, les makhnovistes combattirent en même temps l’Armée blanche de Wrangel, qu’ils vainquirent également et l’Armée rouge, qui, trahissant de nouveau un accord militaire parvint à annihiler la résistance paysanne ukrainienne. Les Bolcheviks déclarèrent les makhnovistes « contre-révolutionnaires » et fusillèrent les personnes qui éprouvaient de la sympathie pour la Makhnovchtchina.
[modifier] Objectifs de la Makhnovchtchina, et les moyens d’actions qu’elle employa
Même si la Makhnovchtchina n’en était pas exclusivement composée, il y eut néanmoins beaucoup de militants anarchistes (Makhno, Martchenko, Korilenko, Archinoff, Voline…) qui eurent un rôle prépondérant dans le mouvement insurrectionnel makhnoviste. Les makhnovistes propagèrent en conséquence des idées contradictoires à celles qu’imposaient par la force les Bolchéviks dans le reste de la Russie. Ainsi, les makhnovistes refusaient obstinément la dictature d’une organisation politique sur le peuple et préconisaient une auto-administration libre et entière des travailleurs eux-mêmes dans leurs localités. De plus, les makhnovistes désiraient que les Soviets soient totalement indépendants de tout parti politique et qu’ils fassent partie d’un système économique basé sur l’égalité sociale.
Dans la région de Goulaï Polié, de nombreuses communes libres furent organisées ; elles étaient basées sur l’entraide matérielle et morale, et sur les principes non-autoritaires et égalitaires. Malgré une situation militaire difficile, trois congrès régionaux furent organisés du 23 janvier au 10 avril 1919, qui avaient pour fonction de déterminer les objectifs économiques et sociaux que se fixaient les masses paysannes et de coordonner les efforts pour une réalisation rapide de ces mêmes objectifs. La Makhnovchtchina fit tout ce qui était en son pouvoir pour encourager, favoriser cette auto-organisation et permettait même une liberté d’expression et d’association très importante aux socialistes-révolutionnaires et aux Bolchéviks, bien que ces derniers aient déjà commencé une répression impitoyable contre les anarchistes russes.
Pourtant, le mouvement makhnoviste souffrit de difficultés importantes qui empêchèrent une organisation sociale réellement anarchiste des masses paysannes ukrainiennes.
Tout d’abord, la liberté des paysans était garantie par une armée, qui d’ailleurs manqua cruellement d’armes et de munitions, ce qui peut devenir un danger du fait de sa puissance. Un autre point faible de la Makhnovchtchina fut ses relations avec les Bolcheviks, qui les trahirent deux fois. Les combats incessants contre les Armées blanches et rouges ont considérablement nuit à une nouvelle organisation sociale durable et c’est la défaite, en 1921, de l’Armée insurrectionnelle makhnoviste face à l’Armée rouge qui détruisit complètement l'expérience libertaire de la Makhnovchtchina.
[modifier] Bibliographie
- Archinov, La Makhnochtchina
- Voline, 1917-1921 : La Révolution inconnue
[modifier] Une chanson
Une chanson a été écrite en l'honneur de la Makhnovchtchina par le parolier français Étienne Roda-Gil sur la musique d'un chant soviétique, Les Partisans. Figurant dans l'album Pour en finir avec le travail, elle a également été reprise par les Bérurier noir, Serge Utgé-Royo (dans Contrechants… de ma mémoire), René Binamé et par le chanteur espérantiste JoMo. C'était aussi le nom du voilier du chanteur Renaud.
[modifier] Notes et références
- ↑ cf le commentaire de Voline en épilogue de son livre La Révolution inconnue, qui relate l'histoire du mouvement makhnoviste en Ukraine, notamment le passage où il cite le point de vue de M. Tchérikover, historien juif non partisan, sur les allégations d'exactions antisémites supposées commises par l'Armée insurrectionnelle d'Ukraine. Ces allégations ont le plus souvent pour origine la propagande bolchevique de l'URSS À ce sujet, on peut citer également la brochure Nestor Makhno et la question juive - Samizdat de V. Litvinov - parue aux éditions Tops/Trinquier - 12 av. René-Morin - 92160 Antony
- ↑ il est en effet intéressant de noter que les forces organisées du Parti communiste étaient très faibles en Ukraine