Johann Gottlieb Fichte
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Johann Gottlieb Fichte (19 mai 1762, Rammenau en Lusace - 27 janvier 1814, Berlin) est un philosophe allemand du XIXe siècle.
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[modifier] Origine
Fichte est né en Saxe et vient d'une famille aux revenus relativement modestes. Il part à Iéna où il se lance dans des études théologiques qui l'amèneront à découvrir la philosophie. N'ayant pas été retenu dans les fonctions cléricales, il se fait précepteur à Königsberg et dispense ainsi des cours, notamment sur la philosophie kantienne qu'il étudiera avec ferveur. Il fut aussi un disciple de Lessing. Professeur à Iéna, il devint en 1811, recteur de l'université de Berlin. Il doit son premier succès à un malentendu :
- son premier essai Essai d'une critique de toute révélation (1792) est publié anonymement et le public l'attribue à Emmanuel Kant.
[modifier] La Révolution française
Il prend part aux débats concernant la révolution française dans les années 1793-1794 où seront publiés :
- Demande aux princes en restitution de la liberté de penser ;
- Contributions pour rectifier le jugement du public sur la Révolution française.
Ces textes soutiendront les évènements français et souligneront par ailleurs la dignité de l'homme, ses droits, et la faculté qu'a le peuple de modifier la constitution du pays auquel il appartient. Cela s'oppose à l'aisance confortable que le clergé et la noblesse s'étaient assurée, puisque les privilèges peuvent être abolis par la volonté du peuple, conformément au principe de contrat social.
[modifier] La philosophie
Il devint en 1793 professeur de philosophie à Iéna, où il excita un grand enthousiasme par son éloquence, ainsi que par la nouveauté de ses idées.
Tandis que ses cours prodigués à Iéna deviennent célèbres, il écrit :
- en 1794 Leçon sur la destination du savant ;
- en 1796 Fondements du Droit naturel (deuxième partie du livre publiée en 1797)
- en 1798 Système d'éthique.
La réalité n'est rien d'autre que l'effort du Moi absolu pour prendre conscience de soi comme liberté. Pour ce faire, il doit s'opposer à lui-même une limite, un non-moi. Aussi toute réalité doit être déduite, c'est-à-dire exposée comme condition nécessaire de cette prise de conscience. Pour autant, on ne saurait parvenir à la suppression de toute limite, l'homme continue à progresser après sa mort, comme le voulait Kant dans ses postulats de la Raison pratique.
Dans le Fondement du Droit naturel, Fichte découvre l'intersubjectivité, l'appel d'un autre moi que moi comme condition de ma propre conscience de moi-même. Ainsi autrui est moins celui qui me limite, me fait prendre conscience que je ne suis pas absolu, que je ne suis pas Dieu, que celui qui me provoque à l'infinie liberté dont je suis porteur! Il assimile cet appel à l'éducation (Fichte connaissait le pédagogue suisse Johann Heinrich Pestalozzi). En ce sens, Fichte peut être considéré comme le fondateur de la philosophie de l'éducation moderne, et sans doute de toute la philosophie post-kantienne, hantée par la question d'autrui. Il théorise la possibilité d'influencer autrui sans le soumettre à une contrainte. Le Droit est cependant distinct de l'Ethique. Il naît de la possibilité qu'a le sujet de ne pas reconnaître autrui comme un autre moi. Il faut alors lui opposer une contrainte. Enfin, si l'éducation a pour fin la liberté, elle suppose une souveraineté absolue des parents sur leur progéniture.
En 1798 on propose à Fichte un poste dans un nouveau type d'école centrale à Mayence. Fichte esquisse alors le projet d’un institut pédagogique purement scientifique mais il ne répond pas à cette invitation.
En 1799 il est accusé d'athéisme et se voit assailli d'ennemis qui ne partagent pas ses vues sur la Révolution. Il doit donc démissionner et quitter la ville d'Iéna.
Il publie en 1800 L'État commercial fermé puis achève quatre ans plus tard ce qu'il avait commencé en 1797 sous le titre de Doctrine de la science.
Il enseigne à Berlin où il devient en même temps recteur de l'université. Mais, il ne délaisse pas pour autant la réflexion philosophique. Sa reconnaissance n'a toutefois pas résisté au succès de son contemporain Georg Hegel.
[modifier] La Nation et l'Etat
Lors de l'invasion des Français en Prusse, il prononça ses Discours à la nation allemande, qui ranimèrent vivement l'esprit public contre la France. Déçu par la franc-maçonnerie dont il fut membre [réf. nécessaire], il opposa à la réalité de la franc-maçonnerie de son temps l'idéal maçonnique, à savoir celui d'une élite dont la mission est de propager le modèle d'une organisation nouvelle de l'humanité.
Pour Fichte, la Nation se détermine de façon objective par la culture, l'histoire et la langue. Certaines nations ont su conserver au cours des âges la langue originelle de leurs ancêtres, ce sont les « nations-mères ». Le peuple allemand, supposé avoir conservé sa langue depuis l'antiquité est ainsi une de ces nations-mères, par opposition aux nations de langues latines, puisque celles-ci ont oublié le latin antique au bénéfice de nouvelles langues dérivées. Le peuple allemand doit s'unifier. Fichte est ainsi un des premiers penseurs pangermanistes.
La Nation s'incarne dans l'État, lequel représente et décide « l'orientation de toutes les forces individuelles vers la finalité de l'espèce[1] ». L'État doit être démocratique, assurant la liberté de chacun, et la possibilité pour chacun d'avoir une vie heureuse et profitable, en assurant une distribution équitable des richesses. L'homme « doit travailler sans angoisse, avec plaisir et joie, et avoir du temps de reste pour élever son esprit et son regard au ciel pour la contemplation duquel il est formé... C'est là son droit puisque enfin il est homme[2] ».
[modifier] Doctrine de la science
Dans le but de compléter le système de Kant et de donner une base inébranlable aux connaissances humaines, Fichte imagina une théorie qu'il appelle la doctrine de la science : partant de la seule idée du moi, il prétend en faire sortir la notion du monde et celle de Dieu même. Ce système est connu sous le nom d'idéalisme transcendental. Il le modifia lui-même considérablement dans la suite, et tomba dans une espèce de panthéisme. Il reconnut enfin la vanité de la spéculation et la nécessité de s'en rapporter aux convictions naturelles de la conscience.
Les commentateurs contemporains, comme Alexis Philonenko, tendent cependant à souligner plutôt la profonde unité de la pensée de Fichte. Ses revirements seraient plus apparents que réels. Il décède en 1814 du typhus.
[modifier] Epilogue
Il est surtout connu en France pour être le conceptualisateur de la théorie de la Nation allemande, fondée sur le droit du sang. En cela il est traditionnellement opposé à Ernest Renan (qui se rattache au droit du sol). Ses Discours à la Nation allemande renferment également un programme pédagogique. Il prononça ses discours lors de l'invasion des Français en Prusse. Il fut également un des initiateurs du mouvement pangermaniste.
Fichte eut un grand nombre de disciples, entre autres Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling, qui devint ensuite son adversaire.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liste de ses œuvres
- Idée de la Doctrine de la science, 1794 ;
- Principes fondamentaux de la Doctrine de la science, 1794 ;
- Destination de l'homme de lettres , 1794 (traduit par Michel Nicolas, 1838) ;
- Droit naturel, 1796 et 1797;
- Système de morale, 1798 ;
- Destination de l'homme, 1800 (traduit par Auguste Théodore Hilaire Barchou de Penhoën, 1832) ;
- L'Etat commercial fermé,1800(traduit par Daniel Schulthess, 1980) ;
- Rapport clair comme le jour, 1801 ;
- Théorie de la religion, 1806 ;
- Méthode pour arriver à la Vie heureuse (traduit par Bouilher, 1845) ;
- Discours à la nation allemande (Reden andie deutsche Nation), 1807-1808.
- "De la liberté de penser" (traduit par Jules Barni, révisé par Cyril Morana), Mille et une nuits, 2007
Il a en outre exposé ses opinions dans un Journal philosophique, publié à Iéna à partir de 1797. Une Vie de Fichte a été publiée en 1830 par son fils, Immanuel Hermann von Fichte, professeur à Bonn, qui a aussi publié ses œuvres complètes, Berlin, 1845-1846, 8 volumes in-8.
Paul Grimblot a traduit ses œuvres choisies, 1843 : on y trouve la Doctrine de la Science.
[modifier] Articles
1. 52ème année, n° 4, Mars-avril 2002, p. 35- 55: dossier Fichte
Christine Noel: "Fichte et le droit au travail" (p. 35) et Olivier Lahbib: "L'éducation chez Fichte d'après les Discours à la nation allemande" (p. 47)
2. 57ème année, n°1, Septembre-octobre 2006, p. 13-28 Henri Dilberman, "L'Education entre liberté et contrainte, selon le Fondement du droit naturel de Fichte"
[modifier] Notes et références
[modifier] Source partielle
« Johann Gottlieb Fichte », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions] (Wikisource)