Jacques Fesch
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Jacques Fesch (né le 6 avril 1930 à Saint-Germain-en-Laye - mort guillotiné le 1er octobre 1957 à Paris).
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[modifier] Famille
Fils de bonne famille, il est le fils de Georges Fesch, banquier et artiste belge (issu de la même famille que le cardinal Joseph Fesch, oncle maternel de Napoléon Bonaparte)[1] et de Marthe Hallez. Son père, directeur d'une banque belge pour les étrangers, s'installe avec sa famille dans les années 20 à Paris puis à Saint Germain-en-Laye. Le jeune Jacques reçoit dans son enfance une éducation religieuse dont il se détacha assez tôt. Il fait ses études à l'école Saint Erembert de 1938 à 1947 puis intègre le lycée Claude Debussy. Tout au long de son enfance, il reste marqué par la forte personnalité de son père, par sa profonde érudition ainsi que par son affirmation d'homme athée. Les rapports difficiles entre ses parents instaurent dans la durée un climat familial instable. De 1950 à 1951, il accomplit son service militaire dont il sort avec le grade de caporal et un certificat de bonne conduite. Le 5 juin 1951, il épouse Pierrette à Strasbourg. Il est le père d'une fille Véronique, issue de ce mariage et d'un fils Gérard, né hors mariage à la suite d'une brève rencontre.
[modifier] Le meurtre
En rupture avec son environnement immédiat, en quête d'évasion et d'horizons lointains, il projette l'idée d'acheter un voilier. Le 25 février 1954 à Paris, il attaque le changeur Sylberstein pour lui voler des pièces d'or, et tente de l'assommer. Mais la victime a le temps d'appeler à l'aide, et Fesch est poursuivi dans la rue par un agent de police, M. Vergne. Fesch, se retournant, garde son revolver dans sa poche et tire au jugé (il est extrêmement myope et a perdu ses lunettes). Malheureusement, il abat le policier en plein cœur. Il est arrêté quelques minutes plus tard.
[modifier] La prison
Pendant son incarcération, il change du tout au tout, devenant profondément pieux et regrettant amèrement son crime. Cet acte commis dans un moment de panique, n'avait d'ailleurs jamais été intentionnel. Mais la mort d'un agent de police est l'un des actes les plus sévèrement réprimés par la Justice. Le procès a lieu dans un climat détestable. L'opinion publique, entretenue par les articles des journaux, est ouvertement pour son exécution. Jacques Fesch est défendu par l'avocat Paul Baudet.
En prison, il devint un personnage mystique et l'auteur d'écrits spirituels. Il retrouve la foi perdue dans sa jeunesse et vit pendant trois années et demie un véritable cheminement mystique l'amenant vers un complet bouleversement intérieur. Pendant ces années de détention, il entretient une correspondance régulière avec des proches, notamment le frère Thomas et sa belle-mère, et recueille ses pensées au sein d'un journal. En 1956, il apprend en détention le décès de sa mère, survenu à la suite d'une maladie. La demande de grâce auprès du président René Coty ayant été rejetée, Fesch accepte son sort. Il fait preuve d'un exceptionnel courage face aux événements, renvoyant l'image d'un homme serein et enfin apaisé. Apprenant sa condamnation à mort, il s'unit religieusement avec son épouse Pierrette la veille de son exécution.
[modifier] La guillotine
Condamné le 6 avril 1957 à la peine de mort par la cour d'assises de la Seine, il est guillotiné le 1er octobre dans la cour de la prison de la Santé par le bourreau André Obrecht.
[modifier] Un saint ?
Depuis sa mort, Fesch a été considéré par les catholiques comme un exemple de rédemption par la religion. Pendant des années, sa veuve et sa fille, avec dignité et discrétion, respectèrent et défendirent courageusement sa mémoire. Elles le firent dès l'origine, à une époque où son image publique était honnie, et où peu de personnes s'en réclamaient. Grâce à leurs accords et au travail effectué par une carmélite, Sœur Véronique, les écrits de Jacques Fesch furent publiés. Ces textes ont apporté beaucoup de réconfort et de soutien, moral ou spirituel, à un certain nombre de leurs lecteurs. Le 21 septembre 1987, une instance en béatification est mise en place afin d'étudier les faits relatifs à la vie et à la conversion de Jacques Fesch. En décembre 1993, le cardinal Lustiger, archevêque de Paris, a ouvert l'enquête préliminaire à la béatification de Jacques Fesch : « J'espère, a-t-il dit, qu'il sera un jour vénéré comme une figure de sainteté. »
[modifier] Correspondance
- Lumière sur l'échafaud : lettres de prison de Jacques Fesch, guillotiné le 1er octobre 1957 à 27 ans (présentées par Augustin-Michel Lemonnier), Éditions Ouvrières, coll. « Visages du Christ » n° 9, Paris, 1972, 144 p.
- Lumière sur l'échafaud ; suivi de Cellule 18 : lettres de prison de Jacques Fesch, guillotiné le 1er octobre 1957 à 27 ans (présentées par Augustin-Michel Lemonnier), Éditions Ouvrières, coll. « Á pleine vie », Paris, 1991, 320 p. (ISBN 2-7082-2833-1)
- Dans cinq heures je verrai Jésus (Journal de prison)
-Première parution en Italie en 1981. Première édition avec préface du père André Manaranche (Editions Sarment-Fayard, Paris ,1990) ; deuxième édition avec préface du père Daniel-Ange (Editions Sarment-Jubilé).
[modifier] Bibliographie
- Francisque Oeschger, Jacques Fesch : le guillotiné de Dieu, Éditions du Rocher, coll. « Investigations », Monaco et Paris, 1994, 187 p.-[16] p. de pl. (ISBN 2-268-01805-9)
- Jean Duchesne et Bernard Gouley, L'Affaire Jacques Fesch, Éditions de Fallois, Paris, 1994, 248 p. (ISBN 2-87706-220-1)
- André Manaranche, Jacques Fesch : du non sens à la tendresse (contient un choix de textes de Jacques Fesch)
- 1re édition : le Sarment-Fayard, coll. « Lumière », série « Témoins de la lumière », Paris, 1995, 289 p. (ISBN 2-86679-188-6)
- 2e édition revue et augmentée : Éditions du Jubilé, coll. « Trésors de la spiritualité chrétienne », Paris, 2003, 346 p. (ISBN 2-86679-365-X)
- Gilbert Collard, Assasaint : Jacques Fesch : l'histoire du bon larron moderne, Presses de la Renaissance, Paris, 2002, 225 p. (ISBN 2-85616-734-9)
[modifier] Filmographie
- 1989 : Le glaive et la balance de Charles Villeneuve, émission diffusée sur M6.
- 1995 : Retour en grâce de José Dessart et Léon Michaux, film documentaire diffusé sur Planète. Critique dans Télérama du 28 juin 1995.
- 2005 : L’homme au nom guillotiné de Stéphane Bégoin, film documentaire présenté par Stéphane Paoli dans l'émission À contre-courant, diffusé initialement sur France 2 le vendredi 24 juin 2005.
- 2008 : Vie privée, vie publique de Mireille Dumas, émission diffusée sur France 2, entretiens avec Gérard Fesch et deux de ses enfants : Chloé et Fabrice.