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Heinrich Müller - Wikipédia

Heinrich Müller

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Heinrich Müller ("Gestapo-Müller"), né à Munich le 28 mai 1900, disparu depuis mai 1945, date de décès inconnue, fut le chef du département IV (Amt IV), composé de la Gestapo (Geheime Staatspolizei) et de la police des frontières, de l’Office central de la sécurité du Reich (Reichssicherheitshauptamt ou RSHA) sous le Troisième Reich.

En tant que chef de la Gestapo, Müller a été étroitement associé à tous les crimes qui ont été planifiés, préparés et organisés à l’Office central de la sécurité du Reich. Au début de septembre 1939, il a donné des instructions sur « le traitement spécial » (Sonderbehandlung), l’assassinat, réservé aux opposants politiques. Le Service de la Gestapo préposé aux Juifs IV B 4. (Judenreferat) dirigé par Adolf Eichmann était également sous ses ordres. Il a été de plus très impliqué dans la planification et la mise en œuvre du génocide contre les Juifs en Union soviétique. Müller a dirigé, sur ordre de Reinhard Heydrich, les Einsatzgruppen et fut responsable de la rédaction des rapports quotidiens (Ereignismeldungen), dans lesquels les rapports des Einsatzgruppen étaient résumés. Müller fut un des fonctionnaires les plus puissants du régime national-socialiste.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] La jeunesse

Müller est né dans une famille catholique ouvrière de Munich, capitale de la Bavière. Il travailla d'abord comme apprenti mécanicien chez BMW, sur des avions de combat, ensuite, en 1917, il se porta volontaire dans l'armée allemande et servi en tant que pilote pour une unité de repérage d'artillerie durant la fin de la Première Guerre mondiale. Durant son service, il fut remarqué pour sa bravoure, qui lui vaudra même une décoration (Croix de Fer, 2ème classe). Il fut démobilisé en 1919 avec le grade de sous-officier. Après sa démobilisation, il s'engagea dans la police Bavaroise, dans laquelle il fut impliqué dans la répression des troubles communistes ayant suivi la guerre. Après avoir été témoin de la mise à mort d'otages par l'"armée rouge" révolutionnaire sous la république soviétique de Bavière, il développa une haine profonde à l'égard du communisme. Durant les années de la République de Weimar, Müller monta en grade et fini par diriger le département politique de la police de Munich. À ce poste, il fréquenta des membres du parti nazi, parmi lesquels Martin Bormann, Heinrich Himmler ou Reinhard Heydrich sans jamais cependant en devenir membre. Ces contacts auraient pu se lier grâce à une affaire, le suicide de la nièce de Hitler, Angelika ("Geli") Raubal, que Müller aurait accepter d'étouffer.

L'historien Richard J. Evans a écrit de lui :"Müller était obsédé par le devoir et la discipline, et approchait toutes les tâches qui lui étaient confiées comme si elles étaient des ordres militaires. C'était un vrai bourreau du travail qui ne prenait jamais un jour de congé. Müller était déterminé à servir l'état allemand, et cela sans distinction de son régime politique et était convaincu que c'était le devoir de tous que d'obéir à ses ordres."[1]

[modifier] L’accession au pouvoir

Il devient alors inspecteur chef (Polizeisekretär) en charge d’une section qui traque les organisations communistes. Zélé et efficace, il propose de créer une division de la police politique dans le camp de concentration de Dachau[réf. nécessaire]. Dès 1934, il entre dans la SS [réf. nécessaire] et est promu en 1936, après une mutation à Berlin, chef adjoint du département de la police politique (Amt Politische Polizei) à l’office central de la police de sécurité (Hauptamt Sicherheitspolizei). Ce n’est que fin 1938 qu’il adhère au parti nazi. Il semble en effet que Müller bénéficie de la protection de Reinhard Heydrich, car Müller détient la preuve que celui-ci a du sang juif par sa mère[réf. nécessaire]. Müller possède en outre un grand réseau d’indicateurs et donc des renseignements sur les dignitaires nazis, ce qui accélère son ascension. Il est tour à tour conseiller du gouvernement, conseiller d’État pour les affaires criminelles. Il joue un rôle de premier plan dans plusieurs affaires, comme l’élimination du maréchal soviétique Toukhatchevski (1937), la mise en scène de l’attaque polonaise simulée sur une station de radio allemande qui déclenchera la guerre (1939) ou la Nuit des Longs Couteaux. Il devient l’adjoint de Reinhard Heydrich qui lui confie le département IV de l’Office central de la sécurité du Reich. En 1938, il crée le bureau central pour l’émigration des Juifs (Reichszentrale für jüdische Auswanderung) dont il confie la direction à Adolf Eichmann. À ce titre, il a une responsabilité écrasante dans la Shoah. La Gestapo s’est par ailleurs rendue coupable d’avoir organisé des rafles et des expropriations innombrables. En 1940, il est promu général de brigade dans les SS (SS-Brigadeführer). Après le déclenchement de l’Opération Barbarossa en 1941, il s’occupe de la formation des Einsatzgruppen[réf. nécessaire]. Il est alors élevé au grade de général de division (SS-Gruppenführer). À partir de 1942, tous les pouvoirs de police à l’échelle continentale lui échoient[réf. nécessaire]. À l’été 1942, Reinhard Heydrich meurt dans un attentat. Müller conduit la répression qui se révèle féroce[réf. nécessaire]. Il a perdu son protecteur et doit donc en chercher un autre.

[modifier] Le réseau de l’Orchestre Rouge (die rote Kapelle)

Cette affaire occupera durablement Müller pendant la guerre. Il s’agit d’un réseau de radios espions qui renseignent les Soviétiques. D’abord confié à l’Abwehr, les services secrets de l’armée allemande, ce dossier lui reviendra quand il aura insisté et fait jouer toutes ses relations. Il attache beaucoup d’importance à cette affaire. À la tête d’un commando spécial (Sonderkommando), Müller démasque et arrête une centaine d’espions en Allemagne et en France dont le chef du réseau pour l’ouest, Leopold Trepper. La plupart des membres de ce réseau sont assassinés rapidement, mais Müller garde le chef en vie pour le retourner et intoxiquer les Soviétiques[réf. nécessaire]. Des soupçons apparaissent alors à l’égard du chef de la Gestapo pour trois raisons principales : tout d’abord, Müller affirme fin 1942 que l’Orchestre rouge a été entièrement démantelé contrairement à l’avis de l’Abwehr. Ensuite, Müller a effectué un tri entre les membres du réseau démasqués et enfin Trepper s’évade en 1943, risque donc d’éventer l’opération sans que Müller et Bormann ne réagissent. Une thèse a été évoquée pour expliquer ces événements, Müller ne désinforme plus les Soviétiques bien au contraire, il les renseigne[réf. nécessaire]. L’Abwehr le soupçonne mais ne peut agir car Müller jouit de la protection de Bormann auprès d’Hitler. La trahison de Müller peut s’expliquer ainsi : Müller a senti le vent tourner, sait que l’Allemagne va perdre la guerre et pense déjà à l’après-guerre. Il admirait de plus le NKVD et le système soviétique en général comme un modèle de police politique.

[modifier] Disparition

Muller a été vu la dernière fois dans le bunker d'Hitler, le 29.04.1945. Il aurait tenu les propos suivants, d'après Hans Baur, le pilote d'Hitler "Nous connaissons très bien les méthodes des russes.Je n'ai pas la moindre intention d'être fait prisonnier par les russes." A partir de ce jour, il n'a laissé aucune trace. Cette disparition a donné lieu à trois types d'explication:

  • Tout d'abord que celui-ci s'est suicidé, ou a été tué, durant la chute de Berlin, et que son corps n'a pas été trouvé. C'est ce qui est arrivé dans le cas de Bormann, dont les restes ont été découverts en 1972, et dont l'identité fut prouvée par une analyse ADN en 1998.
  • La deuxième hypothèse est que celui-ci ait réussi à s'échapper, et vécu ensuite à l'abri en Amérique du Sud, comme ce fut le cas pour Eichmann, ainsi que pour bien d'autres.
  • La troisième hypothèse est que Muller fut recruté, soit par les États-Unis, soit par l'Union Soviétique, et employé par eux durant la guerre froide.

Cette hypothèse est inspirée par les exemples de Reinhard Gehlen, lequel fut employé dans un premier temps par les États-Unis et par l'Allemagne de l'Ouest, mais également de Klaus Barbie, membre de la Gestapo et criminel de guerre, qui fut enrôlé dans les rangs du Counter Intelligence Corps, (CIC), ancêtre de la CIA.

Le dossier de la CIA concernant Muller fût rendu consultable en 2001, selon la loi sur la liberté de l'information (Freedom Information Act. Ce dossier rend compte de plusieurs tentatives infructueuses par différents services de trouver Muller. Le commentaire en forme de conclusion des Archives Nationales des Etats-Unis sur ce dossier est très clair:"Bien que ne donnant pas de conclusion sur le destin final de Muller, le dossier est très clair sur un point: la CIA n'a jamais été en contact avec Muller."[5]

Ce dossier de la CIA montre également, que, parmi beaucoup d'autres dignitaires du Parti Nazi, une recherche assidue lui fut consacrée, ceci dans les mois succédant à la défaite allemande. La recherche a été menée par la branche du Contre-Espionnage Américain, rattaché au Bureau des Services Stratégiques, prédécesseur de la CIA.Cette recherche a été compliquée par le caractère courant du patronyme d'Heinrich Muller. D'après les Archives Nationales: "A la fin de 1945, les forces d'occupations en Allemagne de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis avaient regroupé des informations concernant de nombreux Heinrich Muller, ceux-ci ayant des caractéristiques différentes, ayant occupé des emplois différents, n'étant pas né au même moment...Une partie du problème dérive du fait que quelques uns parmi ceux-ci ne possédaient pas un deuxième prénom, comme le chef de la Gestapo. Une difficulté supplémentaire était que deux Muller avaient rang de général dans la SS.

Les Etats-Unis cherchaient toujours Muller en 1947, en s'appuyant sur la recherche de la maison de sa maîtresse durant la guerre, Anna Schmid. Aucune preuve ne suggérant qu'il vivait encore ne fut trouvée.Avec le déclenchement de la guerre froide et en conséquence le déplacement de priorité, l'intérêt pour la poursuite des Nazis déclina.

La capture en 1960 d'Adolf Eichmann, ainsi que son procès en Israel, signifia un nouvel intérêt concernant Müller. Bien qu'Eichmann ne révêlât pas d'informations spécifiques, il déclara penser à ses interrogateurs Israeliens que Muller était toujours vivant. Cette déclaration aboutit à ce que le service Ouest-Allemand en charge de la poursuite des criminels de guerre lance une nouvelle investigation. Cette investigation prit en compte la possibilité qu'il travaille pour l'Union Soviétique, mais sans gagner d'information. Ils placèrent sa famille ainsi que son ex-secrétaire sous surveillance, pour le cas ou il aurait correspondu avec eux.

En 1967, à Panama, Francis William Keith a été accusé d'être Heinrich Mueller. Les diplomates Ouest-Allemands firent pression sur Panama pour son extradition. Bien que Sophie Mueller, aie identifié cet homme comme son mari, il fut relâché seulement après que ses empreintes digitales eurent révélé qu'il n'était pas Heinrich Mueller.[6] Les services Ouest-Allemands prirent également en compte plusieurs rapports qui concluaient à la découverte et à l'enterrement de son corps dans les jours suivant la chute de Berlin. Aucune des sources de ces rapports n'était totalement digne de confiance; les rapports étaient non seulment contradictoires, mais il était de plus impossible de confirmer aucun d'entre eux.Le plus intéressant d'entre eux vint de Walter Luders, ancien membre des Volkssturm, ayant fait partie d'une unité d'enterrement, qui déclara avoir trouvé le corps d'un général SS dans le jardin de la Chancellerie du Reich, avec les papiers d'identité de Heinrich Müller.Le corps avait été enterré, d'après Lüders, dans une fosse commune situé à l'ancien cimetière juif de la Grosse Hamburger Strass. Cette fosse commune étant située dans le secteur d'occupation soviétique, le lieu de l'enterrement ne put être fouillé. Il n'y a eu depuis la réunification de l'Allemagne aucune tentative de fouiller ce site.

En 1961, un agent secret polonais, Goloniewski, passe à l’ouest et apporte une confirmation de cette thèse[réf. nécessaire]. Selon cet agent, Müller aurait été un collaborateur des Soviétiques et aurait été recruté en 1943. À la fin de la guerre, en avril 1945, Müller fut porté disparu et on a prétendu à plusieurs reprises avoir retrouvé son corps. Müller aurait rejoint les services du contre-espionnage soviétique. Il aurait aidé les Soviétiques à faire le tri entre les officiers allemands qui pouvaient être réutilisés par les Soviétiques en République démocratique allemande ou en Union soviétique et aurait formé de plus des policiers soviétiques[réf. nécessaire]. En échange de ces services, Müller aurait accédé à des postes de responsabilité dans la police soviétique mais sa présence en Union soviétique dut rester secrète et cachée aux Occidentaux.

En 1951, son protecteur soviétique est limogé puis fusillé. Müller décide alors de fuir l’Union soviétique et se rend en Amérique du Sud [réf. nécessaire]où il doit vivre caché du Mossad qui a enlevé son ancien adjoint Adolf Eichmann et des Soviétiques qui craignent qu’il ne les trahisse. Les Soviétiques chargent les services secrets tchèques de retrouver Müller. Il est enlevé à la frontière entre l’Argentine et le Paraguay puis conduit à Prague où il est mis au secret dans une prison. La fin de Müller est assez confuse. Il semble qu’il ait été assassiné en 1961 ou 1962. Le témoignage de Rudolf Barak, ancien chef des services secrets tchèques va dans ce sens[réf. nécessaire].
L’ouverture des archives soviétiques devrait donner plus d’indications sur la mort du haut responsable nazi.
D'autres, comme l'écrivain américain Gregory Douglas (responsable des trois volumes d'étude sur les chefs de la Gestapo), soutiennent que Müller a été engagé par la CIA.

[modifier] Müller dans la fiction

  • Dans la série soviétique de 1973, Dix-sept moments de printemps , Müller fut dépeint par Leonid Bronevoy. La série de vint extrèmement populaire en Union Soviétique et Müller devint le sujet de nombreuses blagues russes.
  • Dans le téléfilm de 2001, Conspiracy, sur la conférence de Wansee, le rôle de Heinrich Müller fut jouée par Brendan Coyle.

[modifier] Notes et références

  1. Richard Evans, The Third Reich in Power, Allen Lane 2005, 97

Richard Evans, The Third Reich in Power, Allen Lane 2005, 97

[modifier] Bibliographie

  • Pierre de Villemarest, Le Dossier Saragosse : Martin Bormann et Gestapo-Müller après 1945, Paris, Charles Lavauzelle, 2002, 262 pages, (ISBN 2702505783)
  • Fabrizio Calvi: Pacte avec le Diable : Les États-Unis, la Shoah et les nazis. Albin Michel, 2005, (ISBN 2226155937), 384 pages
  • Joachim Bornschein: Gestapochef Heinrich Müller: Technokrat des Terrors. Militzke, 2004, (ISBN 3-86189-711-3) (en langue allemande)
  • Andreas Seeger, "Gestapo-Müller" Die Karriere eines Schreibtischtäters, Metropol Verlag, Berlin, 1996, (ISBN 3926893281) (en langue allemande)

[modifier] Liens externes


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