Forêt en France
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D'après le dernier inventaire annuel réalisé par l'Inventaire Forestier National en 2005[1] sur l'ensemble du territoire français, la forêt en France représente 155 000 km² du territoire, soit un taux de boisement de 28,2 % (surface des forêts rapportée au territoire national, source : Inventaire Forestier National[2]). Ce taux de boisement a fortement augmenté depuis le XIXe siècle grâce à d'importants efforts de reboisement. Cela a été possible, malgré l'industrialisation et l'urbanisation et le développement des infrastructures, par l'intensification de l'agriculture et l'abandon de la traction hippomobile, qui ont contribué à libérer des surfaces importantes de terres cultivées.
La forêt française a fortement souffert des tempêtes des 26 et 27 décembre 1999, qui ont abattu l'équivalent de sept années de récolte.[3]
Au niveau européen, en terme de surface, la France se classe en quatrième position, derrière la Suède, la Finlande et l'Espagne (respectivement 27, 22 et 18 millions d'hectares environ selon la FAO). La forêt française représente 10 % de la surface boisée européenne.
Sommaire |
[modifier] Essences principales
En terme de volume sur pied, les feuillus représentent environ 63 % du total, dont :
- le chêne rouvre, 12 %,
- le chêne pédonculé, 11 %,
- le chêne pubescent, 4 %
- le hêtre, 11 %,
- le châtaignier, 5 %
- et le charme, 4 %.
Parmi les résineux (37 % du volume sur pied), les principales essences sont :
- l'épicéa commun, 8 %,
- le pin maritime, 7 %,
- le sapin pectiné, 7 %,
- et le pin sylvestre, 6 %.
Pour plus de précisions, consulter le site de l'IFN, rubrique« Tableaux standard, fraction annuelle 2005 »
Les peupleraies occupent environ 188 000 ha.
La diversité de la forêt française s'explique par sa position à l'intersection des trois principaux climats du continent européen (méditerranéen, continental et océanique) et le fait qu'elle occupe toutes les altitudes, depuis le niveau de la mer jusqu'à la limite supérieure de la végétation.
Les chiffres ci-dessus concernent la France métropolitaine, mais n'incluent pas les forêts tropicales des départements et territoires d'outre-mer, notamment la Guyane française (la forêt équatoriale de la Guyane, qui est pour l'essentiel une forêt primaire, couvre huit millions d'hectares environ).
[modifier] Structure de la forêt française
Les trois quarts de la forêt française relèvent de la propriété privée et 10 % sont des forêts domaniales, propriété de l'État. Le reste est la propriété des collectivités locales, principalement les communes mais aussi les départements et les régions.
Ces forêts publiques sont gérées par l'Office national des forêts.
[modifier] Forêt publique
[modifier] Forêts domaniales
Ces forêts dites domaniales ont généralement des origines anciennes (forêts royales, de chasses et de rentes, du clergé, ou anciens domaines de chasse ou seigneuriaux, souvent héritées de biens saisis à l'époque de la Révolution). Il existe quelques exceptions dans l'Est et le Nord du pays avec notamment les forêts de guerre plantées sur la zone rouge (la plus marquée par les séquelles de guerre de la période 1914-1918)
Surfaces : Selon le premier « bilan patrimonial »[4] des forêts domaniales, les forêt domaniales françaises couvrent 16 490 km², soit 3,1 % du territoire métropolitain français (en 2006) et 10,1 % du total enforesté (en métrople pour en 2000) et 13,2 % du volume sur pied. Les 1 699 000 ha de forêt domaniale de France métropolitaine sont répartis en 1 426 forêts. 85 % de ces massifs sont boisés.
La surface moyenne de ces forêts était en 2006 de 1 190 ha (un peu moins de 12 km²), mais 70 % de la surface totale était constituée de massifs de dix à cent km², les forêts de plus de 2 000 ha couvrant 60 % de la surface domaniale totale.
La forêt d'Orléans est le plus grand massif géré d'un seul tenant (si l'on ne tient pas compte de sa fragmentation par les routes) avec 350 km² (34 600 ha).
Le plus vaste complexe de massifs forestiers publics se trouve dans le Nord des Vosges avec 430 km².
Ressource en bois : le volume total de bois sur pied est estimée à :
-
- - 266 millions de m3 (188 m3/ha en moyenne) ;
- - 31,8 millions de m2 de surface terrière (22,5 m2/ha en moyenne) ;
- - 922 millions de tiges (661 tiges/ha en moyenne)
- - les gros arbres (de plus de 70 cm de diamètre) sont rares (3% environ du volume sur pied)
Types de forêt et de sylviculture : Il s'agit souvent de futaie régulière(71,9 % de la « surface disponible pour la production », contre 49,0 % pour les forêts françaises) de plaines et vallons composées d'arbres jeunes. Ces forêts sont plutôt à dominante feuillues (sur 61,7 % de la surface disponible pour la production, soit légèrement moins que pour la moyenne française qui est de 63,8 %.
Un quart de la forêt domaniale pousse cependant au-dessus de 1 000 mètres d’altitude sur des sols plutôt pauvres et acides, et sur des pentes plus difficiles à exploiter (ce qui est plus que la moyenne nationale (12 % de la forêts françaises publique et privée), sur un territoire équivalent à 8 % du territoire métropolitain français.
Essences dominantes : Elles varient fortement selon les régions et l'altitude. Pour la France, le Chênes (sessile ou pédonculé) arrive en tête (avec un tiers (30,3 %) de la surface productive, le chêne sessile dominant (19,3 % contre 9,6 % de pédonculé, là où les données différentiées sont disponibles). Viennent ensuite le Hêtre (21,3 %), le Pin sylvestre (8,3 %), puis le Sapin pectiné (7,4 %), l'Epicéa commun (5,0 %) et le Pin maritime (4,7 %) (données IFN 2005, à partir de données collectées de 1988 à 2003 (année moyenne = 1996)). Avec les modifications climatiques induites par l'Effet de serre, ces proportions, et la répartition des essences pourraient changer.
Économie: Ces forêts ont produit 6 658 000 m3 de bois par an (moyenne pour 1995 - 2004, en volume “bois forts”, vendu à 75 % sur pied et provenant à 45 % des 4 régions les plus boisées (Lorraine, Centre, Alsace et Champagne-Ardenne). La chasse apporte un revenu complémentaire atteignant souvent 50 % du revenu annuel de la forêt, avec une population de sangliers et de cervidés qui a fortement augmenté suite à l'agrainage et aux plans de chasse, au point de poser des problèmes d'équilibre sylvocynététique. 8 500 cerfs et 36 100 chevreuils sont officiellement prélevés par an, ce qui n'est pas assez de l'avis de certains pour éviter des dégâts trop importants sur les arbres. Une grande partie de la forêt est accessible et exploitable (1 413 200 ha en métropole, soit 81,5 % des forêts domaniales selon l'Ifen en 2005, à partir de données récoltées de 1988 à 2003 (année moyenne = 1996).
état environnemental, menaces Ces forêts sont théoriquement non cessibles et protégées par leur statut, mais nombre d'entre elles ont été coupées par des routes, autoroutes, voies ferrées depuis le milieu du XXe siècle. Localement des défoliateurs ou des scolytes posent problème, souvent dans les années suivant une canicule ou forte sécheresse. Les incendies de forêts sont une source de préoccupation forte sur les littoraux, méditerranéens surtout. La forêt domaniale est souvent pauvre en bois mort et doit faire face localement à une forte pression du public que l'ONF a pour mission d'accueillir.
Sauf dans quelques zones touchées par la tempête ou réserves naturelles biologiques domaniales, les très vieux arbres et le gros bois mort sont très rares. Les zones à haute naturalité, proche de ce que pourrait être en France une forêt primaire sont réduites à quelques zones relictuelles, en zone montagneuse.
Les pluies acides semblent avoir fortement diminué leurs impacts. Les tempêtes ont fait de gros dégats dans 1/3 des forêts avec 19 690 000 m3 de chablis lors des deux tempêtes de décembre 1999 (plus de 7 % de la ressource totale a été couchée par le vent)
Une partie des boisements est très artificielle (enrésinement des années 1960-70). Avec 30 160 km de routes forestières en forêts domaniales (sans compter les routes qui longent leurs lisières, non sans impacts) la densité est de 1,8 km de routes pour 100 ha de forêts (chiffres 2006), avec
- 16 % de routes bitumées,
- 43 % de routes empierrées,
- 41 % de routes sur sol plus ou moins naturel
[modifier] Forêts des collectivités locales
Appartenant essentiellement aux communes, mais aussi aux départements, aux régions et à d'autres établissements publics, elles couvrent 23 530 km², soit 16,2 %¨du total et 19,4 du volume sur pied.
[modifier] Forêts des départements d'outre-mer
Les forêts publiques couvrent des surfaces restreintes dans les départements insulaires (150 km² en Martinique, 380 km² en Guadeloupe, 990 km² à la Réunion), qui doivent faire l'objet de mesures de protection. En Guyane française, la forêt publique couvre 75 000 km² dont environ 4000 km² seulement font l'objet d'un plan d'aménagement pour la production ou la conservation. Cette dernière abrite 98% de la faune vertébrée et 96% des plantes vasculaires spécifiques à la France.
[modifier] Forêt privée
C'est de loin la plus importante avec 107 230 km² (un peu plus de 10 millions d’ha), soit presque 2/3 de la surface totale (73,7 % du total) et 67,3 % du volume sur pied (1,340 millions de m³).
Elle est très fractionnée : 3,5 millions de propriétaires possèdent en moyenne 2,6 ha, dont 2,6 millions ont moins de 1 ha. Ce morcellement est le résultat du partage des héritages comme le permet le code civil napoléonien. Le bocage et les arbres isolés ont beaucoup reculé, mais le boisement de rente (ou parfois sponané) sur les zones de recul agricole augmente, notamment en montagne et moyenne montagne.[5]
Pour donner une cohérence à cet ensemble, le bois étant une ressource naturelle importante tout comme le fer, le pétrole, etc., les Centres Régionaux de la Propriété Forestière (CRPF) furent créés en août 1963. Ces établissements publics à caractère administratif fournissent des conseils techniques et juridiques, et veillent à ce que les Plans Simples de Gestion (PSG) soient écrits et mis en œuvre. Un PSG est un document où le propriétaire forestier liste les actions qu’il entend mener dans son bois pour une période donnée (au maximum vingt ans). Le PSG est agréé par le CRPF s'il est conforme, ou il doit être modifié le cas échéant. Un propriétaire peut être contrôlé à tout moment par la Direction Départementale de l’Agriculture et des Forêts (DDAF) chargée de veiller au respect des PSG. Si ce n’est pas le cas, le propriétaire s’expose à des amendes.
[modifier] Évolution de la forêt
- 9 millions d'hectares au milieu du XIXe siècle : cela correspond à l'expansion maximale des terres agricoles et de la population rurale, avant le début de l'exode rural.
- 11 millions d'hectares en 1950 : la forêt a gagné un peu, mais l'absence de mécanisation et le maintien de fortes densités agricoles limite le mouvement de déprise agricole et d'abandon.
- 15,5 millions d'hectares en 2005 (source IFN) : la mécanisation a entraîné une rétractation de l'agriculture sur les portions potentiellement les plus productives ou facilement mécanisables. Certaines régions anciennement peu boisées ont vu une forte augmentation des superficies : Bretagne. D'autres correspondent à de grands massifs traditionnels qui continuent à croître : Auvergne, Limousin.
À l'exception du massif landais, les forêts ont déserté la façade maritime française. C'est principalement les besoins de la construction navale qui, il y a trois siècles, ont fait disparaître la majorité des forêts de la façade occidentale de l'Hexagone. La construction d'un navire de guerre en bois nécessitait l'utilisation d'un millier d'arbres.
La production ligneuse annuelle de la forêt française est de cent-trois millions de mètres cubes en 2005[6] dont cinquante-sept millions de feuillus. Attention, il ne s'agit pas de la récolte mais de la production biologique de bois (mortalité non déduite). la plupart de ce bois étant destiné à la Chine pour faire un travail auparavant fait en France (construction de meubles etc...)
[modifier] Notes
- ↑ La forêt française en 2005, Inventaire Forestier National, format 21 x 29,7cm, 114 pages, (ISBN 2-11-096454-5)
- ↑ [1]
- ↑ IFN : Tempêtes de décembre 1999
- ↑ Résumé en 4 pages d'un document de 300 pages
- ↑ Sources : Agreste 2006, IFN, PFN
- ↑ IFN : Production annuelle par essence