Centrale Manic-5
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La centrale Manic 5 et le barrage Daniel-Johnson désignent un aménagement hydroélectrique d'Hydro-Québec situé sur la Côte-Nord du Québec, dans la MRC de Manicouagan, à 214 km au nord de la ville de Baie-Comeau.
Haut de 214 m, d'une largeur en crête de 1 314 m, doté de 13 voûtes et de 14 contreforts, le barrage est le plus grand barrage à voûtes multiples et à contreforts du monde. Inauguré en 1968 et mis en service en 1970, il a une hauteur de chute de 141,8 m et fournit plus de 2 592 MW de puissance.
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[modifier] Nom de l'ouvrage
Le complexe devait être inauguré le 26 septembre 1968 par le premier ministre du Québec Daniel-Johnson, en compagnie d'autres dignitaires. Après une réception, où il paraît d'excellente humeur dans une photo célèbre qui le montre serrant la main de l'ancien premier ministre Jean Lesage et le futur premier ministre René Lévesque, Johnson va se coucher. Il meurt d'une crise cardiaque pendant son sommeil. La mort du premier ministre sème la consternation au Québec et la cérémonie d'inauguration est annulée.
Elle est reprise par son successeur Jean-Jacques Bertrand, le 26 septembre 1969 qui inaugure le barrage Daniel-Johnson, en l'honneur de son prédécesseur[1].
La documentation de la société publique Hydro-Québec, propriétaire de l'ouvrage, désigne l'aménagement électrique sous le nom de Manic-5, les centrales productrices d'électricité sous les vocables Manic-5 et Manic-5 PA et le barrage sous le nom de barrage Daniel-Johnson. Cependant, le ministère des Transports du Québec utilise la désignation Manic-cinq sur les panneaux routiers de la route 389, le seul chemin d'accès au complexe.
[modifier] Caractéristiques
[modifier] Barrage
Le barrage est construit à travers la vallée de la rivière Manicouagan. Ses caractéristiques sont les suivantes [2]:
- altitude du sommet du barrage à 360 mètres au-dessus du niveau de la mer ;
- altitude maximale de remplissage à 354 mètres au-dessus du niveau de la mer ;
- hauteur de chute de 141,8 mètres
- longueur au sommet de 1 314 mètres ;
- largeur au sommet de 5,1 mètre ;
- largeur maximale de 60,5 mètres (à la base de la voûte centrale);
- le barrage consiste en treize (13) voûtes :
- largeur à la base de la voûte centrale de 159 mètres ;
- largeur des autres voûtes de 80 mètres ;
- largeur de chaque contrefort de voûtes de 17 m ;
- épaisseur des voûtes de 3 mètres au sommet et de 22,5 mètres à la base ;
- quantité de béton de près de 3 millions de mètres cubes ;
[modifier] Réservoir
La rivière Manicouagan prend sa source dans ce qui est l'un des plus grands cratères météoritiques du monde. À l'origine, seule la rivière au bas de la vallée permettait d'en apercevoir les contours, vu des airs. Avec le remplissage de la vallée derrière le barrage, le réservoir Manicouagan, aussi appelé l'œil du Québec, est maintenant parfaitement visible de l'espace. On retrouve en son centre l'Île René-Levasseur. Le réservoir a une surface de 1 973 km2 et un volume de 135 millions de mètres cubes[2] :
[modifier] Puissance
Le barrage Daniel-Johnson alimente directement deux centrales hydroélectriques; Manic 5 et Manic 5 PA, pour puissance additionnelle. Les deux centrales possèdent une puissance maximale combinée de 2 592 MW.
La première, Manic 5, est située à l'est du complexe, à un kilomètre en aval du barrage. Mise en service en 1970, elle a une puissance installée de 1 528 MW. La capacité installée de 1 292 MW a été augmentée de 18 % depuis la mise en service initiale en 1970, au terme d'un projet de modernisation dans les années 1980.
L'eau s'engouffre dans deux galeries d'amenée reliées aux conduites forcées d'un diamètre de 5 m. Après une chute de 150 m, l'eau est acheminée à l'un des huit groupes turbines-alternateurs de type Francis, construites à l'usine de la Marine Industrie Ltée de Sorel-Tracy, qui génèrent jusqu'à 191 MW de puissance. Chaque groupe comporte une partie mobile, le rotor, d'une masse de 320 tonnes qui est composé de 40 électro-aimants et d'une partie statique, le stator. Le rotor effectue trois révolutions par seconde pendant les périodes de production. L'ensemble du groupe est refroidi par un système de tuyauterie faisant circuler de l'eau froide[3].
Des vannes sphériques gigantesques contrôlent l'arrivée d'eau dans chacune unités de production de la centrale. Afin d'éviter les conséquences d'un coup de bélier, deux cheminées d'équilibre ont été installées, qui permettent d'équilibrer la pression lors de l'ouverture ou de la fermeture des vannes.
De construction plus récente — elle a été mise en service en 1989 la centrale Manic 5 PA, à l'ouest du complexe, jouit d'une performance améliorée sur la première. Elle produit une puissance installée presque équivalente, de 1 064 MW, avec quatre groupes turbines-alternateurs. La puissance additionnelle par groupe s'explique par le diamètre supérieur des conduites forcées (d'un diamètre 6 m plutôt que 5 m dans la plus vieille centrale. La hauteur de chute de Manic 5 PA (150 m) est identique à celle de l'autre centrale,
Les centrales de Manic 5 sont particulièrement utiles dans la régulation de l'offre et la demande d'électricité dans les grandes périodes de pointe électriques au Québec, qui surviennent généralement à l'heure du souper au mois de janvier. La mise en service de toutes unités de production peut être faite entre 5 et 8 minutes. Le démarrage et l'arrêt des unités de production peut être contrôlé localement ou à partir d'un centre de commandement situé à Baie-Comeau.
[modifier] Tension
La centrale a une tension de 13,8 Kilovolts (KV), qui après avoir passé par le transformateur élévateur devient une tension de 315 KV. Celle-ci est augmenté à une valeur de 735 KV après transformation au poste de Manicouagan. Hydro-Québec est la première à avoir développé et utilisé une aussi haute tension pour le transport électrique car elle minimise la perte sur les longues distances entre le complexe Manic et les centres de consommations.
[modifier] Histoire
[modifier] Projet Manic-Outardes
Durant les saisons estivales de 1919 et 1920, des expéditions hydrologiques sont conduites sur les rivières Manicouagan et Outardes qui se jettent dans le fleuve Saint-Laurent aux environs de Baie-Comeau. On évalue alors leur débit combiné à 40 millions de mètres cubes ce qui en fait l'un des plus impotants systèmes hydriques au Canada[2]. Le harnachement de ce potentiel est donc très intéressant mais l'éloignement des grands centres et l'absence de réseau routier pour les atteindre ne permet pas de les développer à ce moment-là. De plus, les investissements pour construire des barrages dans cette région étaient prohibitifs.
Après le Seconde Guerre mondiale, les gisements de fer découverts dans la région et l'exploitation de la forêt donnent lieux à un formidable développement de la Côte-Nord. Des villes comme Sept-Îles et Baie-Comeau sont maintenant reliée au centre de la province par une route. En même temps, l'industrie demande de plus en plus d'électricité dans le sud du Québec et les techniques de transport d'électricité sur de grandes distances se sont améliorées.
En 1955, Hydro-Québec lance une campagne d'évaluation très poussée du potentiel hydroélectrique qui durera cinq ans. Ces études montrent le potentiel exceptionnel du site et mettent en évidence la nécessité de construire plusieurs barrages de manière à graduer le relâchement d'eau et ainsi profiter au maximum du dénivelée. Avant la fin de ces études, en 1959, le projet Manicouagan-Outardes est lancé, tellement les données préliminaires sont bonnes[2]. On prévoit construire quatre barrages sur la rivière Manicouagan (nommés Manic 1, 2, 3 et 5) ainsi que trois sur la rivières aux Outardes (Outardes 2, 3 et 4).
[modifier] Construction
À l'automne 1959, les installations des différents chantiers de barrages débutent. On construit également une route d'accès, des pistes d'atterrissages, des lignes de communication à micro-onde et on débute la ligne de transport à haute tension qui servira à acheminer le courant vers les grands centres[2].
Les ingénieurs d'Hydro-Québec ont fait l'évaluation de plusieurs types de barrages pour ce projet. Les deux principaux retenus sont ceux à enrochements et à voûtes multiples. Les deux types ont une stabilité et une sécurité similaire mais le types à voûtes est moins coûteux. L'enrochement sera retenu pour les barrages plus modestes du projet mais ils décident d'aller avec le second type pour les autres[2]. Au printemps suivant à Manic 5, on commence les travaux d'enlèvement du sol pour atteindre la roche-mère, la construction des tunnels de dérivation, la construction du batardeau qui déviera la rivière vers ces tunnels afin d'assécher la rivière pour la construction du barrage. Ces travaux préliminaires prennent deux années et le 22 septembre 1962, la première coulée de béton s'effectue sur la barrage[2]. La construction se terminera au printemps 1964.
[modifier] Mise en eau
La fin des travaux sur le barrage ne veut pas dire que Manic 5 est terminé. En effet, les tunnnels des conduites de dérivation sont fermés et l'eau commence à s'accumuler derrière le barrage. On estimait qu'il faudrait au moins sept ans pour obtenir un volume d'eau commercialement exploitable et dix ans pour atteindre le plein potentiel.
On peut maintenant procéder à la construction de la centrale électrique et à la pose des turbines. Les travaux se terminent en 1968 et le premier ministre Daniel Johnson est l'invité d'honneur pour l'inauguration.
[modifier] Ajout de capacité
[modifier] Autres informations
Il y a 3 autres barrages sur la rivière Manicouagan, Manic 1 qui est situé dans la ville de Baie-Comeau, Manic 2 et Manic 3.
[modifier] Visites guidées
La centrale de Manic 5 est également une attraction touristique pour la ville de Baie-Comeau, située 214 km au sud de la centrale et du barrage.
Hydro-Québec organise quatre visites guidées quotidiennes à l'intention des visiteurs, de la Fête nationale du Québec à la Fête du Travail. La visite de 90 minutes comprend une session d'information sur le fonctionnement de la centrale et la construction du barrage, une visite de la salle des turbines et des gigantesques valves sphériques qui contrôlent l'alimentation en eau des unités de production et un moment au sommet du barrage, qui offre une vue spectaculaire sur la vallée de la Manicouagan.
De Baie-Comeau, le visiteur doit emprunter l'étroite et sinueuse route 389. La centrale est à environ 3 heures de route.
[modifier] Culture populaire
- Le chanteur Georges Dor a écrit "La Manic" pendant la construction de l'ouvrage en 1966. Cette chanson relate les lettres d'un travailleur exilé au chantier. Elle décrit comment il se sent seul si loin de chez lui. Elle a capturé l'imaginaire québécois de cette période. Cette chanson a été reprise par Bruno Pelletier dès 1998 (où on la retrouve sur son live de 2001 entre autres.
- Le roman "Terreur à la Manicouagan"[4] de la série des Bob Morane paraît en 1965. Morane affronte Miss Ylang-Ylang et Roman Orgonetz, l'Homme aux dents d'or, à Manic 5 alors que ceux-ci veulent faire sauter le barrage. Le roman est lancé au siège social d'Hydro-Québec par son auteur, Henri Vernes, qui l'a écrit après avoir lui-même visité le site à l'invitation du ministère des Richesses naturelles du Québec et de la Commission hydroélectrique du Québec[5].
- Un montréalais employé de Renault Canada, Jacques About, effectue une recherche pour son employeur afin de voir le potentiel pour l'importation de la Alpine au Canada. Malgré des résultats encourageants, Renault décide de ne pas poursuivre. About quitte l'entreprise pour fonder sa propre firme de construction automobile. Il fonde donc Automobile Manic Ltée en 1968 avec l'aide de Bombardier, la chaîne de supermarchés Steinberg's, le gouvernement du Québec et quelques autres investisseurs. Il construit une automobile sport deux places qu'il nomme la Manic GT espérant attirer les ventes au Québec. Celle-ci est basée sur le châssis et des composantes mécaniques d'une Renault 10 mais avec une carrosserie sportive en fibre de verre et elle sera vendue chez des concessionnaires Renault. Elle est construite dans une usine à Terrebonne en 1969 puis à Granby. La demande n'ayant jamais atteint le niveaux désiré, la production cesse à la fin de 1971[6].
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
[modifier] Liens externes
- (fr) Photographies et informations sur le barrage
- (fr) Informations pour réserver une visite guidée
- (fr) Vue satellite du réservoir
[modifier] Notes et références
- ↑ Voir l'image « Plaque 2 Barrage Daniel-Johnson ».
- ↑ a b c d e f g (fr)Robert Dion, Jacques Lambert, Marcel Corbeau, Félicien Gagnon, Armour Landry, Jean Desraspes (avril 1964). Manicouagan, Service des relations extérieures d'Hydro-Québec. Imprimerie Pierre DesMarais. 627.8 H995 M.
- ↑ (en)Hydroelectric Plants in Quebec, 11 juin 2006, Industcards. Consulté le 2008-03-15
- ↑ (fr)Henri Vernes (1965). Terreur à la Manicouagan, Pocket - Marabout et Marabout Junior. Gérard & C°.
- ↑ (fr)Mélanie St-Hilaire, « Bob Morane, ingénieur aventurier », Dossiers secrets, Québec Science. Consulté le 2007-09-02
- ↑ (fr)MANIC: Les automobiles MANIC (1970) Ltée, Granby, Québec, Véhicules anciens du Québec. Consulté le 2007-09-02