Tiare de Saïtapharnès
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La Tiare de Saïtapharnès est une tiare d'or. Acquise par le musée du Louvre en 1896 ; elle s'est révélée par la suite être un faux.
Le 1er avril 1896, le Louvre fit savoir qu'il avait acheté une tiare d'or ayant appartenu au roi scythe, Saïtapharnès et découverte en Crimée. Sur les conseils d'Albert Kaempfen (1826-1907), alors directeur des Musées nationaux, et des archéologues Antoine Héron de Villefosse et Salomon Reinach, le musée avait acquis cette pièce inestimable pour 200 000 francs-or. Une inscription grecque sur la tiare donnait à lire : « le conseil et les citoyens d'Olbia honorent le grand et invincible roi Saïtapharnès ». Pour les experts du Louvre, cette tiare confirmait un épisode datant de la fin du IIIe siècle ou du début du IIe siècle avant notre ère.
A la demande de ses lecteurs, le journal le Figaro demanda à Salomon Reinach de conter dans ses colonnes la vie de Saïtapharnès.
Selon cette histoire, Saïtapharnès, avait soumis quelques colonies grecques sur les rives du Pont-Auxin (Daces, Sarmates, Bithiniens, Thraces...) avant d'assiéger Olbia, fondée autour du VIe siècle av. J.-C. par les Carthaginois, et n'avait accepté de laisser la ville en paix qu'après avoir reçu des cadeaux précieux.
Peu de temps après que le Louvre eut exposé la tiare, un certain nombre d'experts mirent en doute son authenticité. Parmi eux se trouvait l'archéologue allemand Adolf Furtwängler qui avait remarqué des difficultés stylistiques posées par le dessin de la tiare, par exemple les styles variés dans les décorations, et restait perplexe devant le manque manifeste de patine sur l'objet. Pendant plusieurs années, le Louvre défendit l'authenticité de son trésor. Finalement, des nouvelles de cette affaire parvinrent jusqu'à Odessa, où vivait un orfèvre du nom d'Israël Rouchomovsky.
Deux ans avant que le Louvre eut fait l'acquisition de la tiare, deux commerçants avaient commandé à cet artisan adroit la tiare en question. Ils avaient expliqué qu'il s'agissait d'un cadeau pour un ami archéologue et avaient fourni à Rouchomovsky des détails sur des fouilles récentes pour l'aider dans son travail. Ce n'est que lorsqu'il fut mis au courant du scandale du Louvre que Rouchomovsky apprit ce qu'il était arrivé à son œuvre. Il se rendit à Paris et se présenta comme le créateur de la tiare. Les experts du musée refusèrent de le croire jusqu'à ce qu'il eût prouvé qu'il était capable de reproduire une portion de la couronne. Horriblement gêné, le musée fit disparaître dans les réserves l'objet compromettant.
Rouchomovsky, pour sa part, fut admiré pour son travail et gratifié par la suite d'une médaille d'or au Salon des arts décoratifs de Paris. Il s'installa à Paris où il vécut jusqu'à sa mort en 1934.
En 1997, le musée d'Israël à Jérusalem emprunta au Louvre la tiare de Saïtapharnès qui lui faisait si peu d'honneur pour une exposition spéciale consacrée au travail d'Israël Rouchomovsky. La couronne avait achevé le cercle complet – d'abord œuvre d'art, puis faux embarrassant, elle était redevenue œuvre d'art.
[modifier] Anecdote
Dans L'Aiguille creuse, Maurice Leblanc met en scène l'« authentique » tiare de Saïtapharnès (le texte sur Wikisource).
[modifier] Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Tiara of Saitaferne ».
- (en) Article plus détaillé en anglais
[modifier] Liens externes
- Photo de la tiare, publiée par la revue La Nature, 1896
- Bulletin n° 33 de la Société française d’Archéologie classique Analyse de la Tiare (pages 14 à 17 du PDF).