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Thematic Apperception Test - Wikipédia

Thematic Apperception Test

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Pour les articles homonymes, voir TAT.

Le Thematic Apperception Test (TAT) est un test projectif utilisé par les psychologues. Selon Nina Rausch de Traubenberg « Les méthodes projectives sont un lieu où la théorie s'incarne dans un discours. »

Le principe est de montrer des planches, dessins figuratifs représentant des situations sociales variées et ambiguës, et de demander au sujet de raconter une histoire à partir de ces planches, ce qui est appelé passation.

Après la passation, plusieurs méthodes d'interprétation peuvent être utilisées. Pour un examen psychologique on fait généralement passer le test de Rorschach et le TAT dont on analyse chacune des productions pour arriver à une synthèse.

Le Rorschach est ainsi le plus souvent utilisé comme outil diagnostic avec le TAT pour l'examen psychologique qui se conclut par un rapport d'analyses avec conclusion. L'examen psychologie sert au diagnostic, à l'indication d'un traitement: psychothérapie psychanalytique en particulier, ou encore à étayer le travail d'expertises (justice, assurances, etc). L'examiné doit être dûment informé du contexte et de ce à quoi l'examen servira. Utiliser les méthodes projectives dans des contextes imprécis ou pour satisfaire la curiosité des uns ou des autres n'est pas déontologique.

Cela dit, définir le TAT comme un simple outil diagnostic serait réducteur, car il permettrait de comprendre, au delà de la structure du sujet, sa dynamique propre.

Sommaire

[modifier] Histoire

Henri Murray, médecin et biochimiste, élabore le TAT en 1935. Il se fonde sur une théorie de la dualité des besoins de l'individu.

Puis, sera adoptée une démarche psychanalytique. L' Egopsychology a travaillé l'interprétation de ce test, en se centrant sur le mécanisme de défense : il s'agit d'interroger la réponse comme défense face à un vécu affectif délicat. D'autres écoles psychanalytiques l'interpréteront en considérant l'opposition entre contenu manifeste et contenu latent : la réponse recèle des éléments permettant d'y voir des problématiques inconscientes .
En 1938, Murray en utilisera les résultats pour nourrir sa théorie de la personnalité dans son livre Exploration de la personnalité. C’est en 1943 que fut publiée, toujours par Murray la forme définitive du test avec son Manuel d’application.

Selon cette approche, le TAT révélera notamment la problématique œdipienne. Deux autres points demeurent d'importance : le deuil de l'objet (lié à la position dépressive) et le narcissisme.

L’administration du TAT par Murray, s’opère en deux fois. Dix images différentes sont présentées au sujet à chaque fois. Certaines image sont proposées à tous les sujets, alors que d’autres concernent spécifiquement les adultes, les enfants, les hommes (et les garçons) ou les femmes (et les filles). Les image sont constituées par des dessins , des photographies ou des reproductions de gravure : la majorité de ces planches sont figuratives et mettent en image un ou plusieurs personnages.

La consigne proposée par Murray invite le sujet à raconter une histoire pour chaque planche. Il est recommandé au psychologue de veiller à ce que l’histoire ait un début et une fin, que soit précisé ce qui se passe sur l’image, ce qui s’est passé avant, quel sera le dénouement mais aussi quels sont les sentiments éprouvés par les personnages. Tout en soutenant la procédure par ses questions, le psychologue s’abstient de toute suggestion ou information. Pour la seconde série, Murray préconise davantage de liberté au sujet, invité alors à se laisser porter par son imagination en inventant des fictions analogues à un mythe, un rêve, un conte, etc. Pour la planche 16 (planche blanche), Murray demande au sujet d’imaginer une gravure puis d’inventer une histoire correspondante. Après la passation de chaque série, le psychologue procède à une enquête pour savoir d’où le sujet a tiré l’idée de son histoire mais bien entendu les souvenirs personnels, les rêves, les fantaisies plus ou moins constitutives du sujet sont considérées comme les plus significatifs. L’interprétation selon Murray implique l’hypothèse selon laquelle les histoires inventées par le sujet sont en fait des évocations déguisées de sa conduite dans la vie réelle. Le problème essentiel du TAT (mais aussi des autres épreuves projectives) se trouve posé là. Murray se demande si les récits TAT constituent une exacte reproduction des conduites réelles des sujets, les psychanalystes s’interrogent et s’opposent quant à la réalité des événements psychiques évoqués dans la cure. Murray distingue l’analyse formelle et l’analyse de contenu du protocole. L’analyse formelle étudie l’organisation, le style, la richesse des formulations, avec l’objectifs d’obtenir des informations sur les qualités intellectuelles du sujet. L’analyse de contenu s’articule autour de cinq points :

- Motivations, facteurs internes et traits généraux du héros ; - Forces de l’entourage exerçant une influence sur le héros ; - Déroulement et dénouement de l’histoire ; - Analyse des thèmes ; - Intérêts et sentiments. Une fois terminées l’analyse formelle et l’analyse de contenu, le psychologue procède à la synthèse des résultats.

[modifier] Orientation de Vica Shentoub

C'est en 1953 que Vica Shentoub reprend le test de Henri Murray pour lui donner une relecture psychanalytique. A l'aide d'une équipe de chercheur de l'institut de psychologie à Paris, elle collecte et analyse pendant plusieurs années d'innombrables protocoles. Ce travail révèlera un corpus de réponses dites banales mais surtout le fait que les contenus des réponses n'ont pas réellement de valeurs discriminantes et/ou diagnostiques. Le plus important est en réalité le style du récit, les procédés utilisés, la manière même de répondre à la consigne et aux stimuli. Il s'agit là d'un véritable renversement par rapport à la perspective de Murray. Dans cette nouvelle orientation, Vica Shentoub reconnaîtra l'influence du psychanalyste américain Roy Schafer. Celui-ci avait reconsidéré le test de Rorschach en proposant un nouvel étayage psychanalytique. Son idée de base, bien qu'alors formalisée au minimum, était d'écouter les réponses du sujet comme un psychanalyste écoute le discours d'un patient. Sans conteste, l'influence de Daniel Lagache fut tout aussi déterminante, notamment pour aller au-delà des apports de l'Ego Psychology.

Ainsi, progressivement, Vica Shentoub et ses collaborateur(e)s, particulièrement Rosine Debray dans les années 1970, construisent une grille ou plutôt un mode de lecture des protocoles original et sans cesse en évolution. Les points fondamentaux furent de distinguer :

  • entre un contenu manifeste et un contenu latent,
  • de postuler pour chaque planche des variations autour de la problématique oedipienne,
  • de répérer les processus de défense et de dégagement à l'oeuvre dans la construction du récit,
  • d'assigner les configurations de ces processus aux variations de fonctionnements et de structures de la personnalité.

Le fonctionnement psychique du sujet est finalement analysé en tant qu'il est une suite d'oscillations entre un pôle de controle (raconter une histoire à partir de la planche) et un pôle de laisser-aller (imaginer cette histoire). Les procédés de défenses ou de dégagement témoignent de ces oscillations sollicitées en partie par le différentiel entre contenus latents et contenus manifestes. Sur le plan technique, Shentoub modifiera les conditions de passation de Murray ainsi que l'utilisation du matériel : elle reduit le nombre de planches de 31 à 18, et de plus, considère que la passation doit se faire en une séance et sans enquête.

[modifier] Description des planches sélectionnées par Vica Shentoub

À l'origine, Murray avait utilisé des marques derrière les planches. L'équipe de V. Shentoub les a conservées, même si elles ont perdues toute signification :

  • B : Pour Boy (garçon de 7 à 14 ans)
  • G : Pour Girl (fillette de 7 à 14 ans)
  • F : Pour femme adulte
  • M : Pour Male (homme adulte)
Planche Contenu manifeste Sollicitation latente
Planche 1 : (passation commune à tous les sujets) Un garçon regarde un violon posé en face de lui, la tête entre les mains Problématique d'un enfant immature, face à un « objet d'adulte ». Il y a une évocation de l'angoisse de castration, et de l'acceptation du manque
Planche 2: (passation commune à tous les sujets) Scène de campagne, où l'on voit au premier plan une jeune femme avec des livres, au second plan un homme avec un cheval et une femme enceinte adossée contre un arbre. Il n'y a pas de différences de génération, et la différence des sexes est bien marquée. Cette planche représente la triangulation œdipienne prise dans son ensemble.
Planche 3BM: (passation commune à tous les sujets) Un personnage, de sexe et d'âge ambiguë, est affalé sur un banc avec un objet ambiguë posé près de lui. Fait référence à la dépression (psychanalyse) . Cette planche renvoie à la culpabilité œdipienne et à la problématique de perte d'objet.
Planche 4: (passation commune à tous les sujets) Deux personnages sont au premier plan, un homme et une femme. L'homme se détourne de la femme, qui essaie de le retenir. Dans le fond, il y a une photographie d'une femme dénudée. Problématique de l'ambivalence amour/haine dans un couple.
Planche 5: (passation commune à tous les sujets) Une femme, positionnée dans l'encadrement de la porte, entre dedans et dehors, regarde à l'intérieur d'une pièce composée de mobilier tel que bibliothèque, vase avec fleur... Renvoie à l'image maternelle qui regarde. Renvoie à la curiosité sexuelle, et au fantasme originaire de la scène primitive.
Planche 6BM: (Planche à présenter qu'aux garçons et aux hommes) Un homme (de face) tient un chapeau et a l'air soucieux. Une femme (de profil), tenant un tissu, lui tourne le dos et est nettement plus âgée. Renvoie au rapprochement mère- fils, dans un contexte de malaise. Dans un contexte œdipien, cette planche fait référence à l'interdit de l'inceste, et à la mort du père.
Planche 6GF: (Planche à présenter qu'aux filles et aux femmes) Une femme regarde par dessus son épaule un homme, légèrement plus âgé, penché sur elle avec une pipe à la bouche Fait référence, dans une perspective œdipienne, au fantasme de séduction dans la relation hétérosexuelle.
Planche 7BM: (Planche à présenter qu'aux garçons et aux hommes) Un vieil homme regarde un homme plus jeune faisant la moue. Renvoie au sentiment Père/ Fils, et à l'ambivalence des sentiments au père dans le contexte œdipien.
Planche 7GF: (Planche à présenter qu'aux filles et aux femmes) Une femme accoudé sur une table et tenant un livre, se penche vers une fillette assise, regard rêveur, et tenant un poupon dans les bras. Cette planche fait référence à la relation Mère/ Fille.
Planche 8BM: (passation commune à tous les sujets) Au premier plan, un jeune homme (adolescent) tenant un fusil, tourne le dos à une scène d'opération au second plan. En effet, deux hommes se penchent au dessus d'un troisième. L'un des deux tient un scalpel. Cette planche est liée à l'angoisse de castration, et à l'agressivité envers l'image paternelle.
Planche 9GF: (Planche à présenter qu'aux filles et aux femmes) Une femme appuyé contre un arbre regarde une femme (lui ressemblant fortement) courir en contrebas. Renvoie à la rivalité féminine.
Planche 10: (passation commune à tous les sujets) Un couple, représenté par deux visages avec un fort contraste clair/ obscur. La différence d'âge et de sexe est ambiguë. Représente le versant de la tendresse dans la relation de couple, mais peut aussi faire ressortir le fantasme de la curiosité sexuelle.
Planche 11: (passation commune à tous les sujets) Planche la plus ambiguë. Représente un paysage chaotique et sombre. C'est une planche qui renvoie aux angoisses archaïques.
Planche 12BG: (passation commune à tous les sujets) Scène apaisante représentant un court d'eau entouré d'arbre. Au premier plan on peut voir un arbre et une barque. Peut renvoyer à un contenu érotisé ou à une position dépressive, voir de perte d'objet.
Planche 13B: (passation commune à tous les sujets) Un petit garçon est assis au seuil de l'encadrement d'une porte. Il est entre le dedans sombre, et le dehors clair. Renvoie à la capacité à rester seul dans un environnement précaire, et à la dimension Abandonnique et dépressive dans la relation Mère/ enfant.
Planche 13MF: (Planche à présenter qu'aux adultes) Scène se déroulant dans une chambre. Au premier plan, un homme se tient debout avec le bras sur les yeux. Il tourne le dos à une femme, poitrine dénudée, allongée sur un lit, bras ballant. Cette planche peut solliciter un fantasme mortifère, de façon violente. Elle évoque les mouvements sexuels et agressifs.
Planche 19: (passation commune à tous les sujets) Image ambiguë qui peut se voire comme une maison sous la neige, ou un bateau dans une tempête. Les contrastes sont très marqués, et l'image bien délimité fait ressortir un dedans et un dehors. La planche incite à la régression et fait ressortir la capacité de clivage du sujet (dedans ≠ dehors).
Planche 16: (passation commune à tous les sujets) Page entièrement blanche. Renvoie à la façon dont le sujet structure et organise ses objets.

[modifier] Cotation

Le principe de la cotation est de déterminer les mécanismes de défenses utilisés par le sujet. La première feuille de dépouillement, permettant de coter les réponses au test, fut élaborée en 1968 par Vica Shentoub. En 1978, Debray y adjoint les procédés factuels. Puis, Foulard, en 1981, considère certains procédés narcissiques. En 1998 et 2000 apparaissent une nouvelle catégorie : l' investissement des limites.

Enfin, en 2001, Chabert réorganisa la feuille de dépouillement en quatre catégories :

[modifier] Série A (Procédés rigides)

C'est une série qui cote les mécanismes de défenses de type névrotiques incluant une sous-catégorie de procédés obsessionnels.

[modifier] Série B (Procédés labiles)

C'est une série qui cote également les mécanismes de défenses névrotiques, incluant une sous-catégorie de procédés hystériques.

[modifier] Série C (Evitement du conflit)

Cote les mécanismes d'évitements, incluant cinq sous séries :

1/ Série CP de l'item 1 à 6 Cote les mécanismes de défenses de type phobique.

2/ Série CN de l'item 7 à 16 Renvoie aux modalités narcissiques.

3/ Série CM de l'item 17 à 19 Renvoie aux mécanismes de type maniaque, dans le sens de la lutte anti-dépressive de Mélanie Klein.

4/ Série CC de l'item 20 à 24 Cote les conduites agie, c'est-à-dire qui concerne le comportement du sujet durant la passation.

5/ Série CF de l'item 25 à 29 Renvoie à la pauvreté dans l'expression fantasmatique.

[modifier] Série E (Emergence de processus primaires)

Icône de détail Article détaillé : processus primaire.

Cote les mécanismes associés aux processus primaire, incluant quatre sous séries :

1/ Item E1 à E6 Renvoie aux défaillances dans les conduites perceptives.

2/ Item E7 à E10 Renvoie aux perturbations liées au fantasme.

3/ Item E11 à E16 Renvoie aux troubles liées à l'identité et à la relation d'objet.

4/ Item E17 à E20 Renvoie à la désorganisation de la pensée et du discours (plus de logique de communication).

[modifier] Le Children Apperception Test (CAT)

Ce test est une variante du TAT à destination des enfants ( < 7/8 ans). Il a comme différence principale le type de figures utilisées. Celles-ci sont de type animal. La raison est que les jeunes enfants ont une grande capacité à se projeter sur ceux- ci.

[modifier] Critiques et limites du TAT

A la différence de la majorité des tests psychométriques, le TAT -- mais c'est aussi le cas du test de Rorschach -- n'est pas utilisé d'une manière univoque. Selon que l'on se réfère à telle ou telle école, les conditions de passation et d'interprétation diffèrent. Certains considèrent que ces fluctuations impliquent, d'un point de vue psychométrique, plusieurs faiblesses méthodologiques :

  • Il n'existe pas de méthode standardisée d'administration.
  • Peu de psychologues utilisent l'ensemble des images standards (normalement 20 sur les 30 disponibles).
  • Il n'existe pas de méthode objective standardisée de cotation des réponses (pas de cotations chiffrées permettant une représentation). Le clinicien dépend donc de ses normes subjectives basées sur son expérience professionnelle personnelle, ce qui permet de discuter la scientificité de ce test.

D'autres, généralement des praticiens d'orientation psychanalytique ayant des préoccupations cliniques plutôt que strictement psychométriques, considèrent au contraire que l'introduction des dimensions relationnelles et de la subjectivation raisonnée dans l'interprétation des processus dynamiques confèrent au TAT ses qualités propres.

Il est utile de rappeler qu'au-delà des différences, par exemple entre Murray et Shentoub, les orientations ont toujours été psychanalytiques et non psychométriques, entendues au sens le plus usuel.

[modifier] Bibliographie

  • Vica Shentoub et coll. Manuel d'utilisation du TAT; approche psychanalytique, Paris, Dunod, 1990, rééd. 2007: ISBN 2040198040
  • Catherine Chabert, Psychanalyse et méthodes projectives, Paris, Dunod, 1998
  • F. Brelet, Le TAT - Fantasme et situation projective -, Paris, Dunod, 1986

[modifier] Liens externes

[modifier] Voir aussi


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