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Névrose obsessionnelle - Wikipédia

Névrose obsessionnelle

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La névrose obsessionnelle (ou névrose de contrainte), catégorie psychopathologique de la psychanalyse, est une forme majeure de névrose dégagée par Sigmund Freud en 1894. Selon la doctrine psychanalytique, elle est la deuxième grande maladie nerveuse de la classe des névroses après l'hystérie. [1]. Elle est caractérisée, par la rigidité de ses mécanismes de défense. Pour la psychanalyse, la névrose obsessionnelle résulte d'un conflit inconscient entre les composantes pulsionnelles érotiques et les tendances destructrices (amour - haine) avec prédominance de ces dernières. Le refoulement de la destructivité est sans cesse mis en échec et c'est ce mécanisme qui produit l'angoisse et par exemple des conduites obsessionnelles autour de la propreté ou de vérifications interminables. Il s'agit de s'assurer de l'intégrité de l'objet qui pourrait avoir été détruit par la destructivité du sujet. Cette dialectique repose sur des mécanismes complexes de toute puissance de la pensée : « j'ai voulu la mort du parent rival en pensées ou en rêves et je dois vérifier en actes et dans la réalité extérieure que ce mal souhaité a laissé l'objet intact » (Œdipe). La clinique peut aussi révéler que des conduites de contraintes ou obsessionnelles reposent en fait sur des mécanismes plus archaïques, voire psychotiques. Elles peuvent s'apparenter à des stéréotypies psychotiques, qu'il s'agit alors de traiter en fonction du trouble primaire. « Le symptôme ne signe pas la structure » dit Jean Bergeret (psychanalyste) dans ses écrits. Les névroses n'apparaissant plus dans le DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), il a été remplacé en psychiatrie par le trouble obsessionnel compulsif (TOC). Si ce trouble reste associé à l'idée de névrose, il s'en distingue peu, dans ce sens que le symptôme est perçu comme le problème majeur. Traiter les TOC comme s'il s'agissait d'une affection aux mêmes enjeux pour tous les patients, enfants, adolescents, adultes, peut s'avérer dangereux.

Sommaire

[modifier] Le modèle du traumatisme selon la première topique

Le modèle de la névrose l'assimile d'abord à un traumatisme psychique inconscient provenant de l'enfance, et lié à la sexualité infantile. Le traumatisme n'est pas actuel, il fut soumis à l'élaboration mais son refoulement n'a pas permis de décharger l'affect qui lui est lié.

Bien après le trauma, dans l'après-coup, le traumatisme prend d'autres significations. C'est là qu'il y a régression et formation de symptômes. La théorie du trauma infantile est ensuite abandonnée par Freud qui développera sa théorie du fantasme. Ainsi, le trauma sexuel infantile (la neurotica) supposait que tous les pères sont des pervers, de plus Freud nous dit "il n'y a pas d'indices de réalité dans l'inconscient".

[modifier] Régression

[modifier] Stade anal

Le stade génital se voit effacé par une régression à l'analité : l'anus est la région la plus érotisée, et la satisfaction anale est investie indépendamment de l'orgasme génital. La névrose obsessionnelle est le négatif de cette perversion, elle est défense contre ce stade anal si dérangeant.

Le névrosé obsessionnel présente une homosexualité latente, liée à l'intérêt pour ce que Freud nomme le cloaque. Le sadisme est particulièrement marqué : il peut être compris comme concomitant de l'emprise sur les fèces, garante de la propreté.

[modifier] Toute-puissance

La toute-puissance de la névrose obsessionnelle est régression au stade de toute puissance de la pensée. Le névrosé ne se satisfait pas dans l'hallucination (le principe de réalité demeurant plus ou moins actif), ni à l'aide de gestes magiques, mais sa pensée est investie comme toute-puissante.

La pensée est fortement érotisée, assimilée à un pouvoir, à une emprise sur le monde extérieur. Ce qui est pensé est pensé comme se réalisant vraiment. Le névrosé a donc tendance à la rumination, qui se comprend comme satisfaction sexuelle, mais également au doute en tant que recherche de compromis.

[modifier] Symptômes obsessionnels

La névrose obsessionnelle exprime des formations névrotiques mais normales, comme le rêve, des symptômes présents dans d'autres névroses, comme l'isolation, le déplacement, la condensation, la dénégation, mais aussi des symptômes qui lui sont propres, comme la formation réactionnelle et l'annulation rétroactive.

[modifier] Isolation et Déplacement

L'affect, représentant-représentation, délégation psychique d'une pulsion est séparée de la représentation à laquelle il était jusque là lié. L'affect isolé peut conduire à de l'angoisse. Il peut aussi être déplacé sur une autre représentation auparavant anodine, ce qui provoquera la formation d'une obsession semblant totalement injustifiée.

[modifier] Condensation

Plusieurs éléments latents, provenant à la fois de l'inconscient, vont être à l'origine d'une même représentation consciente. Le symptôme en particulier, est surdéterminé (et l'interprétation devra considérer plusieurs registres).

[modifier] Dénégation

La dénégation se comprend comme l'art, subtil, d'offrir la vérité tout en la niant. Le névrosé présente son inconscient comme ce qui est faux, mais il le présente néanmoins. Freud expose le cas suivant : un patient lui dit qu'il a rêvé d'une femme. Freud lui demande donc de quelle femme a-t-il rêvé. Ce à quoi le patient répond "je ne sais pas, tout ce que je sais, c'est que ce n'est pas ma mère".

[modifier] Traits de caractère

Si la névrose de caractère n'est pas le sujet de cet article, Freud reconnaît néanmoins des traits de caractère propres au névrosé obsessionnel :

  • Avarice (selon l'équation inconsciente argent = fèces)
  • Timidité
  • Entêtement
  • Colère
  • Religiosité
  • Terreur de formuler une demande
  • Soumission à toute autorité (loi, police..)
  • Scrupulosité (souvent caractérisée par une hygiène excessive qui, comme l'avarice exprime la tentative de maîtrise des pulsions)

[modifier] Formation réactionnelle

La formation réactionnelle pourra être obsession de propreté eu égard au désir anal ; on peut la comparer au renversement en son contraire de la pulsion.

Sándor Ferenczi considère que beaucoup (mais pas tous) de membres d'associations caritatives sont névrosés. Les bonnes œuvres auxquelles ils participent révéleraient leur intentions refoulées : non pas que l'altruisme soit simplement faux, mais il cache bien souvent une haine démesurée.

[modifier] Annulation rétroactive

L'annulation rétroactive est une forme de croyance magique : ce qui a été accompli de mal peut être défait. L'annulation rétroactive n'est pas toujours présente, elle correspond à un stade avancé de la névrose. Le névrosé cherche à réparer ce qu'il a commis.

Freud nous dit que le névrosé obsessionnel peut avoir une très grande plasticité dans ses symptômes plus encore que l'hystérie.

[modifier] Le complexe d'Œdipe

Le complexe d'Œdipe est caractérisé par une grande ambivalence pour le père : à la fois aimé, respecté, structurant de la vie fantasmatique, et profondément haï et craint. C'est pourquoi la mort du père est toujours une question centrale : comme fantasme, elle représente une intention lourdement investie - comme réalité, elle marquera alors profondément le névrosé, qui pourra peut-être se dégager de certains interdits.

Le désir pour la mère demeure important, structurant, fondateur de l'autorité parentale, puis de la culture comme répression pulsionnelle et sublimation.

Pour Lacan, c'est la fonction paternelle qui permet la mise en place de la névrose, qui est nécessaire pour ne pas basculer dans la psychose. Cette fonction paternelle est permise par le complexe d'Œdipe. La fonction peut s'incarner dans la figure du père mais elle est aussi portée par la tradition (on ne fait pas ceci ou cela, cela ne se fait pas...) par des personnes extérieures porteuses d'une certaine loi symbolique.

[modifier] Seconde topique et culpabilité inconsciente

Le névrosé obsessionnel s'accuse d'avoir commis quelque chose ; la culpabilité consciente semble totalement injustifiée, car aucun acte réel ne semble correspondre à la violence du remords, en fait à l'auto-agression. Le surmoi de l'obsessionnel se montre assez puissant ; il peut être un surmoi archaïque tel que le décrit Melanie Klein. Mais cette culpabilité devient claire, si elle est rapportée à des pensées que le névrosé ne connaît pas lui-même, qu'il refoule : le névrosé s'en veut pour un acte qu'il n'a pas commis, mais que la toute-puissance lui présente comme tel.

À noter que Freud ne parle pas seulement d'une culpabilité qui a ses racines dans le vécu inconscient, mais bien d'une culpabilité en elle-même inconsciente.

Le névrosé c'est l'homme du désir impossible en raison de sa culpabilité. En effet pour pouvoir désirer le névrosé attend la mort (symbolique) de l'autre. Donc son désir est toujours teinté de culpabilité.

[modifier] Cure psychanalytique du névrosé obsessionnel

En tant que psychonévrose (ou névrose de défense), la névrose obsessionnelle est indiquée pour la psychanalyse (à condition d'une demande du sujet).

[modifier] Difficultés

La névrose obsessionnelle serait un modèle de la névrose que le psychanalyste peut traiter. Néanmoins, la psychanalyse de la névrose obsessionnelle pose des difficultés : la cure peut se rallonger, sans paraître avancer ; certains névrosés présentent peu de matériel, développent un transfert négatif, etc.

[modifier] Névrose obsessionnelle et psychiatrie

La catégorie des névroses apparaissait autrefois en psychiatrie, avec un sens peut-être différent de celui en psychanalyse, mais marquant l'intérêt de nombreux psychiatres pour les théories analytiques. Ce rapprochement tend à diminuer, notamment avec l'utilisation du DSM censé être un manuel athéorique d'aide au diagnostique des troubles psychiatriques. En France, l'influence du DSM semble moins marquée qu'ailleurs.

Dans le milieu psychiatrique les thérapies cognitivo-comportementalistes sont très en vogue pour le traitement des TOC. Cependant, pour ceux qui résistent à ces méthodes, il serait envisagé une intervention neuro-chirurgicale. Il suffit de relire Freud et sa théorisation des résistances dans le traitement des névrosés pour s'interroger sur la nécessité d'en arriver à de telles solutions.

Par ailleurs l'ouvrage de Joël Dor, Structure et perversions, souligne la nécessité de distinguer le symptôme (le toc) de la structure obsessionnelle. Il s'agit en effet de penser le symptôme comme une manifestation individuelle, singulière, au sein d'une structure plus large qui elle souffre d'être classifiée. La doctrine positiviste qui préside aux nouvelles classifications masquent mal le besoin de normaliser les comportements humains, d'ôter les spécificités individuelles (nous renvoyons aux textes de Freud et Lacan, Séminaire I, en ce qui concerne le but de l'analyse au sujet de la reconstruction du passé au cours du travail analytique). La béance conceptuelle qui existe entre les nouvelles thérapies cognitivo-comportementalistes et la psychanalyse trouve son expression la plus marquante dans ce conflit. Si les théories cognitives considèrent qu'une mauvaise adaptation préside à la formation de symptômes selon un certain nombres de facteurs déterminables et récurrents, la psychanalyse estime que les formations symptomatiques sont l'expression tolérable d'un désir inconscient, donc interdit, et que par principe il ne sert à rien de les faire taire, soit de les considérer en eux-mêmes, puisqu'ils disparaissent lorsque le travail analytique permet d'en résoudre la genèse. La psychanalyse envisage le sujet de façon individuelle et son objectif est la restitution de la vérité du sujet. On peut adresser nombres d'objections à la psychanalyse, notamment le temps et l'efficacité, il n'en reste pas moins qu'elle s'attache principalement à la reconquête de l'intégrité psychique, à l'élucidation de ce continent obscur que constitue l'homme dans son existence propre, en un mot à l'émancipation. Peut-être d'ailleurs que l'un des défis de la psychanalyse pour ces prochaines années sera de faire entendre sa voix, parmi les nombreux discours discordants et peu scrupuleux quant à l'idéologie qu'ils véhiculent, afin de donner à nouveau un peu de légitimité au devenir individuel.

[modifier] Névrose obsessionnelle et autres pathologies

Cette névrose fut reliée à d'autres pathologies. Il faut rappeler ici qu'un symptôme obsessionnel ne suffit pas à diagnostiquer une névrose obsessionnelle, et que le statut du diagnostic en psychanalyse se veut un outil de pensée plutôt qu'une méthode suffisante.

[modifier] Névrose obsessionnelle et dépression

La dépression ne constitue pas une des catégories psychopathologiques de la psychanalyse, à l'opposé de la mélancolie. Elle peut donc se retrouver dans toutes les pathologies.

La dépression obsessionnelle est par excellence le deuil du père, ou d'un objet assimilé au registre paternel.

[modifier] Névrose obsessionnelle et hystérie

Il y a dans la névrose obsessionnelle un noyau hystérique : les mêmes caractéristiques de bisexualité psychique, de fantasme de séduction, etc., s'y retrouvent. Mais la différence essentielle est l'appauvrissement de la vie émotionnelle, alors que l'émotion dans l'hystérie peut se voir mise au service du refoulement.

[modifier] Névrose obsessionnelle et paranoïa

La névrose obsessionnelle est souvent comprise comme ultime rempart contre la psychose. La régression au stade sadique anal visant la rétention (stade servant de modèle à l'introjection) protège donc de la psychose, laquelle vise l'expulsion, la projection du mauvais à l'extérieur. La psychanalyse n'admet pas de glissement possible entre les structures (névrose, psychose et perversion). Cependant, c'est au cours des stades de développements de la petite enfance que se détermine la structure. C'est avec le cas du Petit Hans que Lacan, après Freud, établit que c'est la phobie (symptôme de la névrose obsessionnelle) qui est un rempart contre la psychose.

Le névrosé ne souffre pas de délire, mais il ne reconnaît pas son agressivité et réagit en se rigidifiant, en œuvrant pour le bien sans reconnaître son ambivalence (ou : pour ne pas la reconnaître) , en s'isolant (et en défaisant des liens associatifs, liens de pensée), en adoptant des attitudes compulsives (et des réactions face à ces attitudes), etc.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. Dictionnaire de la psychanalyse de E. Roudinesco et M. Plon

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie sommaire

  • Sigmund Freud, Remarques sur un cas de névrose obsessionnelle: L'homme aux rats(1909), in Cinq Psychanalyses, P.U.F Bibliothèque de psychanalyse
  • Sigmund Freud, Le journal d'une analyse, l'homme aux rats, PUF.
  • Sigmund Freud, Caractère et érotisme anal (1908), in Névrose, psychose et perversion PUF, 1974
  • Sigmund Freud, La disposition à la névrose obsessionnelle, in Névrose, psychose et perversion PUF, 1974
  • André Green, La névrose obsessionnelle, in Revue française de psychanalyse, 1967
  • Sigmund Freud, Obsessions et phobies - leur mécanisme psychique et leur étiologie 1895 in Névrose, Psychose et Perversion, P.U.F Bibliothèque de Psychanalyse 1974
  • Sigmund Freud Actions compulsionnelles et exercice religieux (1907)in Névrose, Psychose et Perversion, P.U.F Bibliothèque de Psychanalyse (1974)
  • Sigmund Freud La disposition à la Névrose Obsessionnelle, Une contribution au problème du choix de la Névrose(1913) in Névrose, Psychose et Perversion, P.U.F Bibliothèque de Psychanalyse (1974)
  • Sigmund Freud Parallèle mythologique à une représentation obsessionnelle plastique"" in L'inquiétante étrangeté, Folio Essais (1985)
  • Sigmund Freud : "Œuvres complètes vol 9: Analyse de la phobie d'un garçon de cinq ans (petit Hans); Remarques sur un cas de névrose de contrainte (L'homme aux rats)" , Ed: PUF, 1998, ISBN 2130496539
  • Anna Freud : Le normal et le pathologique chez l'enfant, NRF Gallimard
  • A venir sous peu une bibliographie sélective sur le sujet de la névrose obsessionnelle dans les oeuvres de Mélanie Klein et de Jacques Lacan.

[modifier] Liens externes


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