Peines de cœur d'une chatte anglaise
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Peines de cœur d’une chatte anglaise | |
Auteur | Honoré de Balzac |
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Genre | Contes |
Pays d’origine | France |
Lieu de parution | Paris |
Éditeur | Pierre-Jules Hetzel |
Date de parution | 1844-1845 |
Illustration : Grandville pour Scènes de la vie privée et publique des animaux. |
Peines de cœur d’une chatte anglaise et Autres scènes de la vie privée et publique des animaux - Études de mœurs est un recueil de contes animaliers d’Honoré de Balzac, écrit à la demande de Pierre-Jules Hetzel pour deux publications collectives du Diable à Paris, paru en 1844 et 1845. Illustrés principalement par Grandville (pour Balzac), ils figuraient, aux côtés de contes de P.J. Stahl (pseudonyme d’écrivain de Hetzel). Charles Nodier, George Sand, et d’articles satiriques de Balzac. Les deux volumes du Diable à Paris étaient illustrés également par Paul Gavarni[1].
Une des illustrations les plus remarquables montre Hetzel, Balzac et peut-être George Sand enfermés dans une cage de zoo, avec des oiseaux venus les observer. La légende indique : « défense de rien jeter aux animaux. » Lors de sa publication le texte fut accueilli avec enthousiasme par la gentry anglaise qui en comprenait l’humour au second degré. Ce fut d’ailleurs un Anglais, Edward Bond, qui l’adapta en livret d’opéra, bien que l’on ait (au XXe siècle) assez injustement taxé Balzac ainsi qu’Hetzel d’anglophobie[2].
Sommaire |
[modifier] Thème
Beauty, une chatte magnifique, qui a échappé à la noyade d’une portée de chats parce qu’elle a un poil blanc étincelant, est d’abord recueillie chez une vieille fille qui l’instruit des règles de vie victorienne, d’une absolue rigidité. Il n’est pas question de faire pipi sur le tapis (même si possible, ne pas faire pipi du tout). Pas question non plus de manger en public, pas question d’indiquer d’une manière ou d’une autre les besoins du corps, et même, il est bon de n’avoir pas de corps. Toute chose naturelle étant improper y compris le pantalon et le derrière qui portent le nom d’inommable.
Très déprimée, Beauty est heureusement sauvée de cet enfer par une jeune fille de haute naissance qui est délicieuse avec la chatte, mais très capricieuse dans le choix de ses maris. Dans le défilé des prétendants se trouve un pair qui semble faire l’affaire de la jeune fille et qui possède un chat persan : Puff, plutôt vieux, victorien, et doté d’un peu d’embonpoint. Il s’ensuit des réunions de chats où l’on discute politique, vie sociale, société, élégance etc. Jusqu’au jour où arrive Brisquet, petit chat français dragueur et un peu apache qui parvient non seulement à draguer Beauty, mais aussi à l’amuser en l’entraînant sur les gouttières (très improper le chat français). Beauty l’adore, mais son éducation l’empêche de le lui avouer (improper), et Brisquet est assassiné par le matou persan et sa bande, au grand désespoir de Beauty.
[modifier] Les autres contes du recueil
[modifier] Guide-âne à l’usage des animaux qui veulent parvenir aux honneurs
Outre les Peines de cœur, le recueil comporte un conte où un âne relate la querelle qui opposa le baron Cuvier Georges Cuvier ref que Balzac désigne comme un habile faiseur de nomenclatures et qu’il affuble du nom de baron Cerceau [3] et un autre scientifique que Balzac admirait : Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, sur le sujet de l’unité de composition organique pour lequel tous les savants d’Europe se passionnaient en 1830. L’action de déroule dans le faubourg Saint-Marceau où se retrouvaient les montreurs d’animaux savants, au Jardin des plantes de Paris, et dans le Zoo de Londres où l’âne conteur finit sa carrière comme pièce à conviction. Balzac brocarde allègrement au passage la façon dont les académies, universités, et pouvoir en place, s’arrangent pour réduire au silence tout scientifique n’adhérant pas à la doctrine officielle.
[modifier] Voyage d’un moineau de Paris à la recherche du meilleur gouvernement
Un autre conte écrit par Balzac, fut attribué à George Sand par décision de l’auteur qui le qualifia de charmant apologue de George Sand dans une lettre qu’il adessa à Hetzel et qui fut publiée au Charivari pour le lancement du tome I [4]. Balzac trouvait que sa signature apparaissait trop souvent dans ce tome I : George Sand accepta la supercherie avec d’autant plus d’amusement que le texte donne un rôle important à un de ses grands amis (Lamennais), défenseur du prolétaire sous le nom de Grand Friquet. Friquet visite d’abord l’île des fourmis (l’Angleterre) où règne une féroce oligarchie, puis la république des loups, pays de liberté et d’égalité où les rudes vertus semblent peu convaincantes (la France).
[modifier] Voyage d’un lion d’Afrique à Paris, et ce qui s’ensuivit
Un lion de l’Atlas, prince héritier, vient à Paris pour parfaire son éducation. Il est d’abord capturé, enfermé au zoo du Jardin des plantes, puis relâché et guidé dans la ville par un chien policier qui lui fait découvrir les fastes des boulevards.
Cette satire des Lions (dandy-lion) tourne en ridicule les élégants qui, pour éclabousser le tout-Paris de leurs splendeurs, se jettent dans des dépenses invraisemblables. Ils sont accompagnés de leur aréopage : les tigres (laquais), fréquentent les loups-cerviers (banquiers), et usent de ces petites danseuses entretenues : les rats (voir : Personnages de la Comédie humaine)
Le texte fut écrit conjointement par Balzac et Hetzel. L’auteur-éditeur corrigea le conte et écrivit le dénouement avec une vague allusion à la Question d’orient[5].
[modifier] Les amours de deux bêtes offerts en exemple aux gens d’esprit
Sous-titré : histoire animau-sentimentale, le texte est dédicacé par le rédacteur à Mademoiselle Anna Granarius, personnage humain du conte et amoureuse de l’élève de son père, éminent naturaliste. On reconnaîtra facilement dans cette pochade un Paul et Virginie animalier. Paul, cochenille capturé en Afrique pour la reproduction en laboratoire, refuse obstinément tout rapport sexuel car il demeure fidèle à son grand amour : la chenille Virginie restée au pays. Anne Granarius, émue par l’attitude, de l’insecte s’arrange avec son amoureux pour réunir Paul et Virginie qui ne cesseront de se reproduire. Balzac s’est beaucoup amusé à décrire les serres tropicales et aussi la faune des naturalistes, avec des allusions à Georges Cuvier et Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, lançant également force clins d’œil aux Orientales de Hugo, aux cigares de George Sand, et au Roméo et Juliette d’Hector Berlioz[6].
[modifier] Adaptations
Au théâtre : Par le groupe TSE. Au Théâtre Gérard Philippe de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), 1977 - Au Théâtre Montparnasse 1978. Mise en scène par Alfredo Arias avec des masques dans le style d’un carnaval sud-américain. La pièce fera le tour du monde (huit pays, vingt huit villes, quatre cent cinquante représentations, dont plusieurs à Broadway[7].
À la télévision : le spectacle d’Alfredo Arias reçoit le prix Plaisir du théâtre en 1978[8].
À l’Opéra : La Chatte anglaise, opéra, en deux actes, livret d’Edward Bond tiré de la nouvelle d’Honoré de Balzac : Peines de cœur d’une chatte anglaise, musique de Hans Werner Henze. Création mondiale au Festival de Schwetzingen en 1983, Coproduction avec l’Opéra de Lyon en 1984[9].
[modifier] Notes et références
- ↑ Rose Fortassier. Introduction à Peines de cœur d’une chatte anglaise et Autres scènes de la vie privée et publique des animaux. Flammarion GF 1985, p. 9-23.
- ↑ Geneviève Serreau, adaptatrice de Peines de cœur au théâtre, se réfugiait derrière les dessins de Grandville pour justifier son choix malgré l’anglophobie des contes animaliers.
- ↑ En référence aux cerceaux d’une cuve.
- ↑ Flammarion GF. op. cit., p. 89.
- ↑ Ibid. p.121-40.
- ↑ Ibid., p. 143-73.
- ↑ Rose Fortassier, Introduction à Peines de cœur d’une chatte anglaise et Autres scènes de la vie privée et publique des animaux, Flammarion GF 1985, p. 7.
- ↑ Ibid.
- ↑ Introduction à Peines de cœur d'une chatte anglaise, p. 12-17, Paris, Flammarion GF, 1985.