Pavillon de musique (Louveciennes)
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Le pavillon de musique de Louveciennes est un bâtiment situé dans le quartier de Voisins, construit en 1771 par Claude Nicolas Ledoux à la demande de Madame du Barry pour y organiser des réceptions que son château ne permettait pas.
Selon les contextes, on l'appelle aussi « Pavillon Ledoux » ou « Pavillon de Louveciennes » ou « Pavillon de musique de la Comtesse du Barry ».
Adresse : 8, Chemin de la machine, 78430 Louveciennes.
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[modifier] Histoire
Le château de Madame du Barry présentait l'inconvénient de ne pas avoir de vue sur la Seine. En outre, Madame du Barry jugea les pièces de réception insuffisantes. Elle décida donc de faire construire, à l'aplomb de la vallée de la Seine, un pavillon qui ne comprendrait que des pièces de réception.
Des projets furent demandés à Charles De Wailly et à Claude Nicolas Ledoux. En dépit des avis négatifs émis par plusieurs de ses confrères, notamment Gabriel, Madame du Barry décida de retenir le projet de ce dernier, alors au début de sa carrière. L'emplacement choisi, en surplomb de la Seine, permettait de suivre ses boucles sur 180°, depuis Paris jusqu’aux terrasses de Saint-Germain-en-Laye. La construction fut exécutée en 1771. Les différents salons furent décorés par les plus grands maîtres : Pierre Gouthière cisela les bronzes, François Boucher peignit des toiles, Fragonard des fresques, Caffieri et Lemoine sculptèrent des bustes de la comtesse et du roi, et Guibert des pilastres et panneaux en bois décorés de fines sculptures et dorés à la feuille d’or.
L'inauguration eut lieu le 2 septembre 1771 en présence du Roi. On donna la pièce de Collé La partie de chasse de Henri IV, un souper en musique (les musiciens se plaignirent de l'exiguïté des tribunes de la salle à manger, aujourd'hui fermées par des miroirs) et un feu d'artifice.
En 1773, Madame du Barry, satisfaite de son pavillon, commanda à Ledoux les plans d'un grand château qui devait incorporer le petit bâtiment. La mort de Louis XV en 1774 mit un terme à ce projet.
En 1818, le banquier Lafitte fit surélever le pavillon (comble à la Mansart).
Acquis en 1923 par le parfumeur François Coty de l'homme politique et industriel Louis Loucheur, le pavillon subit de graves désordres en raison de l'affaissement d'une partie du coteau sur lequel il était bâti. François Coty fit alors appel à l'agence de l'architecte Charles Mewès pour le faire déplacer de plusieurs mètres ; si cette solution radicale sauva l'édifice d'un éboulement qui se produisit quelques années plus tard et qui l'aurait entièrement détruit, elle s'accompagna de transformations profondes : le comble mansardé fut transformé en un étage d'attique abritant cinq chambres à coucher, tandis que de vastes dépendances furent créées en sous-sol pour aménager un laboratoire de parfumerie, un générateur électrique, des cuisines et une piscine.
En 1959, le pavillon fut acheté par l’American School in Paris.
En 1989, il fut acheté par Julienne Dumeste, industrielle du meuble. En 1991, elle créa la Fondation Julienne Dumeste pour l’innovation sociale et humanitaire[1], reconnue d’utilité publique. En 1992, elle fit don du pavillon à sa fondation, qui lança un vaste chantier de rénovation afin de répondre à son vœu de l’ouvrir au public lors d’événements exceptionnels. Disparue en 2001, Julienne Dumeste a fait don de l’ensemble de ses biens à la fondation. Le chantier, commencé en 2002, dura trois ans. Il porta d’abord sur l’extérieur, puis sur la réhabilitation intérieure avec les mises aux normes nécessaires à l’ouverture d’un établissement pouvant recevoir du public. Il dut combiner des contraintes de sécurité fortes, la réalisation des infrastructures techniques, le respect du bâtiment trois fois centenaire et la préservation de son parc de 4,6 hectares, avec ses arbres magnifiques.
En 2005, eut lieu la première ouverture au public après les travaux, à l'occasion des journées du patrimoine, le 18 septembre.
En 2006, eut lieu le premier des événements que l’office du tourisme de Marly-le-Roi Louveciennes organise depuis lors régulièrement : le 3 novembre, une conférence de Daniel Robreau sur Claude Nicolas Ledoux, suivie d'un concert et d'un cocktail dînatoire.
[modifier] Architecture
[modifier] Plans de Ledoux
Le pavillon de Louveciennes a d'emblée été considéré comme une des réalisations les plus abouties de Ledoux et l’un des archétypes du néoclassicisme.
L'entrée, en forme d'abside semi-circulaire ouverte, simplement fermée par un péristyle, reprend une disposition déjà utilisée par Ledoux dans la maison de Mlle Guimard à la chaussée d'Antin. Elle donne accès à une salle qui a la forme d'un carré flanqué de deux demi-cercles, désignée comme salle à manger et où eut lieu le souper d'inauguration. Cette salle commande elle-même une enfilade de trois salons ouvrant sur la Seine, dont le salon du Roi central.
Au sous-sol, on trouvait diverses pièces de service et la cuisine.
[modifier] Transformations ultérieures
Des transformation notables sont intervenues au XIXe et au XXe siècles, notamment :
- surélévation du bâtiment, par adjonction de combles à la Mansart ; plus tard, transformation du comble mansardé en un étage d’attique abritant cinq chambres à coucher,
- déplacement du bâtiment de plusieurs mètres, pour l'éloigner de la pente,
- création par François Coty de vastes dépendances en sous-sol pour y installer son laboratoire de parfumerie, un générateur électrique, des cuisines et une piscine.
- restauration en 2002-2005, réalisée par la Fondation Julienne Dumeste pour l’innovation sociale et humanitaire.
[modifier] Les intérieurs
L'état primitif des intérieurs est connu par un dessin de Jean-Michel Moreau dit Moreau le Jeune (voir une reproduction au début de l'article) représentant le souper offert à Louis XV par Madame du Barry pour l'inauguration du pavillon. Il est connu également par les gravures de Ledoux.
Madame du Barry avait commandé à Jean-Honoré Fragonard une suite de quatre grands tableaux pour son pavillon de Louveciennes. Le peintre représenta les amours de bergers, mais les toiles déplurent à leur commanditaire, sans doute parce que celle-ci y vit la possibilité d'une allusion à sa propre situation. Elle les refusa et Fragonard les installa en 1790 à Grasse, dans le salon d'un de ses cousins, Alexandre Maubert, dont le petit-fils les vendit en 1898 au banquier John Pierpont Morgan qui les présenta dans sa résidence de Londres. Elles sont depuis 1915 l'un des fleurons de la Frick Collection de New York.
En définitive, Madame du Barry commanda à Joseph-Marie Vien une autre suite de tableaux sur le thème des Progrès de l'Amour[2]. La manière néoclassique de Vien convenait davantage au décor qu'elle avait créé à Louveciennes.
[modifier] Le parc
En 1852, le domaine du château de Madame du Barry fut agrandi jusqu'à la Seine, mais divisé en deux lots.
- Le premier lot, comprenant le château, fut acquis par le banquier Salomon Goldschmidt.
- Le second lot comprenait : • le pavillon de musique de Ledoux • deux entrées construites par l'architecte Pasquier, l'une situées 28 route de la Princesse, et quai Rennequin-Sualem à Bougival). Il fut acquis par une riche Américaine de Baltimore, Alice Thal de Lancey, maîtresse du banquier Nissim de Camondo, qui l'avait rencontrée par l'entremise d'Arthur Meyer. Edmond de Goncourt se moqua de « l'ironique intérieur de Louveciennes, là où habita Madame du Barry et où habite aujourd'hui Mme de Lancey et où le banquier Camondo remplace Louis XV »[3].
[modifier] Liens externes
- Site officiel du Pavillon de Musique de la Comtesse du Barry
- Toiles de Joseph-Marie Vien pour le pavillon de Madame du Barry (sur le site officiel du Musée du Louvre):
- Amant couronnant sa maîtresse, 1773, 3,35 m x 2,02 m.
- Jeunes Grecques parant de fleurs l'Amour endormi, 1773, 3,35 m x 1,94 m.
- Visites guidées organisées par l'Office de Tourisme : découvrez le château de Madame du Barry, aujourd'hui restauré, et son Pavillon de Musique.
[modifier] Notes
- ↑ "Dans le respect de la dignité et de la valeur unique de chaque personne et en référence aux valeurs évangéliques", la fondation a pour but d’apporter une aide personnalisée à tous ceux qui sont moralement, physiquement ou financièrement démunis. Elle octroie des secours, pensions, prêts, bourses et prix à des personnes démunies. Elle participe également à la construction et au fonctionnement d’établissements appropriés et subventionne des programmes de recherche destinés à l’amélioration du bien-être de ces personnes. Elle finance des publications, mémoires, organise des conférences, soutient des projets de lutte contre l’exclusion.
- ↑ Paris, Musée du Louvre et Chambéry, Château des ducs de Savoie (actuelle préfecture)
- ↑ Edmond de Goncourt, Journal, 3 juin 1882