Panique de 1837
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La panique de 1837 se produisit aux États-Unis après une période de fièvre spéculative. La bulle éclata le 10 mai 1837 à New York, lorsque les banques cessèrent tout paiement en espèce (monnaie or ou argent). La panique fut suivie d'une dépression longue de cinq années, accompagnée de faillites bancaires et d'un taux record de chômage.
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[modifier] Causes
Ses causes supposées comprennent la politique économique du président Andrew Jackson qui publia un executive order (décret présidentiel) intitulé Specie Circular et refusa en outre de renouveler la charte de la Second Bank of the United States, ce qui se traduisit par le retrait des fonds gouvernementaux de cette banque. Martin Van Buren, qui devint président en mars 1837, cinq semaines avant que la panique n'atteignent l'économie de la jeune république, en fut blâmé. Son refus d'impliquer le gouvernement dans l'économie fut considéré par certains comme ayant contribué aux dommages et à la durée de cette panique. De toute évidence, l'intervention initiale du gouvernement sur le marché avait été en partie la cause du problème et de nouvelles interventions eussent pu être utiles ou nuisibles. Les démocrates Jacksoniens stigmatisaient l'irresponsabilité des banques, à la fois pour leur soutien financier à la spéculation et l'introduction du papier monnaie. Introduction qui se traduisit, selon eux, par une forte inflation, causée par une émission excessive, de la part des banques, de billets, non couverts par une réserve équivalente de métal précieux.
[modifier] Analyse
Lorsqu'on analyse les causes alors présumées de la bulle qui précéda la panique de 1837, les connaissances actuelles démontrent à l'évidence le contraire. Suggérer que les banques prêtaient sans retenue et créaient un boum du crédit aurait impliqué une forte chute des taux de couverture. Cependant au début des années 1830, les taux moyens de couverture des banques ne baissaient pas, mais restaient relativement stables. À cette époque, la masse monétaire en circulation s'était accrue (environ 200%) malgré un taux de couverture stable des banques. Cette croissance de la masse monétaire ne provenait pas des États-Unis eux-mêmes, mais résultait d'un flux d'investissements étrangers. Les investisseurs britanniques trouvaient de plus en plus attractif de prêter de l'argent aux gouvernements des divers États des USA. Cet accroissement du crédit qui leur était offert, permit aux États de financer la construction de canaux, comme le canal Érié, par exemple.
La Specie Circular de 1836 imposait aux acheteurs de terrains appartenant à l'État de les payer en monnaie or plutôt qu'en billets de banque. Bien que l'utilisation de billets soit plus aisée que le transport de monnaie métal, les banques avaient l'obligation d'échanger les billets contre leur équivalent en or ou en argent. Un acheteur potentiel n'avait qu'à se rendre dans une banque pour y échanger ses billets afin d'acquérir une propriété. Un facteur déclenchant bien plus puissant fut le fait de la Banque Centrale britannique. Celle-ci ne voyait pas d'un très bon œil l'accroissement du flux de capitaux vers les États-Unis, provenant d'investisseurs britanniques. Pour combattre ce flux de capitaux négatif, la banque augmenta son taux sur les dépôts. Cet accroissement du taux rendit plus attractif, pour les investisseurs britanniques, les placements au sein du Royaume-Uni. Comme dans toute « bulle de crédit », une fois que le crédit se raréfie, il s'ensuit rapidement un accident économique majeur.
[modifier] Conséquences
Dans les deux mois qui suivirent, le montant total des faillites dans la seule ville de New York atteignit pratiquement 100 millions de dollars de l'époque. « Sur les 850 banques des États-Unis, 343 fermèrent leurs portes, 62 firent partiellement faillite et le système des banques d'État subit un choc dont il ne se remit jamais totalement. »[1]
Quelques grandes banques locales, comme la Suffolk Bank of Boston, agirent comme des banques centrales, prêtant des réserves à d'autres banques, ce qui atténua les effets de la panique de 1837 en Nouvelle-Angleterre. Bien que Van Buren n'ait pas engendré la panique de 1837, il fut durement jugé (et ne fut pas réélu) parce qu'idéologiquement, il répugnait à voir le gouvernement imposer des règles au marché bancaire, une résolution, qui selon de nombreux historiens de l'économie, prolongea les effets de la panique (alors que d'autres considèrent que son approche a évité une interférence potentiellement destructive), qui se firent subir jusqu'en 1843. Van Buren avait même conservé à son poste le Secrétaire au Trésor de Jackson, Levi Woodbury.
L'économiste Milton Friedman donne l'analyse suivante[2]:
« La panique bancaire de 1837 fut suivie de conditions économiques particulièrement perturbées et d'une longue contraction jusqu'en 1843 qui ne fut interrompue que par une brève amélioration de 1838 à 1839. Cette grande dépression est particulièrement intéressante pour notre propos. Elle est la seule dépression enregistrée comparable de par sa sévérité et son étendue avec la Grande Dépression des années 1930 et ses évènements monétaires concomitants reproduisent largement ceux de la crise ultérieure. Dans ces deux cas, une fraction importante des banques aux États-Unis cessèrent leurs activités soit par suspension, soit par fusion --environ un quart lors de la première et un tiers lors de la dernière contraction-- et la masse monétaire diminua d'environ un tiers. Aucune autre contraction n'approche, même de loin, ce lugubre record. Dans ces deux cas, une politique monétaire gouvernemental erratique ou imprudente jouèrent un rôle important. »
[modifier] Notes et références
- ↑ (en) « The financial panic of 1837 » dans The Great Republic by the Master Historians, Charles Morris, New York, Pittsburgh etc.: R.S. Belcher Co., 1902.
- ↑ Milton Friedman, (1960) p. 10
[modifier] Souces
- Curtis, James C (1970). The Fox at Bay: Martin Van Buren and the Presidency, 1837-1841. Lexington: Univ. Press of Kentucky, 64-151. ISBN 0813112141.
- Friedman, Milton (1960). A Program for Monetary Stability. New York: Fordham Univ. Press.
- Kaplan, Edward S (1999). The Bank of the United States and the American Economy. Westport: Greenwood. ISBN 0313308667.
- MacGrane, Reginald C (1924). The Panic of 1837: Some financial problems of the Jacksonian era.
- Peter L Rousseau, « Jacksonian Monetary Policy, Specie Flows, and the Panic of 1837 », dans Journal of Economic History, 62, p. 457-488 [texte intégral]
- Schweikart, Larry (1987). Banking in the American South from the Age of Jackson to Reconstruction. Baton Rouge: LSU Press. ISBN 0807114030.