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Mercantilisme - Wikipédia

Mercantilisme

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le Lorrain, Port de mer avec la villa Médicis, 1638
le Lorrain, Port de mer avec la villa Médicis, 1638

Le mercantilisme est une conception de l'économie qui prévaut entre le XVIe siècle et le milieu du XVIIIe siècle en Europe. Les penseurs mercantilistes prônent le développement économique par l'enrichissement des nations grâce au commerce extérieur qui permet de dégager un excédent de la balance commerciale grâce à l'investissement dans des activités économiques à rendement croissant, comme l'avait identifié l'économiste italien Antonio Serra dès 1613. L'État a un rôle primordial dans le développement de la richesse nationale, en adoptant des politiques protectionnistes établissant notamment des barrières tarifaires et encourageant les exportations.

Le mercantilisme n'est pas un courant de pensée en tant que tel[1]. Il marque la fin de la prééminence des conceptions économiques de l'Église (qui dénonçait la chrématistique), inspirée d'Aristote et Platon et condamnant l'accumulation des richesses et le prêt. La conception des classiques et de la scolastique était que l'activité économique était un jeu à somme nulle et que ce qui était gagné par l'un l'était aux dépens de l'autre. Le mercantilisme apparaît à une époque où les rois souhaitent obtenir un maximum d'or, mais surtout dans un contexte intellectuel où l'homme, avec Copernic et Galilée, passe "du monde clos à l'univers infini", selon l'expression d'Alexandre Koyré, soit le monde de la Renaissance où la créativité humaine se libère d'un ordre cosmique prédéterminé. Les théories mercantilistes sous-tendent cet objectif et développent une problématique basée sur l'enrichissement en identifiant les activités ayant un rendement croissant, soit les produits manufacturés par opposition aux produits bruts. Dans ce cadre, on peut considérer que l'émergence d'idées mercantilistes est l'expression de la montée en puissance d'États nations face à, d'un côté l'universalisme du pouvoir de l'Église, et, de l'autre, le localisme des structures du pouvoir féodal[2].

Au cours de cette période durant laquelle les hypothèses ont évolué, une littérature éclatée apparaît, rendant l'idée d'un courant unifié assez vague. Au XVIIe siècle, il se répandra dans la plupart des nations européennes en s'adaptant aux spécificités nationales. On distingue parmi les courants mercantilistes : le bullionisme (ou « mercantilisme espagnol ») qui préconise l'accumulation de métaux précieux ; le colbertisme (ou « mercantilisme français ») qui est tournée pour sa part vers l'industrialisation ; et le commercialisme (ou « mercantilisme britannique ») qui voit dans le commerce extérieur la source de la richesse d'un pays, ce commerce étant par ailleurs fondé sur une solide base industrielle qu'est la construction des navires pour la Royal Navy, qui elle-même sera la base de la puissance militaire de l'Angleterre qui fondera sa puissance commerciale.

À partir de cette époque, les questions économiques échappent aux théologiens, certains d'entre eux devenant eux-aussi théoriciens du mercantilisme comme Giovanni Botero. L'Époque moderne marque un tournant avec l'autonomisation naissante de l'économie vis-à-vis de la morale et de la religion ainsi que de la politique. Cette rupture majeure sera réalisée par les conseillers des princes et des marchands[3]. Cette nouvelle discipline en devenir deviendra véritablement une science économique avec la physiocratie. Parmi les nombreux auteurs mercantilistes, on peut citer notamment Jean Bodin (15301596), Antoine de Montchrétien (15761621), William Petty (16231687).

Adam Smith, qui en fait une critique forte dans le livre IV de La Richesse des Nations, qualifie le mercantilisme d'« économie au service du Prince ». Il est le premier à faire une description systématique du « système mercantile »[4], terme qui apparait dans la "philosophie rurale" du Marquis de Mirabeau en 1763, à propos de la politique économique menée à cette époque.

Sommaire

[modifier] Théorie mercantiliste

Les premiers mercantilistes se sont appelés bullionistes
Les premiers mercantilistes se sont appelés bullionistes

À peu près tous les économistes européens qui ont écrit entre 1500 et 1750 sont, de nos jours, étiquetés comme mercantilistes, bien qu'ils ne considéraient pas contribuer à une idéologie unique. Le marquis de Mirabeau est le premier à employer ce terme en 1763, mais c'est Adam Smith qui le popularisa en 1776[5] avant que les historiens ne l'adoptent. Le terme vient du latin mercari, qui signifie faire du commerce, et merx, marchandise.

Le mercantilisme n'est pas un courant de pensée à proprement parler, car ce n'est pas une théorie économique unifiée. Aucun auteur mercantiliste n'a proposé un système présentant le fonctionnement idéal d'une économie, tel qu'Adam Smith le fera par la suite dans le cadre de l'économie classique. Chaque auteur mercantiliste s'est plutôt intéressé à un domaine particulier de l'économie[6]. Ce n'est que par la suite que des chercheurs ont regroupé ces divers travaux dans un corpus théorique qui forma le mercantilisme, comme par exemple Eli F. Heckscher[7] qui voit dans les écrits de l'époque à la fois un système de pouvoir politique, un système de réglementation de l’activité économique, un système protectionniste et aussi un système monétaire avec la théorie de la balance du commerce. Toutefois d'autres auteurs rejettent l'idée d'un système mercantiliste fondé sur une unité fictive de travaux disparates[8]. L'historien de la pensée économique, Mark Blaug, fait remarquer que le mercantilisme a été qualifié au cours du temps de « valise encombrante », de « diversion d’historiographie », et de « baudruche théorique géante »[9].

Toutefois, on peut trouver des paramètres communs chez les différents auteurs. Ainsi, certains mercantilistes conçoivent le système économique comme un jeu à somme nulle, le gain réalisé par un agent se traduit par la perte d'un autre agent ou selon la célèbre maxime de Jean Bodin « il n’y a personne qui gagne qu’un autre n’y perde » (Les Six livres de la République). De ce fait, toute politique économique bénéficiant à un groupe d'individus étant par définition néfaste à un autre, l'économie ne remplit aucun rôle pour maximiser le bien-être social.[10]. C'est sur la base de ces interprétations qu'a été justifiée la priorité donnée au commerce extérieur, puisque le commerce intérieur n'augmentait pas la richesse nationale. Toutefois, au début du XVIIIe siècle, ces théories sont abandonnées au profit de la thèse de l'avantage mutuel des pays participant au commerce international[11]. Il semble que les écrits mercantilistes aient été généralement créés pour justifier a posteriori des politiques, plutôt que pour en évaluer l'impact et ainsi déterminer la meilleure à mettre en œuvre.[12]

Les premières théories mercantilistes développées au début du XVIe siècle ont été marquées par le bullionisme (de l'anglais bullion : or en lingots). Voir à ce propos ce qu'écrivait Adam Smith :

« La double fonction que remplit l’Argent, comme instrument de commerce et comme mesure des valeurs, a naturellement livré cette idée populaire que l’Argent fait la richesse, ou que la richesse consiste dans l’abondance de l’or et de l’argent […]. On raisonne de la même manière à l’égard d’un pays. Un pays riche est celui qui abonde en argent, et le moyen le plus simple d’enrichir le sien, c’est d’y entasser l’or et l’argent […]. Du fait du succès croissant de ces idées, les différentes nations d’Europe se sont appliquées, quoique sans beaucoup de succès, à chercher tous les moyens possibles d’accumuler l’or et l’argent. L’Espagne et le Portugal, possesseurs des principales mines qui fournissent ces métaux à l’Europe, en ont prohibé l’exportation sous les peines les plus graves, ou l’ont assujettie à des droits énormes. Cette même prohibition a fait longtemps partie de la politique de la plupart des nations de l’Europe. On la trouve même là où l’on devrait le moins s’y attendre, dans quelques anciens actes du parlement d’Écosse, qui défendent, sous de fortes peines, de transporter l’or et l’argent hors du royaume. La même politique a aussi été mise en place en France et en Angleterre »
    — Richesse des nations, Livre IV, chapitre I

Thomas Gresham, marchand et financier anglais
Thomas Gresham, marchand et financier anglais

Durant cette période, d'importantes quantités d'or et d'argent affluaient des colonies espagnoles du Nouveau Monde vers l'Europe. Pour les écrivains bullionistes, tels que Jean Bodin ou Thomas Gresham, la richesse et le pouvoir de l'État sont mesurés par la quantité d'or qu'il possède. Chaque nation doit donc accroître ses réserves d'or aux dépens des autres nations pour accroître son pouvoir. La prospérité d'un État est mesurée, selon les bullionistes, par la richesse accumulée par le gouvernement, sans référence au revenu national. Cet intérêt pour les réserves d'or et d'argent s'explique en partie par l'importance de ces matières premières en temps de guerre. Les armées, qui comprenaient nombre de mercenaires, étaient payées en or. À part pour les quelques pays européens contrôlant les mines d'or et d'argent, le commerce international était la principale méthode d'acquisition de ces matières premières. Si un État exportait plus qu'il n'importait, alors sa « balance du commerce » (ce qui correspond, de nos jours, à la balance commerciale) était excédentaire, ce qui se traduisait par une entrée nette d'argent. Cela a conduit les mercantilistes à prescrire comme objectif économique d'avoir un excédent commercial. L'exportation d'or était strictement interdite. Les bullionistes étaient également favorables à la mise en place de taux d'intérêt élevés pour encourager les investisseurs à investir leur argent dans le pays.

Au XVIIe siècle fut développée une version plus élaborée des idées mercantilistes, qui rejetait la vision simpliste du bullionisme. Ces écrivains, tel Thomas Mun, plaçaient l'accroissement de la richesse nationale comme le principal objectif, et s'ils considéraient encore que l'or était la principale richesse, ils admettaient que d'autres sources de richesses existaient également, telles que les marchandises.

« (...) ce n'est pas la grande quantité d'or et d'argent qui font les grandes et véritables richesses d'un État, puisqu’il y a de très grands Païs dans le monde qui abondent en or et en argent, et qui n’en sont pas plus à leur aise, ni plus heureux […]. La vraye richesse d'un Royaume consiste dans l'abondance des Denrées, dont l'usage est si nécessaire au soûtien de la vie des hommes, qu’ils ne sçauroient s’en passer ; »
    — Sébastien Le Prestre de Vauban, Projet d’une dixme royale, 1707, pp. 77-78

L'objectif d'une balance commerciale excédentaire était toujours recherché mais il était dès lors vu comme profitable d'importer des marchandises d'Asie en contrepartie d'or pour ensuite revendre ces biens sur le marché européen en faisant d'importants profits. Pour Antonio Serra (1613), l'excédent de la balance commerciale n'est qu'un “indicateur” de la richesse d'un pays et non une finalité, vue que partageront des auteurs comme Mun et Montchrestien.

« Et pour rendre la chose encore plus claire, quand nous disons […] que 100 000 livres exportées en espèces peuvent faire importer l’équivalent d’environ 500 000 livres sterling en marchandises des Indes Orientales, il faut comprendre que la partie de cette somme qui peut proprement s’appeler notre importation, étant consommée dans le royaume, est d’une valeur d’environ 120 000 livres sterling par an. De sorte que le reste, soit 380 000 livres, est matière exportée à l’étranger sous la forme de nos draps, de notre plomb, de notre étain, ou de tout autre produit de notre pays, au grand accroissement du patrimoine du royaume et ce en trésor, si bien qu’on est en droit de conclure que le commerce des Indes Orientales pourvoit à cette fin. »
    — Thomas Mun, A Discourse of Trade from England unto the East-Indies, 1621

Cette nouvelle vision rejetait dorénavant l'exportation de matières premières, qui une fois transformées en biens finaux étaient une importante source de richesse. Alors que le bullionisme avait soutenu l'exportation en masse de laine de Grande-Bretagne, la nouvelle génération de mercantilistes soutenait l'interdiction totale de l'exportation de matières premières et était favorable au développement d'industries manufacturières domestiques. Les industries nécessitant d’importants capitaux, le XVIIe siècle a vu un allègement général des restrictions mises en place contre l'usure. Comme l'a fort bien démontré William Petty, le taux d'intérêt est vu comme une compensation pour la gêne occasionnée au prêteur lorsqu'il se démunit de sa liquidité. Un résultat de ces théories est la mise en place des Navigation Acts à partir de 1651, qui donnèrent aux navires anglais l'exclusivité des relations entre la mère patrie et ses colonies, interdisant aux bateaux étrangers transportant d'autres marchandises qu'anglaises d'entrer dans les ports anglais, le but premier étant d'interdire aux Hollandais l'accès à certains ports afin de restreindre l'expansion des Pays-Bas.

Les conséquences en matière de politique intérieure des théories mercantilistes étaient beaucoup plus fragmentées que leurs aspects de politique commerciale. Alors qu'Adam Smith - et surtout ses interprètes postérieurs, comme Nassau Senior- a décrit le mercantilisme comme appelant des contrôles très stricts de l'économie, les mercantilistes n'étaient pas d'accord entre eux. Certains soutenaient la création de monopoles et autres lettres patentes. Mais d'autres critiquaient le risque de corruption et de l'inefficacité de tels systèmes. De nombreux mercantilistes ont également reconnu que la mise en place de quotas et du plafonnement des prix était source de marchés noirs. En revanche, la plupart des théoriciens mercantilistes s'accordaient sur l'oppression économique des travailleurs et des agriculteurs qui devaient pouvoir vivre d'un revenu proche du niveau de subsistance, afin de maximiser la production. Un revenu, du temps libre supplémentaire ou une meilleure éducation de ces populations ne devaient conduire qu'à créer de la paresse et nuirait à l'économie[13]. Ces penseurs voyaient un double avantage dans le fait de disposer d'une main d'œuvre abondante : les industries qui se développaient à cette période nécessitaient une importante main d'œuvre et par ailleurs, cela renforçait le potentiel militaire du pays. Les salaires sont donc maintenus à un niveau bas pour inciter à travailler. Les lois sur les pauvres (Poor Laws) en Angleterre pourchassent les vagabonds en rendant obligatoire le travail. Le ministre Colbert fera travailler des enfants âgés de six ans dans les manufactures d’État.

[modifier] Origines

Les chercheurs sont divisés sur la place réelle des idées mercantilistes au cours de ces 250 ans.[14] Certains, représentés par Jacob Viner, considèrent que les idées mercantilistes qui semblaient de bon sens eurent une place importante et ont duré uniquement parce qu'à l'époque les chercheurs ne disposaient pas des outils analytiques leur permettant de mettre en cause ces théories. Une seconde école, comptant notamment Robert B. Ekelund, soutient que le mercantilisme n'est pas une erreur historique, mais plutôt le meilleur système que les chercheurs étaient capables d'élaborer à l'époque. Cette école avance l'idée que les politiques mercantilistes ont été développées et mises en œuvre par des marchands et des hauts fonctionnaires à la recherche de rentes. Les marchands ont grandement bénéficié des monopoles, des interdictions de la concurrence étrangère et du maintien délibéré au seuil de subsistance des travailleurs. Les gouvernements ont bénéficié des droits de douane élevés et des achats réalisés par les marchands. Si les idées économiques ultérieures ont été développées par des chercheurs et des philosophes, pratiquement tous les auteurs mercantilistes étaient des marchands ou des fonctionnaires.[15]

Le mercantilisme s'est développé en pleine transition de l'économie européenne. Les anciens pouvoirs féodaux se voyaient remplacer par des État-nations centralisés. Les progrès techniques dans la navigation et le développement des centres urbains ont conduit à une croissance rapide du commerce international.[16] Le mercantilisme s'est intéressé aux conditions permettant au commerce d'être le plus bénéfique aux États. Un autre changement important fut l'introduction du principe de la comptabilité en partie double et de la comptabilité moderne. Cette comptabilité permit de présenter d'une façon claire les flux de commerce, contribuant à l'étude attentive de la balance commerciale[17].

Avant l'émergence des idées mercantilistes, le plus important travail économique en Europe fut réalisé par les théoriciens scolastiques. L'objectif de ces penseurs était de trouver un système économique compatible avec les doctrines chrétiennes de piété et justice. Ils s'intéressaient principalement aux échanges au niveau local entre individus. Le mercantilisme était en phase avec les autres théories de l'époque. Cette période a vu la naissance d'un "art du politique", orienté vers l'efficacité pratique, par Nicolas Machiavel (1513 -1520) puis l'apparition de la primauté de la raison d'État dont Giovanni Botero (1589) sera le premier théoricien - dans les relations internationales. Mais c'est surtout Jean Bodin, qui, dans “Les six Livres de la République” (1576) associera théorie de la souveraineté de l'Etat et mercantilisme. L'idée mercantiliste est que certaines activités économiques sont préférables à d'autres lorsque les rendements sont croissants (on employait souvent le terme "plus que proportionnel"). Ainsi, dès 1485, le Roi d'Angleterre Henri VII formula ce qui sera la politique industrielle anglaise qui assura sa prospérité: exporter des biens manufacturés et importer des produits bruts. A l'opposé, l'idée classique de la scolastique selon laquelle le commerce est un jeu à somme non nulle dans lequel chaque agent essaye de trouver son avantage, fut intégrée aux travaux de Thomas Hobbes. Cette vision pessimiste de la nature humaine se retrouve également dans la vision puritaine du monde. C'est grâce aux législations mercantilistes, telles que les lois sur la navigation (Navigation Act, 1651) mises en place par le gouvernement d'Oliver Cromwell[18] que l'Angleterre, appuyée sur la puissance de la Royal Navy, assurera sa prééminence sur le commerce international, après l'élimination de la Hollande par les quatre guerres anglo-hollandaises du XVIIIe siècle.

[modifier] Politiques mercantilistes

Les idées mercantilistes ont été l'idéologie économique dominante dans toute l'Europe au début de la période moderne, à des degrés plus ou moins grands. La France et l'Angleterre ont grandement contribué à véhiculer ces thèses, qui ont assuré la croissance économique de ces pays.

[modifier] En France

Ministre français des finances et mercantiliste, Jean-Baptiste Colbert
Ministre français des finances et mercantiliste, Jean-Baptiste Colbert

En France, le mercantilisme aurait vu le jour au début du XVIe siècle, peu de temps après l'affermissement de la monarchie. En 1539, un décret royal interdit l'importation de marchandises à base de laine d'Espagne et d'une partie des Flandres. L'année suivante, des restrictions ont été imposées à l'exportation d'or[19]. Des mesures protectionnistes se sont multipliées tout au long du siècle. Jean-Baptiste Colbert, ministre des finances pendant vingt-deux ans, fut le principal instigateur des idées mercantilistes en France, ce qui conduisit certains à parler de colbertisme en désignant le mercantilisme français. Sous Colbert, le gouvernement français s'impliqua de façon importante dans l'économie afin d'accroître les exportations. Colbert abaissa les obstacles au commerce en réduisant les droits de douane intérieurs et en construisant un important réseau de routes et canaux. Les politiques menées par Colbert furent dans l'ensemble efficaces, et permirent à l'industrie et à l'économie françaises de croître considérablement durant cette période, faisant de la France une des plus grandes puissances européennes. Malgré ces politiques efficaces, l'Angleterre et la Hollande devançaient toujours la France[20].

[modifier] En Angleterre

Icône de détail Article détaillé : Mercantilisme anglais.

En Angleterre, le mercantilisme a atteint son apogée durant la période dite du Long Parliament (16401660). Les politiques mercantilistes ont aussi été appliquées durant les périodes Tudor et Stuart, avec notamment Robert Walpole comme principal partisan. Le contrôle du gouvernement sur l'économie domestique était moins important que dans le reste du continent, en raison de la tradition de la Common law et le pouvoir croissant du parlement[21].

Les monopoles contrôlés par l'État étaient répandus, notamment avant la première révolution anglaise, bien que souvent débattus. Les auteurs mercantilistes anglais étaient eux-mêmes partagés sur la nécessité d'un contrôle de l'économie intérieure. Le mercantilisme anglais prit surtout la forme d'un contrôle du commerce international. Une large gamme de régulations a été mise en place pour encourager les exportations et décourager les importations. Des droits de douane ont été instaurés sur les importations et des subventions à l'exportation ont été mises en place. L'exportation de certaines matières premières a été interdite. Les Navigation Acts interdirent aux marchands étrangers de faire du commerce intérieur en Angleterre. L'Angleterre accrut ses colonies et, une fois sous contrôle, des règles y étaient mises en place les autorisant seulement à produire des matières premières et à faire du commerce uniquement avec l'Angleterre. Cela a conduit à des tensions croissantes avec les habitants de ces colonies qui ont été par exemple une des causes majeures de la guerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique.

Ces politiques ont grandement contribué à ce que l'Angleterre devienne le plus important commerçant au monde, et une puissance économique internationale s'appuyant sur sa flotte de guerre, la Royal Navy, constituée grâce à la puissance fiscale de l'État, comme le montre Patrick O'Brien. Sur le plan intérieur, la conversion des terres non cultivées en terres agricoles a eu un effet durable. Les mercantilistes pensaient que pour maximiser le pouvoir d'une nation, toutes les terres et les ressources devaient être utilisées au maximum, ce qui conduisit à lancer des projets majeurs comme le drainage de la région des Fens[22].

[modifier] Dans d'autres pays

Les autres nations ont épousé les thèses mercantilistes à des degrés divers. Les Pays-Bas, qui étaient devenus le centre financier de l'Europe grâce à leur activité commerciale très développée, ne voyaient que peu d'intérêt à restreindre le commerce et n'ont au final adopté que quelques politiques mercantilistes.

Le mercantilisme se développa en Europe centrale et en Scandinavie après la Guerre de Trente Ans (16181648), où Christine de Suède et Christian IV de Danemark en devinrent de notables partisans. Les empereurs d'Autriche-Hongrie Habsbourg ont longtemps été intéressés par les idées mercantilistes, mais l'étendue et la relative décentralisation de cet empire rendaient l'application de telles mesures difficiles. Certains États de l'empire ont embrassé les thèses mercantilistes, notamment la Prusse, qui sous Frédéric le Grand a peut-être connu l'économie la plus rigide d'Europe. L'Allemagne allait ainsi donner, sur cette base doctrinale, naissance à une école dite des « caméralistes » qui allait garder une influence jusqu'au XIXe siècle.

Au cours de la crise économique qui l'a touchée au XVIIe siècle, l'Espagne a mis en place de nombreuses politiques économiques sans trop de cohérence, mais l'adoption par Philippe V d'Espagne des mesures mercantilistes françaises fut couronnée de succès.

La Russie sous Pierre Ier de Russie (Pierre le Grand) a tenté de poursuivre le mercantilisme sans trop de succès à cause de l'absence d'une classe significative de commerçants ou d'une base industrielle.

La bataille de Scheveningen, 10 août 1653 par Jan Abrahamsz Beerstraaten, dessiné c. 1654, représente la bataille finale de la première guerre anglo-hollandaise
La bataille de Scheveningen, 10 août 1653 par Jan Abrahamsz Beerstraaten, dessiné c. 1654, représente la bataille finale de la première guerre anglo-hollandaise

Les idées mercantilistes ont également alimenté les périodes de conflits armés des XVIIe et XVIIIe siècle. Étant donné que l'idée dominante considère le stock de richesses comme fixe, la seule façon d'accroître la richesse d'un pays devait se faire au détriment d'un autre. De nombreuses guerres, dont les guerres anglo-hollandaise, franco-hollandaise, et franco-anglaise ont dans leurs facteurs déclenchants les idées qui prônaient le nationalisme économique. Le mercantilisme contribua également au développement de l'impérialisme, puisque toute nation qui le pouvait cherchait à s'emparer de territoires pour obtenir des matières premières. Au cours de la période, le pouvoir des nations européennes s'est étendu tout autour du globe. À l'instar de l'économie intérieure, cette expansion fut souvent le fait de monopoles, tels que les Compagnie des Indes ou la Compagnie de la Baie d'Hudson.

[modifier] Critiques et disparition

De nombreux économistes ou philosophes, comme John Locke ou David Hume, ont critiqué les idées mercantilistes bien avant qu'Adam Smith ne développât une analyse économique destinée à les remplacer. Les critiques ont souligné l'échec des mercantilistes à comprendre des notions comme l'avantage comparatif que développera David Ricardo avec son exemple fameux sur la spécialisation internationale : le Portugal était un producteur beaucoup plus efficace de vin que l'Angleterre, alors que cette dernière était relativement plus efficace dans la production de vêtements. Ainsi, si le Portugal s'était spécialisé dans le vin et l'Angleterre dans l'habillement, les deux pays auraient gagné au commerce international. En théorie économique moderne, le commerce n'est plus vu comme un jeu à somme nulle, mais comme un jeu à somme positive. En imposant la mise en place de restrictions aux importations et de droits de douane, les mercantilistes ont contribué à un appauvrissement des pays.

L'importance accordée à l'or fut aussi l'objet de critiques, même si de nombreux mercantilistes ont tenté de réduire l'importance donnée à l'accumulation de métaux précieux. Adam Smith montra que l'or était une marchandise comme les autres, et ne méritait donc pas un traitement spécial ; l'or n'est rien d'autre qu'un métal jaune qui a une valeur élevée uniquement du fait de sa rareté.

Le premier courant de pensée à remettre complètement en cause le mercantilisme est l'école des Physiocrates en France. Leurs théories souffraient cependant également de nombreux défauts et il fallut attendre la publication de la Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations par Adam Smith en 1776 pour véritablement rejeter ce qu'il appela le « système mercantile ». Ce livre jette les bases de ce qui est appelé aujourd'hui l'économie classique. Smith s'attacha à remettre en cause les idées mercantilistes auxquelles il consacra de nombreuses pages. Cependant la présentation faite par Smith des idées mercantilistes s'avère souvent simpliste.[23]

Les historiens de la pensée économique sont revenus sur la remise en cause totale des idées mercantilistes, notamment en replaçant ces théories dans leur contexte historique. Les économistes restent divisés sur la véritable nature du mercantilisme et sur les causes qui ont conduit à la fin du mercantilisme. Pour Schumpeter, Adam Smith a développé une « critique inintelligente » du mercantilisme, dans lequel il voit les prémices de la politique industrielle. Pour ceux qui voyaient dans le mercantilisme la défense d'intérêts personnels, la fin de ce courant intervient lors d'un important changement de pouvoir. En Grande-Bretagne, le mercantilisme perdit du terrain dès que le Parlement obtint le pouvoir de subventionner les monopoles, pouvoir jusqu'alors réservé au monarque[24].

Les lois mercantilistes ont été supprimées tout au long du XVIIIe siècle en Grande Bretagne, et au cours du XIXe siècle le gouvernement britannique choisit le libre-échange et le « laissez-faire » en matière économique, mis en avant par les travaux d'Adam Smith. Sur le continent, le processus fut différent. En France, le contrôle économique demeura entre les mains du pouvoir royal et le mercantilisme continua jusqu'à la Révolution. En Allemagne, le mercantilisme demeura une idéologie importante au cours du XIXe siècle notamment du fait des travaux de l'économiste Friedrich List jusqu'au début du XXe siècle, période durant laquelle l'École historique allemande bénéficia d'une place importante[25]. Mais dans les faits, des historiens comme Patrick O'Brien ont montré que les droits de douane anglais étaient bien plus élevés en Angleterre qu'en France. Il faudra attendre le traité franco anglais de 1860, négocié par le saint simonien Michel Chevalier, pour aller vers une égalisation progressive des droits de douane anglais, avant un retour au protectionisme avec la récession de la fin du XIXe siècle.

[modifier] Une semi-réhabilitation

Au XXe siècle, beaucoup d'économistes sont revenus sur les critiques faites à l'encontre du mercantilisme et ont reconnu l'exactitude de certains points de leur théorie. Entre autres, John Maynard Keynes a soutenu certains principes mercantilistes. Adam Smith a rejeté l'importance donnée à l'offre de monnaie, car selon lui, les marchandises, la population et les institutions étaient les véritables causes de la prospérité. Keynes montra que l'offre de monnaie, la balance commerciale et les taux d'intérêt sont importants dans une économie :

« Nous sommes tentés de voir dans la monnaie un élixir qui stimule l'activité du système. »
    — John Maynard Keynes, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, chap. 13, III, 1936

« En un temps où elles [les autorités] ne pouvaient agir directement sur le taux de l’intérêt intérieur ou sur les autres motifs qui incitent à l’investissement domestique, les mesures propres à améliorer la balance commerciale étaient leurs seuls moyens directs d’augmenter l’investissement extérieur ; et l’effet d’une balance commerciale favorable sur les entrées de métaux précieux était en même temps leur seul moyen indirect de réduire le taux de l’intérêt intérieur, c’est-à-dire d’accroître l’incitation à l’investissement domestique »
    — John Maynard Keynes, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie, chap. 23, Trad. fr. P. B. Payot, p. 332

Cependant, les efforts de Keynes pour réhabiliter le mot mercantilisme n'ont pas réussi. Ce mot reste péjoratif, souvent utilisé pour critiquer diverses formes de protectionnisme.

Un élément à propos duquel Smith ne fut pas suivi dans ses critiques était l'importance des données. Les mercantilistes, qui étaient généralement des praticiens, rassemblaient un nombre considérable de données et les utilisaient pour leur recherche. William Petty est généralement crédité pour avoir été le premier à utiliser des analyses empiriques pour étudier l'économie. Smith rejetait cela, arguant que les raisonnements déductifs à partir des principes de base étaient la méthode adéquate pour mettre à jour des vérités économiques.

Enfin, dans certains cas, il fut reconnu que les politiques protectionnistes mercantilistes eurent un impact positif sur les États. Adam Smith, lui-même, loua les Actes de Navigation pour avoir grandement contribué à l'expansion de la flotte de commerce britannique, ce qui joua un rôle majeur dans la transformation de l'Angleterre en la superpuissance navale et économique qu'elle devint pour plus deux siècles.

[modifier] Legs politiques

La postérité du mercantilisme reste sans doute plus grande dans la pratique politique que dans la théorie économique. Si la pensée économique du XIXe siècle est dominée par les écoles classique puis néoclassique, plutôt favorables au libre-échange, la pratique politique reste largement influencée par les idées mercantilistes. Comme le note l’historien Paul Bairoch, bien que « les hommes commencèrent à plus raisonner en termes de niveau de développement à atteindre plus ou moins rapidement qu’en termes d’appropriation d’une plus grande part de richesse », en 1815 comme en 1913, le monde occidental est « un océan de protectionnisme cernant quelques îlots libéraux ».[26]

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, on a assisté à une libéralisation continue du commerce mondial sous l’impulsion des grandes institutions libre-échangistes telles que l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international (FMI). Pourtant certains économistes comme Paul Krugman ont décrit ces institutions comme guidées par un « mercantilisme éclairé », qui ne cherche pas à promouvoir les principes du libre-échange, mais à favoriser les concessions commerciales mutuellement avantageuses.[27] D’autres économistes radicaux vont jusqu’à affirmer que ces organisations, sous le prétexte du libre-échangisme, imposent la forme de commerce international souhaitée par les grandes puissances économiques qui les contrôlent.

Selon Daniel Cohen, les récents échecs des négociations au sein de l’OMC sont révélateurs de ce « mercantilisme éclairé ». Si les négociations des rounds antérieurs avaient pu aboutir, c’est grâce à des compromis, à des concessions réciproques et équitables. Les pays riches acceptaient par exemple de libéraliser le secteur textile en échange d’avantages en matière de services financiers concédés par les pays en voie de développement. Au contraire, lors du sommet de Cancun en 2003, les négociations entre pays riches et pauvres ont changé de nature. Les débats se sont focalisés sur la question agricole où les opportunités d’un échange mutuellement profitable ont paru inexistantes. Loin d’être un « jeu à somme positive », le commerce international est dès lors apparu comme un « jeu à somme nulle », l’enjeu du sommet étant devenu : « nos agriculteurs ou les vôtres », comme si les gains d’une nation signifiaient des pertes pour une autre.[28]

Le terme néomercantilisme sert à désigner, le plus souvent de manière péjorative, les politiques contemporaines rappelant celles des mercantilistes du XVIIIe siècle. Elles consistent le plus souvent en des mesures protectionnistes ou en des politiques commerciales agressives où l’État s’implique afin d’accroître la compétitivité des entreprises nationales.

Dans le contexte de la mondialisation, le néomercantilisme se fonde sur le concept de « compétition mondiale », voire de « guerre économique » entre les nations. Il prône que la protection des entreprises nationales et le soutien à leur compétitivité sur les marchés mondiaux est profitable à l’économie nationale. Ainsi, certaines grandes puissances sont taxées de néomercantilistes lorsqu’elles soutiennent leur industrie nationale par des subventions ou des commandes d’État, lorsqu’elles imposent des quotas, des taxes ou des normes à l’importation, afin de protéger leur marché intérieur. Le conflit Boeing-Airbus, lié aux subventions attribuées à chacune de ses entreprises par les gouvernements américain (sous la forme de commandes) et européens, peut par exemple être vu comme une manifestation de néomercantilisme.

Le concept de « guerre économique » vient alimenter les campagnes politiques des grandes puissances économiques : il faut « faire l’Europe pour faire le poids » disait une affiche du Parti socialiste français, présentant l’Europe face à un sumo japonais et un obèse américain lors de la campagne électorale précédant le referendum sur le Traité de Maastricht en 1992. Selon certains, de telles politiques viennent contrebalancer les effets présumés négatifs de la globalisation économique sur la justice sociale, tandis que les économistes libre-échangistes pensent qu’elles viennent favoriser les intérêts particuliers de quelques industries en nuisant à l’intérêt général. Cependant, le concept de préférence communautaire n'est pas une réalité juridique ou même économique. S'il fut consacré par la Cour de Justice des Communautés européennes le 13 mars 1968 en matière de politique agricole commune (en fonction d'un droit de douane sur les produits provenant de pays tiers), il s'est rapidement heurté aux objectifs du GATT. À l'heure actuelle subsiste un tarif extérieur commun suscitant souvent d'âpres discussions entre les pays membres de l'Union Européenne et l'Organisation mondiale du commerce.

Une minorité d'économistes, tels que Jean-Luc Gréau ou Jacques Sapir en France, prônent la mise en place d'un protectionnisme éducateur "à la Friedrich List" au niveau européen et national pour assurer la croissance de l'économie continentale de la déferlante de produits bon marché en provenance d'Asie, prenant comme contre-exemple les conséquences socio-économiques liées à la fin des accords multifibres pour le textile européen. A défaut, ils prévoient l'entrée dans un processus de « latinaméricanisation » de l'Europe, selon l'expression d'Erik Reinert qui explique très clairement en quoi le principe ricardien de spécialisation dans des avantages comparatifs naturels, enferme les pays dans des activités à rendements décroissants[29].

[modifier] Notes et références

  1. Pour plusieurs historiens de la pensée économiques comme Joseph Schumpeter et Lars Magnusson Lars Magnusson, The Tradition of Free Trade, Routledge, 2004, le mercantilisme comme système a été inventé au XIXe siècle pour justifier la naissance de la théorie classique fondée sur le libre échange, les rendements décroissants et l'équilibre général: Pour justifier la naissance d'un système théorique complet, il fallait qu'il s'inscrive en opposition à une pensée supposée tout aussi systématique
  2. Alesandro Roncaglia, The Wealth of Ideas, Cambridge, 2006
  3. Montchrestien est conseiller du prince, Jean Bodin et Charles de Montesquieu sont des magistrats, Jean-Baptiste Colbert et Jacques Necker des ministres des finances, Thomas Mun et Josiah Child seront dirigeants de la Compagnie anglaise des Indes orientales, William Petty un homme d'affaires, John Law et Richard Cantillon financiers. (Etner 2005, p.3012)
  4. A. Samuelson, Les grands courants économiques, PUF, p.22
  5. Jürg Niehans. A History of Economic Theory p. 6
  6. Harry Landreth et David C. Colander History of Economic Thought. p. 44
  7. Eli F. Heckscher, Mercantilism, trad. anglaise 1935, vol. I, p. 19
  8. Robert B. Ekelund et Robert D. Tollison. Mercantilism as a Rent-Seeking Society, p. 9.
  9. Mark Blaug, 4e édition, p. 11.
  10. Landreth et Colander. p. 48
  11. Wiles, R, 1986, The Development of Mercantilist Thought, in Lowry Ed., pp. 147-73
  12. David S. Landes The Unbound Prometheus. p. 31
  13. Robert B. Ekelund et Robert F. Hébert, A History of Economic Theory and Method p. 46.
  14. Ekelund and Hébert, p. 61.
  15. Niehans. p. 19
  16. Landreth et Colander. p. 43
  17. Charles Wilson, Mercantilism, p. 10.
  18. Landreth et Colander, p. 53
  19. Hermann Kellenbenz, The Rise of the European Economy, p. 29
  20. .E.N. Williams, The Ancien Regime in Europe, p. 177-83.
  21. E. Damsgaard Hansen. European Economic History. p. 65
  22. Wilson p. 15.
  23. Niehans. p. 19
  24. Ekelund et Tollison
  25. Wilson p. 6
  26. Paul Bairoch, Mythes et paradoxes de l’histoire économique, La Découverte, 1994
  27. P. R. Krugman, « Does the New Trade Theory Require a New Trade Policy ? », The World Economy, vol 15, n° 4, juillet 1992, pp. 423 – 441, pp. 429 – 431.
  28. Daniel Cohen, « L'OMC est morte », Le Monde, 9 octobre 2003
  29. Erik Reinert, The Qualitative Shift in European Integration: Towards a permanent wage pressure and a "latinamericanisation" of Europe

[modifier] Annexes

[modifier] Bibliographie

[modifier] Liens externes

[modifier] Article connexes


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