Les Droites en France
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Les Droites en France | |
Auteur | René Rémond |
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Genre | Histoire |
Pays d’origine | France |
Éditeur | Aubier |
Date de parution | 1954 |
Nombre de pages | 544 |
ISBN | 2-7007-0260-3 |
Les Droites en France est un ouvrage d'histoire politique de René Rémond, publié en 1954 sous le titre La Droite en France de 1815 à nos jours et généralement considéré comme l'un des travaux les plus importants de la science politique française et comme l'un des signes avant-coureurs du renouveau de l'histoire politique dans les années 1980.
La première édition est publiée en 1954 aux éditions Aubier sous le titre La Droite en France de 1815 à nos jours. Continuité et diversité d'une tradition politique. L'ouvrage est mis à jour en 1963, après la fin de la Quatrième République ; en 1968, après la crise de mai ; et en 1982, après le passage de la droite dans l'opposition, cette quatrième édition prenant le titre actuel. L'ouvrage a été prolongé et actualisé en 2005 par Les Droites aujourd'hui, dans lequel Rémond revient sur les critiques adressées à sa thèse et en discute l’actualité.
Sommaire |
[modifier] La thèse des trois droites
Dans Les Droites en France, René Rémond développe une thèse novatrice selon laquelle il n'y aurait pas en France une seule droite, mais trois, les droites légitimiste, orléaniste et bonapartiste. Rémond ne se contente cependant pas d'une simple affirmation : tout au long de son ouvrage, il s'efforce de retrouver dans chaque courant de la droite l'essence de ces trois idéologies, et analyse successivement les divers avatars de la droite pour y déceler l'héritage légué par le légitimisme, l'orléanisme et le bonapartisme. Son étude se montre particulièrement originale en ce qu'elle met en évidence une continuité, une filiation entre les différents mouvements de la droite depuis les conflits du XIXe siècle, alors même qu'ils pourraient sembler très différents à un commentateur peu averti. Il apparaît en réalité que la droite à évolué depuis 1789, mais sans jamais trahir ses racines profondes.
[modifier] Résumé
L'ouvrage se compose de seize chapitres que l’on peut regrouper en trois parties :
- Rémond tente tout d'abord de définir la droite et les trois courants qui la composent (chapitres I à V).
- Puis il montre les évolutions qu'elle subit et les difficultés qu'elle rencontre entre la chute du Second Empire et la Seconde Guerre mondiale (chapitres VI à XI).
- Enfin, il s’intéresse au renouveau contemporain de la droite (chapitres XII à XVI).
[modifier] Recherche de la droite et des ses trois composantes
Cette partie couvre les chapitres I à V, c'est-à-dire une période allant de la fin du Premier Empire en 1815 aux débuts de la Troisième République en 1871. Rémond s'attache tout d'abord à définir la droite : apparition historique du concept, opposition à la gauche socialiste, etc. (chapitre I).
Puis il s'intéresse ensuite plus particulièrement aux trois courants qu'il distingue :
- Le légitimisme, héritier de l'ultracisme, est le premier d'entre eux (chapitre III), il apparaît lors de la Révolution française, à laquelle il s'oppose. C’est un courant réactionnaire, contestant les principes de 1789 et qui n'est au pouvoir que de 1815 à 1830. Il s'enferme ensuite dans l'opposition, dont il ne sort qu'à l’occasion de quelques coalitions (parti de l'Ordre et Ordre moral).
- L'orléanisme (chapitre IV), qui bien que lui aussi monarchiste, reconnaît cependant la Révolution et assume parfaitement son héritage libéral et parlementaire, mais préférant longtemps le suffrage censitaire au suffrage universel. Il faut toutefois distinguer l'orléanisme de pouvoir (celui de Louis-Philippe), parfois autoritaire, et l'orléanisme d'opposition, plus libéral.
- Le bonapartisme (chapitre V), qui met tout particulièrement en avant la personne du souverain, l'exercice solitaire et autoritaire du pouvoir. Il est également marqué par le mépris des hiérarchies naturelles et la recherche permanente du soutien des masses populaires, à travers notamment la pratique du plébiscite. Le bonapartisme, tel qu'il a été pratiqué en particulier par Napoléon III, reconnaît le suffrage universel même s'il se méfie des partis politiques et du parlementarisme.
[modifier] La droite sous la Troisième République
La Troisième République est traitée dans les chapitres VI à XI. René Rémond distingue tout d’abord les diverses coalitions (chap. VI, VII et IX). La première, l'Ordre moral (chap. VI), réunit les trois tendances de la droite de 1871 à 1879, mais les deux traditions monarchiques ne parviennent à s'entendre, interdisant ainsi toute Restauration. Le bonapartisme, quant à lui, s'affirme véritablement comme un force à part entière, capable de survivre aux ambitions personnelles de ceux qui le symbolisent et à la condamnation entraînée par la chute du Second Empire.
Puis il faut attendre vingt ans pour qu'apparaisse une nouvelle coalition des droites (chap. VII), mais les étiquettes et les programmes politiques sont nouveaux, les monarchistes osent à peine s'afficher comme tels et les bonapartistes ont disparu : c’est le « Ralliement ». En fait, l'influence de ces trois mouvements se retrouve dans le nationalisme sous des formes différentes. Le nationalisme offre un programme et scelle la première coalition, celle des anti-dreyfusards, qui reste hétéroclite et opposée au gouvernement. Toutefois avec le Bloc national en 1919 (chap. IX) l'opposition d'hier passe au pouvoir et la droite retrouve des score comparables à ceux de 1871. Peu à peu, avec Raymond Poincaré, le libéralisme économique et l'orthodoxie financière deviennent des principes fédérateurs contre la gauche.
L'Action française et le maurrassisme (chap. VIII) exercent une influence considérable pendant plusieurs années et semblent un temps réaliser la synthèse des traditions : le nationalisme de l'Action française est monarchiste et anti-démocratique, il est en cela héritier du légitimisme ; mais tout comme le bonapartisme, ce courant célèbre le rôle du chef. Rémond trouve même une parenté entre orléanisme et maurrassisme, qui partagent certaines sources communes.
Enfin, Rémond analyse les ligues, la tentation fasciste et le régime de Vichy (chap. X et XI). Le phénomène ligueur conduit à un certain éclatement des droites : le régime s'inspire en partie du maurrassisme mais refuse la monarchie et pratique le centralisme, et son personnel est issu de toutes les familles politiques. Contrairement à une tradition historiographique qui voudrait que les Ligues qui prospèrent dans les années 1930 ne soient qu'une variante française du fascisme international, René Rémond préfère les analyser à l'aune de la tradition des droites françaises. Il en fait plus les héritières du boulangisme, c'est-à-dire d'un certain bonapartisme, que des précurseurs d'une quatrième droite d'essence fasciste. Selon lui, Parti populaire français mis à part, on ne peut parler en France de véritable fascisme. Cette question du « fascisme français » est l'objet de l'une des plus importantes controverses historiennes de la deuxième moitié du XXe siècle, et oppose des historiens français comme Rémond ou Pierre Milza, qui relativisent la portée en France du fascisme et soulignent la singularité et la caractère plus dictatorial et réactionnaire qu'idéologique et révolutionnaire du régime de Vichy, à d'autres chercheurs, dont beaucoup d'étrangers comme Zeev Sternhell, qui voient dans le nationalisme français de la fin du XIXe siècle l'une des origines des mouvements fascistes européens.
[modifier] Les droites après 1945
En 1945, on peut croire à la fin de la droite, discréditée par le régime de Vichy et menacée par les partis de masse. Mais en 1952, elle réapparaît sur la scène politique lorsqu'Antoine Pinay, l'un des seuls hommes de la Quatrième République à avoir joui d'une réelle popularité, devient président du Conseil (chapitre XII). Le libéralisme, d'inspiration orléaniste, fait son retour alors que la droite contre-révolutionnaire se cantonne dans l'opposition.
Avec la Cinquième République et le gaullisme (chapitres XIII et XV), la droite revient durablement au pouvoir ; et même si à l'origine le gaullisme ne se veut pas de droite, il tire indéniablement ses sources dans un certain bonapartisme rénové et libéral. La marque de l'orléanisme est sensible dans la constitution de la Cinquième République : dualité entre chef de l'État et gouvernement, bicamérisme assez prononcé, etc. ; mais la pratique constitutionnelle contredit cette vision. René Rémond préfère, lui, y voir un nouvel avatar du bonapartisme : les deux idéologies partagent un même souci de grandeur de la France, se font les chantres d'un État fort, et font de l'appel direct au peuple, notamment par le plébiscite un mode de légitimation et de gouvernement.
[modifier] Actualisation de 2005
À l'automne 2005, René Rémond publie Les Droites aujourd'hui, qui prolonge son ouvrage depuis longtemps devenu un classique. S'il considère que sa thèse de la division de la droite en différentes familles depuis le XIXe siècle reste valide, il reconnaît que la droite légitimiste a été marginalisée dans le système politique français[1] :
« La droite que j’appelais “légitimiste” afin de mettre en évidence son origine et de souligner son ancienneté, mais que je préfère aujourd'hui appeler contre-révolutionnaire, n'existe plus guère que comme une survivance archaïque et davantage comme école de pensée que comme expression d’une force politique. »
Il maintient cependant la distinction entre les droites libérales et autoritaires, dans laquelle il voit un facteur toujours fortement structurant de la vie politique française[1] :
« La distinction entre les deux autres droites, “orléaniste” ou libérale, et “bonapartiste” ou autoritaire, est plus vive que jamais : toute l'histoire des droites sous la Ve République s'ordonne autour de leurs rapports et j’ai été amené à faire dans ce livre une place importante au récit et à l’explication de leurs relations. De surcroît, le moment n'est-il pas venu d'enregistrer la naissance ou de prendre acte du passage à droite d'autres composantes du spectre politique et idéologique ? La question se pose pour la démocratie d'inspiration chrétienne comme pour tel rameau du radicalisme. »
[modifier] Références et sources
[modifier] Voir aussi
- Gauche et droite en politique, Droite (politique), Gauche (politique)
- Parti politique, Mouvements et partis politiques
- Idées politiques
- Pour les références des différentes éditions, voir Référence:Les Droites en France (René Rémond)
[modifier] Notes
- ↑ a b « René Rémond et ses droites françaises », entrevue avec Frédéric Fritscher et Alexis Lacroix, Le Figaro, 6 octobre 2005