Jaeger-LeCoultre
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Jaeger-LeCoultre | |
Repères historiques | |
Création : | 1833 |
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Dates clés : | 1866 : transformation en manufacture 1937 : fusion avec Jaeger 1996 : rachat par Richemont |
Fondateur(s) : | Antoine LeCoultre |
Personnages clés : | Jacques-David LeCoultre Edmond Jaeger |
Fiche d’identité | |
Forme juridique : | Société anonyme |
Siège social : | Le Sentier |
Direction : | Jérôme Lambert |
Activité(s) : | Horlogerie |
Produit(s) : | Montres |
Société mère : | Richemont |
Site corporatif : | www.jaeger-lecoultre.com |
Principaux concurrents | |
Audemars Piguet, Blancpain, Breguet | |
Jaeger-LeCoultre est une entreprise suisse d’horlogerie établie au Sentier dans la vallée de Joux (canton de Vaud). Elle fait aujourd'hui partie du grand groupe suisse du luxe Richemont.
Sommaire |
[modifier] Historique
[modifier] Origines : de l'atelier à la « Grande Maison »
Né à La Golisse, près du lac de Joux dans le Jura suisse, fils aîné d'un forgeron spécialisé dans la petite métallurgie[1], Antoine LeCoultre (1801-1881) est initié très tôt au travail du fer. Esprit ingénieux et novateur, passionné par l'horlogerie[2], activité alors en plein développement dans la région, Antoine tente en 1825 de suivre des cours d'horlogerie à Genève, mais sa formation est interrompue par la maladie. Antoine s'associe alors avec son père dans la fabrication de boîtes à musique. Pourtant, en 1833, le fils reprend sa liberté et fonde au Sentier un modeste atelier d'horlogerie.
En 1844, il invente et construit le millionomètre, premier outil pour mesurer le micromètre. Un instrument qu'il ne fera jamais breveter, mais qui servira pendant plus d'un demi-siècle d'étalon pour la manufacture. En 1847, c'est un système de remontoir sans clé (non breveté), qui se répandra dans toute l'industrie horlogère régionale (Un autre système de remontoir, système LeCoultre sera développé en 1861). À Londres, à l'occasion de l'Exposition universelle de 1851, Antoine LeCoultre obtient une médaille d'or. Cette première reconnaissance internationale est un tournant dans l'histoire horlogère et marque l'apparition d'un concurrent sérieux de l'horlogerie anglaise (considérée à l'époque comme la plus performante)[3].
La gestion financière n'était pas à la hauteur de ses talents créatifs, Antoine LeCoultre frôle la faillite. En 1858, une épidémie de vérole emporte une partie de ses ouvriers. Au bord de la banqueroute, il trouve cependant un appui auprès d'un proche, la raison sociale devient LeCoultre, Borgeaud & Cie. Fabrique d'horlogerie en blanc[4].
En 1866, son fils, Élie transforme et modernise l'atelier (apparition des premières machines, réunion de tous les métiers horlogers sous un même toit, normes qualitatives de production, etc.). LeCoultre, Borgeaud & Cie devient alors la première manufacture horlogère de la vallée de Joux[5]. Mais l'industrialisation du travail horloger ne se fait pas sans heurts et les résistances au changement sont nombreuses (établissage).
La décision de mécaniser en partie la production porte ses fruits : la manufacture peut rapidement produire des mouvements de haute tenue, en particulier des complications, ce qui ouvrira le marché rémunérateur du luxe. Entre 1860 et 1890, la manufacture développe ainsi plus de 350 calibres, dont plus de la moitié sont des complications.
En 1877, Antoine LeCoultre et Auguste Borgeaud se retirent. L'entreprise est reprise pas les trois fils d'Antoine LeCoultre et renommée LeCoultre & Cie. Pendant longtemps cependant, le nom de Lecoultre reste peu connu en dehors de la Vallée : LeCoultre est d'abord un constructeur de mouvements apprécié. En 1888, la manufacture est recensée comme l'entreprise industrielle la plus importante de la région : elle occupe alors 480 ouvriers, dont la moitié dans ses locaux (« la Grande Maison »). À partir des années 1890, la société commence à livrer sa production aux plus prestigieuses firmes du luxe.
[modifier] Développement : de la reconnaissance à la célébrité
En 1906, Jacques-David LeCoultre devient directeur général. Sous son impulsion, l'entreprise acquerra une notoriété mondiale. Le nouveau directeur se rapproche de l'horloger alsacien établi à Paris, Edmont Jaeger, auquel l'entreprise fournit déjà des mouvements extra-plats. Dès 1904, tous les mouvements mis en boîtes par Jaeger sont d'origine LeCoultre. Mais ce n'est qu'en 1937 que LeCoultre fusionnera avec Jaeger.
Des contrats commerciaux lient la manufacture à des marques prestigieuses : Cartier à Paris (1907)[6], Patek Philippe (dès 1850) et Vacheron Constantin à Genève, etc. auxquelles l'entreprise livre ses mouvements haut de gamme.
Durant la Première Guerre mondiale, Jaeger et LeCoultre sont très étroitement associés dans la fabrication de tachymètres, compteurs et montres de bord.
[...]
[modifier] De la crise à la renaissance
Par la suite, Jaeger-LeCoultre passa dans les mains du Konzern allemand VDO, puis du groupe Mannesmann. Une petite partie du capital restant aux mains d'Audemars Piguet à laquelle l'entreprise fournit également des mouvements, enfin dans celle de Richemont.
Aujourd'hui, l'entreprise porte toujours le nom de Jaeger-LeCoultre et compte plus de 1 000 employés. En avril 2008, l'entreprise a posé la première pierre d'une extension de 9 000 m².
Depuis 1833, la manufacture a déposé plus de 215 brevets. Jaeger-LeCoultre conçoit ses propres mouvements ainsi que les montres qui les habillent. Son modèle emblématique est la Reverso.
[modifier] Des garde-temps hors du commun
Tout au long du XXe siècle, l'inventivité de la firme ne s'est jamais essoufflée.
- 1903 : Développement du mouvement le plus plat du monde (1,38 mm d'épaisseur).
- 1925 : Développement de la montre Duoplan.
- 1930 : Fabrication de la pendule Atmos (après acquisition du brevet de Jean-Léon Reutter, qui l'avait développé en 1920)
- 1929 : Calibre 101 : le plus petit mouvement au monde (1 gramme, de 74 pièces).
- 1931 : Calibre 124, double barillet avec 8 jours de réserve de marche.
- 1931 : Création de la Reverso.
- 1932 : Création de la montre-bracelet Uniplan.
- 1938 : Compass, appareil de photo miniature.
- 1941 : Jaeger-LeCoultre remporte la plus haute distinction à l'Observatoire de Neuchâtel pour son calibre tourbillon 170.
- 1946 : Première Jaeger-LeCoultre automatique, calibre 476.
- 1950 : Création de la Memovox, calibres 489 et 814.
- 1953 : Creation de la Futurematic, montre automatique sans couronne.
- 1956 : Première montre alarme automatique, la Memovox produite entre 1956 et 1968, Calibre 815.
- 1958 : Chronomètre Geophysic, calibre 478b; rebaptisé Geomatic en 1962.
- 1962 : Calibre ultra-plat 838.
- 1967 : Jaeger-LeCoultre prend part dans le développement de la première montre-bracelet à quartz, le Beta 2.
- 1981 : Jaeger-LeCoultre Calibre 606 avec affichage de la date et secondes centrales est le plus mince de sa catégorie.
- 1982 : Calibre 601 remporte le titre de mouvement le plus plat du monde ; la même année, le calibre 608 bat déjà ce record.
- 1983 : Calibre 889, avec date à guichet. En 1992, ce mouvement sera le premier à équiper les toutes premières montres à affronter le test des 1000 heures.
- 1989 : Grand Réveil, calibre automatique 919 qui comprend pas moins de 350 pièces, un calendrier perpétuel avec phase de lune et une alarme.
- 1990 : Géographique, Calibre 929 avec 24 fuseaux horaires, indicateur jour-nuit, réserve de marche et un balancier à haute fréquence.
- 1991 : Reverso 60e Calibre 824.
- 1992 : Master 1000 Heures[7].
- 1993 : Reverso tourbillon.
- 1994 : Reverso répétition minute ; Reverso Duo, Calibre 854.
- 1996 : Reverso chronographe rétrograde.
- 1998 : Reverso GMT.
- 2000 : Reverso à quantième perpétuel.
[modifier] Collection actuelle
Les gammes principales sont :
- Reverso, déclinée en de nombreuses tailles et variantes.
- Master Control
- Master Compressor
- AMVOX
- Idéale
- Joaillerie 101
- Grande Complication
- Pendule Atmos
[modifier] Sponsoring
La Reverso étant née d'une demande d'une équipe de polo, Jaeger-LeCoultre est le sponsor officiel de l'équipe de polo, la Dolfina, qui évolue dans le Championnat d'Argentine open de polo, la Temporada. Elle l'a remporté cette année, à l'issue d'un match très serré qui se solde au final par un score final de 16 à 15 pour la Dolfina face à Ellerstina. Les 4 champions (Cambiaso, Monteverde, Aguerre et Castognola) sont des ambassadeurs (publicitaires) de la marque.
Depuis février 2008, l'actrice et top model allemande Diane Kruger fait également partie des « ambassadrices » de la marque.
[modifier] Notes
- ↑ Dans l'article Sentier, le Dictionnaire géographique-statistique de la Suisse, édition de 1836, tome II, p. 409 donne déjà : « On y trouve la fabrique de rasoirs de M. J. Lecoultre, rasoirs qui ne cèdent en rien, pour la qualité, à ce qui se fait de mieux et France et en Angleterre ».
- ↑ Selon l'expert horloger Franco Cologni, Antoine LeCoultre est une des plus grandes personnalités de l'horlogerie (Franco Cologni, Jaeger-LeCoultre. La Grande Maison, p. 65).
- ↑ Franco Cologni, 'op. cit., p. 71
- ↑ Franco Cologni, 'op. cit., p. 73
- ↑ Jusqu'alors, l'horlogerie suisse était organisée en petits ateliers à domicile et en « comptoirs d'établissage ». Le mouvement industriel sera similaire dans tout l'arc jurassien. Voir par exemple l'origine d'Omega.
- ↑ Franco Cologni rapporte que LeCoultre participe à l'élaboration et à la fabrication des montres phares des frères Cartier : Santos, Tank, sans donner d'autre précision.
- ↑ Basés sur un ensemble très strict de procédures standardisées, la batterie de tests auxquels est soumis la Master 1000 vise à garantir une précision et une fiabilité exceptionnelle. D'abord limitée aux modèles "Master", la procédure a récemment été étendue aux autres productions de la marque, en particulier la Reverso.
[modifier] Sources
- Manfred Fritz, Reverso. La Légende Vivante, Jaeger-Lecoultre, 1992
- Franco Cologni, Jaeger-LeCoultre. La Grande Maison, Éditions Flammarion, 2006, ISBN 9782080116130