Isabelle d'Este
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- Pour les autres membres des familles, voir : Maison d'Este et Maison Gonzague.
Isabelle d'Este était une noble italienne née le 18 mai 1474 à Ferrare et morte le 13 février 1539 à Mantoue.
Elle fut, comme sa sœur cadette Béatrice, l'une des principales femmes de la Renaissance italienne et une figure culturelle et politique importante. Liée par la naissance ou mariage à la noblesse d'Espagne, elle est restée célèbre comme Première dame de la Renaissance.
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[modifier] Biographie
Elle est la fille d'Hercule Ier d'Este, duc de Ferrare, de Modène et de Reggio d'Émilie, et d'Éléonore de Naples, elle-même fille de Ferdinand Ier de Naples et d'Isabel de Claremont. Sa plus jeune sœur est Béatrice d'Este qui épousa le duc de Milan, Ludovic Sforza.
Elle a à peine six ans qu'un contrat de mariage est signé, le 28 mai 1480, entre les Este et les Gonzague, contrat qui la « fiance » au fils aîné du marquis Frédéric Ier de Mantoue et de Marguerite de Bavière, François, alors âgé de treize ans. Le négociateur mantouan trouva que plus que sa beauté, son intelligence et son talent sont admirables (più che la bellezza è mirabile l'intelletto e l'ingegno suo).
Elle épousa donc, à Mantoue, le 12 février 1490, âgée de quinze ans, François II, âgé de vingt-trois ans, qui est, depuis 1484, marquis de Mantoue.
Ils eurent ensemble huit enfants.
Dès son entrée dans la ville de Mantoue, les mantouans sont éblouis par son raffinement. De son côté, elle tomba immédiatement sous le charme de la cour mantouane. Un mois après son arrivée, elle écrit à son père : « J'ai déjà pris tant d'amour à cette ville, que je ne peux pas ne pas prendre soin du respect et des intérêts des citadins (Io ho già preso tanto amore a questa città, che non posso fare che non piglia cura de li honori et utilitate[1] de li citadini) ». Sa contribution fut déterminante pour l'avènement d'un nouveau climat culturel fécond. D'un goût très sûr, elle fut l'exigeante mécène d'une importante cour d'hommes de lettres et de musiciens.
Isabella dépensait des sommes énormes pour ses atours et ses bijoux, en sorte qu'elle devint une référence pour le monde occidental en matière de mode, de savoir-vivre, de maquillage et de beauté.
Elle fut également fort habile et avisée en politique, ayant plusieurs fois à assumer la régence de l'État pendant les nombreuses absences de son mari, notamment durant la très délicate période de la captivité de François II à Venise.
Son adresse charismatique dans la sollicitation lui permit d'obtenir, en 1527, la pourpre cardinalice pour son fils Ercole et, en 1533, la dignité ducale pour son fils Frédéric.
En réalité, derrière la façade toute en beauté et en féminité, se cachait un cœur impavide[2] qu'aucun obstacle ne pouvait arrêter. Elle écrivait à son propre sujet : « Même dans notre sexe se retrouve une nature virile (Etiam[3] nel nostro sesso si ritrovano animi virili). »
François II décéda en 1519, à l'âge de 52 ans et elle lui survécut vingt ans. Elle mourut en 1539 âgée de 64 ans.
[modifier] Descendance
De son mariage avec François II, naquirent huit enfants :
- Éléonore de Mantoue (1493-1550) qui épousera en 1507 François Marie Ier della Rovere, duc d'Urbin ;
- Margherita (1496-1496) ;
- Frédéric qui sera le 5e marquis puis 1er duc de Mantoue, titré Frédéric II ;
- Livia (1501-1508) ;
- Ippolita (1503-1570) qui sera nonne à Mantoue ;
- Ercole (1505-1563) qui sera évêque de Mantoue en 1521 puis cardinal en 1527 et qui sera l'un des présidents du concile de Trente ;
- Ferdinand (Ferrante) qui sera le 1er comte de Guastalla et chef de la lignée des Gonzague de Guastalla ;
- Paola (1508-1569) qui sera nonne franciscaine à Mantoue.
[modifier] Anecdotes
- Les ambassadeurs, en visite à Mantoue, recevaient la mission de leurs rois de faire des dessins des vêtements et des bijoux que portaient Isabelle. Ces dessins étaient destinés à être reproduits, à leur retour, à l'usage des rois qui les mandataient.
- Isabelle fut une des premières femmes à porter des caleçons ; elle raconte, dans une lettre aux Castiglione, une mésaventure survenue à la cour alors qu'une estrade sur laquelle se trouvent les dames de la cour s'écroule lamentablement et que tout ce beau monde se retrouve « les jambes en l'air (gambe all'aria) » ; elle écrit : « toutes les autres firent un superbe spectacle, qui étaient sans pantalon ; nous, par chance, nous les avions. (tutte le altre fecero uno bellissimo vedere, che erano senza calzoni; noi per fortuna li avevamo.) »
- L'Arétin, son implacable ennemi, la décrit : « archi-malhonnêtement maquillée, dents d'ébène et cil d'ivoire (arcidisonestamente imbellettata, i denti d'ebano et le ciglia d'avorio). »