Hospices de Beaune
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Les Hospices de Beaune ou Hôtel-Dieu de Beaune est un ancien établissement hospitalier du XVe siècle, devenu aujourd'hui musée, situé à Beaune en Bourgogne.
Sa fondation par le chancelier Nicolas Rolin remonte à 1443. Il est célèbre, tant par son architecture traditionnelle bourguignonne que par son prestigieux vignoble bourguignon dont la production est vendue aux enchères sous le nom de vente des hospices de Beaune.
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[modifier] Historique
Nicolas Rolin, chancelier du duc de Bourgogne Philippe III de Bourgogne (Philippe le Bon), et son épouse Guigone de Salins décident de créer un hôpital pour les pauvres mais hésitent un moment sur le lieu entre Autun ou Beaune. Cette dernière ville est choisie de par son lieu de passage et de l'absence de grande fondation religieuse. C'est ainsi que le 4 août 1443 naît l'Hôtel-Dieu sur le papier. L'influence flamande se fait ressentir dans la cité qui était au cœur de la Flandre bourguignonne (le duché de Bourgogne intégrait alors les Pays-Bas bourguignons). Le 1er janvier 1452, l'hôpital accueille son premier patient. Vieillards, infirmes, orphelins, malades, parturientes, indigents, fréquentent l'institution gratuitement du Moyen Âge au XXe siècle.
Rolin obtient la création en 1459 la création de l'ordre des Sœurs Hospitalières de Beaune dont la règle combine une vie monastique et l'aide aux pauvres. Elles prodiguent les soins sans relâche et demeurent l'essence même, pendant des siècles, de l'Hôtel-Dieu.
[modifier] Description
La façade extérieure, relativement austère, contraste avec la richesse de la décoration de la cour centrale avec ses toits en tuiles vernissées et celle de l'intérieur de l'édifice.
[modifier] La cour
De forme rectangulaire, elle comporte un puits en ferronnerie gothique. Elle donne vue sur les différents bâtiments aux toits en tuiles vernissées (en fait, en terre cuite émaillée), technique probablement originaire d'Europe centrale, mais qui est devenue caractéristique des monuments bourguignons (la grande salle est couverte de simples ardoises). Ces tuiles ont quatre couleurs (rouge, brun, jaune et vert) formant des motifs d'entrelacs géométriques. Elles ont été reconstruites entre 1902 et 1907 par Sauvageot qui a recréé des motifs personnels, les dessins originaux ayant été perdus. Les parties Nord, Est et Ouest comprennent deux étages à galerie, avec colonnettes de pierre au rez-de-chaussée et de bois au premier, permettant le passage à l'abri des sœurs soignantes. De nombreuses lucarnes arborent des décorations sculptées en bois et en ferronnerie.
[modifier] Grande salle des «Pôvres»
De dimensions imposantes (près de 50 m de long, 14 m de large et 16 m de haut), elle est couverte d'une charpente monumentale apparente et peinte, en forme de carène de bateau (inversée). De petites têtes sculptées, représentant des caricatures des bourgeois beaunois, rythment les travées. Le carrelage comprend le monogramme de Rolin et sa devise : « Seulle » en référence à sa femme, Guigone de Salins.
La salle est occupée par deux rangées de lits à rideaux bordant les murs Sud et Nord, la place centrale étant réservée aux tables et aux bancs pour les repas. Le mobilier a été reconstitué en 1875 par le gendre de l'architecte Eugène Viollet-le-Duc. Deux patients pouvaient se coucher sur chaque lit.
[modifier] La chapelle
Elle fait partie intégrante de la salle des « pôvres » et était décorée, à l'origine du polyptyque attribué au peintre flamand Rogier Van der Weyden. Les restes de Guigone de Salins y reposent.
[modifier] La salle Sainte-Anne
Située à l'ouest, au contact de la salle des «pôvres». Elle ne comprenait que quatre lits
[modifier] La salle Saint-Hugues
Voisine de la dernière, elle a été créée en 1645 et comprend quelques lits destinés à des malades plus aisés. Elle est remarquable par ses peintures murales d'Isaac Moillon représentant différents miracles du Christ.
[modifier] La salle Saint-Nicolas
Située au nord-ouest de la cour, elle était destinée aux malades les plus graves et contenait 12 lits. Elle sert actuellement de salle d'exposition sur l'histoire des hospices et de son vignoble.
[modifier] La cuisine
Dotée d'une vaste cheminée, elle est meublée de différents éléments dont un tourne-broche automatisée datant de 1698, appelé « Messire Bertrand ».
[modifier] L'apothicairie (pharmacie)
Elle comprend deux petites pièces avec ses étagères de flacons et de fioles.
[modifier] La salle Saint-Louis
Elle ferme la cour à l'est et a été construite en 1661 à l'emplacement d'une grange
[modifier] Le Polyptyque du Jugement Dernier
Les Hospices de Beaune abritent une œuvre remarquable, peinte au XVe siècle, le « Polyptyque du Jugement dernier » du peintre flamand Rogier Van der Weyden, polyptyque à volets mobiles rectangulaires, composé à l'origine de neuf panneaux de chêne à fil vertical peints, dont six sur les deux faces. Probablement réalisé entre 1446 et 1452, ce retable a d'abord été attribué à Jan van Eyck en 1836 avant d'être attribué à van der Weyden en 1843. L'aide de l'atelier est sensible dans les figures des anges et de neuf des apôtres. Peint pour l'Hôtel-Dieu lors de sa construction, il comporte les armoiries de Nicolas Rolin et de Guigone de Salins. Placé à l'origine sur le maître-autel de la chapelle de la salle des pauvres et probablement badigeonné à la révolution française. Il a été redécouvert et restauré en 1836, puis déplacé dans une annexe de la salle Saint-Louis, l'ensemble n'a jamais quitté le lieu pour lequel il fut peint. Il a été classé le 10 octobre 1891.
Ce retable pouvait être fermé ou ouvert. Il mesure près de 2,15 m de haut et près de 5,60 m de long. Dans sa version ouverte, le Christ domine au centre, assis sur l'arc-en-ciel de l'Alliance, au dessus de l'archange du jugement. À sa droite, Saint Jean le Baptiste prie. À sa gauche, la Vierge Marie fait de même. Sur les deux petits panneaux supérieurs, quatre anges blancs portent les instruments de la Passion du Christ. L'archange du Jugement est également entouré de quatre anges en pourpre soufflant dans leur trompette : des hommes et des femmes nues sortent de terre. Ceux situés à la droite du Christ se dirigent vers le Paradis (panneau d'extrême gauche). Ceux, plus nombreux, situés à gauche de Jésus se dirigent vers les souffrances de l'Enfer (panneau d'extrême droite).
Le retable fermé est constitué de six panneaux représentant Nicolas Rolin et Guigone de Salins, saint Sébastien, saint Antoine, l'archange Gabriel et la Vierge Marie, les quatre derniers sous forme de trompe-l'œil.
[modifier] Vignoble et vente de charité des vins des hospices
Les Hospices de Beaune sont propriétaires d'un domaine viticole bourguignon grâce à des dons et des héritages de riches seigneurs bourguignons du Moyen Âge depuis 1471 et à cinq siècles de gestion du patrimoine. Il comporte actuellement près de 60 hectares situés notamment dans les côte de Beaune et dans les côte de Nuits dont la plupart des parcelles sont situées dans des zones d'appellation premiers crus et grands crus d'exceptions. Les quarante-et-une cuvées de prestige obtenues sont vendues depuis 1794 sous forme d'enchères traditionnelle de charité "à la bougie", le troisième dimanche de novembre sous le nom de vente des hospices de Beaune. Le résultat des ventes, qui se situe entre 1,8 et 5,2 millions d'euros pour les meilleures années ainsi que les dons, est, depuis cinq siècles, consacré entièrement aux fonctionnements charitable et religieux des anciens hospices et des nouvelles institutions hospitalières civiles et laïques.
Les Hospices de Beaune, devenus aujourd'hui musée, ont été modernisés avec les Hospices civils de Beaune qui emploient à ce jour 700 salariés et financent :
- Le centre hospitalier Philippe Le Bon de court séjour de Beaune, ouvert en 1971
- Le Centre Nicolas Rolin de long et moyen séjour
- Deux structures d'hébergement pour personnes âgées dépendantes : l'Hôtel-Dieu et la Charité
[modifier] Liste des parrains et marraines des ventes de charité aux enchères des dix dernières années
- 2004 David Douillet, Jonathan Nossiter, Charlotte Rampling et Stéphane Bern
- 2003 Marlène Jobert et Jean Réno
- 2002 Chiara Mastroianni et Elsa Zylberstein
- 2001 Amira Casar et Julien Clerc
- 2000 Inès Sastre et Charles Berling
- 1999 Kristin Scott Thomas, Sandrine Kiberlain et Anouk Aimée
- 1997 Thierry Lhermitte
- 1996 Claudie Haigneré
- 1995 Catherine Deneuve
- 1994 Michèle Alliot-Marie