Folie (fabrique de jardin)
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Avertissement: Cet article fait partie d'un groupe de deux articles sur le terme Folie en architecture :
- L'article Folie (fabrique de jardin) traite des fabriques, pavillons ou édicules édifiés principalement du XVIIe au XIXe siècle dans des parcs ou jardins, d'inspiration romantique, grotesque, orientale, imaginaire ou romanesque.
- L'article Folie (maison de plaisance) traite des maisons de plaisance construites au XVIIIe siècle par l'aristocratie ou la bourgeoisie aisée en périphérie des villes.
Les folies ou fabriques de jardin sont de petites constructions, souvent de caractère romantique, aux formes diverses et parfois extravagantes (pavillon, pont, cascade, ruine, grotte, maison de coquillages, rotonde, tour) édifiées dans un parc ou un jardin.
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[modifier] Historique
Les fabriques de jardin connurent un fort engouement de la fin du XVIe au début du XIXe siècle, concurremment à l'essor du romantisme et des jardins à l'anglaise.
- Dans les jardins classiques, une grande partie d'entre elles furent des constructions éphémères. Édifiées sous forme de tentes ou à l'aide de treillis de bois, elles servaient de décor à l'occasion de fêtes champêtres.
- Dans les jardins à l'anglaise, par leur disposition et leur succession, elles assuraient l'articulation des points de vue et ponctuaient les circuits de promenades.
L'implantation des fabriques dans le jardin pouvait répondre à une simple recherche du pittoresque mais le romantisme de la fin du XVIIIe siècle enrichit leur disposition d'une dimension philosophique. La succession des fabriques sur le parcours du promeneur devenait alors un support à la réflexion: cénotaphe, temple de la philosophie, [1]ermitage, grotte.
Au-delà de leur aspect décoratif, l’aspect utilitaire de ces édifices fut souvent oublié par le temps. Pour cette raison, les fabriques de jardin furent parfois qualifiées de « bâtiments incompris ».[2]
[modifier] Typologies des fabriques de jardin
On regroupe couramment les fabriques de jardin en quatre typologies pittoresques principales :
- Les fabriques classiques : Inspirées de l’antique, elles comportent les temples, rotondes ou colonnades à motifs antiquisants.
- Les fabriques exotiques s’inspirent des pays lointains. Ce sont les pagodes, portes chinoises, pyramides.
- Les fabriques naturelles reproduisent des dolmens, des grottes ou des rochers artificiels.
- Les fabriques champêtres : chaumières, huttes, et reproductions d’architectures vernaculaires.
Selon l’importance des parcs, les quatre typologies cohabitent ou se succèdent dans le déroulement d’une promenade et la découverte du jardin.
Dans le jardin anglais du Petit Trianon de Versailles, le promeneur traverse les rochers et les grottes, s’arrête au temple de l’amour ou au Belvédère avant d’atteindre le Hameau de la Reine et son ensemble de chaumières.
[modifier] La restauration des fabriques
Si les fabriques qui ont subsisté furent construites en dur, parfois pour sembler partiellement en ruine, la plupart d'entre elles ont disparu avec la réduction des parcs sous la pression urbaine.[3]
Pour cette raison, et la légèreté de leur construction aidant, de nombreuses fabriques ont été déplacées. Ces changements de site ont malheureusement rompu la lecture du cheminement philosophique qui avait présidé à leur implantation.
Les restaurations des fabriques mettent en général l'accent sur la reconstitution de la construction, oubliant l'aspect essentiel de leur environnement naturel. Les fabriques font partie intégrante des constructions végétales d'un jardin, avec lesquelles elles ont été conçues. La restauration des édifices doit donc aller de pair avec la restitution des arrangements végétaux (écrans de buissons, coloris des feuillages, trouées ou points de vues ménagés dans la végétation. Sur ce plan, la récente restauration du jardin anglais du Petit Trianon de Versailles est en tout point exemplaire.
[modifier] Exemples
[modifier] Allemagne
- Bayreuth : Ermitage et temple du Soleil du Neues Schloss construit pour la margravine Wilhelmine, sœur du roi Frédéric II de Prusse
- Neuschwanstein, dans le Hohenschwangau, Bavière
- Nymphenburg, Munich, Bavière : fabriques de Cuvilliés et de Leo von Klenze dans le parc du château, Amalienburg, Badenburg, Pagodenburg, Magdalenklause
- Pommersfelden
- Sans-Souci, Potsdam, palais du roi Frédéric II de Prusse : Pavillon chinois, pavillon du Thé, maison du Dragon, temple de l'Amitié
- Schwetzingen, le parc du château présente les fantaisies du château de Lunéville.
[modifier] Australie
- Nambour, Queensland : The Big Pineapple
[modifier] Autriche
- Ambras
- Hellbrunn
- Schönbrunn : la Gloriette
[modifier] Belgique
- Attre : rocher artificiel dans le parc du château
[modifier] États-Unis
- Belvedere Castle, Central Park, New York
- Lawson Tower, Scituate (Massachusetts)
- Ypsilanti Water Tower, Ypsilanti (Michigan)
- Lucy the Elephant, Margate City (New Jersey)
- The Longaberger Company Headquarters, Newark (Ohio)
- Peachoid Water Tower, Gaffney (Caroline du Sud)
- Bishop Castle, à l'extérieur de Pueblo (Colorado)
- Körner's Folly, Kernersville (Caroline du Nord)
- San Simeon, Californie
[modifier] France
- Bougival : datcha de Tourgueniev
- Chambourcy, près de Paris : Désert de Retz, jardin de folies du XVIIIe siècle
- Chantilly : Hameau du château de Chantilly et son village de fabriques champêtres
- Cognac : fabriques du jardin public de Cognac
- Ermenonville : parc Jean-Jacques Rousseau
- L'Isle-Adam : pavillon chinois du parc de Cassan, fabrique classée du XVIIIe siècle
- Lunéville : parc du château de Lunéville, dont la plupart des fantaisies (le Kiosque et le Trèfle) sont désormais au château de Schwetzingen en Allemagne.
- Méréville (Essonne) : dans le parc du château, furent édifiées plusieurs dizaines de fabriques (grottes, colonne rostrale, cénotaphe de Cook, laiterie, temple de la Piété filiale). La plupart d'entre elles ont été vendues à la fin du XIXe siècle et déplacées au Parc de Jeurre.
- Montfort-l'Amaury : domaine de Groussay, une dizaine de fabriques néoclassiques commanditées par Charles de Beistegui et inspirées par Emilio Terry
- Paris : la Gloriette Buffon (1786-1787) au Jardin des Plantes
- Paris : dans le Parc de Bagatelle, les fabriques (notamment la Pagode) de la « folie d'Artois »
- Paris : Parc de la Villette, folies contemporaines de Bernard Tschumi
- Le Port-Marly : le château d'If dans le parc du château de Monte-Cristo, construit par Alexandre Dumas
- Rambouillet : Chaumière aux coquillages et Laiterie de la reine Marie-Antoinette
- Versailles, Petit Trianon : folies du Jardin anglais et du Hameau de la Reine
[modifier] Hongrie
- Sopron : château de Taródi
- Székesfehérvár : château de Bory
- Vajdahunyad vára dans le Parc municipal de Budapest
[modifier] Inde
- Thalassery, Kerala : Overbury's Folly
[modifier] Irlande
- Celbridge, comté de Kildare : Conolly's Folly
- Celbridge, comté de Kildare : Wonderful Barn
- Dublin : Casino de Marino
L'Irlande se caractérise également par ce que l'on appelle les « folies de la famine ». Lors de la grande famine de 1845-1849, due à la maladie de la pomme de terre, un million de personnes trouvèrent la mort. Dans la mesure du possible, il fallut aider les familles les plus pauvres. Toutefois, la mentalité de l'époque excluait l'idée de dédommager sans contrepartie les agriculteurs ruinés. Or, parallèlement, il eût été impossible de leur fournir du travail, car cela eût privé les ouvriers de leurs revenus. On recourut alors à une solution originale qui consista à leur proposer un travail inutile pour lequel ils recevraient une rétribution. Ainsi naquirent les « folies de la famine », constructions absurdes et aménagements sans objet : routes pavées qui ne menaient nulle part, murs extérieurs d'édifices inexistants, appontements au milieu des tourbières. [4]
Une cinquantaine d'années plus tard, la McCaig's Tower, en Écosse, dut sa création à des impératifs du même ordre.
[modifier] Italie
- Bomarzo : jardins avec statues de monstres
- Caserte
- Florence : obélisque et pavillon Kaffeehaus du jardin de Boboli
- Isola Bella
- Palerme : Pavillon chinois
[modifier] Pays-Bas
[modifier] Portugal
- Fronteira
[modifier] Royaume-Uni
- Angleterre
- Bath : Prior Park, pont palladien, grotte et édifice gothique
- Birmingham : Perrott's Folly
- Brighton : Pavillon du Régent
- Bristol : Goldney Hall, tour gothique
- Bristol : Black Castle Public House
- Cambridgeshire : Wimpole Hall, fausse ruine
- Derbyshire : Chatsworth House
- Hampshire : New Forest, Sway Village, Sway Tower
- Hornsea : Bettisons Folly
- Leicestershire : Bradgate Park, Old John
- Londres : Watkins' Tower
- Oxfordshire : Faringdon Folly, Faringdon
- Clavell Tower, Dorset
- Fonthill Abbey, également nommée Beckford's Tower, Wiltshire
- Freston Tower, près d'Ipswich, Suffolk
- Tattingstone Wonder, près d'Ipswich, Suffolk
- Severndroog Castle, Shooter's Hill, au sud-est de Londres
- Rushton Triangular Lodge, Northamptonshire (XVIe siècle)
- Stowe School : plusieurs folies dans le parc
- Ashton Memorial, Lancastre
- Tour de Broadway, Cotswolds, Worcestershire (1799)
- Hawkstone Park, folies et jardins dans le Shropshire
- King Alfred's Tower, Stourhead, Wiltshire
- Williamson's Tunnels, probablement la plus grande folie souterraine au monde, Liverpool
- Flounder's Folly, Shropshire
- South Yorkshire : Wentworth Woodhouse, Wentworth Follies
- Yorkshire : Castle Howard
- Sunderland : Penshaw Monument
- Lyme Park : the Cage
- Peckforton Castle
- Écosse
- Édimbourg : le National Monument sur Calton Hill, le Scott Monument sur Princes Street
- Falkirk : Dunmore Pineapple
- Lugton, Renfrewshire : Caldwell Tower
- Oban : McCaig's Tower (1895-1902)
- Galles
- Pontypool : Folly Tower
- Portmeirion : ensemble de constructions formant un « village ». Il s'agit du « Village » créé par Sir Clough Williams-Ellis et où fut tournée la série télévisée Le Prisonnier.
[modifier] Russie
- Gatchina : Pavillon à ciel ouvert
- Pavlovsk : Petit Fort "médiéval", ponts
- Peterhof : tours en ruine et chapelle
- Tsaritsino
- Tsarskoïe Selo : Village chinois, Pavillons hollandais de l'Amirauté
[modifier] Suède
- Château de Drottningholm : plusieurs fabriques, dont le Pavillon chinois et la Tente tartare qui inspira celle de Charles de Beistegui à Groussay (France)
[modifier] Mythologie
En dehors de la série culte Le Prisonnier, tournée à Portmeirion, les folies ont inspiré plusieurs romanciers : Agatha Christie en 1956 avec Dead Man's Folly (Poirot joue le jeu), où une fabrique de jardin offre la solution du mystère, ou encore Marcel Brion en 1963 avec La Folie Céladon, roman situé dans un pavillon rococo quelque part en Autriche, sur une île fluviale.
[modifier] Notes
- ↑ Parc Jean-Jacques Rousseau à Ermenonville.
- ↑ Headley & Meulenkamp dans Follies Grottoes & Garden Buildings
- ↑ Quelques fabriques du château disparu du Raincy subsistent ainsi, disséminées dans la banlieue de Pavillons-sous-Bois et du Raincy.
- ↑ Cf. James Howley, The Follies and Garden Buildings of Ireland, Yale University Press, London & New Haven, 1993.
[modifier] Bibliographie
- (fr) CAUE de la Sarthe, Petites Machines à Habiter : la folie des grandeurs, CAUE, Le Mans, 2007, 152 p., isbn : 2-9524637-2-7
- (fr) Claude Arthaud, Les Palais du rêve, Arthaud, 1970
- (fr) Georges Poisson, Guide des maisons d'hommes célèbres, Horay, 2000
- (fr) Hélène Rochette, Maisons d'écrivains et d'artistes, Parigramme, 2004
- (en) Gwyn Headley & Wim Meulenkamp, Follies Grottoes & Garden Buildings, Aurum Press, London, 1999
- (en) Barbara Jones, Follies and Grottoes, Constable, London, 1974
[modifier] Articles connexes
- Folie (maison de plaisance)
- Folie (Montpellier)
- Désert de Retz
- Parc Jean-Jacques Rousseau
- Tour de Broadway
- Richard Mique
- Achille Duchêne
- Architecture-objet