Carnaval de Paris
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Le Carnaval[1] de Paris fut, durant des siècles, un des plus importants du monde. Succédant à la Fête des Fous, il est une très grande fête, dès le XVIe siècle.
Jusqu'au début du XXe siècle, le Carnaval de Paris était une période, qui durait beaucoup plus longtemps que le seul Mardi Gras. En 1690, dans son Dictionnaire universel,[2] Antoine Furetière écrit ces mots, qui s'appliquent également à Paris :[3]
« CARNAVAL. s.m. Temps de réjouissance qui se compte depuis les Rois[4] jusqu'au Carême[5] Les bals, les festins, les mariages, se font principalement dans le Carnaval. »
Soixante-deux ans plus tard, l'Encyclopédie confirme, reprenant, presque à l'identique, les mots de Furetière :[6]
« Le tems du carnaval commence le lendemain des Rois,[4] ou le 7 de Janvier, & dure jusqu'au carême.[5] Les bals, les festins, les mariages, se font principalement dans le carnaval. »
Le Carnaval de Paris a connu une éclipse et a été oublié durant une quarantaine d'années, du début des années 1950 jusqu'à 1993. Encore de nos jours, un grand nombre de Parisiens ignore qu'il existe un Carnaval de Paris. Ils ignorent également que cette fête connaissaient des personnages typiques, caractérisés par leur costume, et revenant chaque année, ainsi qu'un certain nombre de blagues carnavalesques traditionnelles. Ces dernières furent pratiquées, au moins depuis le XVIIe siècle jusqu'au XIXe siècle.
Des années 1950 jusqu'à 1993, les mots « Carnaval de Paris », cessèrent même, pratiquement, d'être utilisés.[7] Pour les Parisiens, il était possible, éventuellement, de fêter à Paris « Mardi Gras ». S'ils parlaient de Carnaval, il s'agissait du Carnaval de Nice ou du Carnaval de Rio.
Le Carnaval de Paris a inspiré de grands artistes. Le tableau, reproduit ici, en haut, à gauche, est d'Édouard Manet. Il représente le célèbre bal masqué de l'opéra.[8] Le tableau en haut, à droite, est de Claude Monet, et montre le Carnaval boulevard des Capucines.
Les moments traditionnels de sorties de cortèges du Carnaval de Paris sont:
- Les jours gras : ils commencent, au XVIIIe siècle, le jeudi gras et finissent le Mardi Gras. Au XIXe siècle, ils vont se restreindre aux seuls dimanche-lundi-mardi gras. C'est le moment de la sortie de la Promenade du Bœuf Gras.
- Vingt-et-un jours après Mardi Gras, le jeudi de la Mi-Carême. La Mi-Carême est également appelée la Fête des blanchisseuses, car c'est le jour de leur fête et du défilé de leurs reines et de la reine des blanchisseuses. À celles-ci succèdent, à partir des dernières années du XIXe siècle, les reines issues d'autres corporations.
Le cortège du Bœuf Gras, mentionné à Paris en 1274, est attesté comme traditionnel, dès 1739. Il prend une ampleur gigantesque au XIXe siècle, devenant, de facto, la Fête de Paris dans le cadre du très grand Carnaval de Paris.[9]
Les cortèges de reines de la Mi-Carême existent, au moins, depuis le XVIIIe siècle. La Mi-Carême est déjà alors, de facto, la Fête des femmes de Paris. Le cortège de la Reine des blanchisseuses de Paris existe, au moins, depuis 1830. En 1891, à l'initiative de Morel, président de la Chambre Syndicale des Maîtres de Lavoirs, tous ces différents cortèges sont utilisés ou remplacés par le cortège de la Reine des Reines de Paris.
Il existe également, au Carnaval de Paris, mais seulement de 1822 jusque vers 1860, un troisième grand cortège, qui sort le matin du Mercredi des Cendres :
Ces cortèges attirent des foules énormes, venues de Paris et des banlieues alentours. Fin XIXe siècle, début XXe siècle, on interrompt la circulation des véhicules sur les Grands Boulevards, durant les jours gras (dimanche, lundi et mardi gras) et le jeudi de la Mi-Carême.
Aux bals du Carnaval de Paris, triomphe la musique festive de danses de Paris au XIXème siècle, qui est ensuite oubliée.
En 1891, est lancé au Carnaval de Paris, le confetti moderne, en papier.
En 1892, est inventé au Carnaval de Paris, le serpentin.
L'usage massif du confetti à Paris, de 1891 à 1914, celui du serpentin, durant quelques années, à partir de 1892, confina à une véritable épopée.
Les deux derniers grands cortèges du Carnaval de Paris, sortis à ce jour, sont :
Après 45 ans d'interruption,[10] le cortège du Bœuf Gras renaît, à l'initiative de Basile Pachkoff, soutenu dans ses efforts par Alain Riou. À partir de 1998, il défile, chaque année, et depuis 2002 renoue avec le calendrier traditionnel du Carnaval. Sa sortie a lieu le Dimanche Gras, avant veille du Mardi Gras, date mobile, qui se déplace, sur une plage de 28 jours. Ce qui donne, par exemple, en 2007 : le 18 février, en 2008 : le 3 février, en 2009 : le 22 février.[11]
Sommaire |
[modifier] Carnaval de Paris 1610[12]
Pendant ce fougueux Carnaval |
Bouquets, affiquets et galans, |
[modifier] Deux menus du Carnaval de Paris 1887[13]
LE GRAND–HÔTEL[14] MENU DU DÎNER DU MARDI–GRAS Potage Sarah-Bernhardt Pendant le dîner, l'orchestre de M. Eusèbe Lucas |
LE GRAND–HÔTEL MENU DU DÎNER–CONCERT DE LA MI-CARÊME Potage Crême de Volaille Lucullus Pendant le dîner, l'orchestre de M. Eusèbe Lucas se fera |
[modifier] Confetti, serpentins et Bœuf Gras, en 1896[15]
Des trottoirs aux balcons, on l'attendait (le cortège du Bœuf Gras). Il pleuvait en son honneur des confetti et les fenêtres s'enguirlandaient de serpentins. ... Les masques à pied étaient rares ; grimés sans richesse ni esprit, ils n'allumaient pas cette folie qui est si spéciale à la Mi-Carême. Le Mardi Gras, longtemps démodé,[16] se ressent de son ancienne déchéance. Le passage du cortège n'a pas encore tout à fait dégelé la rue. Le carnaval n'est pas dans la foule, en dépit de la familiarité heureuse des confetti qui chassent les grincheux — ces insupportables empêcheurs de s'amuser avec des ronds — et unissent fraternellement les badauds de bonne foi, les animent, les entraînent et leur font oublier pendant quelques heures l'autre carnaval — celui des méchants et des cuistres.
Il faut rendre grâce aux confetti. Nous lui devons l'allégresse de ces jours de gaie licence ; et il nous faut aussi remercier le serpentin qui étend au dessus des têtes des volumes frémissants, qui établit des relations de fenêtre à fenêtre, qui jette un pont fragile mais suffisant pour que d'un Parisien à l'autre l'entrain voisine.
Ces légères banderoles qui enrubannent les balcons et bouclent des fanfreluches dans la chevelure des arbres, ont appelé aux croisées chacun et chacune ; des sourires s'échangent, des relations s'échafaudent, des romans naissent noués de ces faveurs si fragiles. Au bout de fils plus résistants pendent des friandises pour les petits polissons et quelquefois peut-être aussi des billets que comme par hasard arrêtent de jolies mains tendues. Le carnaval se plaît aux brèves amourettes et la familiarité devient grande, qui les autorise ainsi à l'abri de la familiarité des confetti, de la grâce des serpentins et de l'indulgence de votre majesté, prince Carnaval, enfin de retour en ce Paris qui vous pleura.
[modifier] Caricatures
- Le Bœuf Gras, image en couleurs, par Gill, 1869.[17]
- À quoi pense un bœuf gras ?, série de dessins comiques, de Caran d'Ache, 1903.[18]
- Procession du Bœuf-gras, gravure de Grandville.[19]
[modifier] Chansons
Classées par ordre alphabétique :
- 1845 – Les Bœufs – Pierre Dupont.[20]
- 1895 – Les confetti Chansonnette, créée par Maréchal, à Trianon-Concert, dédiée à Messieurs Borney et Desprez, Innovateurs des Confettis Parisiens, paroles de Jean Meudrot, musique de Georges Hauser, Paris 1895.
- 1866 – La déesse du Bœuf gras – Chanson d'Élie Frebault et Paul Blaquière, interprêtée par la célèbre Thérésa. [2]
- XIXe siècle – La Reine des blanchisseuses ou La Reine des Reines Chansonnette, créée par Melle Valti, à la Scala, paroles de A. Poupay, musique de E. Spencer.
- XIXe siècle – Le testament du bœuf gras – Chanson citée par John Grand-Carteret.[21]
[modifier] Œuvres littéraires ou musicales
Le Carnaval de Paris a inspiré des auteurs, dont les œuvres ont pour cadre le Carnaval de Paris :
- 1767 – La mort du bœuf gras – Tragédie comique de Toussaint-Gaspard Taconet.[22]
- 1839 – En descendant la Courtille – [23] Chorale de Richard Wagner, composé pour un vaudeville de Dumersan La défense d'aimer.
- 1845 – Le bœuf gras – Vaudeville en deux actes de Paul de Kock.
- 1853 – La Traviata – Opéra de Giuseppe Verdi.[24]
- 1866 – Mille francs de récompense – Pièce de théâtre de Victor Hugo.[25]
- 1880 – Belle Lurette – Opéra-comique, de Jacques Offenbach.
[modifier] Peintures, gravures, sculptures, dessins
Le Carnaval de Paris a aussi inspiré des artistes peintres, graveurs, sculpteurs...
- 1847 – Le Carnaval – Recueil de gravures de Paul Gavarni.[26]
- 1873 – Bal masqué à l'opéra – Peinture d'Édouard Manet.[27]
- Bal masqué à l'opéra (au Polichinelle) – Peinture d'Édouard Manet.[28]
- 1873 – Carnaval boulevard des Capucines – [29]peinture de Claude Monet.
- XIXe siècle – Le Bœuf gras – Image d'Épinal.[30]
- 1909 – Char du Bœuf Gras – Célèbre char du Carnaval de la Nouvelle-Orléans. Il sort toujours, chaque année.
- 1998 – Le Géant-Bœuf[31] – Géant de Carnaval, œuvre de Rafael Esteve.[32]
[modifier] Notes
- ↑ Jusqu'au XIXe siècle, on utilisait, en France et à Paris, à égalité avec le mot Carnaval, le mot Carême-Prenant, qui pouvait être orthographié différemment (« Quaresmeprenant » ou « Quarêmeprenant », par exemple).
- ↑ Couramment appelé « le Furetière ».
- ↑ Il s'agit du début de l'article « CARNAVAL », Antoine Furetière, Dictionnaire universel, Tome premier.
- ↑ a b C'est à dire l'Épiphanie, le 6 janvier.
- ↑ a b C'est à dire, le Mercredi des Cendres, lendemain du Mardi Gras.
- ↑ Fin de l'article « CARNAVAL », Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, volume 2, B – Cézimbra, paru en janvier 1752 (daté 1751).
- ↑ Sauf dans des articles spécialisés et des ouvrages scientifiques à faible diffusion.
- ↑ Créé par une Ordonnance du Régent, le 31 décembre 1715, il avait lieu deux fois par semaine, durant la période du Carnaval. Ce bal existait encore à la fin du XIXe siècle. La salle figurée ici est celle de l'Opéra de la rue Le Pelletier, détruite par un incendie en 1873, l'année-même où fut réalisé ce tableau.
- ↑ On dit à Paris, vers 1860, d'un personnage illustre du monde musical ou litteraire qui a eu l'honneur de voir un des bœufs gras de la fête, baptisé du nom d'une de ses œuvres, qu'il est bœuf gras ou il est entré à l'abattoir.
- ↑ Suite à de circonstanciels problèmes politiques et d'organisation.
- ↑ La renaissance de la Fête des blanchisseuses a été proposée en 2008. Dans Wikipédia existe une Catégorie:Carnaval de Paris, comptant 38 pages, y compris celle-ci. Pour y accéder, cliquez sur les mots « Carnaval de Paris », en bas, à gauche, de cette page.
- ↑ Extrait d'une brochure de 8 pages, intitulée : « Le carnaval des princes au Bois de Vincennes » Côte BNF L³⁷ b 5423 - Le reste du texte, avant et après cet extrait, parle des Princes de Conty, de Condé, du Duc de Longueville. Le passage copié ici est le seul qui ait un caractère documentaire.
- ↑ Celui du Mardi Gras a été publié dans Le Figaro, du dimanche 20 février 1887, celui de la Mi-Carême, dans Le Figaro, du mardi 15 mars 1887.
- ↑ Le restaurant de ce célèbre hôtel parisien était, à l'époque, un des plus fameux de Paris.
- ↑ L'Éclair, lundi 17 février 1896, fin d'un article.
- ↑ La Promenade du Bœuf Gras vient de connaître une interruption de vingt-cinq ans.
- ↑ Parue en première page de L'Eclipse, 7 février 1869.
- ↑ Le Figaro, 23 février 1903.
- ↑ Reproduite dans Le Monde, 29 décembre 2000, page 27.
- ↑ Cette célèbre chanson consacre à la Promenade du Bœuf Gras son troisième couplet.
- ↑ Dans son article « Le Carnaval et le Bœuf gras », La lecture illustrée, 10 mars 1897.
- ↑ Représentée pour la première fois à la Foire Saint-Germain, le 26 février 1767.
- ↑ Ce fut le premier morceau de musique de Richard Wagner interprêté en public à Paris. Ce vaudeville fut donné à la salle Ventadour, à l'occasion du Carnaval de Paris 1839
- ↑ L'action de cet opéra célèbre a pour cadre le Carnaval de Paris. A la scène Largo al quadrupede on entend, dans les coulisses, le chœur des bouchers parisiens qui accompagne le cortège du Bœuf Gras.
- ↑ Drame écrit entre le 5 février et le 15 avril 1866, victime de la censure, il est publié seulement en 1934 et créé par la Comédie de l'Est au Théâtre municipal de Metz le 14 mars 1961.
- ↑ La date exacte du recueil est à préciser. Gavarni s'était fait une spécialité de la représentation satirique du Carnaval de Paris. A tel point, que Le Petit Parisien du 23 février 1887, rapporte qu'il aurait un jour affirmé, pour rire : Le carnaval ! ça n'existe pas, c'est moi qui l'ai inventé à raison de cinquante francs le dessin !
- ↑ Huile sur toile, 59 × 72,5 cm, National Gallery (Londres).
- ↑ National Gallery of Art (Washington).
- ↑ Huile sur toile, Musée des Beaux-Arts Pouchkine, Moscou.
- ↑ Références à préciser, en particulier pour le nom précis de la planche.
- ↑ Sorti pour la première fois à Paris le 7 juin 1998, il défile, chaque année, au Carnaval de Paris.
- ↑ Il a également réalisé, en collaboration avec Basile Pachkoff, plusieurs affiches pour la renaissance du Carnaval de Paris. [1]