Boris Vian
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Boris Vian | |
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Boris Vian. | |
Naissance | 10 mars 1920, Ville-d'Avray |
Décès | 23 juin 1959, Paris |
Activité | Écrivain, poète, parolier |
Nationalité | France |
Œuvres principales | L'Écume des jours |
Boris Vian (10 mars 1920, Ville-d'Avray (Hauts-de-Seine) - 23 juin 1959, Paris) est un écrivain français, ingénieur de l'École centrale, inventeur, poète, parolier, chanteur, critique et musicien de jazz (trompettiste). À ces multiples talents, il convient d'ajouter ceux de conférencier, scénariste et traducteur (anglo-américain). Il a également publié sous les pseudonymes de Vernon Sullivan ou Bison Ravi, Baron Visi ou Brisavion (anagrammes de son nom).
Sommaire |
[modifier] Biographie
Boris Vian est né le 10 mars 1920 à Ville-d'Avray dans les Hauts-de-Seine. Son père Paul est rentier et sa mère Yvonne Ravenez est une pianiste et harpiste amateur.
Le frère aîné de Boris s'appelle Lélio et est né le 17 octobre 1918. Il y aura deux autres enfants après Boris, Alain né le 24 septembre 1921, et Ninon née le 15 septembre 1924.
À l'âge de douze ans il a été victime d'un rhumatisme articulaire aigu qui lui a occasionné une insuffisance aortique.
Cette maladie du cœur, dont ses œuvres porteront la trace, en fera la cible de l'affection trop étouffante de sa mère. Il en parlera d'ailleurs dans L'Herbe rouge, et plus encore, dans L'Arrache-cœur.
Après le lycée Condorcet, à Paris, il entre à l'École Centrale en 1939, puis travaille comme ingénieur à l'Association française de normalisation (AFNOR) [1], de 1942 à 1946, où il profite de ses instants de liberté pour écrire et jouer de la musique jazz.
Il fréquente les cafés de Saint-Germain-des-Prés, café de Flore ou des Deux Magots à l'époque où ceux-ci rassemblent intellectuels et artistes de la rive gauche : Jean-Paul Sartre (le Jean Sol Partre de L’Écume des jours), Raymond Queneau, Simone de Beauvoir, Juliette Gréco, Marcel Mouloudji, ou Miles Davis.
Son premier roman célèbre (sous l'hétéronyme de Vernon Sullivan) est J'irai cracher sur vos tombes, écrit en 1946. Le roman est très controversé, notamment parce qu'il est retrouvé sur les lieux d'un crime passionnel. Boris Vian est condamné en 1950 pour outrage aux bonnes mœurs. S'ensuivent des romans tout aussi noirs et sarcastiques : Les morts ont tous la même peau, Et on tuera tous les affreux, Elles se rendent pas compte.
Si les œuvres à succès, signées Vernon Sullivan, ont permis à Vian de vivre, elles ont aussi occulté les romans signés de son vrai nom, œuvres plus importantes à ses yeux. En effet, seuls ces derniers, d'après lui, avaient une véritable valeur littéraire. Après l'échec de L'Arrache-cœur, Boris Vian décide donc d'abandonner la littérature.
Passionné de jazz, il joue de la trompette de poche (rebaptisée « trompinette ») au Tabou, célèbre club de Saint-Germain-des-Prés. Il est aussi directeur artistique chez Philips et chroniqueur dans Jazz Hot de décembre 1947 à juillet 1958, où il tient une « revue de la presse » explosive et extravagante. Henri Salvador disait de lui : « Il était un amoureux du jazz, ne vivait que pour le jazz, n'entendait, ne s'exprimait qu'en jazz ».
Les années 1951-1952 seront des années sombres pour Boris Vian. Il vient de quitter sa femme Michelle Léglise, dont il a eu deux enfants, Patrick en 1942 et Carole en 1948, et il vit difficilement de traductions dans une chambre de bonne au 8 boulevard de Clichy. Il n'a plus un sou mais le fisc s'acharne à lui soutirer des impôts anciens qu'il ne peut payer. Son esprit fécond l’amène cependant à collaborer au collège de 'Pataphysique (la science des solutions imaginaires), fondé en 1948. Il y retrouve Raymond Queneau, et il est nommé Équarrisseur de première classe en 1952 puis satrape en mai 1953. Dans cette aimable corporation, il donne libre cours à son imagination pour fournir des communications et des inventions baroques telles que le gidouillographe ou le pianocktail[2]. En 1954, il épouse Ursula Kübler.
Il fait quelques apparitions sur scène, au théâtre et dans quelques films. Il joue par exemple le cardinal de Paris dans Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy.
Le matin du 23 juin 1959, Boris Vian assiste à la première de J'irai cracher sur vos tombes, film inspiré de son roman. Il a déjà combattu les producteurs, sûrs de leur interprétation de son travail, et publiquement dénoncé le film, annonçant qu'il souhaitait faire enlever son nom du générique. Quelques minutes après le début du film, il s'effondre dans son siège et meurt d'une crise cardiaque en route vers l'hôpital. Le Collège de 'Pataphysique annonce la mort apparente du « Transcendant Satrape ».
Son œuvre connut un immense succès public posthume dans les années 1960 et 1970, notamment pendant les événements de mai 68. Les jeunes de la nouvelle génération redécouvrent Vian, l'éternel adolescent, dans lequel ils se retrouvent.
[modifier] Œuvres
Il a écrit onze romans, quatre recueils de poèmes, plusieurs pièces de théâtre, des nouvelles, de nombreuses chroniques musicales (dans la revue Jazz Hot), des scénarios de films, des centaines de chansons (notamment pour Serge Reggiani et Juliette Gréco), etc., le tout avec une verve qui lui est propre.
Sous son propre nom, il a écrit des romans fantastiques, poétiques et burlesques, les plus connus étant L'Écume des jours et L'Automne à Pékin, d'autres étant L'Arrache-cœur, L'Herbe rouge, etc.
Il est également auteur de pièces de théâtre, de nouvelles (L'Oie bleue, La Brume, Les Fourmis, …) de chansons, et fervent défenseur de la 'Pataphysique.
Sa chanson la plus célèbre (parmi les 461 qu'il a écrites) est Le Déserteur, chanson anti-militariste écrite à la fin de la guerre d'Indochine (soit le 15 février 1954), juste avant la guerre d'Algérie. Cette chanson fut interdite sur les ondes dans sa version d'origine en raison du couplet final litigieux :
- Si vous me poursuivez
- Prévenez vos gendarmes
- Que je possède une arme [3]
- Et que je sais tirer
(Version attestée par Françoise Renaudot, dans son ouvrage il était une fois Boris Vian)
Ce couplet fut tardivement remplacé par :
- Si vous me poursuivez
- Prévenez vos gendarmes
- Que je n'aurai pas d'arme
- Et qu'ils pourront tirer
Boris Vian fut l'objet de poursuites de la part de paramilitaires d'extrême-droite. Sous sa deuxième forme, la chanson eut un réel succès dans les années 1960, chantée par Peter, Paul and Mary ; mais Vian était déjà mort.
Amoureux de la culture américaine, il a traduit en français le grand classique de la science-fiction qu'est Le Monde des Ā d'A. E. van Vogt, tout comme sa suite Les Joueurs du Ā. Il a également traduit Raymond Chandler, le poème Jabberwocky de Lewis Carroll extrait de De l'autre côté du miroir, les mémoires du Général Omar Bradley A Soldier's Story et le roman Demain les chiens de Clifford D. Simak.
Il a aussi traduit la biographie romancée du trompettiste de jazz américain Bix Beiderbecke (1903-1931). Il s'agit de l'ouvrage intitulé Le jeune homme à la trompette, rédigé par Dorothy Baker en 1938. Boris Vian a réalisé cette traduction pour Gallimard en 1951.
[modifier] Romans et nouvelles
- Sous son nom :
- Conte de fées à l'usage des moyennes personnes (roman inachevé) - 1943
- L'Écume des jours - 1947
- L'Automne à Pékin - 1947
- Vercoquin et le plancton - 1947
- Les Fourmis (recueil de nouvelles) - 1949
- L'Herbe rouge - 1950
- Le Ratichon baigneur (recueil de nouvelles) - 1950
- L'Arrache-cœur - 1953
- Troubles dans les Andains - 1966
- Le Loup-garou (recueil de nouvelles) - 1970
- Les Lurettes fourrées (recueil de nouvelles)
- Sous le pseudonyme de Vernon Sullivan :
- J'irai cracher sur vos tombes - 1946 (éditions du Scorpion et édition illustrée par Jean Boullet 1947 )
- Les morts ont tous la même peau - 1947
- Et on tuera tous les affreux - 1948
- Elles se rendent pas compte - 1950
[modifier] Théâtre
- L'Équarrissage pour tous (1947)
- Le Dernier des métiers (1950)
- Tête de Méduse 1951 (comédie en un acte)
- Série Blême (1952) (tragédie en trois actes et en vers)
- Le Chasseur français (1955) (vaudeville lyrique - musique composée par Stéphane Varègues)
- Le Goûter des généraux (1962)
- Adam, Ève et le troisième sexe
- Les Bâtisseurs d'empire(1959)
- Cinémassacre ou les cinquante ans du septième art
- Le Chevalier de neige (1957) (opéra - musique composée par Georges Delerue)
[modifier] Poésies
- Barnum's Digest (recueil de dix poèmes) 1948
- Cantilène en gelée (recueil de poèmes) 1949
- Je voudrais pas crever (recueil de vingt-trois poèmes publié à titre posthume) 1962
- Cent sonnets
- Écrits pornographiques
Extrait du recueil Je voudrais pas crever 1962
- Tout a été dit cent fois
- Tout a été dit cent fois
- Et beaucoup mieux que par moi
- Aussi quand j'écris ces vers
- C'est que ça m'amuse
- C'est que ça m'amuse
- C'est que ça m'amuse et je vous chie au nez
- S'il pleuvait des larmes
- s'il pleuvait des larmes
- lorsqu'on tue un enfant
- s'il pleuvait des larmes
- au rire des méchants
- sur la terre entière
- en flot gris et glacés
- des larmes amères
- roulerait le passé
[modifier] Essais
- Manuel de Saint-Germain-des-Prés, 1951.
- En avant la zizique... Et par ici les gros sous, Le Livre contemporain, 1958.
[modifier] Chansons
Entre autres :
- Le Déserteur, 1954
- La Complainte du progrès, 1955
- La Java des bombes atomiques, 1955
- Le Petit Commerce, 1955
- Le Blues du dentiste
- Les Joyeux Bouchers
- Fais-moi mal Johnny
- On n'est pas là pour se faire engueuler
- L'Arbre des pendus : Textes de la chanson générique V.F. du film La Colline des potences de Delmer Daves.
- Mozart avec nous (sur les motifs de La Marche Turque)
- A tous les enfants (1954-1959)
[modifier] Collaboration à des périodiques
Entre beaucoup d'autres, les plus importantes sont :
- Jazz Hot, de 1946 à 1958.
- Collège de 'Pataphysique, de 1953 à 1959.
- Les Temps modernes, n° 9 à 13, et 108 à 111.
[modifier] Notes et références
- ↑ Arnaud 1966, p. 83 ; Boggio 1993, p. 82.
- ↑ Le pianocktail, mot-valise créé par Vian et inspiré par le fameux orgue à bouche de Huysmans (dans A rebours) est un piano qui produit de la musique (de jazz, évidemment) et des mélanges alcoolisés. Il unit ainsi, par une fausse synesthésie artistique, deux plaisirs sensuels, l’ivresse de l’alcool (gustatif) et celle de la musique (auditif).
- ↑ Le texte exact du vers originel est très discuté : on trouve Que j'emporte des armes, Que je possède une arme, Que je tiendrai une arme, Que j'ai gardé mon arme, etc. Pour des raisons évidentes de prosodie, des versions telles que Que j'emporte une arme, Que j'aurai une arme, Que j'ai une arme ou même Que je suis armé (!) semblent très improbables.
[modifier] Biographies
- Noël Arnaud, Les Vies parallèles de Boris Vian, Pauvert, 1966.
- Françoise Renaudot, Il était une fois Boris Vian, Seghers, 1973.
- Philippe Boggio, Boris Vian, Flammarion, 1993.
[modifier] Compléments
[modifier] Articles connexes
- La ’Pataphysique et le Collège de ’Pataphysique