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Bièvre (rivière) - Wikipédia

Bièvre (rivière)

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Pour les articles homonymes, voir Bièvre.
« Dans la vallée au creux charmant,
la Bièvre coule et se déroule comme un ruban. »

Jean Moréas

Bièvre
La Bièvre à Fresnes
La Bièvre à Fresnes
Longueur 33 km
Débit moyen 0,2 m3.s-1
Surface du bassin 200,5 km2
Régime pluvial océanique
Se jette dans Seine
Bassin collecteur Seine
Pays France France
Cours d’eau - Hydrologie

La Bièvre est une rivière française qui prend sa source dans le hameau de Bouviers à Guyancourt dans les Yvelines et se jetait autrefois dans la Seine à Paris (au niveau de la gare d'Austerlitz) après un parcours de 33 km[1] dans les départements des Yvelines, de l'Essonne, des Hauts-de-Seine, du Val-de-Marne et de Paris[2].

Depuis 1912, la Bièvre, qui était jusqu'alors la deuxième rivière parisienne et courait à travers les 13e et 5e arrondissements, est recouverte sur toute la longueur de son parcours urbain. Elle finit son cours dans le collecteur principal des égouts de Paris.

Elle tire peut-être son nom du latin biber, bièvre, qui est l'ancien nom du castor (cf. beaver en anglais). Il n'est pas certain que des castors y aient élu domicile, mais plus prosaïquement, beber signifie aussi : de couleur brune, comme ses eaux. En 1787, la dénomination de cette rivière était « ruisseau des Gobelins », comme c'est indiqué sur la carte du Plan d'Intendance de Guyancourt[3]. Toujours est-il que les armoiries du 13e arrondissement sont vaillamment portées par deux castors.

Depuis plusieurs années, un projet de renaissance de la Bièvre est porté par de nombreux acteurs, associatifs, intercommunaux ainsi que par le conseil régional d'Île-de-France qui a créé le syndicat mixte « Bièvre, rivière d'Île-de-France ».

Sommaire

[modifier] La Bièvre hors Paris

Les Etangs de La Minière à Guyancourt, alimentés par la Bièvre.
Les Etangs de La Minière à Guyancourt, alimentés par la Bièvre.

[modifier] Histoire

Le 26 Fructivor de l'an III, Oberkampf s'est porté acquéreur de l'ancienne ferme royale de Bouviers à Guyancourt, son objectif étant de contrôler la qualité des eaux de la Bièvre dont la source se trouvait sur les terres de cette ferme. Jusqu’au XVIIe siècle, les terrains en aval de la source de la Bièvre étaient des zones marécageuses. La carte de Cassini ne mentionne pas les étangs ; seul le tracé de la Bièvre apparait.[4]. Un premier étang, dénommé étang de La Minière, apparait sur le plan d'intendance de la paroisse de Guyencourt en 1787[5]. Les étangs se construiront au fil du temps. Les problèmes de l'envasement des étangs et de l'entretien des berges et des digues sont permanents. Par exemple en 1819, le Conseil de Salubrité de Paris, présidé par le Préfet, confie une étude à Monsieur Pariset afin de rechercher les causes des basses eaux permanentes de la Biévre dans Paris. Celui-ci indique dans son rapport [6] : « On ne peut nier que, dans ses parties supérieures, le lit de la Bièvre ne soit fort négligé. Depuis sa première source jusqu'au village de Buc, […] ce lit est bourré d'une prodigieuse quantité d'herbages grossiers et parasites, qui consomment par leur végétation un volume d'eau considérable. […] dans toute la vallée du Moulin-Renard, il y a des portions de terrain noyées, des fondrières, des marais, où l'eau qui les forme séjourne en pure perte. […] par les crevasses qui se sont faites dans les berges, l'eau fuit de son lit […]. »

En 1879, la batterie du Ravin de Bouviers est construite au sommet du ravin de Bouviers surplombant la vallée de la Bièvre. La batterie est implantée dans l'actuelle forêt de Versailles en limite du secteur militaire de Satory. La batterie est construite sur l'emprise de l'aqueduc situé entre l'étang de Saint-Quentin et Versailles. Certaines traverses s'appuient sur les structures de l'acqueduc.

[modifier] Situation actuelle

La Bièvre traverse 16 communes [7]: Antony, Arcueil, Bièvres, Bourg-la-Reine, Buc, Cachan, Fresnes, Gentilly, Guyancourt, l'Hay-les-Roses, Igny, Jouy-en-Josas, Les Loges-en-Josas, Massy, Paris, et Verrières-le-Buisson.

On peut identifier deux tronçons :

[modifier] La Bièvre et Versailles

Afin d'alimenter en eau les nombreuses fontaines du Château de Versailles, les ingénieurs puisèrent l'eau de la Seine par la Machine de Marly, et captèrent les eaux de ruissellement du Plateau de Saclay, qui se jetaient auparavant dans la Bièvre, et l'amenèrent à Versailles par l'Aqueduc de Buc.

Le Syndicat de l'Yvette et de la Bièvre (SYB) envisage, en accord avec le SIAVB, de restaurer les rigoles d'alimentation de l'acqueduc, afin de réalimenter les fontaines de Versailles par les eaux pluviales du Plateau de Saclay, afin de limiter les risques d'inondation dans la vallée de la Bièvre[8]

[modifier] La Bièvre dans Paris

La Bièvre, en 1867, se jette dans la Seine un peu en amont du Pont d'Austerlitz
La Bièvre, en 1867, se jette dans la Seine un peu en amont du Pont d'Austerlitz

[modifier] Géomorphologie

Dans Paris, la Bièvre suivait autrefois l'actuel cours de la Seine du pont d'Austerlitz au pont de l'Alma ; la Seine, elle, dans son ancien cours suivait la ligne des grands boulevards, puis l'avenue Matignon et l'avenue Montaigne. Vraisemblablement lors de crues successives, elle approfondit son lit actuel, et le bras mort qui clôturait le Marais fut progressivement comblé ; par contre au confluent actuel Bièvre et Seine se forma à l'est de la montagne Sainte-Geneviève, un marais rive gauche qui se comblera peu à peu par des accumulations successives d'alluvions ; mais le quartier de la gare d'Austerlitz est toujours réputé inondable.

[modifier] Histoire

Ce marais rive gauche est peut-être celui dont Titus Labienus parle dans sa tentative de conquête de Lutèce (52 avant J.-C.).

Au XIIe siècle, venant de Saint-Médard, la Bièvre traverse le faubourg Saint-Marcel et les terres de l'abbaye de Sainte-Geneviève, serpente au milieu de marais (entre la rue Poliveau et la rue Buffon actuelles) et se jette dans la Seine au niveau du pont d'Austerlitz.

La Bièvre à Paris, au début du XXe siècle
La Bièvre à Paris, au début du XXe siècle

Historiquement, la rivière est détournée de son confluent naturel, la Seine, au niveau de l'actuel Jardin des Plantes pour alimenter l'ancienne abbaye Saint-Victor, située à l'extérieur de l'enceinte de Philippe-Auguste : la poterne de passage sous l'enceinte existe toujours (visite un mercredi par mois) sous le bureau de poste sis au coin de la rue des Écoles et de la rue du Cardinal-Lemoine, à –10 m, altitude 17 m, ce qui donne une idée de l'érosion de la montagne Sainte-Geneviève[9]. L'exutoire de la rivière se trouvait alors rue de Bièvre (Paris 5e). Ce canal « victorin » a progressivement été éliminé, ce n'était plus qu'un égout.

Le canal des Victorins, après avoir franchi la muraille de Philippe-Auguste, formait un angle droit au niveau de l'actuelle église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, suivait l'actuelle rue des Bernardins, tournait à angle droit à l'entrée de la rue de Bièvre et se jetait dans la Seine aux Grands Degrés, face à l’archevêché.

Le même sort fut réservé à la partie amont, envahie par les pestilences des abattoirs, des hôpitaux, des égouts, des tanneurs, corroyeurs, mégisseurs et teinturiers, qui tous se plaignaient des moulins qui provoquaient moult interruptions sur un débit aussi faible sur une si faible pente.

La toponymie du 5e arrondissement, et surtout du 13e, est indissociable de l'existence de cette rivière, qui n'a disparu qu'à cause des raisons d'hygiène dues à sa surexploitation, imprévoyante de l'environnement, au XIXe siècle.

Illustration représentant l'arrière de la Manufacture des Gobelins, sur la Bièvre.
Illustration représentant l'arrière de la Manufacture des Gobelins, sur la Bièvre.

Citons la poterne des Peupliers, voûte de passage sous les « fortif' », et la longue rue du Moulin-des-Prés ; à l'ouest, les terrains du quartier Glacière, où l'eau gelée en hiver était entreposée pour servir de glace en été ; la rue Croulebarbe (du nom du moulin), les Gobelins (du nom d'une des nombreuses familles de teinturiers, « l'écarlate » des Gobelins), la rue des Cordelières, la rue du Fer-à-Moulin, etc.

La topographie du 13e arrondissement de Paris a totalement été bouleversée par un immense chantier de comblement de la vallée vers la rue de Tolbiac. Ainsi, l'Église Sainte-Anne de la Butte-aux-Cailles est construite sur 18 mètres de remblais. Inutile de dire combien il est difficile aujourd'hui de suivre la « vallée » dans Paris. Néanmoins, beaucoup du patrimoine perdu peut être récupéré ; redonner à l'environnement de la Seine l'affluent naturel gâché par la civilisation industrielle serait un gage de sagesse pour l'avenir.

[modifier] Les projets

… « une commission extra-municipale du maire de Paris et de son adjoint chargé de l'environnement, de l'eau, de l'assainissement et de la valorisation du site de la Seine, a présenté aux associations de quartier, le 1er février 2001, un plan de renaissance de la Bièvre. » Il s’agirait de refaire vivre à la lumière du jour la Bièvre en trois endroits notamment au niveau des terrains annexes du Muséum national d'histoire naturelle (entre la rue Buffon et la rue Poliveau), sur 400 mètres.

Les études s'étant poursuivies, la Mairie de Paris a présenté, jeudi 7 juin 2007, le projet d'aménagement retenu pour perpétuer « la mémoire et le fil de la Bièvre ».

En effet, compte tenu du coût nécessité par la construction d'une station d'épuration de la rivière à son entrée sur le territoire communal, des ouvrages de franchissements des lignes de métro ou d'autres ouvrages de voirie (plus de 100 millions d'euros), le projet de faire réapparaître la Bièvre à la poterne des Peupliers, au square René-Le Gall, au pied de la manufacture des Gobelins et le long du Jardin des Plantes a été abandonné.

Le nouveau projet, élaboré par l'architecte urbaniste Benoît Jullien et du bureau d'études AEP Normand, comprend la réalisation de sept haltes-fontaines, de marquages au sol, d'un éclairage bleuté des ponts et des frontières historiques, ainsi qu'un embranchement sur le chemin de grande randonnée GR 11 (qui fait le tour de Paris) afin de permettre de cheminer de la poterne des Peupliers au Pont d'Austerlitz[10].

Ces aménagements devraient être réalisés en 2008. Par ailleurs, l'association les Lézarts de la Bièvre organise chaque année un parcours de redécouverte de la Bièvre, balisé, en 2007, par Franck Duval (FKDL) qui a peint sur les murs des silhouettes filiformes matérialisant 6 itinéraires :

[modifier] A voir

La Bièvre au Clos-Payen à Paris, au XVIIIe siècle
La Bièvre au Clos-Payen à Paris, au XVIIIe siècle

[modifier] Notes et références

  1. [Le site du SANDRE.EAUFRANCE.FR]
  2. Le parcours de la Bièvre de Guyancourt à Paris[1]
  3. Plan d'Intendance : ruisseau des Gobelins [2]
  4. Source carte de Cassini: [3]
  5. Plan d'Intendance: étang de La Minière[4]
  6. Rapport sur les travaux du Conseil de Salubrité de Paris publié en 1822 dans Les annales de l'industrie nationale pages 15 et 16 publié chez Bachelier, Libraire Editeur.[5]
  7. [Le site du SANDRE.EAUFRANCE.FR]
  8. Source : Panneau d'information touristique sur la Bièvres à Buc
  9. rappel : la Seine a actuellement son niveau régulé à 27 m d'altitude par l'écluse de Suresnes).
  10. Source : Michaëla Bobasch, Sur les traces de la Bièvre, rivière rivale de la Seine à Paris, article publié dans le quotidien Le Monde daté du 9 juin 2007.

[modifier] Iconographie

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes

Sites internet

Bibliographie

  • Sur les traces de la Bièvre parisienne, Renaud Gagneux, Jean Anckaert, Gérard Conte, Parigramme 2002, ISBN 2-84096-238-1
  • Atlas du Paris souterrain, Alain Clément, Gilles Thomas ; 2002
  • La Bièvre de Patrick Fournier, Claire Gauge et Elisabeth Grech, Ed. Alan Sutton :
  1. La Haute Vallée, 2003, ISBN 2-84253-858-7
  2. La banlieue de Paris, 2003, ISBN 2-84253-946-X
  3. Une rivière dans Paris, 2004, ISBN 2-84910-129-X


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