Vocabulaire du scepticisme antique
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Le scepticisme fut conceptualisé peut-être essentiellement à l'époque d'Ænésidème. C'est une doctrine qui s'efforce d'être aussi rigoureuse qu'il est possible, et cette rigueur s'exprime par des expressions et des concepts fondamentaux.
Sommaire |
[modifier] Les expressions sceptiques
[modifier] Expressions principales du scepticisme
Toutes ces expressions indiquent un même affect (pathos, voir ce mot) proprement sceptique.
- Pas plus (en grec ou mâllon) est une expression elliptique (Sextus Empiricus, Esquisses pyrrhoniennes, I, 188) pour pas plus ceci que cela, ou pourquoi ceci plutôt que cela ?. Il signifie l'affect (voir ce mot) sceptique selon lequel la pensée est conduite à l'équilibre par l'opposition à force égale de plusieurs raisonnements.
- Peut-être, peut-être pas ; il est permis, il n'est pas permis ; il est possible, il n'est pas possible : ces expressions indiquent la non-assertion, le fait que l'on n'affirme pas l'existence d'une chose (Esquisses pyrrhoniennes, I, 194 - 195).
- Je suspends mon assentiment : exprime l'absence de conviction, les arguments opposés ayant force égale.
- Je ne détermine rien, je ne définis rien
- Toutes choses sont indéterminées
- Toutes choses sont insaisissables, tout est incompréhensible (panta estin acatalepta) : i.e., selon Sextus, tous les objets de recherche obscurs parcourus de façon dogmatique m'apparaissent insaisissables (I, 200).
- Je n'ai pas de saisie, je ne saisis pas, je ne sais rien
- A tout argument s'oppose un argument égal
[modifier] Vocabulaire
[modifier] Acatalepsie
En grec akatalêptos, insaisissable.
Le scepticisme distingue deux sens du radical « saisie » :
- une conception
- une affirmation d'existence
Le sceptique ne rejette pas le premier sens, puisqu'il ne s'agit pas de se prononcer sur la nature des choses. En revanche, on ne peut comprendre la réalité au second sens, car sur toute chose des arguments contraires peuvent être employés. Néanmoins, le philosophe sceptique ne peut pas même affirmer l'acatalepsie des choses en soi, car c'est une thèse dogmatique qui est d'ailleurs attribuée aux Académiciens.
[modifier] Affect
En grec pathos, désigne ici les perceptions et les sentiments, seuls réalités crédibles selon le scepticisme :
- [...] le sceptique donne son assentiment aux affects qui s'imposent à lui à travers une impression ; par exemple il ne dira pas, alors qu'il a chaud ou qu'il a froid, « il me semble que je n'ai pas chaud ou que je n'ai pas froid » (Sextus Empiricus, Esquisses pyrrhoniennes, I, 13).
Le sceptique reconnaît donc l'existence de ce qui lui apparaît tel que cela lui apparaît (le phénomène) et lui donne un statut d'objet.
[modifier] Aporie
L'aporie est le fait pour une recherche de ne pas trouver d'issue. Elle constitue la condition de la recherche sceptique, puisque le sceptique ne peut se décider sur aucune chose obscure et finit toujours par trouver des arguments opposés de force égale.
À la lecture des "Fictions philosophiques du "Tchouang-Tseu" de Romain Graziani le mot aporie est utilisé dans cette phrase : "Le paradoxe est de taille pour un auteur qui montrait les apories d'une pensée de l'origine, comme l'absurdité des prétentions à classer les réalités infinies et incommensurables dont l'univers se compose ."
[modifier] Assentiment
[modifier] Assertion
[modifier] Ataraxie
L'Ataraxie est la tranquillité absolue de l'âme. c'est l'absence de troubles.
[modifier] Critère
[modifier] Démonstration
[modifier] Diallèle
[modifier] Dogme
[modifier] Epochè
En grec, épochè signifie "arrêt", "interruption", ou encore "suspension du jugement". Pour les sceptiques, l' épochè constitue l'aboutissement de la réflexion. Une fois parvenu à ce stade, le sage suspend son jugement et refuse de se prononcer sur telle ou telle vérité. Ainsi délivré du tourment de la spéculation, il peut connaître l'ataraxie.
[modifier] Impression
[modifier] Indécidable
[modifier] Isosthénie
Méthode consistant à opposer à chaque argument un argument contraire de force équivalente de façon à faciliter l'epochè en équilibrant son jugement
[modifier] Mode (trope, tropos)
Les tropes, en grec tropoi (appelés aussi arguments, en grec logoi, et types, en grec tupoi) sont des procédés pour parvenir à la suspension du jugement :
- Les dix tropes d'Ænésidème, voir Les tropes
- Les huit tropes relatifs à la causalité, voir La causalité
- Les cinq tropes d'Agrippa, voir Agrippa
- Les deux tropes, forme la plus synthétique du scepticisme, résument les tropes précédentes : rien ne peut être saisi ni par soi-même ni par autre chose, donc il faut suspendre son jugement.
- [178] [...] puisque tout ce que l'on saisit semble l'être soit par lui-même, soit par autre chose, <en nous suggérant que rien n'est saisi par soi-même ni par quelque chose d'autre>, ils semblent introduire l'aporie sur toutes choses. Que rien ne soit saisi par soi-même est clair d'après, je pense, le désaccord qui s'est élevé parmi les physiciens à propos de tous les sensibles et de tous les intelligibles ; désaccord qui est indécidable, étant donné que nous sommes incapables d'utiliser un critère sensible ou intelligible, parce que tout critère, quel que soit celui que nous prenions, ayant été objet de désaccord n'emporte pas la conviction.[179] Voici pourquoi ils ne consentent pas que l'on puisse appréhender quelque chose par quelque chose d'autre. Si, en effet, ce par quoi quelque chose est saisi aura lui-même toujours besoin de quelque chose d'autre par quoi être saisi, ils nous amènent au mode du diallèle ou à celui de la régression à l'infini. Et si l'on voulait poser que ce par quoi quelque chose d'autre est saisi est saisi par soi-même, on se heurterait au fait que, d'après ce qu'on a dit auparavant, rien ne peut être saisi par soi-même.
Esquisses pyrrhoniennes, livre I, 178 - 179, traduction P.Pellegrin.
[modifier] Relatif
[modifier] Scepticisme
En grec skepsis, examen, recherche.
Par opposition aux dogmatiques, le philosophe sceptique est un chercheur ; en ce sens, il n'y a pas vraiment d'école sceptique, mais plutôt une voie (agôgê) :
- [1] Quand on mène une recherche sur un sujet déterminé, il s'ensuit apparemment soit qu'on fait une découverte, soit qu'on dénie avoir fait une découverte et qu'on reconnaît que la chose est insaisissable [acatalepsias], soit qu'on continue la recherche.
Esquisses pyrrhoniennes, livre I, 1, traduction P.Pellegrin.
Les deux premières possibilités sont le fait des dogmatiques qui affirment soit qu'ils ont découvert le vrai (par exemple Aristote, les stoïciens, etc.), soit que le vrai ne peut être saisi (les Nouveaux Académiciens). Tout ce qu'affirme le sceptique, c'est qu'il n'en sait rien.
[modifier] Signe
[modifier] Bibliographie
Le scepticisme antique |
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