Réalisme (philosophie)
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[modifier] Réalisme : considérations générales
Le réalisme est une étiquette philosophique assez large, et comme toute étiquette, réductrice et susceptible d'être utilisée abusivement. Le réalisme en philosophie se caractérise par un point de départ : on part des choses telles qu'elles se donnent à nous. Ce point de départ a été accusé de naïveté par les philosophies du sujet, couramment nommées "idéalistes", dont le premier représentant fut Descartes et le dernier, Husserl. Après l'orage subjectiviste, il convient de faire le bilan et de voir si le réalisme est oui ou non une doctrine obsolète. L'idéalisme a lui-même été dépassé simultanément par la tradition existentialiste continentale et par la tradition analytique austro-anglaise. Nous allons retracer l'histoire du réalisme et sa confrontation avec les autres chemins de pensée, de manière assez générale. Nous verrons aussi qu'il existe une tradition réaliste en philosophie politique, qui se distingue plus ou moins de la tradition réaliste axée sur la métaphysique et l'épistémologie.
[modifier] Le réalisme grec
Le réalisme est né en Grèce, principalement avec Platon. Il faudra attendre Descartes pour que le point de départ philosophique (les choses qui se donnent à nous) change.
[modifier] Platon
Platon est un philosophe grec, qui a présenté sa pensée sous forme de dialogues dans lesquels il met en scène son maître Socrate. Le point de départ de Platon est les choses telles qu'elles se donnent à nous. Ce sont les choses sensibles; ce qui se donne à moi est perçu par mes cinq sens. Mais Platon raisonne ainsi : ces choses sensibles sont soumises au changement, elles se modifient perpétuellement. Je ne peux donc rien savoir sur elles, puisque le savoir est quelque chose de fixe, qui ne change pas. Si je dis : la pomme est rouge, ce n'est pas un savoir puisque la pomme va se flétrir et devenir marron. Ainsi ma proposition deviendra fausse. Donc, cette réalité sensible doit être "soutenue" par une réalité non sensible et qui n'est pas soumise au changement. C'est à cette condition que le monde ne se détruit pas (si rien n'était stable, tout finirait par s'anéantir); que je peux parler (le langage utilise des mots, c'est-à-dire des concepts immuables, par opposition aux choses changeantes); et que je peux savoir des choses. Cette réalité est donc de nature intelligible, ce sont les Idées. C'est pour cela qu'on dira que le réalisme de Platon est un idéalisme : cela signifie que pour Platon, la seule réalité vraie est d'ordre intelligible, idéelle; elle est spirituelle et non sensible. Il y a une séparation nette entre la réalité intelligible et le monde des ombres (voir la caverne de Platon). La réalité sensible est une copie de l'intelligible. On dit que les choses sensibles et singulières participent d'une Forme ou Idée, qui est son concept, sa définition. L'Idée qui trône au-dessus de toutes les autres est le Bien, ou encore Vrai, Juste, Beau, Bon : ce ne sont que les aspects différents d'une même Idée, qui est au-delà de l'essence, c'est-à-dire qu'elle n'est pas elle-même définissable et elle rend possible toutes les autres Idées. L'Idée du Bien est aux Idées ce que le soleil est aux choses visibles : elle les éclaire et rend leur accès possible, elle les donne à voir. Le philosophe doit accèder aux Idées en s'élevant au-dessus de la réalité sensible; il est un contemplatif. La théorie de la connaissance platonicienne est donc une réception, une passivité : le philosophe reçoit les Idées. Ensuite s'applique le principe de reconnaissance. Un exemple : le philosophe a contemplé l'Idée du Rouge, ensuite il est capable de "reconnaître" cette Idée dans le réel sensible, par exemple dans la pomme rouge, et il peut ainsi dire de la pomme qu'elle est rouge. Voir le Timée et la République.
[modifier] Aristote
Aristote, parfois considéré comme le premier réaliste en ce qu'il récuse la notion d'un "arrière-monde" intelligible qui serait séparé des choses sensibles; a proposé une variante du platonisme. Son point de départ est également les choses telles qu'elles nous sont données, plus précisément les choses sensibles; mais pour Aristote le principe intelligible est contenu dans les choses sensibles, il leur est immanent, il n'en est pas séparé comme chez Platon. Donc dans le réalisme aristotélicien, il n'y a pas deux mondes qui s'opposent, il y a un monde (intelligible) contenu dans un autre (sensible). En effet, chaque chose que l'on perçoit est constitué par un principe intelligible, ce qu'on appelle la "quiddité", "ce qu'est la chose". Chaque chose est constituée par quatre causes : la cause matérielle (par exemple : le marbre), la cause formelle (par exemple : l'idée de la statue), la cause efficiente (le sculpteur), et la cause finale (la statue qui servira au temple pour les offrandes). Là encore, nous sommes dans une épistémologie de la réception : je perçois les choses sensibles puis je reçois leur "forme" (concept) détachée de leur "matière" (principe d'individuation). Voir le Traité de l'âme.
C'est avec Descartes que la perspective sera renversée et que le sujet connaissant deviendra actif et non passif.
[modifier] Le réalisme médiéval
La philosophie scolastique médievale, vaste synthèse entre le platonisme, l'aristotélisme et la Bible, est majoritairement réaliste. La philosophie de saint Augustin, de Boèce; et la philosophie franciscaine, seront plus volontiers platoniciennes et néoplatoniciennes; tandis que la philosophie de Thomas d'Aquin sera plutôt aristotélicienne. La querelle des universaux changera la donne et ainsi naîtra le courant nominaliste, qui s'oppose strictement au réalisme à propos du statut des universaux (à savoir si ce sont des mots, des fictions de l'esprit; ou des choses réelles). Un des plus grands représentants du nominalisme est Guillaume d'Ockham.
[modifier] Thomisme et averroïsme
Thomas d'Aquin a tenté le vaste projet de réaliser une synthèse entre la philosophie d'Aristote et le christianisme; notamment dans la Somme de théologie et la Somme contre les Gentils.
Il considère, tout comme Aristote, que toute connaissance est une forme substantielle (= concept, définition intelligible) que l'on reçoit par l'entremise des sens. A partir de l'expérience sensible, le philosophe conduit une spéculation qui le mène à la connaissance du divin.
Il s'oppose ainsi à la doctrine d'Averroès, pour qui c'est un Intellect divin commun à tous les hommes qui pense et se pense lui-même, indépendamment des sensations qu'ont les hommes.