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Proto-indo-européens - Wikipédia

Proto-indo-européens

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Indo-européen
Langues indo-européennes
Albanais | Anatolien
Arménien | Balte | Celte
Germanique | Grec moderne | Indo-iranien
Italique | Slave | Tokharien
Peuples indo-européens
Albanais | Arméniens | Aryens
Baltes | Celtes | Germains
Grecs | Latins | Slaves
Proto-Indo-Européens
Langue | Société | Religion
Études indo-européennes
Théorie de l'invasion aryenne
Hypothèse kourgane

Les Proto-indo-européens (PIE) sont un hypothétique peuple ancien dont descendent probablement la quasi-totalité des peuples d'Europe (Slaves, Latins, Germains, Celtes, Grecs, Baltes), ainsi que certains peuples d'Asie (Indiens, Iraniens).

Sommaire

[modifier] Un sujet disputé

Après que la communauté des linguistes eut admis la parenté originelle des principales langues de l'Europe et de l'Inde du Nord, la question se posa des porteurs de la langue souche de la famille. Des études comparatistes, à partir de faits de langage, tentèrent de reconstruire le mode de vie, le lieu d'origine, la culture, l'idéologie et la religion de ces Proto-Indo-Européens. Néanmoins, jusqu'à aujourd'hui, de multiples théories s'affrontent, bien que certaines aient acquis plus de poids. L'existence de ce peuple est même remise en question périodiquement. La définition d'une famille de langues indo-européennes, la manière dont on considère les relations entre les langues qui la forment (formeraient), demeurent sujet à discussions.

Ces discussions ont été malheureusement constamment parasitées par des présupposés, des arrières-pensées, des enjeux, idéologiques et politiques nombreux et divers. Selon Maurice Olender la famille des langues indo-européennes, dès son identification, a été opposée à l'hébreu - langue que l'on imaginait, avant la Renaissance, être la langue originaire de l'humanité[1]. Dès lors les études indo-européennes au XIXème siècle et jusqu'au milieu du XXème siècle ont été exposées à une politisation et une instrumentalisation idéologiques. Le glissements de l'idée de langue originelle commune à celle de peuple originel commun s'est accompli au XIXème siècle dans un cadre intellectuel marqué par le nationalisme et le racisme : les proto-indo-européens, baptisés Aryens furent alors conçus comme une race. Ces conceptions largement répandues dans toute l'Europe du début du vingtième siècle connurent une fortune particulière en Allemagne, en particulier à la suite des travaux de l'archéologue Gustaf Kossinna. Ainsi les études indo-européennes furent la base de ce que Léon Poliakov a appelé le "mythe aryen"[2], qui fut la base idéologique de l'Allemagne nazie, justifiant sa politique raciste et l'extermination des Juifs d'Europe.

La seconde partie du vingtième siècle vit donc l'abandon par la communauté scientifique du concept de race, mais aussi, dans les décennies qui suivirent la seconde guerre mondiale, un désintérêt pour les tentatives de retrouver les traces archéologiques des proto-indo-européens. Cependant c'est aussi à ce moment que Marija Gimbutas développa sa thèse d'un foyer originel en Russie du Sud, basée sur des évidences archéologiques, et qui a profondément renouvelée la question. Cet itinéraire intellectuel particulier et dramatique explique que les débats sont encore parfois extrêmement vifs, notamment en France [3] et que la « croyance » en l'existence ou en la non-existence des Proto-Indo-Européens, car il faut quasiment parler ainsi, puisse parfois découler de positions politiques personnelles qui n'ont aucun rapport avec l'étude scientifique du sujet. Pour le dire autrement, parce que l'extrême-droite s'est emparée des Indo-Européens, l'extrême-gauche les nie[réf. nécessaire]. Pourtant notre connaissance avance, grâce à des études plus sereines et plus académiques menées notamment aux Etats-Unis[4]

[modifier] À la recherche des origines

Au XIXe siècle, les premières recherches entreprises placent le foyer originel de dispersion des peuples indo-européens en Asie. Cette conclusion se fonde surtout sur l'idée que le Sanskrit est, sinon la langue mère, du moins la langue qui conserve le plus d'affinités avec la langue-mère à cause de sa complexité et de ses traits archaïques notamment dans la déclinaison, la conjugaison et la grammaire.

D'autres recherches tentent de déterminer ce lieu en étudiant les racines conservées par un maximum de langues dérivées, de telle sorte que l'on puisse savoir quels végétaux et/ou quels animaux sont connus des PIE. Là où se trouvent ces plantes et ces organismes, se trouvent aussi les lieux où ce peuple aurait vécu. Par le même type de raisonnement, on essaie de reconstituer les éléments de leur culture matérielle primitive.

La troisième piste consiste à rechercher des témoignages archéologiques permettant de détecter la présence en un lieu des PIE à partir de ce que l'on peut supposer de leur mode de vie. Cette piste reste la plus fructueuse, puisqu'elle déboucherait sur l'identification présumée des PIE avec les porteurs de la civilisation des Kourganes dans la steppe pontique, thèse aujourd'hui la plus communément admise, mais pas certaine. De même, on identifie les Celtes avec les porteurs des civilisations de Hallstatt et de la Tène, et les ancêtres des Aryens avec la civilisation d'Andronovo.

Mais la méthode du recours aux témoignages archéologiques suscite des objections. L’archéologue britannique Colin Renfrew [5] souligne l’absence de preuves archéologiques convaincantes[6]. Il propose de voir dans le foyer d'origine des PIE l'Anatolie d'où part la vague de colonisation qui apporte la civilisation néolithique et l'agriculture en Europe à partir du Ve millénaire avant notre ère.

Il faut soigneusement distinguer cette thèse de celle de la « continuité paléolithique » développée par le linguiste italien Mario Alinei. Cette théorie présuppose une évolution continue des populations européennes depuis le paléolithique récent. Les cultures se seraient engendrées les unes les autres au fil des temps sans apport extérieur impliquant une rupture dans l'évolution (qu'aucune recherche archéologiques ne confirmerait). En quelque sorte Alinei rejoint les anciennes conclusions du linguiste Nicolas Troubetskoï qui voit dans la famille des langues indo-européennes un ensemble d'isoglosses ne présupposant pas l'existence d'une langue-mère ni les migrations d'un peuple porteur de cette langue et de sa culture.

L'archéologue français J. P. Demoule parle plutôt de mythe, pour qualifier la position des tenants de l'existence des PIE[7]. La position de Demoule, très adroit pour dépister et dénoncer les intentions idéologiques cachées de ceux qu'il veut contredire, serait la suivante : l'obligation de reconnaître une parenté linguistique, l'existence d'une famille de langues indo-européennes, ne suppose pas nécessairement une origine unique et commune, et la recherche de la région d'origine est gravement obérée par la difficulté à distinguer vocabulaire commun et emprunts. Au modèle de l'arbre généalogique, il faudrait donc substituer celui du réseau : "c'est l'ensemble du modèle linguistique arborescent qui devrait, au vu des recherches ethno-linguistiques et ethno-historiques les plus récentes et après plus d'un siècle d'utilisations incertaines, faire l'objet d'un réexamen sérieux et pluridisciplinaire"[8]. Demoule explique donc les ressemblances linguistiques et culturelles à partir des contacts et emprunts qui ont pu avoir lieu durant des millénaires. Du point de vue linguistique, il s'appuie sur les travaux de Troubetskoï et les études des pidgins et des créoles[9]. Il pointe aussi ce qu'il présente comme des apories du modèle comparatiste, en particulier la question des déclinaisons et leur développement très inégale dans le sanskrit et le hittite.

Enfin, les nationalistes hindous soutiennent volontiers l'origine indienne des PIE, identifiant les porteurs primitifs de la langue et de la culture indo-européennes aux bâtisseurs de la civilisation de l'Indus. Les peuples indo-européens se seraient dispersés à partir de l'Inde, plutôt que d'y être venus de l'extérieur selon le schéma classique de la théorie de l'invasion aryenne. Dans ce cas aussi, l'idéologie détermine la science. Mais en Inde, les marxistes se sont emparés de la théorie indo-européenne pour attaquer la culture et la religion traditionnelles des Hindous, au nom de leur caractère étranger. Portées par les envahisseurs Indo-Aryens, elles auraient aliéné les peuples de l'Inde à un modèle extérieur à son « génie » natif et originel : cette remarque ne se veut pas une justification des positions nationalistes hindouistes, mais constituerait une tentative d'explication généalogique.

[modifier] La thèse de Marija Gimbutas (1956)

L'archéologue américaine d'origine lithuanienne, Marija Gimbutas, est à l'origine de l'identification, la plus généralement acceptée aujourd'hui, entre les PIE et la culture préhistorique des Kourganes en Russie méridionale. Cette culture du mésolithique située entre la Volga et les fleuves de l'Oural se distingue par la domestication précoce du cheval. L'originalité de cette thèse est que, pour la première fois, elle combinait réellement données archéologiques et linguistiques.

[modifier] Société

La structure sociale de ces peuples serait à l'origine formée autour de trois fonctions :

  • souveraineté sacrée (le roi, les prêtres),
  • force armée (les hommes d'arme et leurs chefs),
  • fécondité et production (le peuple),

Ce schéma, jusqu'à présent, n'a été décelé dans aucune autre société.

Les religions des peuples descendants des proto-indo-européens sont également structurées autour de ces trois fonctions.

[modifier] Notes

  1. Maurice Olender, Les langues du Paradis. Aryens et Sémites : un couple providentiel, Paris, 1989
  2. Léon Poliakov, Le mythe aryen, Calmann-Lévy, Paris, 1971
  3. Cat.Inist
  4. IE.org: Contents
  5. http://en.wikipedia.org/wiki/Colin_Renfrew
  6. RENFREW, C. 1987, Archaeology and Language: The Puzzle of Indo-European Origins, London: Pimlico
  7. Demoule Mythe sur mesure
  8. J.-P. Demoule, "Indo-européen(s)" dans André Leroi-Gourhan, Dictionnaire de la préhistoire, 2ème édition, PUF, Paris, 1994
  9. J.-P. Demoule,"Du mauvais usage des indo-européens", L'histoire, 159, 1992, pp. 45-46

[modifier] Bibliographie

[modifier] Articles connexes

[modifier] Lien externe

Un site spécialisé sur les Indo-Européens


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