Prosper Alfaric
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Prosper Alfaric (né à Livinhac-le-Haut le 21 mai 1876 - mort à Paris, le 28 mars 1955), était un historien spécialiste du christianisme.
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[modifier] Biographie
Né dans une famille paysanne de l’Aveyron, Prosper Alfaric, élevé dans la foi catholique est ordonné prêtre en avril 1899. Il enseigne tout d'abord philosophie aux grands séminaires de Bordeaux et de Bayeux avant d'enseigner le dogme au séminaire d’Albi.
Il perd progressivement la foi pour des raisons intellectuelles et abandonne sa condition de prêtre en 1909, en opposition aux positions anti-modernistes du pape Pie X.
Après ses études, portant entre autres sur l'exégèse allemande, Prosper Alfaric, alors prêtre promis à un grand avenir, se sentit "perdre la foi". Quoiqu'il n'était pas un proche d'Alfred Loisy, il sollicita ses conseils pour la préparation de sa reconversion en vue de son abandon de la soutane. Alfred Loisy lui offrit ses conseils et lui ouvrit son carnet d'adresses [1]. Il reprit des études d'histoire, puis se spécialisa dans l'histoire des religions ; il passa sa thèse en Allemagne. En fin de carrière, suite à un débat fort discuté, il fut élu à la chaire d'histoire des religions de l'université de Strasbourg. Comme ses confrères anglo-saxons soutenant la thèse mythiste, il s'agit donc d'un universitaire.
Il approfondit l'étude de la philosophie, sous la férule de penseurs tels que Lucien Lévy-Bruhl, Léon Brunschvicg ou Delbos, et obtient la chaire d’histoire des religions de l’université de Strasbourg en 1919.
Il milite alors à la Ligue de l'Enseignement et à l'Union Rationaliste qu'il présidera en 1955. Il fonde avec Georges Ory le Cercle Ernest Renan en 1949[2], voué à l'histoire des religions, à la critique biblique et à la recherche des origines du christianisme.
[modifier] Les théories mythistes
Il sera frappé d'excommunication majeure en 1932 suite à la publication de son ouvrage, en collaboration avec Paul-Louis Couchoud, Le Problème de Jésus et les origines du christianisme[3] pour ses thèses sur l'inexistence historique de Jésus de Nazareth et de Marie de Nazareth. L'oeuvre de ce grand érudit, à l'origine de la plupart des théories mythistes contemporaines, est cependant restée confinés aux cercles des spécialistes pendant une cinquantaine d'année, jusqu'à ce que le philosophe Michel Onfray préface en 2005 la publication d'un regroupement des articles d'Alfaric sous le titre Jésus-Christ a-t-il existé ?[4].
Alfaric empruntait l'essentiel de sa théorie mythiste à Arthur Drews. L'essentiel de sa thèse repose sur l'absence de mention de Jésus chez les historiens du Ier siècle, en particulier chez Juste de Tibériade. Dans les articles qui en parlent, Alfaric signale que l'oeuvre de Juste a été perdue. Il signale que ses remarques viennent des étonnements de Photius de Constantinople[5] qui, au IXe siècle l'a lue et s'est étonné de n'y rien trouver concernant Jésus. L'historien du XXIe siècle ne peut que s'étonner de l'étonnement d'Alfaric devant l'étonnement de Photius. En effet, l'étonnement de Photius est due à l'image de Jésus telle qu'on le représentait au IXe siècle qui, peut-être, n'avait pas grand chose à voir avec celle qu'avait de lui les contemporains du Maître de Galilée.
Cependant, pour érudits qu'aient pu être ses travaux sur Jésus de Nazareth et le christianisme des origines, Prosper Alfaric ne pourra jamais passer sa thèse mythiste dans les revues scientifiques de validation avec des comités de lecture comme la Revue d'Histoire des Religions[6] non plus que dans la Revue d'Histoire[7]. Elle ne seront publiées que dans les bulletins militants des divers cercles athées comme le Bulletin du Cercle Ernest Renan[2] cercle fondé par Alfaric lui-même en 1949 et les Cahiers Rationalistes, revue de l'Union Rationaliste.
Il se brouilla avec son collègue Charles Guignebert[8] qui démontera d'ailleurs l'ensemble des thèses mythistes [9] dans son Jésus dès 1933[10]. Ainsi, les travaux d'Alfaric sont désormais en bonne partie frappés d'obsolescence tandis que bon nombre de ses thèses se sont trouvées définitivement infirmées par les progrès ultérieurs de la recherche, telle l'idée d'un christianisme aux origines esséniennes.
[modifier] Notes et références
- ↑ Préface de Michel Onfray à la publication d'un regroupement des articles d'Alfaric sous le titre Jésus-Christ a-t-il existé ? Editions Coda - 2005.
- ↑ a b Il convient de le distinguer de la Société Ernest Renan, fondée en 1919 par Paul Alphandéry pour enseigner l'histoire des religions (qu'on ne nommait pas encore le fait religieux dans les écoles) et vulgariser l'histoire du christianisme
- ↑ P. Alfaric, Paul-Louis Couchoud et Albert Bayet, Le Problème de Jésus et les Origines du Christianisme, Bibliothèque Rationaliste, Les œuvres représentatives, Paris, 1932
- ↑ Cf bibliographie
- ↑ Celui-là même du monoénergisme et du schisme de Photius
- ↑ Revue de Émile Guimet
- ↑ Revue de Gabriel Monod
- ↑ François Laplanche, La crise de l'origine : La science catholique des Évangiles et l'histoire au XXe siècle, Albin Michel, coll. « Bibliothèque de l'évolution de l'humanité », Paris, 2006, p. 98
- ↑ Sans jamais parler de celles de son collègue, qu'il avait poussé pour l'obtention de la chaire de Strasbourg,
- ↑ Charles Guignebert, Jésus, éd.La Renaissance du Livre 1933, rééd. Albin Michel 1969
[modifier] Bibliographie
[modifier] Oeuvre de Prosper Alfaric
- Jésus a-t-il existé ?, préfacé par Michel Onfray, éd. Corda, 2005
- A l'école de la raison : études sur les origines chrétiennes, éd. Nouvelles éditions Rationalistes, 1988 (1re éd. 1959)
- De la foi à la raison, éd. Nouvelles éditions Rationalistes, rééd. 1984 (1re éd. 1932)
- Origines sociales du christianisme, Publications de l’Union Rationaliste, 1959
- Jean Macé, Fondateur de la Ligue Française de l'Enseignement, éd. Le Cercle Parisien, 1955
- Les manuscrits de la "Vie de Jesus" d'Ernest Renan, éd. Les Belles Lettres, Publications de la Faculté des Lettres de l'Universite de Strasbourg, 1939
- Pour comprendre la vie de Jésus, Examen critique de l`évangile selon Marc, éd. Rieder, Paris, 1929
- Laromiguiere et son École, éd. Les Belles Lettres, 1929
- Les écritures Manichéennes, 2 tomes : I. Vue Générale et II. Étude Analytique, éd. Émile Nourry, 1918