Produit de contraste
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En imagerie médicale, un produit de contraste est un médicament administré par voix orale (per os), anale, vaginale, urinaire ou injecté par voie intraveineuse ou intra-articulaire, afin de créer un contraste artificiel sur une structure anatomique ou pathologique naturellement peu ou pas contrastée (difficilement différentiable des structures voisines) pour une imagerie radiologique.
Ces produits s'utilisent au sein de deux grandes classes d'imagerie : la radiographie et l'imagerie par résonance magnétique.
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[modifier] Imagerie par rayons X
Pour l'imagerie par rayons X (radiographies, tomodensitométries, coronarographies...) sont utilisés des produits de contraste iodés (hydrosolubles). Ils bloquent les rayons X (grâce à l'iode qui possède un numéro atomique élevé : 53). Injectés par voie veineuse ou artérielle, ces produits permettent de «blanchir» un réseau vasculaire ou certains organes :
- Reins, urètre, uretère et vessie pour l'urographie.
- Tout le lit vasculaire et la bio-distribution qui s'en suit.
- Les cavités intra-articulaires (genou, épaule) et utérines.
En résumé la pharmaco-cinétique est la suivante ; après injection :
* Une phase vasculaire : Très rapide (quelques secondes), elle correspond à une homogénéisation de la concentration plasmatique, compte tenu de l'embol d'injection, du flux sanguin et du débit cardiaque. Cette phase permet l'imagerie vasculaire (le produit restant dans le lit vasculaire).
* Une phase de diffusion dans l'interstitium : Rapide (quelques minutes) elle correspond à l'atteinte d'un état d'équilibre. En imagerie cette phase permet de marquer le système veineux (et la distribution dans certains organes vascularisés).
* Une phase d'élimination urinaire : Tardive par rapport aux précédentes, elle est notable dans les quinze minutes qui suivent l'injection. Elle permet par exemple l'exploration radiologique des reins et de la vessie.
Les principales caractéristiques de ces produits sont : la viscosité, l'osmolalité et l'hydrophilie. Le produit iodé est éliminé par voie urinaire (par filtration glomérulaire, sans réabsorption ni secrétion et sous forme inchangée). Comme pour tout produit étranger introduit dans le corps il peut y avoir quelques manifestations indésirables.
Les produits barytés, (contenant du sulfate de baryum), non-hydrosolubles, atténuent également les rayons X et permettent d'obtenir un meilleur contraste sur le cliché radiologique. On s'en sert pour remplir le tractus digestif et réaliser différents examens radiologiques permettant d'imager le larynx, œsophage, l'estomac, l'intestin grêle et le colon. Ces produits sont aborbés par voie haute ou basse. Ces produits sont formellement contre-indiqués en cas de brèches ou de perforations de la paroi digestive.
[modifier] Effets secondaires
Les produits de contraste iodés par voie intraveineuse peuvent provoquer un flush, sensation transitoire de chaleur diffuse, sans danger. Ils peuvent faciliter des nausées, imposant que l'examen soit fait à jeûn.
Ils peuvent donner une réaction allergoïde (on parle à tort dd'allergie à l'iode, ce qui est un abus de langage) allant d'un simple sensation de démangeaison jusqu'au choc anaphylactique et œdème de Quincke pouvant comporter un risque pour le patient. Ces réactions sont rares (0,01 à 0,04 % de réactions sévères dans le cas de produits dits "monomères non ioniques"). Les facteurs de risque les plus courants sont l'existence d'un terrain allergique, une réaction préalable à un produit de contraste ou un traitement par l'interleukine-2.
Chez les patients en insuffisance rénale, ils peuvent majorer cette dernière. Il est important que les patients insuffisants rénaux en informent les radiologues ou cardiologues avant une procédure impliquant l'administration d'un agent de contraste.
[modifier] Précautions d'emploi
- Chez les patients allergiques connus, des médicaments antihistaminiques (contre l'allergie) sont administrés avant ou peu avant l'examen. Ce traitement peut être complété éventuellement par l'injection de corticoïdes dans certains cas.
- Chez les patients en insuffisance rénale modérée, une hydratation correcte du patient avant et après l'examen est esentielle. La prise de N-acétyl-cystéine pourrait avoir un effet protecteur (controversé). Chez les patients en insuffisance rénale , l'injection de produits de contraste iodés doit être réalisée avec précautions (hydratation, réduction du volume injecté, contrôle de la fonction rénale 3 à 4 jours après l'examen). Si le patient est dialysé, l'examen peut être fait sans problème.
[modifier] Imagerie par résonance magnétique (IRM)
Pour l'imagerie par résonance magnétique (IRM), le principe actif des produits de contraste est le gadolinium (qui ne devient biocompatible que lorsqu'il est chélaté). Ce lanthanide a la propriété de posséder sept électrons célibataires non appariés, ce qui va réduire les temps de relaxation longitudinale (T1) et transversale (T2) des tissus qui le captent, permettant ainsi la création d'un signal plus important en T1. Ce signal récupéré et retraité par l'informatique donnera une image plus contrastée. Ces produits gadolinés sont également injectés par voie intra-veineuse et permettent en se répartissant dans le réseau veineux et interstitiel, d'imager l'ensemble du corps humain.
La pharmacocinétique est la même que pour les produits iodés (cf précédemment).
Comme pour les produits iodés, le produit gadoliné est éliminé par voie urinaire (par filtration glomérulaire, sans réabsorption ni secrétion et sous forme inchangée). Un lien a été proposé entre l'administration de certains produits gadolinés et la survenue de fibrose systémique néphrogénique chez les patients insufisants rénaux sévères, pathologie très rare mais grave. Le mécanisme de cette maladie reste obscur.
[modifier] Imagerie en médecine nucléaire
Pour l'imagerie nucléaire, les produits sont des isotopes qui se fixent sur certains organes ; chaque isotope possède un tropisme avec un organe cible ou un métabolisme particulier. Puis une gamma-caméra permet de visualiser les zones de fixation des produits.
Ils ne sont pas, à proprement parler, des produits de contraste car ils ne réhaussent pas un contraste inexistant (l'image d'un organisme sans ces produits est complètement vierge en médecine nucléaire). On parle alors plutôt de traceurs.
[modifier] Imagerie en échographie
En échographie, on peut utiliser un produit de constraste qui se compose d'un liquide éjecté par voie sanguine contenant de petites bulles de gaz composées d'air (Albunex®), dioxyde de carbone et fluoropentane dans une capsule à base d'albumine, acides gras (liposomes) et saccharose.
Ces petites bulles vont créer une différence d'échogénicité, à l'origine d'un artéfact (artéfact d'interface), entre le sang (devenant hyperéchogène) et les parois des vaisseaux sanguins normalement indifférenciable en échographie, Il permet aussi de se faire une idée plus précise de la vascularisation d'une région ou d'un organe.
Certains de ces produits de contraste (Sonovist®) sont capables de passer en extra-vasculaire pour être phagocyté par les cellules Küpffer révélant ainsi un contraste foie sain/tumeurs hépatiques.
Une fois l'examen terminé, on fait éclater les bulles de gaz en changeant la fréquence des ultrasons ; celui-ci se dissout alors dans le plasma sanguin.