Pramoedya Ananta Toer
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Pramoedya Ananta Toer né le 6 février 1925 à Blora, Java Centre et mort le 30 avril 2006 à Jakarta, souvent appelé plus simplement « Pram », est un des plus grands écrivains indonésiens contemporains, et le plus connu à l'étranger. Il est l'auteur de plus de 50 œuvres et a été traduit dans plus de 41 langues — toutefois une petite partie d'entre elles seulement ont été traduites en français (trois titres tout au plus sont disponibles).
Sommaire |
[modifier] Jeunesse
Né en 1925 à Blora dans l'île de Java, fils aîné d'un père instituteur, proche du Budi Utomo[réf. nécessaire], et d'une mère marchande de riz.Son grand-père maternel avait effectué le hajj à La Mecque[1], il fréquenta l'école professionnelle de radio de Surabaya dont il sera tout juste diplômé lorsque l'invasion japonaise débuta, durant l'occupation il travaillera comme dactylo pour un quotidien japonais durant l'occupation du pays par les troupes nippones.
[modifier] Après l'indépendance
Pram commence sa vie d'homme de lettres en tant que journaliste. Lors du conflit qui oppose l'Indonésie aux Pays-Bas à la suite de la proclamation de l'indépendance en 1945, Pram s'engage du côté du mouvement nationaliste indonésien, c'est-à-dire les indépendantistes et rejoint un groupe paramilitaire à Java Ouest, écrivant nouvelle et livre comme il continuera de le faire durant son incarcération à Bukit Duri par les Hollandais de 1947 à 1949. Ces premières années de prison — il en connaîtra bien d'autres — sont mise à contribution pour écrire ses deux premiers romans.
Après sa libération, Pram publie dans les années cinquante un nombre important de nouvelles, son genre de prédilection, il séjourne aussi au Pays-bas dans le cadre d'un programme d'échanges culturels. Politiquement à gauche, il se rapproche de la Chine communiste, notamment lors d'un premier séjour en 1956, il se rend également en URSS. Journaliste hors-pair n'appréciant pas le style tiède et généraliste des ses contemporains, il se livre à de véritables joutes journalistiques en leur opposant son écriture engagée.
En 1960, il est de nouveau jeté en prison sans jugement pour un an par le gouvernement de Soekarno après avoir dénoncé la politique de discrimination politique à l'encontre de la communauté chinoise d'Indonésie dans son livre Les Chinois en Indonésie.
[modifier] Victime du G30S
Après une brève période de liberté, il sera pris dans la tourmente des événements de 1965-1966 où, à la suite d'un coup d'État manqué par des officiers de gauche, le nouvel homme fort, le général Soeharto, décrète la dissolution du Partai Komunis Indonesia (PKI, le parti Communiste Indonésien). De 500 000 à un millions de personnes sont massacrées. Pram est accusé d'appartenance au PKI par le gouvernement de Soeharto, ce qui n'a jamais été prouvé. Il est à nouveau, pour la troisième et dernière fois, jeté en prison. Il passera cette longue période de détention (de 1965 à 1979) au bagne de Buru, où il conçoit la "Tétralogie de Buru" (Tetralogi Buru) qu'il commence par raconter à ses codétenus, puis rédige par la suite.
Pram est libéré de prison en 1979 mais demeure en résidence surveillée à Jakarta jusqu'en 1992. Pendant ce temps, il écrit Gadis pantai (La fille de la côte), un roman mi-fiction inspiré de la vie de sa grand-mère. Il écrit aussi Nyanyi Sunyi Seorang Bisu (Chanson silencieuse d'un muet, 1995), une autobiographie fondée sur des lettres écrites à sa fille mais qu'il n'avait pas le droit de lui envoyer, et Arus Balik (1995).
Pram est mort le 30 avril 2006 à Jakarta, sans avoir obtenu la consécration internationale d'un prix Nobel de littérature pour lequel il avait pourtant été proposé à plusieurs reprises. Il aura été tout de même décoré un certain nombre de fois, son dernier prix d'honneur étant le titre de « Docteur Honoris Causa" de l'université du Michigan en 1999.
Son œuvre la plus connue en France, Le Monde des hommes (Bumi manusia), est une des rares traduites en français (seulement quatre de sa trentaine d'écrits ont été traduit en français) et la première partie de la tétralogie de Buru. Certains pensent qu'il a emprunté ce titre à Saint-Exupéry pour rendre hommage à Terre des hommes. Un article du 4 avril 2006 paru dans "Le Monde" raconte que l'auteur n'aurait ajouté le personnage de Nyai Ontosoroh qu'après sa libération de Buru. Ce roman rare a été interdit en Indonésie jusqu'en septembre 2005.
Pram, Javanais, dénonçait la culture javanaise, dans laquelle il voyait les fondements de la dictature imposée à l'Indonésie par Soeharto, également Javanais. Pour lui, le "javanisme" (c'est-à-dire le kejawen, la culture traditionnelle javanaise) était tout simplement le fascisme javanais.
[modifier] Quelques œuvres de Pramoedya traduites en français
- Le Monde des hommes, Collection Rivages, Payot, 2001, 444 p.
- Quatre nouvelles in Histoires courtes d'Indonésie, Éditions de l'École Française d'Extrême-Orient, 1968
- Corruption, Éditions Picquier, 1981
- Le Fugitif, Éditions 10/18, 1997.
- La Fille du Rivage (Gadis pantai), Collection Du monde entier, Gallimard, 2004, 288 p.
- La vie n'est pas une foire nocturne, Collection Connaissance de l'Orient, Gallimard, 1993, 238 p.
[modifier] Notes
- ↑ Adrian Vickers, A History of Modern Indonesia, Cambridge University Press, New York, 2005, 53 p. (ISBN 0-521-54262-2)