Pierre Gemayel
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Cheikh Pierre Gemayel (nom aussi épelé Jumail ou Jumayyil, Cheikh est un titre honorifique dans les pays arabes) (1905-1984) (الشيخ بيار الجميّل) était un leader politique libanais de la famille Gemayel. Il est resté comme le fondateur du parti Kataeb (aussi connu sous le nom de parti phalangiste), un homme influent au parlement, et pour être le père de Bachir Gemayel et Amine Gemayel, tous les deux élus, de son vivant, président du Liban. À la fin des années 30 et au début des années 40, il s'opposa au mandat français sur le Liban, et plaida pour un état indépendant de tout contrôle étranger. Il a été connu pour ses manœuvres politiques habiles, qui l'ont mené à prendre des positions qui ont été vues par ses défenseurs comme pragmatiques, mais par ses adversaires comme contradictoires, ou même hypocrites. Par exemple, bien que manifestant en public sa sympathie pour la cause palestinienne, il a, en privé, cultivé des relations avec des agents israéliens. Politicien controversé, il a survécu à plusieurs attentats.
[modifier] Les débuts
Pierre Gemayel est né le 6 novembre 1905, dans la ville de Mansoura, Égypte. Il est originaire du village de Bikfaya (Liban) où sa famille tient un rôle prééminent depuis 1540. Forcés de fuir en Égypte après avoir été condamnés à mort en 1914 pour s'être opposés à l'Empire ottoman Gemayel, catholique maronite élevé à l'école des jésuites, fit des études de pharmacie à la faculté de médecine de Beyrouth, où il ouvrit plus tard une officine. Il s'intéressa aussi au sport, et mena l'équipe du Liban aux jeux olympiques de 1936 à Berlin, où il put observer l'organisation du parti nazi. Bien que rejetant l'idéologie hitlérienne, il en a admiré la formidable organisation et son efficacité, et la même année, à son retour au Liban, il fonda le parti Kataeb, et l'organisa selon une structure similaire.
Charles Helou, qui sera plus tard président du Liban de 1964 à 1970, a travaillé avec Pierre Gemayel à l'organisation du parti à ses débuts. Au moment de sa présidence, pourtant, Helou n'était plus membre du parti, et Gemayel tenta sans succès de s'opposer à lui lors de l'élection présidentielle de 1964.
[modifier] Un leader de l'indépendance
Dans les années précédant l'indépendance, l'influence de Gemayel et du parti Kataeb étaient limitées. Il survécut à une tentative française de le dissoudre de force en 1937 et prit part à un soulèvement contre le mandat français en 1943, mais même s'il comptait 35 000 membres, il opérait à la frange de la vie politique libanaise. Ce n'est pas avant la guerre civile de 1958, que Gemayel émergea comme leader des mouvements de droite (majoritairement chrétiens) qui s'opposaient aux mouvements d'inspiration Nasseristes qui tentaient de renverser le gouvernement du président Camille Chamoun. Au lendemain de la guerre, Gemayel a été nommé ministre dans un gouvernement d'unité nationale. Deux ans plus tard, Gemayel est élu à l'assemblée nationale, pour la circonscription de Beyrouth, siège qu'il occupa jusqu'à la fin de sa vie. À la fin des années 60, le parti Kataeb avait neuf sièges à l'assemblée nationale, en faisant un des plus grands groupes au sein d'un parlement notoirement divisé. Bien qu'il ait échoué par deux fois aux élections présidentielles en 1964 et en 1970, Gemayel a continué à occuper des postes importants pendant le quart de siècle suivant.
Le Liban a été à proximité des champs de bataille des guerres israelo-arabes, et Gemayel a souvent changé de position à ce sujet. Ses partisans y ont vu un signe de flexibilité, tandis que ses détracteurs y ont vu un signe d'incohérence. Gemayel s'opposa à la signature des accords du caire imposés au gouvernement libanais.Dans les années 70, il s'opposa à la présence palestinienne armée au Liban. Le parti Kataeb a entretenu une milice privée, qui sera commandée par son fils Bachir, et qui a été pendant un moment armée, entrainée, et financée par Israël.
Gemayel changea aussi de position à propos de l'intervention syrienne durant la guerre du Liban de 1975 à 1990. Il accueillit d'abord favorablement l'intervention syrienne, mais il devint bientôt convaincu que la Syrie occupait le Liban pour des raisons qui lui étaient propres. En 1976, il rejoignit la plupart des leaders chrétiens principaux, y compris l'ancien président Camille Chamoun, le diplomate Charles Malek, et le leader radical Étienne Sacr, pour s'opposer à l'occupation syrienne. Le 11 octobre 1978, Gemayel a amèrement dénoncé la présence militaire syrienne, et le front libanais se joignit à l'armée libanaise dans la guerre de 100 jours, perdue contre l'armée syrienne.
[modifier] La succession
Gemayel vit son plus jeune fils, Bachir Gemayel, être élu président du Liban le 23 août 1982, et être assassiné le 14 septembre, neuf jours avant son entrée en fonction. Il n'y a jamais eu aucune certitude quant à l'identité des assassins, bien qu'on pense généralement que le régime syrien était derrière eux. Le plus vieux frère de Bachir, Amine Gemayel a été élu à sa place. Pierre Gemayel resta d'abord en dehors du gouvernement de son fils, mais bientôt en 1984, après avoir participé à deux conférences à Genève et à Lausanne en Suisse, qui ont contribué à mettre fin à la guerre civile et à l'occupation du pays par les troupes syriennes et israéliennes (qui avaient envahi le pays en 1982), il accepta de participer encore une fois à un cabinet d'union nationale. Il était toujours en poste quand il mourut à Bikfaya, le 29 août 1984, âgé de 78 ans.