Nikolai Kondratiev
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Nikolai Dmitrijewitsch Kondratieff (1892 - 1938), est un économiste soviétique, célèbre pour sa théorie des cycles économiques, déporté et mort fusillé au Goulag pendant la répression stalinienne.
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[modifier] Biographie
Kondratiev fut membre du parti SR sous le tsarisme. Pendant la révolution russe de février 1917, il fut adjoint au ministre du Ravitaillement des gouvernements Lvov et Kerensky. Dans les années 1920, il est le brillant directeur de l'Institut des Conjonctures Economiques au Commissariat du Peuple aux Finances. Son passé, mais aussi ses théories gênantes démontrant que le capitalisme reprendrait son expansion après chaque crise, lui valut les foudres de Staline. En 1930, Kondratiev fut un accusé-vedette du procès truqué du "Parti Industriel", une conspiration imaginaire dont on l'accusa d'être un pivot. Condamné à la déportation au Goulag, il y mourut sept ans plus tard, fusillé pendant les Grandes Purges.
[modifier] Théorie des cycles économiques
Au cours des années 1920, Nikolaï Kondratieff a émis l'hypothèse de l'existence de cycles longs à partir de séries chronologiques des prix de gros au Royaume-Uni et aux États-Unis de 1790 à 1920.
Bien que ses conclusions présentent certaines faiblesses (traitement statistique contestable de certaines données, non convergence des cycles dans tous les pays), Kondratieff est devenu célèbre pour sa thèse de cycles récurrents tous les 30 à 60 ans (1792-1850, 1850-1896, et 1896-1940) dont la phase ascendante est caractérisée par une forte croissante et une prise de risque élevée des entreprises, qui se multiplient (entreprises de type familial). La phase B ou descendante(appelée dépression) souvent accompagnée de phénomènes critiques ponctuels (ex: crise des années 20) est caractérisée par une hausse du chômage et une concentration des entreprises pour survivre face à la crise.
Plusieurs économistes ont essayé d'émettre des théories explicatives de Kondratieff. Parmi celles-ci, on notera :
- La théorie de la demande des biens d'investissements et du principe de l'accélérateur : la reprise des investissements démarre toujours plus tard et plus lentement que la reprise de la consommation et puis s'accélère de sorte qu'à une fluctuation donnée de la demande de consommation correspond une fluctuation plus que proportionnelle de la demande d'investissements.
- « La vie économique ressemble à une pièce qui contient un poêle à charbon. Ayant froid, l'occupant de la pièce allume le poêle et le bourre de plus en plus tant qu'il n'a pas assez chaud. Mais lorsque tout le charbon est enflammé, il fait trop chaud. L'occupant cesse alors d'alimenter le poêle jusqu'à ce qu'il ait de nouveau froid. Mais alors, il aura froid pendant un certain temps, et ainsi de suite. » Florin Aftalion, cité par H. Denis, Histoire de la pensée économique, PUF, Thémis, 1966, p. 533.
- La création monétaire et l'inflation qui en résulte provoqueraient des crises financières qui ralentiraient la production et provoqueraient les phases de retournement.
- Les structures des systèmes économiques et surtout leurs transformations sont également évoquées : tant que des zones motrices de l'économie mondiale ont le monopole sur des secteurs innovants (Royaume-Uni du XIXe siècle, États-Unis au XXe siècle) la croissance est rapide. Dès que la compétition s'installe, les cartels sont brisés, les prix et les profits diminuent. Le cycle peut recommencer lorsque de nouveaux pays redeviennent moteurs de l'innovation économique.
Sa théorie des cycles a remis en cause les thèses marxistes projetant la chute du mode de production capitaliste.
[modifier] Bibliographie
- Oleg Khlevniouk, Le Cercle du Kremlin. Staline et le Bureau Politique dans les années 1930 : les jeux du pouvoir, Seuil, 1996 (pour l'affaire Kondratiev).