Monde musulman pendant la Seconde Guerre mondiale
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Cet article traite des liens qui ont existé entre le Monde musulman, les Alliés et les forces de l'Axe.
Le monde musulman fut un champ de bataille géographique et idéologique pour les Alliés et les forces de l'Axe. Il était d'un grand intérêt pour ses ressources minérales, routes, et parfois pour ses ressources en hommes.
Durant la première moitié du XXe siècle, la très grande majorité des pays actuels du monde arabo-musulman n'était pas indépendante. Les empires coloniaux français et anglais, ainsi que l'URSS, en avaient en grande partie le contrôle.
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[modifier] Proche et Moyen-Orient
[modifier] Afrique du nord
Après le coup d'État du 8 novembre 1942 à Alger, dans le cadre de l'opération Torch, de nombreux musulmans des colonies nord-africaines furent engagés dans les forces alliées au sein des Forces françaises libres et engagés sur les fronts italiens et français. En Algérie, la conscription engagea environ autant de musulmans que de pieds-noirs (européens) dans l'armée française. Les tirailleurs marocains (goumiers), souvent d'origine berbère, furent en revanche tous des volontaires. Les futurs présidents de l'Algérie Ahmed Ben Bella et Mohammed Boudiaf, engagés volontaires et décorés.
Par contre, durant l'Occupation en France métropolitaine, plusieurs centaines de nord-africains s'engagèrent dans la Milice française, constituant la Légion nord-africaine.
[modifier] Protectorats britanniques
Dans les régions sous contrôle britannique, Égypte, Palestine etc. des mouvements indépendantistes et nationalistes arabes voient dans les forces de l'Axe un moyen de s'émanciper de la tutelle coloniale. C'est ainsi que des dizaines de juifs sont arrêtés au Caire en 1942, en prévision d'une éventuelle arrivée des troupes allemandes.
Les Allemands exploitèrent le ressentiment contre la domination britannique et se trouvèrent des alliés, ainsi le Grand Mufti de Jérusalem Amin al-Husseini, ou encore Rachid Ali en Irak, dont les Britanniques durent écraser le putsh en avril-mai 1941.
Une unité de la Waffen SS fut constituée de volontaires issus du sous-continent indien: la SS Freies Indien Legion, dont les membres étaient musulmans, hindous ou sikhs.
[modifier] Iran
Les rapprochements de Reza Shah avec l'Allemagne qui contribuait beaucoup à l'industrie du pays (premier partenaire commercial de l'Iran en 1939) inquiètent les Britanniques. Quand la guerre éclate, les Britanniques demandent à Reza Shah d'expulser les citoyens allemands du pays, ce qu'il refuse. Reza Shah, ayant déclaré la neutralité de l'Iran, refuse à nouveau une demande des alliés de se servir du pays pour faire passer des munitions, ce qui pousse la Grande-Bretagne et l'URSS à envahir l'Iran le 25 août 1941. Reza Shah est forcé à abdiquer en faveur de son fils Mohammad Reza Pahlavi. Les alliés se servent du pays pour faire parvenir du matériel militaire à l'URSS, grâce au corridor perse[1].
[modifier] Populations musulmanes d'Europe de l'est
Les Bosniaques musulmans et les Albanais musulmans furent pour certains des alliés objectifs des forces de l'Axe en raison de leurs contentieux avec les Serbes. Mais bon nombre entrèrent dans la résistance communiste en Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Albanie, Monténégro, Serbie, Bulgarie dirigée par Tito. Le cœur de la résistance, la République de Bihać, était peuplé majoritairement de musulmans.
En 1943, le grand Mufti de Jérusalem, Hadj Amin al-Husseini trouve chez les nazis des alliés de circonstance, car il combattait la réinstallation des Juifs en Palestine (Il voulait même créer une légion SS Palestinienne.). Il se rend en Yougoslavie et participe à la formation de la 13e division SS de montagne Handschar et de la 23e division SS de montagne Kama[2]. Cette division est composée de Bosniaques musulmans. Furent aussi créées des divisions SS albanaises, à majorité musulmanes; voir 21e division SS de montagne Skanderberg.
Après la guerre, la Yougoslavie demandera, sans succès, l'extradition d'Égypte du grand mufti de Jérusalem afin qu'il soit jugé.
Des divisions SS furent aussi constituées de musulmans du Caucase et d'Asie Centrale. Voir l'article: Unités de la Waffen SS.
[modifier] Autres régions
La Turquie sous la présidence de Mustafa Kemal Atatürk avait une politique fortement anti-nazie, Mustafa Kemal se réconcilie avec la Grèce de Venizélos et la France. Il se rapproche également de la Yougoslavie et de la Roumanie pour verrouiller les Balkans contre l'influence de l'Allemagne nazie. Il nomma un dönmeh à la tête du Ministère des Affaires Etrangères.[3] La Turquie a par ailleurs accueilli de nombreux universitaires allemands d'origine juive fuyant le nazisme, comme Hirsch, Neumark, Eckstein, Reichenbach ou encore Richard von Mises. [4] Pendant la seconde guerre mondiale, la Turquie présidée par Ismet Inönü reste neutre et ne déclara la guerre à l'Allemagne que fin février 1945.
On trouvait aussi des musulmans dans:
- l'Armée Britannique, majoritairement originaires du sous-continent indien et d'Afrique Noire.
- l'Armée Rouge, majoritairement originaires d'Asie Centrale et du Caucase.
- l'Armée Américaine, majoritairement des noirs-américains convertis à l'Islam.
- l'Armée Française: outre les nord-africains cités plus haut, il faut ajouter les musulmans d'Afrique Noire française.
[modifier] Références
- ↑ (en) Ehsan Yarshater, «Iran - Mohammad Reza Shah (1941 - 1979)», in Encyclopædia Iranica en ligne
- ↑ The Role of the SS Handschar division in Yugoslavia's Holocaust
- ↑ Alexandre Adler : Rendez vous avec l'Islam, p.189
- ↑ Alexandre Adler : Rendez vous avec l'Islam, p.170
[modifier] Liens externes
[modifier] Bibliographie
- Stafano Fabei, Le Faisceau, la croix gammée et le croissant, Akribea, 2006.
- Roger Faligot, Rémi Kaufer, Le croissant et la croix gammée - les secrets de l'alliance entre l'Islam et le nazisme d'Hitler à nos jours, Albin Michel, 1990
- Paul Landau, Le Sabre et le Coran. Editions du Rocher 2005.
- Claudio Mutti, Le Nazisme et l'islam, éd Ars Magna