Marie Say
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La princesse Amédée de Broglie, née Marie Charlotte Say, à Verrières-le-Buisson, le 25 août 1857, morte à Paris le 15 juillet 1943, est l’héritière d'un industriel du sucre, Constant Say, et la petite-fille de Louis Say. Elle épouse, le 8 juin 1875, le prince Henri Amédée de Broglie (1849-1917). Ils eurent cinq enfants :
- Eugène Marie Albert (1876-1922) ;
- Antoinette (1877-1877) ;
- Jean Victor Amédée Marie Jacques (1878-1974) ;
- François Marie Constant Amédée Robert (1880-1956) ;
- Stéphanie Pauline Marie Amédée Marguerite (1883-1973) (Madame Guy de Lubersac, puis Madame André Pariente).
Le 17 mars 1875, à 16 ans, elle achète pour 1.706.500 francs-or, payée "sur ses économies de jeune fille", le château de Chaumont-sur-Loire, sur adjudication prononcée par le tribunal civil de la Seine, et se marie, mineure, le 8 juin suivant.
Avec son époux, elle y fait réaliser de fastueux aménagements par l'architecte Ernest Sanson : restitution de nombreux éléments du décor extérieur et intérieur dans l'esprit néorenaissance, construction d'importantes et luxueuses écuries "à l'anglaise" bénéficiant d'aménagements modernes (eau courante et électricité notamment), etc. A partir de 1884, le parc est recréé par le paysagiste Henri Duchêne. Pour ce faire, des maisons vétustes, encombrant les abords du château, sont démolies et leurs habitants relogés sur les bords de la Loire, tandis que la vieille église et le cimetière sont déplacés et reconstruits. L'alimentation en eau du domaine est complétée par un pompage sous la Loire. Le coût de ces énormes travaux s'élève à 560.000 francs-or sans entamer pour autant le capital d'une fortune colossale.
Les Broglie constituent également par acquisitions successives un immense domaine agricole et forestier de 2.500 hectares, édifient une ferme-modèle, offrent des chasses à courre rivalisant avec les chasses présidentielles de Rambouillet et les "tirés" des Rotschild à Ferrières, et font également construire un golf privé.
Pendant près de quarante ans le château est ainsi le cadre de fêtes somptueuses, pour lesquels par exemple on fait venir la troupe de la Comédie-Francaise ou l'Opéra de Paris et son orchestre, dans un train de maison princier.
André de Fouquières raconte que « la princesse, éprise de splendeurs orientales, aimait à recevoir les grands seigneurs des Indes, les maharajahs de Kapurthala, de Baroda, de Patiala. » Le maharajah de Kapurthala lui fit d'ailleurs présent d'une éléphante nommée miss Pungi. « Sans doute à cause d'une fortune qui lui permettait toutes les fantaisies, [elle] se montrait quelque peu despotique. A l'hôtel, craignant d'être incommodée par le bruit qu'auraient pu faire ses voisins, elle exigeait une chambre isolée, c'est-à-dire qu'aucun appartement, ni à gauche, ni à droite, ni au-dessus, ni au-dessous ne devait être occupé – ce qui augmentait singulièrement ses notes de séjour… Mais ce n'était là pour elle qu'un futile détail. »
En 1905, le "krach Crosnier", au terme duquel le directeur général de la Raffinerie Say, François-Ernest Crosnier - qui avait utilisé les fonds de la société pour spéculer sur le coton - se suicida le 27 août, amoindrit les revenus de son patrimoine. On dit qu'après une première chute de la Bourse qui lui avait fait perdre plusieurs millions, elle dit d'un ton léger à son mari : « Nous allons devoir réduire notre train de maison… J'ai décidé de supprimer les sandwiches au foie gras avec le thé. » Mais de nouveaux revers contraignirent à des mesures plus drastiques. L'éléphante - dont la seule construction de l'"aouda" et la nourriture représentaient une dépense de vingt chevaux - fut soignée par quatre cornacs successifs avant d'être donnée au Jardin d'acclimatation de Paris où, amoureuse dédaignée du grand éléphant mâle, elle dépérit et mourut.
- source : Jacques de Broglie, "Histoire du château de Chaumont" (1943), cité dans "En Sologne, la Belle Epoque des Châteaux", , numéro spécial du Journal de la Sologne et de ses environs, juin 1992 , p.63.
Veuve en 1917, la princesse se remarie, en 1930, avec le prince Louis-Ferdinand d'Orléans, Infant d'Espagne (1888-1945). L’annonce fait scandale : Louis-Ferdinand est âgé de près de 42 ans alors que Marie en a 73. Cet époux volage et peu scrupuleux acheva de dilapider la fortune de sa femme. Il faut vendre l'hôtel particulier de la rue de Solférino puis, en 1938, le château de Chaumont, cédé à l'État pour 1.800.000 francs.
En 1943, la princesse quasi-ruinée meurt, à 86 ans, dans un modeste appartement de la rue de Grenelle.
