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Marcel Aymé - Wikipédia

Marcel Aymé

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Marcel Aymé est un écrivain français, auteur de comédies, de romans, de contes et de nouvelles, né à Joigny le 29 mars 1902 et mort à Paris le 14 octobre 1967.

De nombreux films, téléfilms et dessins animés ont été tirés de ses œuvres.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] L’enfance

Puîné d'une famille de six enfants, orphelin de mère à l'âge de deux ans, ce fils d'un maréchal-ferrant est élevé par ses grands-parents maternels qui exploitent une tuilerie à Villers-Robert, Jura[1]. Le village lui servira de décor pour La Jument verte et de nombreux autres romans tels que La Vouivre, Gustalin ou encore La Table aux crevés (1929). C'est de ce monde-là qu'il s'inspire pour décrire les très vives passions politiques, anticléricales ou religieuses du monde rural. Il expérimente d'ailleurs lui-même ces querelles à l'intérieur de sa propre famille puisqu'il faudra attendre la mort du grand père (anticlérical) pour le faire baptiser à l'âge de sept ans. En 1910, à la mort de sa grand mère, il est pris en charge par une tante, employée de magasin, qui le place en pension au collège de Dole, mais il retourne passer ses vacances à la campagne où il se fait berger à l'occasion[2] . Bien qu'élève médiocre, il prépare le concours de Polytechnique ; toutefois l'épidémie de grippe espagnole qui sévit à l'automne 1919 met fin à ses études et le laissera longtemps d'une santé fragile[3].

[modifier] L’écrivain débutant

Après son service militaire (1923), il arrive à Paris où il exerce les métiers les plus divers : employé de banque, agent d'assurance, journaliste. Il ne se trouve aucun talent :

« Petit provincial cornichon, pas plus doué pour les lettres que ne l'étaient alors les dix milles garçons de mon âge, n'ayant seulement jamais été premier en composition française (…) je n'avais même pas ces fortes admirations qui auraient pu m'entraîner dans un sillage[4].  »

Il profite pourtant d'une convalescence pour écrire son premier roman très remarqué : Brûlebois publié en 1926, puis Aller-retour (1927), et La Table aux crevés (1929) qui obtient cette même année le prix Renaudot. Mais c'est avec La Jument verte (1933) que Marcel Aymé obtient la grande notoriété. À partir de là, il considère la littérature comme un métier, il se lance en même temps dans le cinéma et commence à s'intéresser au théâtre. C'est avant la Seconde Guerre mondiale qu'il a écrit Vogue la galère, pièce qui ne sera jouée qu'en 1947[5].

[modifier] L’écrivain reconnu puis décrié

« Marcel Aymé a passé une bonne partie de sa vie et de son œuvre à être et à faire ce que l'on n'attendait pas de lui, moyennant quoi il a fini par occuper un ministère parfaitement reconnu : celui de l'ironie politique et de l'inconfort intellectuel[6].  »

Son parcours est en effet déconcertant. Tandis qu'en pleine occupation il fait équipe au cinéma avec un réalisateur marxiste, Louis Daquin, il donne dans le même temps romans et nouvelles à des journaux collaborationnistes : Je suis partout, La Gerbe, mais comme il n'y a dans ses textes aucune trace d'engagement politique, il ne sera pas mis sur la liste noire des écrivains à la Libération[7]. Il a même férocement tourné en dérision le régime nazi avant 1939 (Voir :Travelingue , et La Carte ou Le Décret dans Le Passe-muraille) et n'a donné aucun gage de ralliement à l'occupant après 1940. Ironie du sort, c'est une collaboration cinématographique avec la Continental film qui lui vaudra un « blâme sans affichage »[8]. En réalité, ce ne sont pas ses écrits ni son scénario qui lui valent l'accusation d'antisémite et de collaborationniste, ce sont plutôt ses amis : Céline, et surtout Robert Brasillach.

[modifier] La controverse Marcel Aymé

L'écrivain a été attaqué par tous ceux qui ne supportaient pas que ses romans décrivent assez crûment la France des années quarante et celle de l'épuration, mettant sur le même pied les collaborateurs monstrueux et les revanchards sinistres, décrivant avec une exactitude désinvolte le marché noir, les dénonciations, les règlements de comptes (Uranus, Le Chemin des écoliers). Mais il a surtout soutenu jusqu'au bout Robert Brasillach, tentant de faire signer à des intellectuels de tout bord la pétition contre la peine de mort dont Brasillach était frappé. François Mauriac et d'autres l'ont signée. Mais Brasillach a été fusillé quand même, De Gaulle ayant rejeté sa grâce (« Celui-là, au moins, ils pourront en faire un héros. »).

«  Pendant l'occupation, écrit-il, je donnais des romans et des nouvelles à Je suis partout et à La Gerbe. À la Libération, j'ai eu la chance qu'on ne me mette pas en prison et qu'on se contente de me maltraiter dans les journaux[9]. »

[modifier] Le succès populaire malgré tout

Bien que très blessé par cet épisode, Marcel Aymé n'en continue pas moins à publier un grand nombre de romans, contes, nouvelles et de pièces de théâtre. Ses œuvres lui valent un immense succès populaire, la critique le met en pièce ou l'ignore, et cela jusqu'à sa mort où, tout en étant très lu, il est présenté par l'intelligentsia comme peu recommandable. Champion du contre courant, on lui reproche son anti-américanisme primaire de La Mouche bleue en pleine période pro-américaine[10]. À propos de Les Oiseaux de lune, Elsa Triolet écrit :« On rit énormément à ces oiseaux de lune. Mais hier comme aujourd'hui, qu'on pleure ou qu'on rit, il y a quelque chose de pourri dans ce royaume là»[11]. Marc Soriano donne une curieuse appréciation de Les Contes du chat perché :

«  Rien de bien nouveau dans ces contes qui sont par rapport à Perrault ce que Giraudoux est à la tragédie grecque (…). Rien en fait qui sorte du conventionnel. Une sagesse toute d'ironie à la fois désenchantée et tournée vers le passé, des clins d'œil par dessus l'épaule de l'enfant à l'adulte : «Moi qui ai visité la Russie, dit le canard, je peux vous dire que là bas ce n'est pas mieux qu'ici»[12]. »

Et pourtant, au théâtre, Marcel Aymé obtient de grands succès avec Lucienne et le boucher, Clérambard (1946), farce qui cache mal une interrogation fondamentale sur l'existence de Dieu, et une autre farce, La Tête des autres (1952), mise en scène par André Barsacq, dont la magistrature est seule à ne pas rire. La Tête des autres est le premier grand plaidoyer contre la peine de mort - et ce bien avant d'autres très médiatisés - qui fait scandale. Il y ridiculise la magistrature debout, les procureurs de la république. La chanson Si la photo est bonne de Barbara est autant inspirée de cette pièce que des affres d'une femme de président.

[modifier] Le style et l’homme

Le style de Marcel Aymé est très élaboré. Il analyse avec esprit les travers de l'homme et de la société. Sa vision peut être noire. L’hypocrisie, l'avidité, la violence, l'injustice, le mépris, apparaissent dans ses ouvrages, aussi bien que la camaraderie, l'amitié, la bonté, l'indulgence et le dévouement. Il décrit les structures sociales de façon très réaliste, à la Balzac ou à la Zola, tout en accordant une place importante au fantastique. Son fantastique, loin d'être traditionnel, est teinté d'ironie et peut être qualifié de "fantastique ludique" (cf. le recueil Le Passe-muraille). Quand il reçoit le Goncourt en 1945, Jean-Louis Bory déclare :

« Mes deux passions sont Aragon et Marcel Aymé. J'ai écrit Mon village à l'heure allemande en pensant à Marcel Aymé. »

Et Antoine Blondin :

« Il disposait de beaucoup d'indulgence pour l'humanité toute entière. Sa fréquentation vous améliorait. »

Toujours caché derrière des lunettes noires, parlant peu, Marcel Aymé ne s'est reconnu dans aucun courant politique.

« Son immense talent précurseur n'est pas encore suffisamment apprécié. Sa production est abondante. Marcel Aymé a laissé deux essais, dix-sept romans, plusieurs dizaines de nouvelles, une dizaine de pièces de théâtre et plus de cent-soixante articles. L'ignorance dans laquelle la critique et les manuels de littérature ont tenu depuis trente ans l'œuvre de cet écrivain relève du scandale culturel[13] »

En 1950, il refuse un siège à l'Académie française.

[modifier] Hommage

Un monument et une plaque ont été élevés à sa mémoire place Marcel-Aymé, dans le quartier de Montmartre à Paris. La statue, réalisée par Jean Marais en 1989 évoque le « Passe-muraille », un de ses personnages les plus surréalistes, et une de ses plus belles œuvres écrites.

[modifier] Œuvres

Icône de détail Article détaillé : Romans et nouvelles de Marcel Aymé.
Tombe de Marcel Aymé. Cimetière Saint-Vincent, Paris.
Tombe de Marcel Aymé. Cimetière Saint-Vincent, Paris.

[modifier] Romans et nouvelles

  • Réédition complète des romans et nouvelles en six volumes illustrés par Topor, (Flammarion 1977.

[modifier] Articles de Marcel Aymé

Icône de détail Article détaillé : Articles de Marcel Aymé.

[modifier] Théâtre

[modifier] Scénarios, adaptation et dialogues

  • [à développer]

[modifier] Iconographie

  • Album Marcel Aymé, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2001.

[modifier] Adaptations pour le cinéma et la télévision

[modifier] Ouvrages de référence

Il est difficile de trouver des ouvrages de référence sur Marcel Aymé. L'auteur a été si obstinément classé à droite et récupéré abusivement par les cercles conservateurs, que très peu d'intellectuels ont osé entreprendre une étude approfondie et objective de son travail de peur d'être taxés de fascisme, d'antisémitisme ou de tendances réactionnaires. D'autre part, Aymé avait l'art de se mettre à dos les cercles politiquement corrects y compris l'Éducation nationale dans son ensemble puisqu'on ne l'étudie plus au collège, ou au lycée à l'exception de : Les Contes du chat perché en cycle primaire[14]. On aura une idée de sa désinvolture en lisant : « Marcel Aymé savait refuser avec panache »[15] par Gabrielle Rolin[16].

  • Jean Cathelin, Marcel Aymé ou le paysan de Paris, Debresse, coll. « Au carrefour des lettres », 1958, 253 p.
  • Jean-Louis Dumont, Marcel Aymé et le merveilleux, Debresse, Paris, 1970, 223 p.
  • Michel Lécureur, La Comédie humaine de Marcel Aymé, La Manufacture, Lyon, 1985, 371 p. (ISBN 2-904638-24-5)
  • Michel Lécureur, Marcel Aymé : un honnête homme, éditions Les Belles lettres et éditions Archimbaud, Paris, 1997, 448 p. + 28 p. de planches (ISBN 2-251-44107-7)
  • Album Marcel Aymé : iconographie choisie et commentée par Michel Lécureur, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, coll. « Album », n° 40, Paris, 2001, 316 p. (ISBN 2-07-011596-8) – INclut une table des 304 illustrations et un index des noms de personnes, de titres d'œuvres, de textes et de périodiques
  • Michel Lécureur, Les chemins et les rues de Marcel Aymé (préface de Benoît Duteurtre ; photos de Thierry Petit), éditions Tigibus, Besançon, 2002, 139 p. + 1 livret de 16 p. encarté (ISBN 2-914638-02-7)
  • Roger Nimier, Journées de lecture (préface de Marcel Jouhandeau), Gallimard, Paris, 1965, 277 p.
  • Pol Vandromme, Marcel, Roger et Ferdinand, La Revue célinienne n° 7-8, Bruxelles, 1984, 193 p. – Concerne les relations entre Marcel Aymé, Roger Nimier et Louis-Ferdinand Céline.
  • Jean-Claude Véniel, Créateurs, créatures et création dans l'œuvre de Marcel Aymé, Thèse de doctorat en littérature moderbne et contemproraine, présentée en 1988 devant l'université de Lille-3
  • Jean-Claude Véniel, L'Œuvre de Marcel Aymé, de la quête du Père au triomphe de l'écrivain, Aux Amateurs du livre, Paris, 1990, 417 p. (ISBN 2-87841-035-1)

[modifier] Notes et references

  1. Michel P. Schmitt in : Dictionnaire des littératures de langue française. Bordas.vol. I. P 109 1984(ISBN 2-04-015333-0)
  2. Jacques Brenner in : Dictionnaire des auteurs. Laffont-Bompiani.vol I. p. 175(ISBN 2-221-50150-0)
  3. Dictionnaire historique, thématique et technique des littératures. Vol I. P 135. Larousse 1985. (ISBN 2-03-508301-X)
  4. Marcel Aymé par Paul Vandromme. Gallimard (1960)
  5. Jacques Brenner, Dictionnaire des auteursOpus Cité
  6. Larousse des littératures , Opus cité.
  7. Jacques Brenner, Laffont Bompiani, Opus cité
  8. Dans l'équipe de cette compagnie dirigée par Joseph Goebbels, on trouve de jeunes talents : Henri-Georges Clouzot, Jacques Becker, Robert Bresson, André Cayatte, Marcel Carné ou Maurice Tourneur dont certains seront inscrits sur la liste noire du Comité d'épuration du cinéma français ; voir le détail sur Continental film
  9. Cité dans un article du journal Le Monde du 17 octobre 1967 au moment de sa mort
  10. « Réalités », Février 1958
  11. « Les Lettres Françaises », 1956
  12. « Les Lettres françaises », 9 septembre 1954
  13. Michel P. Schmitt, Bordas des littératures, page 109, lignes 24 à 30 (le texte ayant été écrit dans les années 70, on peut rajouter encore trente ans)
  14. Voir la liste ouvrages littéraires sur le site de l'Éducation nationale
  15. Article publié dans Lire, juin 2001
  16. En 1949, le ministère de l'Éducation nationale fait savoir à Marcel Aymé qu'il va être inscrit sur la liste de la prochaine promotion de la Légion d'honneur. Marcel Aymé se souvient du « blâme sans affichage » auquel il a été condamné en 1946 pour avoir vendu sous l'occupation un scénario à la Continental film.- Archives Gallimard -. L'année suivante, il refuse un siège à l'Académie française proposé par François Mauriac

[modifier] Liens externes

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Marcel Aymé.


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