Les Misérables (film, 1958)
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Les Misérables est un film franco-italo-allemand réalisé en deux époques par Jean-Paul Le Chanois d'après le roman éponyme de Victor Hugo. Il est sorti en 1958.
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[modifier] Synopsis
En 1815, un paysan, Jean Valjean, est libéré du bagne de Toulon après dix-neuf ans de travaux forcés auxquels il a été condamné pour avoir volé un pain. Son destin bascule lorsque l'évêque de Digne, Mgr Myriel, se dévoue pour lui éviter d'être de nouveau incarcéré à la suite du vol perpétré dans sa maison. Dès lors, Jean Valjean va s'évertuer à ne faire que le bien autour de lui au détriment de son propre bonheur.
[modifier] Commentaire
La plus fidèle adaptation du roman de Victor Hugo doit beaucoup à son exceptionnel casting. C'est la puissance angélique d'un Jean Gabin-Valjean face à la veulerie et à la sournoiserie d'un génial Bourvil-Thénardier qui hésita longtemps avant d’accepter ce rôle de grand méchant. C'est aussi la présence de comédiens très rares au cinéma : une des plus grandes tragédiennes de la scène, Silvia Monfort, transcendée par son personnage d'Éponine, va jusqu’à adopter les regards et la gestuelle du personnage décrit par Hugo avec « ses airs égarés et ses mouvements d’orfraie ». Elle fait face à un autre être d’exception, l’acteur-chanteur-poète Giani Esposito incarnant un Marius rêveur sans fadeur.
Le Chanois arrive admirablement à restituer les formidables déploiements dramatiques du roman. Danièle Delorme, poignante Fantine se sacrifiant par amour maternel, aux prises avec le redoutable Javert (Bernard Blier). Porté par le souffle hugolien, le réalisateur s’applique à retranscrire les cas de conscience de Valjean. Ainsi, respectant le poète, il illustre par une mer déchaînée l’admirable séquence de la « Tempête sous un crâne » de Valjean avant son auto-dénonciation au tribunal, puis son calvaire dans les égouts et enfin son symbolique et lent chemin de croix dans les rues autour de la demeure de Cosette (Béatrice Altariba) qui fut sa rédemption.
Avalanche de « gueules de seconds rôles » avec Serge Reggiani en Enjolras, Fernand Ledoux en monseigneur Myriel, Lucien Baroux en Gillenormand, Jean Murat en Pontmercy. Et même de troisièmes rôles comme Gabrielle Fontan en Mère Supérieure ou Madeleine Barbulée incarnant un signe salutaire du destin en « Sœur-Simplice-qui-ne-ment-jamais. »
Grâce à la coproduction avec les studios allemands de la DEFA, Le Chanois rend parfaitement l’ampleur des scènes épiques du roman : la bataille de Waterloo, l’insurrection et la barricade de juin 1832 (avec des figurants qui ne sont rien de moins que les soldats de l’armée de l’ex-RDA). Il effectue aussi un louable effort pour filmer en décor naturel lorsque l'action l'exige : il va dans le Var pour les séquences extérieures du bagne et tourne en plein Paris malgré les énormes difficultés que lui posèrent les antennes de télévision sur les toits de la capitale, notamment pour les séquences du Jardin du Luxembourg et des quais de Seine.
Il faut également mentionner la superbe composition musicale de Georges Van Parys avec la participation du chœur de la Chorale Populaire de Paris sans oublier la minutieuse reconstitution en studio, par l’artiste-décorateur Serge Piménoff, des quartiers parisiens du faubourg Saint-Antoine et du Marais. Un grand regret de Jean-Paul Le Chanois et sans doute des spectateurs : les chutes définitivement perdues des nombreuses coupes effectuées par les producteurs pour ramener la durée totale des deux époques à 3 h…
[modifier] Fiche technique
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[modifier] Distribution
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[modifier] Autour du Film
- Filmé en Technicolor et Technirama et grâce à la coproduction avec les studios de la DEFA en Allemagne de l'est, le film a bénéficié de moyens considérables. Le Chanois a notamment utilisé l'armée de l'ex-RDA pour les scènes de la bataille de Waterloo et celles des émeutes. Le talentueux décorateur Serge Piménoff a reconstitué en studio les quartiers du Faubourg Saint-Antoine et du Marais. Des centaines de costumes ont été conçus pour des masses de figurants.
- Jean-Paul Le Chanois : « Je considère ce film sur la générosité humaine comme un achèvement de ma carrière. » (Le Temps des cerises - Éditions Institut Lumière/Actes Sud - 1996).
- Bourvil, campant jusqu'alors des rôles de « gentil naïf », surprend par l'interprétation d'un méchant comme le père Thénardier.
[modifier] Vidéographie
- Les Misérables - Film en deux époques de Jean-Paul Le Chanois - Coffret 2 DVD (Collection Les Années Cinquante - Éditions René Chateau, 2002)