Le Mépris (film)
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Le Mépris | |
Réalisation | Jean-Luc Godard |
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Scénario | Jean-Luc Godard |
Musique | Georges Delerue |
Costumes | Tanine Autré |
Photographie | Raoul Coutard Alain Legrand |
Montage | Agnès Guillemot |
Producteur(s) | Compagnia Cinematografica Champion (Italie) Les Films Concordia (France) Rome Paris Films (France) |
Format | Couleur (Technicolor) Franscope Monophonique |
Durée | 103 mn |
Sortie | 29 octobre 1963 |
Langue originale | Anglais, Français, Italien |
Pays d'origine | France Italie |
Le Mépris est un film franco-italien réalisé par Jean-Luc Godard, sorti en 1963.
Sommaire |
[modifier] Synopsis
Le récit d'un couple au bord de la rupture, le mépris ayant fait irruption dans leurs relations.
[modifier] Résumé
Le scénariste parisien Paul Javal et son épouse Camille rejoignent le réalisateur Fritz Lang en tournage pour le compte du producteur de cinéma américain Jeremy Prokosch, sur le plateau du film Ulysse en chantier à la villa Malaparte à Capri en Italie
Il est proposé à Paul Javal de reprendre et de terminer le scénario du film. Camille n'est pas très heureuse de ce long voyage de travail impromptu, loin de chez elle, parmi des inconnus. Durant le séjour, Paul Javal laisse le riche et séduisant producteur seul avec Camille, alors qu'elle, intimidée, insiste pour demeurer auprès de Paul. À tort, Camille s'imagine que son mari la pousse dans le lit du producteur pour obtenir le travail de réécriture du scénario. De là naissent des malentendus, le mépris, et leur couple vole en éclats.
[modifier] Commentaires
[modifier] Réflexivité du Mépris
Le Mépris est une réflexion sur le film Voyage en Italie de Rossellini. En plus de reprendre le thème du couple séparé et de l'incommunicabilité de deux mondes (le passé représenté par Lang et le présent représenté par Bardot), Godard multiplie les références à ce film dans Le Mépris. Par exemple, le film est tourné à Capri, où se passe l'histoire de Voyage en Italie. De plus, les studios vus dans Le Mépris sont ceux utilisés dans Voyage en Italie.
Le Mépris réfléchit également à son propre tournage. Godard tue à la fin de son film les deux conditions qui avaient été essentielles à sa production (Brigitte Bardot et le producteur). De la même manière, il s'agit de mettre à mort l'ancien cinéma (par la figure du producteur) et la Nouvelle Vague (par la figure de Brigitte Bardot).
La présence de Godard est d'ailleurs très marquée dans le personnage de Piccoli, par le chapeau et le cigare que portait toujours Godard. De plus, sa signature est apposée par la prédominance du bleu-blanc-rouge et la présence de l'affiche Vivre sa vie.
[modifier] Point de vue de la critique
- Jean-Louis Bory écrit[1] : « Le véritable Et Dieu… créa la femme, c'est Godard qui l'a tourné, et cela s'appelle Le Mépris. Je ne cherche pas à démêler — et peu m'importe — si Godard a respecté ou non le roman de Moravia, ou si Losey eût fabriqué un film plus moravien que Godard. Le Mépris que nous voyons, c'est du pur Godard, et, je m'empresse de le dire, de l'excellent Godard. Le prétexte, l'objet du film, plus que le roman italien, c'est BB. Ce que Vadim a imaginé dans son premier film, mais n'a plus été capable de réaliser, ce que Louis Malle a raté dans Vie privée, Godard l'a réussi. Le Mépris est le film de Bardot, parce qu'il est le film de la femme telle que Godard la conçoit et telle que Bardot l'incarne. Si le phénomène Bardot doit représenter plus tard quelque chose dans l'histoire du cinéma, au même titre que Garbo ou Dietrich, c'est dans Le Mépris qu'on le trouvera. Je ne sais dans quelles conditions le tournage a eu lieu ni si Bardot et Godard se sont bien entendus. Le résultat est là : il y a rarement eu entente aussi profonde (consciente ou non — consciente, je suppose, chez Godard) entre une actrice et son metteur en scène. »
[modifier] Fiche technique
- Titre : Le Mépris
- Titre italien : Il Disprezzo
- Réalisation : Jean-Luc Godard
- Scénario : Jean-Luc Godard, d'après le roman éponyme d'Alberto Moravia
- Musique : Georges Delerue
- Photographie : Raoul Coutard, Alain Legrand
- Assistant-réalisateur : Charles Bitsch
- Son : William Robert Sivel
- Montage : Agnès Guillemot
- Pays d'origine : France, Italie
- Producteurs : Georges de Beauregard, Joseph E. Levine, Carlo Ponti
- Sociétés de production : Rome-Paris Films (France), Les Films Concordia (Paris, France), Compagnia Cinematografica Champion (Italie)
- Direction de production : Philippe Dussart, Carlo Lastricati
- Format : Couleur par Technicolor — 2:35.1 Franscope — Son monophonique — 35 mm
- Genre : Drame
- Durée : 103 minutes (1 h 43)
- Dates de sortie :
- 29 octobre 1963 en Italie
- 20 décembre 1963 en France
- Octobre 1964 aux États-Unis
[modifier] Distribution
- Michel Piccoli : le scénariste Paul Javal
- Brigitte Bardot : Camille, l'épouse de Paul Javal
- Jack Palance : le producteur Jeremy Prokosch
- Fritz Lang : lui-même
- Giorgia Moll : Francesca Vanini, une assistante
- Raoul Coutard : le cadreur
- Jean-Luc Godard : l'assistant de Fritz Lang
- Linda Veras : une sirène
[modifier] Autour du film
- Contrairement à une opinion couremment répandue, ce n'est pas Jean-Luc Godard qui dit le générique en voix off au début du film.[2]
- Le film comprend des dialogues en français, anglais, italien et allemand.
- Le dernier mot du film est « Silenzio ! » (Silence !)
- Georges Delerue signe ici une de ses partitions les plus connues, citée ou reprise dans plusieurs autres films, notamment Casino de Martin Scorsese.
- Le Mépris est un exemple de film contenant un film.
- Histoire de la première scène :
- La première version du film n'a pas du tout plu aux producteurs américains... En effet, la présence de Brigitte Bardot étant un atout majeur pour la production américaine, il était dès lors incompréhensible et inacceptable que le final-cut de Godard ne comprenne pas de scènes de nu de l'actrice française... Jean-Luc Godard, furieux, revoit alors sa copie... Merveilleuse réponse qu'est cette séquence d'ouverture où Bardot, allongée nue sur le ventre près de Michel Piccoli, parle de son addiction, du besoin du regard de l'autre. « Et mes fesses, tu les aimes mes fesses ? Et mes cuisses, tu les aimes mes cuisses ? ». Cette série de questions est évidemment aussi posée aux producteurs...
- Raoul Coutard, directeur de la photographie[3] : « Ça a été un drame parce que Jean-Luc a été obligé de retourner un certain nombre de plans pour que les américains finissent de payer le dernier versement et c'est Alain Legrand qui les a tournés parce que moi j'étais sur un autre film à ce moment-là. Cela s'est passé complètement à la fin, c'est-à-dire qu'on avait fait l'étalonnage du film. On avait envoyé le film à Sam Levine et ensuite il a dit : Non, non, ça ne va pas, je veux voir le c.. de Bardot. »
[modifier] Article connexe
- Pararazzi, documentaire de Jacques Rozier
[modifier] Liens externes
- (fr+en) Le Mépris sur l'Internet Movie Database
- (fr) Un commentaire du film sur www.cof.ens.fr
- (fr) Analyse de la scène d'ouverture du Mépris et de celle de Pierrot le Fou sur www.ac-nancy-metz.fr
- (fr) Une étude du film par Marc Cerisuelo parue aux Editions de La Transparence
[modifier] Notes
- ↑ Extrait de l'essai Des yeux pour voir de Jean-Louis Bory, Éditions 10/18, Ramsay Poche Cinéma, Paris, 1971, ISBN 2859569499
- ↑ Interview de Alain Bergala par Les Cahiers du Cinéma en date du 18 Janvier 2007
- ↑ Extrait de son interview figurant parmi les bonus du double DVD Le Mépris (Contempt), Éditions The Criterium Collection, 2002, ISBN 0780026179