La Chasse à l'enfant
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La Chasse à l'enfant est un poème de Jacques Prévert qui évoque la mutinerie d'août 1934 de Belle-Île-en-Mer.
Dès 1902, le Ministère de la Justice établit sur la Haute-Boulogne, une colonie pénitentiaire pour mineurs «délinquants» avec une école de matelotage : un bateau avec son gréement était placé au milieu de la cour, mais les détenus ne sortaient pas en mer.
Rapidement, le domaine de Bruté est acheté et transformé en «centre d'apprentissage agricole» et aussi de mécanique diésel, ce qui permet d'augmenter la capacité d'accueil enfants et de diversifier leur formation. Une célèbre révolte des enfants à lieu en 1934, après que les moniteurs aient tabasser un pupille, les jeunes détenus se sont soulevés et enfuies.
Une prime de 20 francs a été offerte à quiconque capturerait un fugitif. Cette mutinerie a déclenché une campagne de presse faisant connaître au monde entier les conditions de détention, demandant la fermeture de bagne d'enfants. Conditions qui furent améliorées pour l'occasion mais la colonie ne fut définitivement fermé qu'en 1977.
Les bâtiments de la Haute-Boulogne, qui avaient été complètement rénovés, sont depuis laissés à l'abandon[1]. Jacques Prévert[2] et Marcel Carné (La Fleur de l'âge) ont rendu un vibrant hommage aux jeunes héros de cette période sombre de l'histoire de Belle-Île.
[modifier] Paroles
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- Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
- Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
- Tout autour de l'île il y a de l'eau
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- Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
- Qu'est-ce que c'est que ces hurlements
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- Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
- C'est la meute des honnêtes gens
- Qui fait la chasse à l'enfant
- Il avait dit j'en ai assez de la maison de redressement
- Et les gardiens à coup de clefs lui avaient brisé les dents
- Et puis ils l'avaient laissé étendu sur le ciment
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- Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
- Maintenant il s'est sauvé
- Et comme une bête traquée
- Il galope dans la nuit
- Et tous galopent après lui
- Les gendarmes les touristes les rentiers les artistes
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- Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
- C'est la meute des honnêtes gens
- Qui fait la chasse à l'enfant
- Pourchasser l'enfant, pas besoin de permis
- Tous le braves gens s'y sont mis
- Qu'est-ce qui nage dans la nuit
- Quels sont ces éclairs ces bruits
- C'est un enfant qui s'enfuit
- On tire sur lui à coups de fusil
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- Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
- Tous ces messieurs sur le rivage
- Sont bredouilles et verts de rage
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- Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
- Rejoindras-tu le continent rejoindras-tu le continent!
- Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
- Tout autour de l'île il y a de l'eau.
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- (Jacques Prévert, extrait de Paroles, éditions Gallimard)
Ce poème a été chanté par une chorale belliloise en ouverture de la rencontre des jeunes et des personnalités à la citadelle Vauban.
[modifier] Notes
- ↑ 1920-1937 : la dérive des bagnes pour enfants, sur le site du Ministère de la Justice; Alexis Violet, «La colonie pénitentiaire pour enfants» in «La fabrique de la haine», 2002; Jean-Hugues Lime, La chasse aux enfants (roman), Paris, 2004 ; Anne Boissel, «Les enfants de Caïn, Louis Roubaud» in Revue CAIRN, n° 63, 2006.
- ↑ La Chasse aux enfants, qui commence par le célèbre «Bandit! Voyou! Voleur! Chenapan!» et que Joseph Kosma a mis en musique.