Konstantínos Karamanlís (1907-1998)
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Konstantínos Karamanlís (en grec Κωνσταντίνος Καραμανλής), né le 8 mars 1907 dans la ville de Küpköy (aujourd'hui Proti Serrai) en Macédoine, est un homme politique grec du milieu du XXe siècle. Il fut plusieurs fois Premier Ministre avant d’être élu Président.
Sommaire |
[modifier] Jeunesse
Quand il naquit, Küpköy faisait partie de l’Empire ottoman ; il ne devint citoyen grec qu’en 1913 quand la Macédoine fut libérée suite à la deuxième guerre des Balkans. Son père, Georgios Caramanlís, était un professeur. Après son enfance en Macédoine, Konstantínos partit à Athènes pour ses études de droit. Il exerça ensuite à Serrès et entra en politique au Parti populiste conservateur. Il fut élu député pour la première fois à l'âge de 28 ans lors des dernières élections avant la Seconde Guerre mondiale. Pour des raisons de santé, il ne participa pas au conflit gréco-italien et en 1941, après l'invasion de la Grèce par l'armée allemande, il s'installa comme juriste à Athènes, où il se joignit à un groupe d'intellectuels militant contre l'occupation.
[modifier] Premier ministre
Après la guerre, Karamanlís monta rapidement les échelons du monde politique grec. Son ascension fut fortement soutenue par un proche ami et membre du même parti : Lampros Eutaxias alors Ministre de l'agriculture du gouvernement de Konstantinos Tsaldaris. En 1947 il obtint son premier poste de ministre dans ce même gouvernement : Ministre de l'emploi. Puis il devint Ministre des travaux publics dans le gouvernement du Rassemblement grec (Ελληνικού Συναγερμού) d'Alexandre Papagos. Il s'y illustra à cette tache et quand Papagos mourut en 1955, le roi Paul Ier de Grèce nomma immédiatement le jeune Karamanlís premier ministre. Le roi le fit ainsi passer devant Stephanos Stephanopoulos et Panagiotis Kanellopoulos deux hommes politiques très importants qui étaient considérés comme les favoris pour succéder à Papagos.
Karamanlís réorganisa le Synagermos en 'Union Radicale Nationale (Εθνική Ριζοσπαστική Ένωσις). Il gagna alors une solide majorité lors des trois élections suivantes (1956, 1958 et 1961).
En 1959 il annonça un plan quinquennal pour l'économie grecque insistant sur l'agriculture, la production industrielle, et prévoyant de lourds investissements dans les infrastructures et la promotion du tourisme.
Sur le plan international, Karamanlís abandonna l’Enosis (unification de la Grèce et de Chypre) pronée par les gouvernements précédents en faveur de l'indépendance de Chypre. En 1958, son gouvernement amorça des négociations avec le Royaume-Uni et la Turquie qui aboutirent au traité de Zurich, une base pour l'indépendance de Chypre. En 1959 le plan fut ratifié à Londres par l'archevêque Makarios.
[modifier] L'affaire Merten
Max Merten était Kriegverwaltungsrat (conseiller administratif militaire) des forces d'occupation nazies à Salonique. En 1959, il fut condamné comme criminel de guerre mais on lui accorda l'amnistie et il fut expulsé en République fédérale d'Allemagne rapidement. Le 28 septembre 1960, les journaux allemands Hamburger Echo et Der Spiegel publièrent des extraits de la déposition de Merten aux autorités allemandes selon lesquelles Karamanlís et Takos Makris, le ministre de l'intérieur, étaient des informateurs pendant l'occupation. Merten affirmait que Karamanlís et Makris avaient été récompensés de leur services par un commerce de Salonique appartenant à un Juif envoyé à Auschwitz. Karamanlís réfuta ces accusations et prouva que Merten avait essayé de le faire chanter avant de faire ses "aveux". Il accusa alors l'opposition d'être à l'origine de cette affaire. Cependant, celle-ci resta au cœur des discussions politiques jusqu'aux débuts de 1961 et créa de vives tensions entre le Premier Ministre et son Roi.
[modifier] Exil
L'Union Nationale Radicale (ERE) remporta les élections du 29 octobre 1961 avec 50,80% des voix. Le 31, Georges Papandreou affirma que les résultats étaient truqués. Karamanlís rétorqua que, si fraude il y avait, elle avait été organisée par le palais. La tension politique augmenta quand Papandreou refusa de reconnaître le gouvernement Karamanlís. Le 14 novembre 1961 il lança une "lutte persistante" (ανένδοτο αγώνα) contre Karamanlís.
La tension entre le Premier Ministre et le palais augmente encore lorsque Karamanlís mit son veto à une initiative de levée de fonds par la reine Frederika. En juillet 1963, Karamanlís démissionna de son poste de Premier Ministre après un nouveau désaccord avec le roi Paul de Grèce et partit quatre mois à l'étranger. Le pays était alors en ébullition à cause de l'assassinat du docteur Gregoris Lambrakis, un membre de la gauche au parlement, par l'extrême-droite pendant une manifestation pour la paix à Thessalonique.
En novembre, Karamanl&is et son parti perdirent les élections législatives au profit du parti de l'union du centre (Ένωση Κέντρου) de Georgios Papandreou. Déçu par le résultat Karamanlís quitta la Grèce sous le nom de Triantafyllides et passa les onze années suivantes en un exil à Paris en France. Il fut remplacé par Panagiotis Kanellopoulos à la tête de l'ERE.
[modifier] Premier ministre à nouveau
Au long de son exil en France, Karamanlís s'opposa, verbalement, à la dictature des colonels, la junte militaire qui avait pris le pouvoir en Grèce en avril 1967. À la chute de ce régime en juillet 1974, soutenu par une immense vague populaire, Karamanlís retourna à Athènes à bord de l'avion présidentiel français prêté par son ami Valéry Giscard d'Estaing et il devint Premier Ministre d'un gouvernement d'union nationale.
Malgré l'instabilité et le danger de la situation politique, qui le forcèrent à dormir à bord d'un yacht protégé par un destroyer pendant plusieurs semaines après son retour, Karamanlís agit promptement pour relacher la tension entre la Grèce et la Turquie qui étaient au bord de la guerre à cause de la crise chypriote. Il lança également le processus de transition de la dictature militaire à une démocratie pluraliste.
Pendant cette période appelée "metapolítefsi" (Μεταπολίτευση), Karamanlís légalisa le Parti Communiste grec (KKE), adopta une approche douce pour faire partir les collaborateurs et les sympathisants de la dictature et, voulant confirmer son autorité, annonça des élections pour novembre 1974, moins de quatre mois après la chute de la dictature.
Lors de ces élections, Karamanlís et son nouveau parti, Nea Dimokratia (Νέα Δημοκρατία) obtinrent une majorité écrasante au Parlement et il devint Premier Ministre. Ces élections furent alors suivies rapidement par le plébiscite de 1974 pour l'abolition de la monarchie et la création de la République hellénique, puis en 1975 par le procès télévisé des anciens dictateurs qui furent condamns à la peine de mort pour haute trahison et mutinerie commué en prison à perpétuité et la rédaction de la constitution la même année.
En 1977, Néa Dimokratía remporta à nouveau les élections et Karamanlís continua à servir son pays en tant que Premier Ministre jusqu'en 1980 où il se fit élire Président après avoir signé le 28 mai 1979 à Athènes l'acte d'adhésion de la Grèce à la communauté économique européenne.
[modifier] Présidence
Réélu en 1990 par une majorité parlementaire conservatrice, Karamanlís resta Président de 1980 à 1995. Il considérait l'adhésion de son pays à la CEE comme la démarche la plus décisive et la plus heureuse des deux dernières décennies, aussi bien dans le domaine de la politique étrangère que dans celui de l'économie. En 1995, Costis Stephanopoulos lui succèda à la présidence.
[modifier] Héritage
Karamanlís prit sa retraite en 1995 à l'âge de 88 ans après avoir gagné cinq élections parlementaires, passé au pouvoir 14 ans en tant que Premier Ministre et 10 ans en tant que Président de la République pour un total de soixante ans dans la vie politique active. Pour cette longue période au service de la démocratie puis de la cause européenne, Karamanlís reçut le prix International Charlemagne en 1978. Il mourut le 23 avril 1998 d'une courte maladie à l'âge de 91 ans. Il a légué ses archives à la Fondation Konstantínos Karamanlís qu'il avait lui-même fondé.
Son neveu Kóstas Karamanlís est maintenant le leader de Nea Dimokratia ainsi que Premier Ministre depuis le 7 mars 2004.
Karamanlís a été loué pour avoir présider la Grèce au début d'une période de croissance économique rapide (1957-1961) et pour avoir soutenu l'adhésion de son pays à la communauté naissante des nations européennes devenue par la suite l'Union européenne. Ses admirateurs l'appellent l'Ethnarces charismatique (meneur national). Certains de ses détracteurs de gauche l'accusent d'avoir mené un "para-État" qui pardonne à des groupes anti-communistes et dont les membres ont pratiqué via kai notheia (la violence et la corruption) lors de la fraude électorale entre l'ERE et le parti de l'union du centre. Certains des ses détracteurs conservateurs ont critiqué sa politique économique socialiste pendant les années 1970 et notamment la nationalisation d'Olympic Airways et de la Banque Emporiki. Karamanlís a aussi été critiqué pour sa gestion de la crise chypriote de 1974. Mais la plupart s'accordent à dire qu'il a orchestré avec succès la transition de la dictature à la démocratie parlementaire en 1974.
[modifier] Voir aussi
Histoire de la Grèce
Histoire de la Grèce contemporaine
Précédé par | Konstantínos Karamanlís (1907-1998) | Suivi par | |||
---|---|---|---|---|---|
Alexandros Papagos |
|
Konstantinos Georgakopoulos | |||
Konstantinos Georgakopoulos |
|
Konstantinos Dovas | |||
Konstantinos Dovas |
|
Panagiotis Pipinelis | |||
Adamantios Androutsopoulos |
|
Georges Rallis |