Kadampa
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Kadampa ( བཀའ་གདམས་པ་; bka'-gdams-pa) de bka « paroles [du Bouddha] », et gdams « enseignement », est une tradition du bouddhisme tibétain née au XIe siècle avec les disciples d’Atisha, en particulier Dromtönpa (1005-1064). Première école organisée disposant d'une forte discipline monastique, elle prospéra, divisée en différentes branches ; ses derniers monastères disparurent entre le XVe et le XVIIe siècle, absorbés par le courant gelug alors en plein essor. Beaucoup de ses textes et enseignements, dont les plus connus sont le lojong et le lamrim, sont préservés dans les traditions contemporaines, particulièrement kagyu et gelug, parfois appelé « nouveau kadampa » (sarma kadampa).
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[modifier] Origine
Selon la tradition, c’est pour discipliner la pratique tantrique et éclaircir les contradictions entre les différents textes qu’Atisha, ancien abbé de Nalanda, fut invité au Tibet par le prince de Guge Djang Jup. Il aurait eu pour disciple principal Dromtonpa (Drom-tön Gyal-we Jungne), qui lui offrit une résidence à Nyetang près de Lhasa. Dromtonpa fonda en 1057 à Reting ou Radreng (Rva-sgreng ) au nord de Lhassa le premier monastère kadampa. Deux autres disciples importants d’Atisha furent Khutön Tsöndru Yungdrang et Ngok Legpe Sherap (r-Ngog Legs-pa'I-shes-rab). Ce dernier établit en 1071 l’institut de Sangphu Neuthok qui deviendra le premier shedra (centre d’études avancées) du pays. Avec son neveu le traducteur Ngok Loden Sherap (rNgog Blo-ldan-shes-rab), il est l’instigateur de la scholastique tibétaine, ou « nouvelle logique ».
[modifier] Enseignement
Dromtonpa est le principal diffuseur de l’enseignement d’Atisha, qu’il structura en un système nommé « les sept dharmas divins d’Atisha », le nombre sept représentant quatre déités (Avalokiteshvara, Shakyamuni, Tara, Acala) et trois dharmas (Tripitaka ou somme tripartite de l’enseignement du Bouddha). L’idée du maître indien, reprise par son disciple, était que les différentes doctrines des sutras et tantras et ne sont pas contradictoires entre elles, mais peuvent être combinées selon les besoins pour parvenir à l’illumination. Tout en reconnaissance l’intérêt des tantras, il conditionne leur pratique à une bonne connaissance des sutras, accordant une importance particulière à la littérature prajnaparamita.
La voie graduelle vers l’éveil proposée par Atisha, lamrim, classe les pratiquants en trois catégories de qualité croissante : ceux qui recherchent une meilleure renaissance, ceux qui recherchent seulement leur propre libération et ceux qui recherchent la libération de tous les êtres. Le concept de bodhicitta et les vœux de bodhisattva y jouent un rôle important. Le lamrim fut repris par les maîtres d’autres courants comme Gampopa (kagyu) et Tsongkhapa (gelug), qui le développèrent en un système complet intégrant de nombreux autres concepts comme la nature de bouddha, l’importance du guru et la valeur exceptionnelle de la renaissance sous forme humaine. Le lamrim offre une certaine ressemblance avec le lamdre du courant sakyapa. Il s'appuie sur l'ouvrage le plus célèbre d'Atisha, La Lampe sur la voie de l’éveil (sansk. Bodhipathapradīpa ; tib.Byang chub lam gyi sgron ma).
[modifier] Les trois lignées
Dromtonpa aurait transmis les différentes parties de son enseignement à trois disciples appelés « les trois nobles frères », à l’origine des trois lignées kadampa : shungbawa, mengapa et lamrimpa.
- Geshe Putowa (Puto Rinchen Sal) reçut l’enseignement scriptural, composé des six traités et de la transmission cachée de sutras et tantras. Ils seront transmis plus tard au courant gelugpa par l’intermédiaire de Sharawa (1070-1141) et de Chekhawa (1101-1175).
- Geshe Chenngawa (Chengawa Tsultrim Bar) reçut la transmission orale, qu'il passa à son disciple Jayulwa. Plus tard, Ghenga kague l’intégra dans l’enseignement de l’école Dagpo Kagyu.
- Geshe Phuchungwa (Phuchungwa Shönu Gyaltsen) reçut l’enseignement secret composé des seize cercles, des onctions et des instructions et secrets de La Lampe sur la voie de l’éveil. Narthang Shönu Lodrö lèvera plus tard le secret et les seize cercles seront intégrés dans les courants kagyu et gelug.
[modifier] Lojong
Selon le premier Dalai Lama, lui-même une réincarnation de Dromtonpa, Atisha aurait hérité de trois maîtres : Suvarnadvipa, Maitriyogi et Dharmarakshita ou Dharmakirti (Serlingpa). L'enseignement des deux premiers fut intégré dans le lamrim dès l’époque des trois nobles frères, mais celui de Serlingpa, la tradition orale du lojong (blo-ljong), « formation de l’esprit [de bodhicitta] », encore appelé Instructions pour l’entrainement de l’esprit dans la tradition mahayana (Theg-chen-blo-sbyong-gi-gdampa-pa) se transmit secrètement jusqu’à Geshe Kham Lungpa qui publia Huit leçons pour former l’esprit (bLo-sbyong-thun-brgyad-ma), premier texte de la littérature lojong ; suivirent Huit versets pour former l’esprit (bLo-sbyong-tshig-brgyad-ma) de Geshe Langri Tangpa (1054-1123), Explication publique (Tshogs-bshad-ma) de Sangye Gompa, Sept points pour former l’esprit (bLo-sbyong-don-bdun-ma) de Geshe Chekhawa (1102-1176), et d’autres. Il existe une anthologie Cent textes pour former l’esprit (bLo-byong-brgya-rtsa).
[modifier] Kadampa dans les autres traditions
Gampopa, qui suivit la lignée kadampa durant six ans avant de devenir disciple de Milarepa, intégra le lojong et le lamrin à l’intérieur du courant kagyu. Il se basa sur ce dernier système de pensée pour composer Le Précieux Ornement de la libération. Chenga Kague intégra la transmission orale dans la branche Dagpo Kagyu. Pal Tsuglak Trengwa incorpora les enseignements secrets dans la branche Karma Kamtsang Kagyu. La branche Ngatso Kagyu a incorporé des enseignements d’Atisha transmis à un autre de ses disciples, Ngatso Lotsawa Tsultrim, l’un des traducteurs responsables de sa venue au Tibet.
Tsongkhapa, fondateur de l’école gelug, reprit à son compte une grande partie des enseignements kadampa en y imprimant sa marque, donnant naissance au nouveau kadampa. Le premier Dalai Lama serait une réincarnation de Dromtonpa. Tsongkhapa écrivit trois traités sur le lamrim dont le plus court, le Lam Rim Dudon, est récité régulièrement par les lamas gelug.
[modifier] Textes importants
- Les six traités, qui appartiennent à la philosophie de la réalité conventionnelle et de l’action de la bodhicitta :
- Les Terres de bodhisattva (sansk. Bodhisattvabhumi ; tib. Sa sde lnga) d’Asanga
- L’Ornement des sutras mahayana (sansk.Mahayanasutraalamkara ; tib.Theg pa chen po mdo sde’i rgyande) de Maitreyanatha/Asanga
- La Somme de l’entrainement [à la voie de bodhisattva] (Shikshasamucchaya) de Shantideva
- La Marche vers l’éveil (Bodhisattvacharyavatara) de Shantideva
- La Guirlande des renaissances (vies antérieures du Bouddha) (Jatakamala) d’ Aryasura
- Les dires du Bouddha (Udanavarga) équivalent tibétain du Dhammapada de Dharmatrata
- Paroles des saints de kadampa (Bka'-gdams gces-bsdus), recueil de dires poétiques de lamas kadampa
- La Lampe sur la voie de l’éveil (sansk. Bodhipathapradīpa ; tib.Byang chub lam gyi sgron ma) qui présente les stades de progression vers l’éveil, base du lamrim
- Instructions essentielles pour la pratique des seize sphères (thig le bcu drug)
C’est à un lama kadampa de la fin du XIIIe siècle, btslom-ian-ral-gri, que l’on doit le premier canon bouddhiste tibétain, divisé en kagyur (enseignements du Boudha) et tangyur (commentaires et divers), compilé d’après le contenu de la bibliothèque du monastère de Narthang. Le monastère, passé aux gelugs au XVIIe siècle, l’a réédité régulièrement jusqu’en 1959.
[modifier] New Kadampa Tradition
Le terme nouveau kadampa désigne aussi le mouvement New Kadampa Tradition fondé en 1991 en Grande Bretagne par Guéshé Kelsang Gyatso (Dge-shes Bskal-bzang Rgya-mtsho), moine gelug du monastère de Sera. Pratiquant le culte de Dordjé Shugden condamné officiellement par le Dalaï Lama, le mouvement a organisé dans les années 90 des manifestations contre ce dernier et aurait protesté auprès d'Amnesty International pour persécution religieuse. Accusé de sectarisme et de rébellion, Geshe Kelsang Gyatso a été exclu de son monastère d’origine.[1]
Les partisans de Dorjé Shugden ont été soupçonnés d'être à l'origine du meurtre de 3 moines (dont un conseiller du Dalaï Lama). Leur participation à ce crime n'a cependant pu etre établie [2],
L'Union Bouddhiste de France ne reconnaît pas le mouvement New Kadampa en France.
La Nouvelle Tradition Kadampa revendique pour sa part une tradition bouddhiste pure et pratique des enseignements dans plus de 1000 centres dans le monde entier. D'après différentes sources notamment citées dans les références des sites internet proches de cette tradition, les critiques du Dalaï Lama à l'encontre des pratiquants de Dorje Shugden sont très discutables et ne font pas l'unanimité dans le vaste monde bouddhiste, ceci d'autant plus que le Dalaï Lama ne représente qu'une fraction mineure de l'ensemble des écoles bouddhistes (seulement 1 % d'après un article de la revue "Le Monde 2" de mai 2008), sa notorité étant surtout liée à sa stratégie médiatique et politique, notammnent en faveur du peuple tibétain.
[modifier] Notes et références
- ↑ von Brück, Michael (1999). Religion und Politik im Tibetischen Buddhismus, page 159. München: Kösel Verlag. ISBN 3-466-20445-3
- ↑ Les mouvements contestés dans le bouddhisme
Sites proches de la Nouvelle Tradition Kadampa : http://kadampa.org/fr/index.php http://www.shugdensociety.info/home.html http://www.westernshugdensociety.org/fr/
[modifier] Voir aussi
[modifier] Bibliographie
- Shantideva La Marche vers l’éveil Padmakara (6 novembre 1997) (ISBN 2906949035) (ISBN 978-2906949034)
- Shantideva Vivre en héros pour l’éveil Seuil (3 février 2000) Collection : Points Sagesses (ISBN 2020196638) (ISBN 978-2020196635)
- Guèshé Kelsang Gyatso "La Voie Joyeuse" Tharpa (2001)(ISBN 29137170407) - www.tharpa.com
- Guèshé Kelsang Gyatso "Huit Etapes Vers Le Bonheur" Tharpa (2002)(ISBN 2913717055) - www.tharpa.com
- Guèshé Kelsang Gyatso "Le Joyau Du Coeur" Tharpa (2005)(ISBN 2913717152) - www.tharpa.com