Jean-Baptiste Roustain
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[modifier] Les origines familiales
Aaron Jean-Baptiste Pierre Roustain de la Barolière naquit le 21 décembre 1804 à Paris au sein d'une famille aisée apparentée à Jacques Imbert-Colomès, qui avait été premier échevin de Lyon en 1789. Son père, Pierre Roustain de la Barollière, avait été avocat au parlement et conseiller du roi avant la Révolution, puis banquier lyonnais expéditionnaire en cour de Rome. Par achat du domaine de la Barolière près de Saint Paul en Jarrez, Pierre Roustain de la Barollière avait adjoint une particule à son nom. Chevalier de la Légion d'honneur, docteur en droit romain, Jean-Baptiste Roustain mourut le 8 août 1856 à Charenton après un fort engagement dans le domaine du droit ou en politique.
[modifier] Les études et l'enseignement de Jean-Baptiste Roustain
Jean-Baptiste Roustain se distingua à l'école de Droit de Paris par la rapidité et la solidité de ses progrès. A 25 ans, il commençait déjà à écrire dans les recueils judiciaires. En 1831, il fut reçu docteur, et il se fit inscrire sur le tableau des avocats, mais il n'aborda guère la plaidoirie; il préféra continuer de se livrer à de fortes études. A peine avait-il obtenu le diplôme de docteur en droit qu’il ouvrait des cours publics et gratuits, soit dans son domicile, soit dans l’institution de M. Barragon, au centre du quartier des écoles. C'est à cette époque (1831) qu'il se maria avec Prudence-Aurore Desilles, de 5 ans sa cadette, fille d'un capitaine au régiment de Berry-Hussard, vétéran de la bataille de Leipzig, Pierre-Léonard Désilles.
En 1839, Jean-Baptiste Roustain obtint au concours une chaire de professeur suppléant (suppléance de Hyacinthe Blondeau) à la faculté de Paris, et il occupa longtemps ce poste où il enseigna les origines du droit romain, puis, dans de multiples fonctions intérimaires, toutes les branches du droit pendant douze ans. Vers la fin de 1855, la chaire de Droit Romain lui fut confiée, il porta dans son enseignement des appréciations historiques et philosophiques qui, répandues depuis longtemps en Allemagne, étaient nouvelles en France.
[modifier] Activité et idées politiques
Jean-Baptiste Roustain avait participé, en tant que garde national, à la Révolution de 1830, où il avait tenu à assurer l'ordre public devant le Palais Bourbon. Cependant, dès cette époque, il avait exprimé des craintes quant aux "fauteurs de troubles" révolutionnaires.
Les conséquences de la Révolution de février 1848, au cours de laquelle il sauva la vie d'un garde municipal pourchassé par des émeutiers, lui firent craindre à nouveau une révolution sociale, ce qui l'entraina à entrer en politique pour soutenir Louis Napoléon Bonaparte. Il fut, en 1849, secrétaire du Comité central de l' Union électorale (bonapartiste) accordant les investitures politiques sur plus de 20 départements. Il devint un des chefs de l' Association Nationale Electorale à la fin de 1851, notamment dans le département de la Seine où il avait fondé une section ; ses articles dans le Moniteur parisien de novembre 1851, soutenant le président Bonaparte, firent grand bruit.
Jean-Baptiste Roustain contribua à faire fusionner l'Union électorale et l'Association électorale pour constituer une force facilitant la refondation de l'Empire napoléonien, garant de l'ordre et voulant briser le "carcan" de la Constitution de la Deuxième République. En 1849, il fut nommé adjoint au maire du 11e arrondissement, et il remplit ces fonctions pendant 4 ans. Il avait sans doute devant lui un bel avenir, promouvant ses idées dans des assemblées réunissant jusqu'à 2500 personnes, mais une mort prématurée vint l'enlever en 1856. Ce professeur a laissé peu d'écrits ; des articles dans la Revue de Droit français et étranger, des notices insérées dans le Commentaire théorique et pratique du Code Civil, sont les principaux témoignages de l'étendue de ses connaissances.
[modifier] Extraits du Testament politique (inédit) de J-B Roustain : les révolutions de 1830 et 1848
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Sur le quai des Tuileries grouillait une immense tourbe d'hommes à sinistre figure et de gamins de Paris, armés de fusils, de sabres, et de mousquetons, ramassés dans les bagarres, envahissant toutes les voitures qui se trouvaient sur leur passage. Les uns montaient dans des charrettes, les autres dans des omnibus; d'autres plus heureux se pavanaient dans les carrosses de la cour, y compris dans les voitures du sacre. Si au lieu de fuir devant ce ramassis, Charles X l'eût fait mitrailler, la population parisienne purifiée comme une vase d'eau bouillante dont on a chassé l'écume, eût reçu de nouveau dans ces murs le monarque vainqueur de la canaille , et quelques concessions eussent fait le reste. Mais quant à se défendre dans Paris, au point où en étaient venues les choses le 29 juillet, c'est ce qui lui était à peu près impossible. La masse des assaillants, tant du coté de la place St Germain l'Auxerrois que du coté de la place de l'Oratoire, était tellement compacte et la furia qui l'animait, tellement ardente, que le Louvre était hors d'état de tenir. Or le Louvre envahi, il devait arriver nécessairement, et c'est aussi ce qui est arrivé, que les insurgés gagnassent les Tuileries par les galeries du Musée, s'emparant ainsi, presque sans coup férir du palais du Roi pendant que les suisses continuaient de tirer de l'orangerie sur le quai Voltaire et que la place du Carrousel continuait d'être occupée par la troupe. De là, pour le dire en passant, la fuite précipitée du Roi et de sa famille. Il fallait fuir ou tomber au pouvoir de l'insurrection, qui venait à l'improviste, avec une hardiesse toute française, planter son drapeau sur un château entouré de soldats, en passant par des galeries et des corridors. Telle était la situation de Charles X le 29 juillet.
Le 24 février [1848], celle de Louis-Philippe était toute différente. La campagne des banquets avait agité les esprits, mais cette agitation était loin d'être aussi profonde que celle qu'avait produite la comédie de quinze ans. Les gardes nationaux étaient, pour la plupart, infatués de la réforme mais il s'en fallait beaucoup qu'ils ressentissent une irritation pareille à celle de leurs prédécesseurs (...). Louis-Philippe, il est vrai n'avait pas de garde royale, mais les dispositions de l'armée étaient bien meilleures à son égard qu'elles ne l'avaient été précédemment à l'égard de Charles X. Les questions de réforme électorale ou parlementaire n'avaient point de prise sur l'esprit du soldat assez indifférent de sa nature à la composition des assemblées délibérantes Enfin on ne pouvait pas articuler contre Louis-Philippe aucun grief du genre de celui qu'avaient naître les fameuses ordonnances de juillet. Évidemment il n'y avait rien de commun entre le coup d'état de 1830 et une simple mesure de police, portant interdiction d'un banquet. Il est donc hors de doute que la branche cadette avait, pour se défendre, bien plus de facilités qu'en avait eu la branche aînée.(...)
Mais les brouillons ne prennent les rênes d'un gouvernement qu'autant qu'on les leur abandonne et c'est ce qu'a fait Louis-Philippe avec un laisser-aller inexplicable. J'en ai eu de mes propres yeux, les preuves les plus concluantes. Dans la journée du 24 février, j'ai fait deux fois, aller et retour, le trajet du quartier du Luxembourg à la Chaussée d'Antin. J'ai franchi entre le Pont-neuf et les boulevards, un certain nombre de barricades construites sans méthode et occupées par des gamins. "Passez M'sieur", me disaient ces soldats imberbes. Pour enfoncer de pareils retranchements, il suffisait d'un caporal et de quatre hommes. Je les ai vus, tout en émoi à une barricade établie près du quai de l'Ecole, à l'entrée de la rue de l'arbre-sec, parce qu'un détachement tambour en tête, arrivait par le Pont-neuf; mais l'assurance leur est revenue dés qu'ils eurent acquis la certitude qu'ils avaient affaire à une troupe d'insurgés. Je suis arrivé rue St-Honoré au moment où les appartements du Palais-Royal venaient d'être envahis par la populace (je me sers à dessein de ce mot). On jetait les meubles par les fenêtres, aux applaudissements de la rue. On faisait plus : on y mettait le feu avant de les jeter sur la place du Palais-Royal où le foyer de l'incendie était ainsi alimenté par le pillage. (...)
Il était permis de prévoir, vu l'incurie et la lâcheté du gouvernement, le sort qui lui était réservé. Je ne tardai pas à l'apprendre. Arrivé au quartier de la Chaussé d'Antin, je rencontrai quelques hommes armés qui paraissaient échauffés, et je me hasardai à demander à l'un d'eux des nouvelles : j'appris par lui que les Tuileries venaient d'être prises. Il avait pris part à l'expédition et il me montra un lambeau d'étoffe qu'il rapportait de la salle du trône. Je lui demandai alors si les gardes municipaux se défendaient toujours sur la place du Palais-Royal. La réponse fut brève : "ils grillent". Je m'éloignai avec dégoût. C'est ainsi que j'appris que le poste du Château d'eau, investi par les insurgés, avait été incendié par eux, que ses braves défenseurs avaient été brûlés vifs. N'étant pas assez braves pour s'emparer du poste de vive force malgré la supériorité de leur nombre, les assaillants n'avaient pas trouvé de meilleur moyen de mettre fin à une résistance héroïque. Quelle honte pour un gouvernement qui avait des troupes disponibles sur la place du Carrousel, de laisser assassiner et rôtir, à quelques centaines de pas, ses soldats les plus dévoués! Après cela, faut-il s'étonner qu'un tel gouvernement n'ait pas pu se défendre lui-même. Toutes les lâchetés sont solidaires.
Les députés orléanistes n'ont pas été plus braves que leur chef de file. Un garde national de ma compagnie, qui cumulait avec cette fonction celle de facteur à la Vallée et d'administrateur du bureau de bienfaisance, M. Bouquet, m'a donné à ce sujet des détails sur des faits dont il a été témoin et dans lesquels il a été acteur. Dans le tohu-bohu qui signala la présence de la Duchesse d'Orléans à la chambre de Députés, il y eut, parmi les Députés royalistes, un sauve-qui-peut général. La princesse fut elle même compromise dans cette bagarre de fuyards. Et l'enfant royal courut le risque d'être étouffé. M. Bouquet faisait alors son service au Palais-Bourbon comme garde national. Quoique appartenant à une compagnie de chasseurs, il avait la taille d'un grenadier, point de détail qui avait une grande importance. C'est ainsi, en effet qu'en prenant le comte de Paris dans ses bras, et en le hissant au dessus des épaules de la foule, il parvint à le soustraire au danger qui menaçait. Tel est, du moins, le récit qu'il m'a fait, à une époque assez voisine de l'événement, et dont il m'a pas été d'ailleurs possible de constater l'authenticité. (...)
C’est le malheur des révolutions, qu’elles jettent le doute sur les devoirs à remplir, et qu’elles donnent à la fidélité le nom de trahison, comme au brigandage celui d’héroïsme. En résumé, par une cause ou par une autre, tout le monde a abandonné Louis-Philippe, comme il s’est abandonné lui-même. Les Orléanistes, par peur des Républicains, n’ont pas même su concerter leurs efforts pour sauver au moins la dynastie dans la personne du comte de Paris, et les Républicains du National par peur des démocrates socialistes, n’ont pas su davantage ménager l’avènement de leur doctrine en constituant une régence. Les démocrates socialistes seuls, ont su jouer leur rôle, qui était aussi le plus facile, celui d’enfants perdus de l’opposition, de là le gâchis du gouvernement provisoire.
[modifier] Sources
- Dictionnaire bibliographique du XIXe siècle
- Bulletin bibliographique de la faculté de Droit de Paris, 1856 (éloge funèbre)
- Thémis, tome X, page 316
- Le Moniteur parisien, numéros du ,6,8, 9, 12 novembre 1851 ; 3 décembre 1851
- Archives privées