Histoire du Football Club de Nantes
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Cet article présente l'histoire du FC Nantes depuis sa création en 1943.
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[modifier] La création et la D2 (1943-1960)
[modifier] La création, sous l'occupation (1943-1944)
Les circonstances de la création du club, alors que la ville de Nantes est occupée par l'armée allemande, restent entourées de mystère, que la municipalité comme le club ne font rien pour dissiper. Les faits sont assez clairs : les dirigeants de plusieurs clubs nantais se réunissent à plusieurs reprises au printemps 1943 (le 11 mars, le 24 mars, le 5 avril, et le 21 avril), dans des cafés du centre-ville (le café Morice, place du Commerce, et le café des Alliés, rue de la Fosse) pour créer un nouveau club. En fait, c'est l'équipe première de la Saint-Pierre de Nantes, le principal club amateur de la ville, évoluant en division d'honneur, qui prend son autonomie sous le nom de Football Club de Nantes. Le comité directeur du nouveau club comprend d'ailleurs six membres de la Saint-Pierre (dont son président Marcel Braud). Les autres clubs de la ville (en particulier des associations ouvrières) ont soit un seul représentant (Ateliers et Chantiers de la Basse-Loire, Association Sportive Ouvrière Nantaise, Société de Construction des Batignolles, la Mellinet), soit deux (Stade nantais université club). Deux représentants de la Fédération Française de Football Association en font également partie.
Mais deux hommes de ce comité directeur en particulier attirent l'attention. Marcel Saupin, d'abord, dirigeant de la Mellinet et artisan important de la création du FCN. Président du club quelques années plus tard, le stade de Malakoff, au cœur de la ville, est baptisé à son nom après sa mort. Mais Saupin est aussi une figure de la collaboration, qui participe notamment au Groupe Collaboration de tendance antisémite, dirigé par Alphonse de Châteaubriant[1]. Jean Le Guillou, ensuite, qui n'est pas impliqué dans le milieu sportif nantais mais devient pourtant le premier président du club. Propriétaire d'une entreprise de bâtiment (qui a notamment construit le marché de Talensac et le stade de Malakoff), Le Guillou est une autre figure du collaborationnisme nantais, un profiteur de guerre à l'enrichissement rapide, propriétaire de bijouteries, de boutiques de mode, et d'une écurie de pur-sang dont le meilleur, Ali Pacha, monté d'un jockey jaune et vert, donne ses couleurs au nouveau club. Tout cela grâce à une collusion totale avec l'occupant : les entreprises Le Guillou travaillent pour l'organisation Todt, pour la Luftwaffe, pour la Kriegsmarine, et sont associées avec la firme berlinoise de BTP Walter dans une co-filiale GWL[2]. À la Libération, Jean Le Guillou est d'ailleurs arrêté le 9 septembre 1944, démis de ses fonctions et remplacé par Marcel Saupin. Exilé en Suisse, Le Guillou reviendra cependant après l'amnistie de 1951.
Les vraies raisons de la création du club restent finalement troubles. La collaboration et les idées associées n'y sont certainement pas étrangères. Le principe fondateur adopté le 21 avril 1943 proclame ainsi que le FCN est créé « pour développer, par la pratique du football, les forces physiques et morales des jeunes gens et pour créer entre tous les membres, des liens d’amitié et de solidarité ». Un programme qui rappelle l'idéologie pétainiste et l'endoctrinement par le sport dans le régime nazi. Notons d'ailleurs que selon la presse locale, « le FCN sera constitué par les meilleurs joueurs nantais et nazairiens, renforcés naturellement par plusieurs autres éléments de classe »[3], sous la direction d'un entraîneur expérimenté, Aimé Nuic. Les ouvriers des Chantiers ou des Batignolles peuvent rêver de gloire sportive. Retenir et endoctriner la jeunesse (alors que les réfractaires au STO sont de plus en plus nombreux à prendre le maquis), voilà sans doute le but caché de cette création. La Libération, l'année suivante, change la donne. Le sport sera bien la raison d'être du FC Nantes.
[modifier] Premiers pas en D2 (1944-1951)
Normalement promu après avoir terminé 2e de Division d'Honneur Ouest en 1944, Nantes n'en profite pas en raison des combats de la Libération. Les compétitions sont bouleversées, les compétitions tenues ne sont pas officiellement reconnues. Nantes réalise donc un triplé « officieux » en 1944-1945, avec le championnat National II (ligue Anjou), le championnat de l'Ouest, et la Coupe Odorico, compétition amicale regroupant les principaux clubs de l'Ouest, remportée le 16 juin 1945 face à l'US Le Mans. Quelques mois plus tard, le FC Nantes est intégré en deuxième division, zone nord, pour la saison 1945-1946. Le FCN entre donc dans l'ère du professionnalisme deux ans après sa création, toujours avec des joueurs issus pour la plupart de la Saint-Pierre (Gergotich, Kerdraon, Crépin) et renforcés de quelques joueurs expérimentés comme Antoine Raab ou les frères Abautret. Le premier match officiel, le 26 août 1945, voit les Nantais battre le CA Paris à l'extérieur, 2-0 (buteurs : Crépin, Ruffin). Le premier match de D2 à Malakoff est perdu 2-0 face à Troyes. Pour cette première saison les Nantais se classent 5e de leur groupe.
La D2 retrouve une organisation à poule unique en 1946-1947, tandis que l'entraîneur Aimé Nuic est remplacé en début de saison par Raab (entraîneur-joueur). L'équipe se classe généralement en milieu de tableau, 9e en 1947, 11e en 1948, 9e en 1949. Ses performances en Coupe de France ne sont pas plus brillantes et se résument en général par des éliminations assez rapide. La saison 1949-1950 débute par contre de manière catastrophique, Antoine Raab est remplacé par Antoine Gorius (entraîneur-joueur), le gardien de l'équipe. 17e et normalement relégué, le FCN est finalement repêché. Après une autre saison décevante (10e en 1951
[modifier] Une montée qui se dérobe (1951-1960)
L'arrivée d'Émile Veinante à la tête de l'équipe indique un changement dans la politique du club. Avec l'ancien international, qui vient d'obtenir la montée pour le FC Metz, Nantes vise une promotion rapide en D1. La saison 1951-1952 débute bien et le FCN reste longtemps deuxième, mais il manque son objectif en fin de saison (4e). L'un des matches les plus marquants se déroule à Monaco, rencontre décisive dans la course à la troisième place qualificative pour les barrages. Dans un match engagé (le FCN est vite réduit à dix par la blessure de Baumann) les jaunes tiennent un score nul (1-1). Mais Monaco inscrit un but à 10 minutes de la fin, validé malgré un hors-jeu évident. Remontés, les joueurs parviennent à égaliser à la 96e. Mais l'arbitre refuse cette fois le but au motif d'un hors-jeu ! En signe de protestation, les Nantes arrêtent de jouer et s'accroupissent. Monaco l'emporte par 8-1, le rêve de la montée s'effondre mais le président Saupin félicite ses joueurs à leur retour.
Veinante ne parvient pas à décrocher la montée : Nantes est 6e en 1953, 9e en 1953. L'entraîneur est remplacé au printemps 1954 par Antoine Raab qui retrouve le poste d'entraîneur. Toutes les conditions seraient pourtant réunies pour réussir une montée, à commencer par des joueurs talentueux et expérimentés (notamment les Hollandais Gerrit Vreken et Jan van Geen) et un public de plus en plus nombreux (record d'affluence le 9 novembre 1953, avec 10 000 spectateurs pour la réception d'Angers, 4-2). Avec Raab, les choses semblent même empirer : 10e en 1955 (tandis que la réserve de Albert Heil remporte le championnat amateur de l'Ouest, en DH), Nantes semble plonger tout droit vers la relégation en 1955-1956. Raab est de nouveau démis de ses fonctions et l'équipe se sauve sous les ordres du capitaine Stanislas Staho, terminant à la dernière place de non-relégable (17e).
Un nouvel entraîneur est recruté en 1956. Louis Dupal a notamment entraîné Monaco et Nantes croit pouvoir enfin obtenir sa place en D1 grâce à lui. L'équipe est renforcée de joueurs expérimentés comme Jean De Cecco, Roger Gabet ou Erich Habitzl (arrivés en 1956), ou encore Guelzo Zaetta, prêté par Angers en 1957 et qui deviendra une grande figure nantaise. Malheureusement les résultats ne sont pas à la hauteur. Le club est deux fois 13e, en 1956-1957 et en 1957-1958. D'autres renforts arrivent en décembre 1958, Raymond Wozniesko (Bordeaux) ou Ernest Bodini (Monaco). Mais en 1958-1959, le club termine 14e. Cette saison-là est aussi l'époque de remaniements au sein de la direction en raison d'un grave déficit. Jean Clerfeuille devient président. Dupal est remplacé au début de la saison 1959-1960 par Karel Michlowski, ancien entraîneur de Lens. Celui-ci bénéficie aussi de renforts (Daniel Carpentier, René Dereuddre). Les résultats s'améliorent très vite et Nantes est champion d'automne en décembre 1959. Parmi les événements de la saison, il faut retenir le scandale qui éclate dans le football français lorsque le gardien nantais Lehel Somlay (prêté par Le Havre) révèle une tentative de corruption de la part des dirigeants du Red Star à l'occasion de la réception de celui-ci (une victoire par 5-1). Une affaire qui entraînera l'exclusion du club de Saint-Ouen du monde professionnel. Malheureusement pour Nantes, la fin de saison voit encore la montée échapper au FCN (8e). Michlowsky estimant ne pas avoir les moyens dont il a besoin, il s'engage à Angers. Le Président Clerfeuille cherche une nouvelle solution pour le club.
[modifier] José Arribas : la montée et les premiers titres (1960-1976)
[modifier] La montée (1960-1963)
Les candidats au poste d'entraîneur ne manquent pas. Mais le président Clerfeuille reste dubitatif. Tous ces entraîneurs à la compétence incertaine et aux prétentions financières démesurées, l'effraient. Et puis finalement, une candidature retient son attention. L'homme, ancien joueur de l'US Le Mans, entraîne les amateurs de Noyen-sur-Sarthe, il est réfugié basque de la guerre d'Espagne, il ne réclame pas grand-chose et ne parle que de football et de plaisir de jouer. Cet homme s'appelle José Arribas : un complet inconnu, en tout cas pour Clerfeuille. Car celui-ci se renseigne et obtient deux avis positifs. Albert Heil, l'entraîneur de la réserve, a fait son stage d'entraîneur avec lui et le connaît. Henri Guérin, l'entraîneur de Rennes, est quant à lui un ami d'Arribas et le recommande chaudement. Le 14 juillet 1960, Clerfeuille reçoit le petit homme à l'accent latin. Dix minutes plus tard, il est le nouvel entraîneur du FCN.
Modeste dans sa mise et dans ses propos, le verbe toujours mesuré (il vouvoie toujours ses joueurs), Arribas révolutionne pourtant le club par son message. Pédagogue, il expose ses options, ses choix. Et Arribas est avant tout un technicien et un autodidacte avoué : il aime tester différents systèmes, ce qui va permettre à Nantes de prendre une bonne longueur d'avance tactique sur ses concurrents. Nantes adopte ainsi très vite une défense en zone alors que le marquage individuel reste ailleurs la règle. Puis, au lendemain d'une déroute à Boulogne (10-2), Arribas, en qui Clerfeuille fait réellement confiance, choisit une nouvelle évolution : l'abandon du WM pour le 4-2-4, une innovation brésilienne observée lors de la précédente coupe du monde. Un choix avant tout défensif, qui permet d'ajouter un deuxième arrière central pour couvrir les montées de Gabriel Caullery et des deux latéraux, Maurice Baloche et Daniel Carpentier[4]. Enfin, Arribas oriente son équipe, constituée de bons techniciens plus que de grands gabarits, vers un jeu court et rapide. Les joueurs adhèrent immédiatement à ce discours. Arribas importe un plaisir de jouer inconnu jusqu'ici à Nantes. Les résultats s'améliorent donc très vite. Et pour la première saison du Basque, en 1961 le FCN termine à une honorable 11e place en D2.
Il faut également souligner le rôle d'Albert Heil. Car en plus de plaider en faveur de l'arrivée d'Arribas, Heil supervise de nombreux jeunes joueurs, souvent recalés par des clubs plus prestigieux, et il est à l'origine du recrutement de futures stars : en 1958, Gilbert Le Chenadec, en 1960, Philippe Gondet et Jean-Claude Suaudeau, en 1962, Bernard Blanchet, puis Robert Budzynski en 1963. Et, dans l'immédiat, Arribas bénéficie de la présence de joueurs expérimentés, voire de grandes vedettes en fin de carrière. Citons René Dereuddre (1959-1961) et surtout cinq recrues majeures en 1961 : l'impérial Pancho Gonzales en défense (1961-1963), Jean Guillot (1961-1965) et Pierre Grillet (1961-1962) en provenance du RC Paris, et un duo d'attaquants de grande classe : André Strappe (1961-1963) et Thadée Cisowski (1961-1962). Malheureusement, cette politique ne porte pas immédiatement ses fruits, le FC Nantes termine 6e en 1961-1962. Et la saison 1962-1963 commence moyennement. Il faut que plusieurs cadres de l'équipe (Strappe, Gonzales, Guillot) fassent pression sur la direction et menacent de partir pour éviter le renvoi d'Arribas (alors qu'Antoine Raab, conseiller technique, réclame la fin des expériences du Basque). Clerfeuille confirme finalement l'entraîneur dans ses fonctions, et bien lui en prend. Nantes caracole bientôt en tête du championnat, est champion d'automne en décembre 1962, et si Saint-Étienne finit par passer devant les jaunes, ceux-ci ne ratent pas la montée pour autant. La promotion est obtenue le 1er juin 1963, le soir d'une victoire contre Sochaux par 3-1 (sur deux buts de Jean Guillot et un but de Sadek Boukhalfa), devant une affluence record (16 959 personnes). Les principaux artisans de cette montée sont, bien sûr, les expérimentés Strappe, Gonzales et Guillot (ainsi que Raymond Fiori ou Yves Jort), mais aussi les jeunes Le Chenadec, Suaudeau ou Gondet, déjà indispensables. Citons aussi Rafael Santos, recruté à la mi-saison pour suppléer Gondet, atteint d'une amibiase[5].
[modifier] Nantes conquiert la France (1963-1970)
La transition vers l'élite se révèle réussie, et ce malgré plusieurs changements importants dans l'effectif, notamment le départ de Pancho Gonzales (retraite) et d'André Strappe (Bastia). Mais de jeunes joueurs habilement repérés renforcent l'effectif au-delà de toutes les espérances, notamment Jacky Simon, jeune attaquant venu de Cherbourg, Robert Budzynski, un défenseur prometteur mis à la porte par le RC Lens, ou encore Gabriel De Michèle, arrière gauche amateur venu de Jarny sur les conseils d'Aimé Nuic, son entraîneur en Lorraine. Le 1er septembre 1963 voit le FCN jouer sa première rencontre en D1, contre Sedan. Nantes est tenu en échec (2-2). Notons toutefois qu'en ouvrant le score à la 11e minute, Jacky Simon est le premier buteur nantais parmi l'élite. Cette saison 1963-1964 reste une réussite puisque le FC Nantes assure largement le maintien (8e au classement), et parvient également jusqu'en demi-finale de Coupe de France.
Le travail de José Arribas aboutit enfin en 1964-1965, lorsque Nantes surprend la France du football en remportant le titre. Le 30 mai 1965, plus de 20 000 personnes sont rassemblées pour la dernière journée du championnat au stade de Malakoff (rebaptisé Stade Marcel-Saupin en fin de saison, en l'hommage du fondateur mort en janvier 1963). Face à Monaco, le FCN acquiert le titre grâce à une victoire par 2-1, grâce aux deux vedettes de l'équipe : Jacky Simon (9e minute) et Ramon Muller (14e minute). Simon, meilleur buteur du championnat (24 buts) est élu meilleur joueur de la saison par la presse, et devient surtout le premier joueur nantais appelé en équipe de France, le 24 mai 1965. Muller, de son côté, est le véritable meneur de jeu de l'équipe, admiré du public pour son inspiration et ses gestes hors du commun, comme ce but qui offre le titre au FCN, une reprise de volée de trente mètres. Cette saison parfaite est complétée par un mini-doublé puisque Nantes remporte la Coupe de la Ligue, ainsi d'ailleurs que le Challenge des Champions contre Rennes (4-2).
La saison 1965-1966 voit Nantes confirmer sa domination de belle manière. Les Nantais terminent cette fois meilleure attaque (84 buts) et meilleure défense (36 buts). Le retour en forme de Philippe Gondet, meilleur buteur du championnat (36 buts en 37 matches !) n'y est pas pour rien. La solide défense emmenée par Daniel Eon dans les buts et la charnière Gilbert Le Chenadec - Robert Budzynski non plus. Les autres joueurs essentiels des deux premiers titres se nomment Sadek Boukhalfa (ailier gauche parti en 1965 pour rejoindre Bastia), Gabriel De Michèle (arrière gauche surnommé Jaïr par Ramon Muller[6]), Bernard Blanchet (« ailier moderne, capable aussi bien de déborder que de centrer, ou de se faufiler au centre, [...] remarquable dans le jeu aérien »[7], et souvent décisif), Rafael Santos toujours disponible pour pallier les blessures, ou encore Jean-Claude Suaudeau (véritable relais d'Arribas au milieu, « parfait relayeur entre la défense et l'attaque »[8]. De Michèle, Gondet et Budzynski participent tous trois à la World Cup '66, mais ne suffisent pas sauver la performance française (élimination au premier tour).
Deux déceptions toutefois sont à noter. D'abord, le FC Nantes se laisse surprendre par Strasbourg en finale de Coupe de France (0-1), un match qui laisse bien des regrets aux Nantais qui jouent la majeure partie de la rencontre à dix en raison de la blessure de l'indispensable Muller avant la mi-temps. Autre déception : la coupe d'Europe, puisque Nantes est éliminé au premier tour par le Partizan Belgrade. Une défaillance renouvelée en 1966-1967 puisque Nantes est éliminé par le Celtic Glasgow, futur vainqueur de la compétition, en 1/8e de finale.
Les deux premiers titres sont suivis d'une période plus difficile. Les départs accumulés de Boukhalfa, Guillot (1965), Muller, Santos ou encore Bako Touré (père de José Touré), mal remplacés, affaiblissent une équipe vieillissante. Et les recrues sont insuffisantes, malgré les arrivées, en 1966, du Yougoslave Vladimir Kovacevic et de deux futurs cadres de l'équipe, Michel Pech et Henri Michel. La défense en particulier pose problème, Eon longtemps blessé, Le Chenadec parti en 1967 à Metz, Budzynski victime d'une fracture tibia-péroné en 1968, qui ne lui permettra jamais de retrouver le terrain malgré deux ans de convalescence, Claude Robin parti à son tour en 1969. Les remplaçants ne sont pas à la hauteur, notamment Roger Lemerre, qui malgré sa valeur ne s'adapte pas à la défense en zone prônée par Arribas[9]. Seconds en 1967, les Nantais descendent à la 7e place en 1968 et finissent deux fois 10e en 1969 et 1970. Cette année-là semble d'ailleurs celle du renouveau, puisque le FCN se hisse en finale de Coupe de France. Mais la surprise se transforme en déroute le 31 mai, au Stade de Colombes, puisque les Nantais sont balayés (5-0) par les Verts, alors au sommet du football français.
[modifier] D'un cycle à l'autre (1970-1976)
Les années 1970 commencent avec la domination du Saint-Étienne d'Albert Batteux et d'un Marseille emmené par son cannonier Josip Skoblar. Du côté des Canaris (comme on les appelle maintenant à l'imitation de Norwich), José Arribas prépare la relève. Du côté des structures d'abord, et ce dans les jours qui suivent la débâcle de la finale de coupe 1970. Robert Budzynski, après sa retraite forcée, se voit d'abord confier la fonction de directeur sportif, une première dans le football français[10]. Jean-Claude Suaudeau ensuite prend sa retraite de joueur professionnel mais ne raccroche pas les crampons. Il accepte en effet de devenir entraîneur-joueur de l'équipe réserve, en troisième division, aux côtés de Zaetta. Arribas confie aux deux techniciens une mission claire : apprendre aux plus jeunes joueurs de l'effectif à assimiler les principes de jeu qui ont fait le succès de Nantes. L'apprentissage est une préoccupation majeure du Basque, et c'est sous son impulsion qu'ouvre peu après l'embryon d'un centre de formation, en fait un simple « foyer des jeunes » en centre-ville[11].
Dans le même temps, le club renoue avec le recrutement de jeunes prometteurs. Des défenseurs solides comme Patrice Rio ou Bernard Gardon, ainsi que Raynald Denoueix. Le jeune gardien prometteur Jean-Paul Bertrand-Demanes qui a déjà fait quelques apparitions dans l'équipe première dès 1969. Gilles Rampillon, jeune attaquant de dix-sept ans qui, entre les entraînements, prépare les concours de Normale Sup au Lycée Clemenceau[12]. Et encore René Donoyan, Omar Sahnoun, Claude Arribas (le fils de José)...
La tactique du FCN évolue vers le 4-3-3, devenu plus courant sur les terrains européens. Arribas préfère aussi faire évoluer sa défense en ligne vers un partage de la couverture entre un stoppeur et un libéro[13]. Le FCN termine 3e en 1971 et 7e en 1972.
Les joueurs sont désormais rares à avoir connu les deux premiers titres. À l'orée de la saison 1972-1973, on ne compte plus que Bernard Blanchet et Gabriel De Michèle parmi ces vétérans. Les autres cadres de l'équipe se nomment Henri Michel (capitaine depuis 1971[14], Michel Pech, Jean-Claude Osman. Gardon, Bertrand-Demanes, Rampillon se sont imposés progressivement comme des titulaires. Enfin, quelques recrues de poids vont avoir tout leur rôle à jouer. Didier Couécou, attaquant expérimenté du championnat. L'Allemand Erich Maas, ailier gauche venu du Bayern Munich en 1970. Et puis deux Argentins, recrutés par Budzynski. Angel Marcos d'abord, buteur efficace venu en 1971 pour succéder à son compatriote Hugo Curioni et, surtout, pour enfin occuper un poste orphelin de Gondet. Angel Hugo Bargas ensuite, élu sportif de l'année 1972 en Argentine devant Carlos Monzón[15], qui rejoint Nantes à la mi-saison après quelques péripéties de procédure qui mènent notamment à la démission du président de l'AFA[16]. Le FC Nantes parvient grâce à cette équipe solide à se hisser à la première place au mois de février, et à enlever son troisième titre national devant Nice. Une nouvelle fois cependant, le doublé est manqué, les Canaris sont battus au Parc des Princes par l'Olympique lyonnais de Fleury Di Nallo, Serge Chiesa et Bernard Lacombe.
Les saisons suivantes voient Saint-Étienne revenir au premier plan, le FCN est 2e en 1974, 5e en 1975, 4e en 1976, et ne dépasse pas les 1/4 de finale en Coupe de France. Il faut également souligner que les Canaris restent décevants en compétitions européennes : 1/8e de finale (contre Cardiff City) en Coupe des coupes en 1971, 1/16e de finale (contre Tottenham) en Coupe UEFA en 1972, 1/16e de finale encore (contre les amateurs de Vejle BK !) en Coupe des champions en 1974, 1/16e de finale toujours (contre le Banik Ostrava) en Coupe UEFA en 1975. En 1976, les dirigeants nantais ne proposent un prolongement de contrat que d'un an à José Arribas, arguant qu'ils souhaitent désormais que les techniciens du club soient en fin de contrat chaque saison[17]. Tenant de la stabilité, Arribas préfère quitter le FCN, et signe à Marseille où il sera renvoyé après quelques matches. Il aura passé seize ans d'affilée dans le même club : un record absolu dans le championnat de France de football.
[modifier] La constance dans le succès (1976-1988)
[modifier] L'ère Jean Vincent I : les jeunes loups (1976-1979)
Un temps pressenti pour succéder à Arribas, Jean-Claude Suaudeau est finalement jugé trop jeune et trop proche des joueurs par la direction, qui préfère recruter Jean Vincent. L'ancien attaquant de Lille et de Reims, quarante-cinq fois international, arrive avec une mission : épaissir le palmarès nantais. Notamment en coupe de France et en coupe d'Europe. Les dirigeants du club ne veulent plus de déceptions, d'éliminations prématurées, de finales ratées.
Pourtant, c'est bien en championnat que Jean Vincent relance le FCN, avec une méthode surprenante. À peine arrivé, il écarte en effet Robert Gadocha et Yves Triantafilos, les deux vedettes incontestables de l'équipe, qu'il juge en méforme. Il préfère faire confiance à un trio d'attaquants formés au club, et alignés quelques semaines plus tôt par l'équipe de France olympique aux J.O. de Montréal : Loïc Amisse, Bruno Baronchelli et Éric Pécout, « l'attaque olympique » qui va marquer la saison. Ce n'est pas tout : Vincent fait confiance à d'autres jeunes encore issus de l'apprentissage de Suaudeau : Thierry Tusseau, Omar Sahnoun, Georges van Straelen, Gilles Rampillon, Oscar Muller. Une équipe de jeunes ambitieux et virtuose, qui démarrent la saison sur les chapeaux de roue en l'emportant à Metz (1-2) lors de la première journée puis, quelques semaines plus tard, à Sochaux (2-6). Le 15 octobre les Canaris montrent leurs ressources : menés 0-3 à Saupin par le PSG, ils remontent le score et finissent à 3-3. Nantes fait la course en tête avec Lyon et Bastia : battus à Saupin au printemps, les deux rivaux sont écartés et la jeune garde nantaise est championne de France. Elle parvient aussi en demi-finale de coupe de France, un grand moment de suspense qui tourne en faveur de Saint-Étienne : le FCN l'emporte 3-0 à Nantes, mais les Verts remontent le score à Geoffroy-Guichard et, en prolongation, malgré un coup-franc de Henri Michel (3-1) Saint-Étienne parvient à l'emporter (5-1).
Pendant ce temps, le club continue de se structurer. En 1977 ouvre le centre d'entraînement nantais de La Jonelière, loin du centre-ville. Les Nantais y trouvent tranquillité, sérénité, mais aussi de grands espaces pour bâtir un véritable complexe sportif, et notamment un centre de formation comme il n'en existe pas encore en France, et qui ouvre en 1979.
En 1977-1978, le FC Nantes présente une équipe championne inchangée, mais se fait surprendre comme tout le reste du championnat par Monaco : les Canaris sont deuxièmes. En coupe d'Europe aussi, ils se laissent surprendre. Après être venus à bout du Dukla Prague, ils sont accrochés à domicile par l'Atlético Madrid (1-1). Buteur à l'aller, le jeune Guy Lacombe ouvre le score au stade Vicente Calderon, mais les Madrilènes l'emportent finalement (2-1). En coupe de France, Nantes est éliminé par Nice en quarts de finale.
La saison 1978-1979 est différente. Elle commence pourtant mal : malgré l'arrivée de Victor Trossero en attaque, le jeu nantais s'étiole et le rendement offensif de l'équipe déçoit. Les Nantais sont rapidement éliminés de coupe UEFA par le Benfica Lisbonne, et ont jusqu'à neuf points de retard sur Strasbourg en championnat. Jean-Claude Suaudeau est alors promu au rang de conseiller de Jean Vincent, qui accepte de collaborer plus étroitement avec le disciple d'Arribas. Le travail paie : le jeu s'améliore. En championnat il est trop tard, et Nantes termine la saison à deux points des Alsaciens. Mais en coupe de France, les Canaris réalisent enfin ce que l'on attend d'eux. Après un parcours difficile (notamment Marseille en quart de finale) les Nantais se présentent sur la pelouse du Parc-des-Princes pour la finale. Mais alors qu'on attendait une finale Nantes-Strasbourg, le champion s'est fait surprendre par Auxerre, surprenante équipe de deuxième division emmenée par un jeune entraîneur qui séduit les médias : Guy Roux. Le public parisien est entièrement derrière le « petit » et siffle les Canaris tout au long du match, mais les jaunes ne se laissent pas surprendre : tenus en échec à la fin du temps réglementaire (1-1) ils plient le match en prolongation (4-1), notamment grâce à Pécout, auteur d'un triplé, exploit unique en finale de coupe. Jean Vincent a rempli sa mission : Nantes a enfin remporté le trophée national qui lui manquait tant.
[modifier] L'ère Jean Vincent II : près du sommet européen (1979-1982)
La saison 1979-1980 est d'abord celle du retour au sommet en championnat. Renforcés par la venue de l'Argentin Enzo Trossero, homonyme de Victor (sans lien familial) venus pallier le départ de Sahnoun à Bordeaux, les Nantais bénéficient aussi d'évolutions tactiques (Henri Michel passé en défense depuis la retraite de Bargas), de la confirmation de certains talents (Bossis, Tusseau, Baronchelli) et de l'éclosion de nouveaux jeunes, notamment l'attaquant José Touré, fils de Bako Touré, et deux latéraux, Michel Bibard et William Ayache. Le titre sera remporté en fin de saison, avec trois points d'avance sur Sochaux et Saint-Étienne. Mais la vraie surprise de la saison est européenne : enfin, les Nantais s'expriment au niveau continental, en Coupe des coupes. Ils éliminent le Steaua Bucarest, puis le Dynamo de Moscou. En demi-finale, Nantes a ses chances face au FC Valence d'Alfredo Di Stéfano, emmené par Mario Kempes et Rainer Bonhof. À l'aller, à Saupin, le festival offensif nantais est hélas mal reflété par le score, d'autant que Kempes parvient à inscrire un but sur sa seule occasion (2-1). Nantes garde toutes ses chances au retour. Mais à l'aéroport, alors qu'ils embarquent pour Valence, les Canaris apprennent une bien triste nouvelle : leur ami Sahnoun s'est effondré à l'entraînement, à Bordeaux, crise cardiaque. Mort. Un événement qui pèse sur le moral et la concentration des Nantais, sèchement battus à Valence (4-0). Il faut aussi dire que Nantes n'a pas un attaquant de la trempe de Kempes, encore deux fois buteur au retour. La déception de la défaite ne doit pourtant pas masquer la réussite que constitue cette demi-finale : Nantes existe désormais au niveau européen. Nantes est un grand club. Un fait anecdotique marque d'ailleurs l'été 1980 : venu pour un concert, Bob Marley et les Wailers participent à un petit match à cinq contre cinq à la Jonelière, face à quelques Nantais. Un rencontre légendaire.
La saison suivante est moins chanceuse. Pécout est longtemps blessé, Victor Trossero est parti, et le seul renfort tangible est Fabrice Poullain, issu du centre de formation. Nantes compte sur ses qualités et son jeu, mais en coupe UEFA, cela ne suffit pas face au béton de l'Inter Milan, qui élimine les Canaris en 1/8e de finale (1-2 à Nantes, 1-1 à San Siro). Puis, en coupe de France, c'est Bordeaux qui met un terme au parcours nantais (1-4 à Nantes, 4-6 à Bordeaux). Saupin n'est plus une forteresse imprenable. Invaincus à domicile en championnat depuis le 15 avril 1976 (défaite contre le PSG), avec une série jamais égalée de 92 matches sans défaite (80 victoires et 11 nuls, 237 buts marqués contre 52 encaissés)[18], les Nantais sont finalement battus par Auxerre, et un but de Patrick Remy. Puis, tenus en échec à domicile par Saint-Étienne (1-1), les Nantais perdent le titre au profit des Verts. Jean Vincent est de plus en plus contesté par le public, mais aussi au sein du club. Pourtant, à l'été 1981, Nantes parvient à recruter un joueur d'exception en la personne du Yougoslave Vahid Halilhodzic, l'un des meilleurs attaquants européens. Cependant, l'adaptation de ce dernier est difficile, de son propre aveu il met du temps à s'intégrer au jeu en mouvement du FCN[19]. Vite lâché en championnat, éliminé par Lokeren en 1/32e de finale de coupe UEFA, par Noeux-les-Mines en 1/32e de coupe de France, Nantes va mal. Jean Vincent est devenu indésirable. Avant même la fin de saison, il quitte le club en acceptant de devenir le sélectionneur du Cameroun pour le Mundial '82. Jean-Claude Suaudeau reprend naturellement les rênes pour terminer la saison. Nantes est 6e. Bossis est le seul Canari qui participe à la coupe du monde en équipe de France. À l'entame de la saison 1982-1983, beaucoup d'interrogations entourent Nantes.
[modifier] Jean-Claude Suaudeau, l'héritier (1982-1988)
Le changement d'entraîneur accompagne une fin de cycle évidente. Henri Michel prend sa retraite cet été là. Gilles Rampillon rejoint quant à lui l'AS Cannes. Les deux leaders de l'équipe, les deux relais préférés de Jean Vincent sur le terrain aussi, quittent donc Nantes. Changement d'ère, donc, mais comme au précédent changement d'entraîneur, ces ajustements permettent au club de retrouver un succès immédiat. Aucun renfort extérieur n'est recherché mais l'équipe arrive à maturité sous les ordres de « Coco » Suaudeau : Vahid Halilhodzic trouve enfin ses marques, Loïc Amisse et Bruno Baronchelli brillent de mille feux sur les ailes, José Touré devient un atout majeur dans un rôle d'attaquant de soutien si brillant qu'il est surnommé Le Brésilien[20], et au milieu l'infatigable Oscar Muller bénéficie de l'apport de Seth Adonkor, aux moyens physiques hors du commun, qui préfigure le poste de milieu défensif récupérateur qui se généralisera dans le football des années 1990. Devant l'éternel Jean-Paul Bertrand-Demanes, la défense trouve également son équilibre autour de Maxime Bossis, replacé comme libéro et promu capitaine, aux côtés de l'inusable Patrice Rio et, sur les côtés, de Thierry Tusseau à gauche et de William Ayache à droite. Peu nombreux, les remplaçants ont également leur rôle à jouer, notamment Michel Bibard et Fabrice Poullain. Nantes termine champion de France en surclassant notamment Bordeaux et le PSG, avec des statistiques impressionnantes : 58 points[21], meilleure attaque (77 buts marqués), meilleure défense (29 buts encaissés), et 27 réalisations pour le seul Halilhodzic (meilleur buteur de D1). Pourtant, une nouvelle fois, Nantes manque le doublé. La rencontre face au PSG, malgré le handicap du stade (la rencontre est jouée au Parc des Princes), les Canaris survolent la première mi-temps et mènent 2-1 à la pause, grâce à Baronchelli et à un but d'anthologie de José Touré[22], mais ils ne parviennent pas à concrétiser leurs nombreuses occasions en seconde mi-temps : les Parisiens sont relancés par Safet Susic avant que Nabatingue Toko n'enterre les espoirs nantais.
D'autres espoirs sont déçus la saison suivante. Le départ de Thierry Tusseau à Bordeaux contre la volonté du club trouble la sérénité nantaise. Cette équipe décrite par Suaudeau comme la plus forte qu'il ait eue à sa disposition[23] déçoit en championnat (6e, à neuf points de Bordeaux), mais aussi en coupe d'Europe : les Canaris sont piégés dès le premier tour par le Rapid de Vienne d'Antonin Panenka, 0-3 à l'extérieur, 3-1 à domicile. Débute alors une période nouvelle pour le club, dans des conditions plus difficiles, sur sa nouvelle pelouse du Stade de la Beaujoire, écrin qui fait la fierté du FCN mais dont les tribunes souvent à moitié vides n'ont pas la même chaleur que celles du vieux Stade Saupin.
Pourtant revenu à la deuxième place en 1985 (toujours derrière Bordeaux), le club ne peut plus rivaliser financièrement avec ses concurrents et Suaudeau doit se résigner à voir partir ses meilleurs joueurs année après année. En 1985 le FCN perd Bossis (Matra Racing), Bibard et Poullain (PSG). Et les recrutements sont de moins en moins à la hauteur. En 1985 le club recrute le solide Yvon Le Roux en défense, et l'excellent meneur Argentin Jorge Burruchaga, peut-être le plus talentueux de l'histoire du club[24], champion du monde un an plus tard[25]. Le club demeure deuxième, derrière le PSG cette fois, et effectue un excellent parcours en coupe UEFA, éliminant notamment le Partizan Belgrade (1-1 à l'extérieur, puis un festival offensif et un score de 4-0 au match retour) et le Spartak Moscou (0-1 à l'extérieur, 1-1 à domicile) avant d'être éliminé avec les honneurs par l'Inter (0-3 à San Siro et 3-3 à domicile, après avoir longtemps tenu un score de 3-1[26].
Le problème s'aggrave surtout la saison suivante : en 1986, le FCN perd cette fois Touré (Bordeaux), Halilhodzic et Ayache (PSG), et les recrues ne sont pas du même ordre (Philippe Anziani, Patrice Garande, Julio Olarticoechea) Cette politique désastreuse s'accélère cependant avec le nouveau président Max Bouyer, nommé en décembre 1986 et à l'origine d'autres recrutements tout aussi inadéquats, en particulier Mo Johnston et Frankie Vercauteren en 1987, recrutés à prix d'or avec un statut de vedettes, et qui déçoivent chacun à leur manière. L'intégration de jeunes talentueux depuis plusieurs saisons (Michel Der Zakarian, Antoine Kombouaré, Didier Deschamps ne suffit pas à équilibrer les départs. La malchance s'y ajoute : Burruchaga est également écarté des terrains presque constamment sur blessure à partir de 1987[27].
Nantes plonge donc brutalement au classement. Ces bouleversements permanents empêchent à l'équipe de conserver son jeu léché, et Suaudeau n'y peut rien : le FCN est 12e en 1987 et 10e en 1988. Le président Bouyer fait peser toutes les responsabilités sur les épaules de l'entraîneur et démet l'entraîneur de ses fonctions. Nantes vit la première vraie rupture de son histoire depuis 1960.
[modifier] Crise et renouveau (1988-2001)
[modifier] La sombre période Bouyer-Blazevic (1988-1992)
Max Bouyer décide de nommer au poste d'entraîneur un étranger, Miroslav Blazevic, un yougoslave passé par les Grasshoppers et le Dinamo Zagreb. Les changements sont immédiats : Blazevic aligne dès le début du championnat ses recrues, Boris Diecket, Joël Henry, Jean-Claude Milani dans les buts, et William Ayache revenu de Marseille. Les départs les plus notables sont ceux de Michel Der Zakarian et de Jean-Pierre Bade qui n'a pas convaincu. Cette première saison de Blazevic est plutôt positive : bien accepté par les vedettes (Vercauteren, Mo Johnston), il profite de la révélation de l'année, Didier Deschamps, auquel il confie le brassard de capitaine, à seulement vingt ans. L'équipe termine à la septième place.
La spirale positive fait cependant long feu. Plusieurs facteurs entrent en jeu. Le recrutement d'abord : si Nantes bénéficie de l'arrivée de Paul Le Guen, la plupart des recrues du tandem Bouyer-Blazevic se révèlent de coûteux échecs : ainsi de Diecket ou Milani dès 1988-1989, puis de Dragan Jakovljevic, choisi par Blazevic mais décevant en attaque (et bientôt supplanté par le jeune Patrice Loko), ou encore de Claude Lowitz, Patrice Eyraud, Thierry Fernier, Jean-Louis Lima, sans parler du retour médiatisé mais inutile de Max Bossis (après un an de retraite). Un autre feuilleton déstabilise le club : celui du départ de Didier Deschamps. Le talentueux espoir est naturellement convoité, notamment par l'OM de Bernard Tapie. D'abord annoncé partant pour l'intersaison 1989, Deschamps reste finalement, mais signe précipitamment au mois de novembre : Bouyer et Tapie s'entendent à l'occasion du match France-Chypre (2-0), auquel participe Deschamps, le 18 novembre[28]. Quelques jours plus tard, Marseille rend visite à Nantes (0-0), et le joueur n'est pas aligné. D'autres soupçons entourent le match, et certaines opérations financières ne sont toujours pas élucidées[29]. Les relations entre Blazevic et l'OM sont d'ailleurs l'objet d'un mystère tenace. Le 28 avril 1990, Nantes reçoit Bordeaux, et les Canaris vivent une scène surréaliste dans les vestiaires, avant la rencontre. L'entraîneur leur annonce en effet qu'il s'est entendue avec Bernard Tapie pour que l'OM, au coude-à-coude avec Bordeaux pour la première place, verse aux joueurs nantais une prime en cas de victoire. Paul Le Guen, capitaine, refuse au nom de ses coéquipiers : le FCN s'impose tout de même, 2-1, grâce à des buts de Loko et Christophe Robert.
Le public, déçu par les résultats et le niveau de jeu, délaisse la Beaujoire (le 14 avril 1990, seulement 4 000 spectateurs assistent à un match contre Toulon[30]). La saison 1990-1991 signe l'échec du tandem Bouyer-Blazevic : les résultats empirent à l'automne, et le FCN ne parvient plus à gagner à partir de la 18e journée (Nantes 2-2 Nice). La 24e journée est une catastrophe : le 27 janvier Nantes est balayé au Vélodrome, 6-0. Marseille, qui suscite tant de questions autour de la personne de Blazevic, provoque donc le renvoi de ce dernier dès le lendemain[31]. Jean-Claude Suaudeau retrouve immédiatement le poste d'entraîneur : ce dernier, n'ayant reçu aucune proposition intéressante à la suite de son renvoi de 1988, avait en effet accepté de rejoindre l'encadrement du centre de formation. Il parvient à arracher le maintien, et les Canaris terminent à la quinzième place, la pire de leur histoire depuis la montée en D1. L'espoir est pourtant présent, grâce au retour de Suaudeau et à l'émergence de joueurs formés par ce dernier et Raynald Denoueix : Desailly, Patrice Loko, Nicolas Ouédec, ainsi que Stéphane Ziani, Christian Karembeu et Japhet N'Doram, intégrés à l'effectif au début de la saison 1991-1992. Le joueur tchadien, en particulier, montre un immense talent d'attaquant qui lui vaut bientôt son surnom trouvé par Joël Henry : « le Sorcier ».
Le FC Nantes n'est cependant pas encore épargné par les tourments. L'épilogue de la présidence de Max Bouyer est en effet à la hauteur des errements de ce dernier : un déficit de 36 millions de francs ayant été révélé en janvier 1991[32], le club ne parvient pas à rétablir l'équilibre financier malgré la vente des meilleurs joueurs (Paul Le Guen au PSG, Christophe Robert à Monaco), le club doit rendre des comptes en fin de saison devant la DNCG : le déficit s'élève cette fois à plus de 60 millions de francs[33]. Rétrogradé administrativement en D2[34], le club est repêché quinze jours plus tard grâce à un plan de sauvetage présenté par la mairie, avec la collaboration du département et de la région : le club est scindé en deux entités, l'association FC Nantes d'une part (encadrant le centre de formation) et une SAOS d'autre part (pour le club professionnel proprement dit)[32]. Le président Bouyer doit présenter sa démission, il est remplacé par Guy Scherrer, dirigeant de la Biscuiterie nantaise[33]. Le FCN est maintenu en D1 sous conditions : il doit donc se séparer de ses meilleurs éléments pour renflouer les caisses. Thierry Bonalair, Jorge Burruchaga (enfin rétabli), Marcel Desailly, Jean-Jacques Eydelie, Joël Henry, Johnny Mølby et Jean-Louis Lima quittent donc le club. C'est le prix à payer pour que le sport retrouve enfin ses droits.
[modifier] Suaudeau et le retour au sommet (1992-1997)
[modifier] Denoueix, garant des valeurs (1997-2001)
[modifier] Les années 2000 : quand la crise devient chronique
[modifier] 2001-2007 : une relégation inéluctable
[modifier] 2007-... : Kita, la rupture
[modifier] Notes
- ↑ Information connue depuis l’ouverture des archives du ministère de l’Intérieur concernant certaines organisations collaborationnistes dont le groupe « Collaboration », par l’arrêté du 11 octobre 1999. Voir aussi Ouest France : Saupin : un stade mythique, un homme de l'occupation
- ↑ Christophe Belser, La collaboration en Loire-Inférieure, 1940-1944, Geste éditions, 2005 (2 vol.). Voir aussi cet article sur l'ouvrage.
- ↑ Le Phare du 6 avril 1943
- ↑ Verret 1981, p.47
- ↑ Verret 1981, p.59
- ↑ Garnier, p.163
- ↑ Garnier, p.142
- ↑ Garnier, p.205
- ↑ Garnier, p.212 : « [...] la valeur du joueur était indéniable, mais le jeu de Nantes, basé sur la zone en défense, lui convenait à peu près autant qu'une minijupe à un archevêque »
- ↑ Verret 1981, p.111
- ↑ Chauvière, p.95
- ↑ Garnier, p.172
- ↑ Verret 1981, p.113
- ↑ Garnier, p.159
- ↑ Alain Garnier, p.132
- ↑ Gérard Ernault, « Bargas sans peur et sans reproche », Football Magazine n°170, mars 1974, p.15
- ↑ Jean-Marie Lorant, « Arribas, le père tranquille », France Football n°1742, 28 août 1979
- ↑ Verret 1981, p.156-157
- ↑ So Foot n°27, octobre 2005, p.36
- ↑ Ce surnom lui est attribué en cours de saison, avant même son but « brésilien » en finale de coupe (voir France Football n°1940, 14 juin 1983)
- ↑ 38 victoires, 10 nuls, 4 défaites (victoire à 2 pts)
- ↑ Ce but est souvent décrit comme le plus beau qui ait été inscrit en finale de coupe de France, et l'un des plus beaux de l'histoire du football français. Voir notamment ces liens : [1] [2] [3], [4]...
- ↑ So Foot n°21, avril 2005, p.40
- ↑ Jean-Claude Suaudeau le pense en tout cas, voir So Foot n°21, p.40
- ↑ Et buteur décisif en finale
- ↑ Le point noir de cette soirée du 19 mars 1986 à la Beaujoire est cependant la blessure de José Touré qui le prive de Coupe du monde, et ne lui permettra plus de jouer sous le maillot jaune et vert avant son départ à l'intersaison pour Bordeaux, rendant son départ un peu plus triste encore
- ↑ Il accepte même d'être reclassé en amateurs pour laisser une place d'étranger dans l'effectif, cf. L'Humanité
- ↑ Site officiel de Didier Deschamps
- ↑ Quelques jours avant le match, l'OM versait 420 000 francs sur un compte suisse dont le titulaire est Miroslav Blazevic : un simple transit dans le transfert d'un joueur yougoslave, selon ce dernier (source Hervé Gattegno, « L'énigme du Nantes-Marseille », Le Nouvel Observateur, 14 octobre 1993)
- ↑ Minier, FCNA, p.59
- ↑ Minier, FCNA, p.20
- ↑ a b « Les Canaris sur le fil », L'Humanité, 5 octobre 1992
- ↑ a b « Le FC Nantes sauvé », L'Humanité, 25 juin 1992
- ↑ « Du plomb dans l'aile », L'Humanité, 10 juin 1992
[modifier] Bibliographie
[modifier] Ouvrages spécialisés
- Alain Garnier, F.C. Nantes : la passe de trois, Solar, 1973
- Jacques Etienne, Henri Michel, football quand tu nous tiens, Alta, 1977
- Jean-Claude Chauvière, "Allez les jaunes !..", Calmann-Lévy, 1977
- Bernard Verret, Les grandes heures du FC Nantes, PAC, 1981
- Jean-Marie Lorant, Bossis, Maxi Max, Calmann-Lévy, 1983
- Bernard Verret, Le chant des Canaris, Leader, 1995
- Jean-Claude Santerre, La vie en jaune - Petite histoire du FC Nantes de 1963 à 1999, Le petit véhicule, 2000
- Pierre Minier, Football Club de Nantes, Le doyen de l'élite - 1943-2003, Les cahiers intempestifs, 2003
- Yannick Batard, FC Nantes : une équipe, une légende, Cheminements, 2005
- Pierre Minier, FCNA - Football Club Nantes Atlantique, Calmann-Lévy, « Un club, jour après jour », 2007
[modifier] Périodiques
[modifier] Spécialisés
[modifier] Généralistes
[modifier] Liens externes
- FC Nantes : 40 ans au plus haut niveau : dossier de Ouest France, 2003
Football Club de Nantes |
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Histoire • Joueurs • Records • Saison par saison • Saison 2007-2008 |
La Jonelière • Stade de la Beaujoire • Stade Marcel-Saupin • Jeu à la nantaise |