Histoire des Juifs au Maroc
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La présence juive au Maroc est très ancienne et fut nourrie par diverses vagues de réfugiés suite aux vicissitudes et persécutions dont ont été victimes les Juifs au cours de l'Histoire, mais aussi des conversions parmi les populations berbères autochtones. Cette communauté compte deux sous-ensembles ethnico-culturels : les toshavim "autochtones" et les megorashim "expulsés (d'Andalousie)".;
Si la communauté juive s'est trouvée forte de plusieurs centaines de milliers d'individus jusqu'au XXe siècle, elle s'y est réduite pour ne plus compter actuellement qu'entre 3000 et 7000 membres, selon les sources. Les différentes communautés juives d'origine marocaine comptent désormais plus d'un million de membres à travers le monde.
Sommaire |
[modifier] Histoire
[modifier] Antiquité
L'histoire des Juifs d'Afrique du Nord se confond avec la création de Carthage par les Phéniciens, vers le IXe siècle av. J.-C., et le développement de comptoirs commerciaux en Afrique du Nord.
Des témoignages existent sur le commerce que les Juifs du Maroc pratiquaient avec les Romains, dès le IVe siècle av. J.-C.. Ces premières communautés seront rejointes par les Juifs de la première diaspora, lors de la destruction du Temple de Jérusalem, en 581 avant l'ère chrétienne. Des villes, comme Salé (Chella) près de la Rabat actuelle et Ifrane, deviennent des centres importants de négoce pour les Juifs du Maroc pratiquant le commerce de l'or et du sel. Cependant, le plus ancien témoignage épigraphique ne remonte qu'au IIe siècle av. J.-C., s'agissant essentiellement d'inscriptions funéraires en hébreu et en grec trouvées dans les ruines de la Volubilis romaine.
Au début de l'ère chrétienne, les Romains envahissent la région, sans que les tribus juives et berbères n'opposent une très grande résistance, et donnent au Maroc (et à une partie de l'Algérie occidentale actuelle) le nom de Maurétanie Tingitane (de Tingis, ancien nom de Tanger qui en était la capitale). Des traces archéologiques attestent d'une présence juive importante dans ces nouvelles provinces romaines.
[modifier] Période préislamique
À l'aube du Ve siècle, les Vandales commencent à envahir la Maurétanie, et vers 430, ils chassent les Romains de l'Afrique du Nord. Les Vandales trouvent en les Juifs des alliés solides et ceux-ci connaissent une liberté de culte pendant un siècle.
En 533, le général byzantin Bélisaire envahit la région et y impose les lois de l'Empire byzantin. Les Juifs vont alors connaître une période très sombre, avec conversions forcées, brimades, culte restreint et persécutions. Néanmoins, cela n'empêchera pas la migration vers cette région des Juifs fuyant la répression exercée par les rois wisigoths d'Espagne au VIIIe siècle.
[modifier] L'Islam
Sous le règne des Mérinides (1240-1465), plusieurs familles juives de Fez se sont converties à l'islam afin de ne pas être contraintes de quitter le pays. Parmi ces familles on peut citer les Benchekroun (Choukroun ou Chokron), El Kohen (Cohen) etc.[réf. nécessaire]
[modifier] La dynastie Alaouite
[modifier] Le XXème siècle
La communauté est encore numériquement considérable au milieu du XXe siècle. Elle ne souffre pas de la Shoah car le sultan Mohammed V refuse (alors que le Maroc est sous protectorat français) que les lois antijuives du régime de Vichy soient appliquées à ses sujets juifs, mais il y a déjà des vagues d'émigration vers la Palestine dès la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle. Les Juifs marocains, même pendant la colonisation, sont restés des sujets de nationalité marocaine, comme les Juifs tunisiens, le décret Crémieux n'étant d'application qu'en Algérie française.
Il y avait également des Juifs tunisiens et algériens qui vivaient au Maroc sous le protectorat. Dans un ouvrage paru en 1980[1], une enseignante française issue d'une famille juive tunisienne qui a passé sa jeunesse à Casablanca relate que "mes parents avaient beaucoup de mépris pour les Juifs marocains. Ils représentaient pour eux l'obscurantisme, l'attachement à la religion.", les Juifs tunisiens se considéraient comme une sorte d'aristocratie, "ils avaient été colonisés par les Français avant les autres et ils étaient plus francisés que les Marocains". Certains d'entre eux, comme le banquier Félix Nataf, ont joué un rôle important au sein des « Amitiés marocaines » comme intermédiaires entre les nationalistes marocains musulmans et les autorités politiques françaises, au Maroc et à Paris, pendant le processus qui a abouti à l'indépendance du Maroc[2].
Entre la création de l'État d'Israël en 1948 et l'indépendance du Maroc en 1956, 90% des Juifs marocains émigrent. Les plus pauvres partent en Israël, où ils constituent une part importante du prolétariat et de la population des "villes de développement", tandis que l'élite et la classe moyenne émigrent au Canada et en France.
Les Juifs marocains sont actuellement des citoyens à part entière, électeurs et éligibles. L'État marocain leur a établi un espace juridique conforme aux préceptes du judaïsme. Sur le plan du statut personnel, les Juifs sont régis par la loi mosaïque, ce qui signifie qu'ils sont justiciables des chambres rabbiniques près des tribunaux réguliers pour tout ce qui touche au mariage, à l'héritage et au droit des mineurs.
L'essentiel de la communauté juive actuelle du Maroc demeure à Casablanca et à Rabat. Essaouira, une des villes du Maroc qui comptait le plus de Juifs (proportionnellement à sa population) n'en compte plus aucun[réf. nécessaire].
[modifier] Culture
Depuis 1997, Casablanca abrite « le musée du judaïsme marocain ». Méconnu du grand public le musée est consacré à la composante juive de la culture marocaine. On peut y visiter des expositions itinéraires et autres permanentes. Sur plus de 600 m2 le visiteur peut admettre des caftans marocains ornés de l’Etoile de David, des costumes, des lampes de Hanoukka et divers objets du patrimoine culturel marocain. On peut aussi y découvrir des synagogues de style marocain. Par ailleurs le musée contient une bibliothèque, une vidéothèque et une photothèque.
[modifier] Communautés juives marocaines à travers le monde
Chaque année, les expatriés venus du monde entier se retrouvent autour de tombeaux de saints situés à Ouezzane, Essaouira ou Taroudant pour fêter la hiloula, version juive du moussem, qui rappelle les fastes du passé et commémore l'attachement à la terre des ancêtres.
À Montréal, leur arrivée a modifié les relations entre nationalistes québécois et Juifs, dans leur quasi-totalité anglophones (ou yiddishophones) et pro-fédéralistes, en créant une nouvelle (communauté culturelle) juive francophone rapidement dotée de structures communautaires spécifiques.
En Israël, dès les années 1950, il y a eu des émeutes parmi les Juifs marocains parqués dans les villes de développement. Dans les années 1970 furent même créées des Panthères noires (HaPanterim HaSHkhorim) sur le modèle afro-américain du Black Panther Party mais, dans le dernier quart du XXe siècle, leur poids politique s'est considérablement accru, devenant plus conforme à leur importance démographique, principalement via des partis ethniques comme Tami, Gesher et surtout Shass. Ils font partie de ceux qu'on qualifie en Israël d'Orientaux (Mizrahim) ou, erronément (puisqu'une partie seulement est originaire de la péninsule ibérique), de Séfarades.
[modifier] Notes et références
[modifier] Repères bibliographiques
- Hanania Alain Amar : Une jeunesse juive au Maroc. L'Harmattan, collection Mémoires du XXe siècle, à Paris, 2001.Site Internet http://www.editions-harmattan.fr/index.asp
- Jacques Dahan : "Regards d'un Juif marocain sur l'histoire contemporaine de son pays". L'Harmattan, Paris, 1995.
- Haïm Zafrani : "Deux mille ans de vie juive au Maroc", nouvelle édition. Maisonneuve et Larose, Paris, 1995.
- Victor Malka : "La mémoire brisée des Juifs du Maroc". Editions Entente. 1978.
- Robert Assaraf, Une certaine histoire moderne des juifs au Maroc 1860-1999, éd. Gawsewitch, 2005, ISBN 2350130053
- Jamaâ Baida, L’émigration des Juifs marocains (1948-1956), Contribution présentée à la conference AIMS 2004 “Rethinking Jewish Culture and Society in North Africa” American Legation, tenue à Tanger, du 22 au 24 juin 2004
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens internes
- Mellah
- Essaouira (Mogador)
- Tami (parti)
- Gesher
- Shass
- Judéo-arabe