Discuter:Histoire de la République de Moldavie
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Il faut faire attention avec les chiffres: citer d'énormes chiffres (un million de déportés en Sibérie) sans aucune référence à l'appui, est de nature à décrédibiliser tout l'article, et à apporter ainsi de l'eau au moulin des négationnistes (chaque génocide a les siens).
Bien sûr, le journaliste de radio-Kichinev (dans les années 50 et 60) Nicolas Loupan avance ces chiffres, repris par son association "Pro Basarabia et Bucovina" et par le parti nationaliste "Romania Mare" dont il fait partie, et qui est dirigé par l'ancien chantre de Ceausescu: Corneliu Vadim Tudor (pour les Français: imaginez Le Pen avec le passé d'Aragon). Mais aucun document à l'appui.
Même techniquement, déporter un million de personnes, avec les moyens de transport soviétiques de l'époque, et l'état des routes et des rails après la guerre, aurait pris cent ans. En Roumanie (qui a environ 20 millions d'habitants) le communisme a fait 2 millions de morts officiellement reconnus en 45 ans: comment aurait-il pu faire un million en seulement 10 ans en Moldavie sur une population totale de 3 millions et demi? En matière de génocides comme pour tout le reste, le communisme n'avait pas la technicité industrielle et donc l'efficacité du nazisme.
On ne trouve de documents publiés sur ce sujet que dans les ouvrages de Nikolai Bugai (très faciles à trouver sur Internet):
1. "Выселение произвести по распоряжению Берии..." (О депортации населения из Молдавской ССР в40-50-е годы) // Иторические науки в Моладвии. Chisinau, 1991. 1. 2. Депортация народов из Украины, Белоруссии и Молдавии.Лагеря, принудительный труд и депортации. Essen, 1999. 3. Deportations in USSR. New-York, 1996 (на англ. языке). 4. "По решению Правительства Союза ССР...". Нальчик, 2003. - Сборник документов. 5. Народы Украины в "Особой папке Сталина". Мoscou, 2006 6. Народы Балтии в условиях сталинизма. Документированная история. Stuttgart, 2005 7. Avec Пассат В.И. Трудные страницы истории Молдовы. 40-50-е годы. Мoscou,1994.
Ils ne permettent pas de conclure à la déportation de plus de 220.000 personnes au total par les soviétiques, ce qui est déjà énorme et représente 8 % de la population autochtone (on a la même proportion dans les républiques baltes et en Ukraine occidentale, dans les territoires anciennement polonais). 45.000 de ces 220.000 déportés étaient encore en vie en 1953, selon les mêmes documents (essentiellement des rapports de Krouglov à Staline).
De toute façon l'horreur d'un crime n'est pas une question de chiffres: même si une seule personne est déportée ou tuée uniquement en raison de sa naissance, c'est déjà une horreur. Grossir les chiffres est donc non seulement anti-éthique et anti-scientifique, mais politiquement dangereux: au lieu de cultiver la mémoire on nourrit des polémiques qui, au regard des victimes, sont franchement indécentes. Et on peut même susciter de nouvelles haines, comme on l'a vu en Moldavie même et aussi ailleurs, pour d'autres génocides.
Spiridon Manoliu et Jean Galtier le 18 avril 2007.