Guido Cavalcanti
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Guido Cavalcanti ( Florence ~1250 - Florence 1300) est un poète florentin.
Dante le mentionne souvent comme « le premier de ses amis ». Tous deux font partie de la confrérie initiatique des Fidèles d'Amour, laquelle est mentionnée par Dante dans la Vita Nova (qui est d'ailleurs particulièrement adressée à Guido), et on retrouve dans leurs œuvres le même symbolisme amoureux. Ainsi la Dame (donna) y représente la sagesse, à laquelle le fidèle accède par l'amour divin. Du point de vue stylistique, les fidèles d'Amour parlent de « dolce stil novo » (doux style nouveau), désignation dans laquelle il ne faut pas voir uniquement une définition « littéraire » mais également une signification symbolique.
L'œuvre de Guido, comme celle de Dante, repose sur un symbolisme complexe et cohérent propre au Moyen Âge en Occident, et dont ni Guido ni Dante ne sont les « inventeurs », mais qu'ils tirent de l'enseignement qu'ils reçurent des fidèles d'Amour. La présence dans les poésies de Guido d'une Mandetta, dame toulousaine rencontrée par le poète dans la ville occitane lors d'un arrêt sur le chemin de Saint-Jacques, a fait établir à certains des liens entre les fidèles d'Amour et le Catharisme. Mais il faut préciser ici que la société à laquelle appartinrent Dante et Guido, de filiation templière, était parfaitement orthodoxe du point de vue catholique, contrairement aux Cathares. La condamnation du Catharisme par saint Bernard de Clairvaux, qui est pris pour guide par Dante au Paradis, est particulièrement significative à cet égard.
Guido, comme Dante, fonde sa poésie sur l'emploi de la langue vulgaire, qui doit permettre aux initiés italiens de connaître directement (c'est-à-dire sans médiation, comme c'était le cas avec la langue non-maternelle que constituait le latin) la grâce divine.
- Et chantent les oiseaux
- Du soir et du matin
- Chacun en son latin
- Sur les verts arbrisseaux.
Rime, « Fresca rosa novella ».
- Tobias Eisermann, Cavalcanti oder die Poetik der Negativität, Band 17 in Romanica et Comparatistica: Sprach- und literaturwissenschaftliche Studien, herausgegeben von Richard Baum und Willi Hirdt, Tübingen: Stauffenburg Verlag Brigitte Narr GmbH, 1992; ISBN 3-923721-67-6
Traduction d'un des 52 poèmes qui nous sont parvenus :
Puisque je n’espère pas de retourner jamais, petite balade, en Toscane, va, légère, tout droit chez ma belle, qui par gentillesse te recevra avec honneur. Tu lui parleras de mes soupirs pleins de deuil et de beaucoup de crainte ; mais prends garde que personne ne te voie qui soit ennemi d’une noble nature ; car certainement pour mon malheur, - tu serais tellement blâmée et reprise que j’en serais affligé et que j’en aurais après ma mort des larmes et une nouvelle douleur. Tu sens, petite balade, que la mort me serre de si près que la vie m’abandonne ; écoute comme mon cœur s’agite fort de la tempête que font en moi les affections ; mon corps est tellement détruit que je ne puis plus souffrir ; -si tu veux me faire plaisir, emmène mon âme avec toi (je t’en prie bien fort) quand elle sortira de mon corps. Petite balade, à ton amitié je recommande cette âme qui tremble ; conduis la avec son amour à la belle à qui je l’envoie. Petite balade, dis lui en soupirant quand tu seras devant elle : « Moi, votre servante, je viens pour rester avec vous de la part de celui qui fut votre serviteur d’Amour ». Et toi, voix timide et faible qui sors en pleurant de mon cœur souffrant, avec mon âme et avec cette petite balade, va lui parler de mon esprit détruit. Vous trouverez une Dame aimable, à l’âme si douce, que vous aurez de la joie à être devant elle toujours, et toi, mon âme, adore la toujours dans tous ses désirs.
origine : Morceaux choisis des littératures étrangères par Edouard Trod - Hachette 1901