Utilisateur:Greguar
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Sommaire |
[modifier] Mon avis sur la neutralité de point de vue
Quand quelqu'un supprime un grand morceau de texte, voire une section complète d'un article, sous le prétexte de la neutralité de point de vue, neuf fois sur dix, cela diminue la richesse de l'encyclopédie.
En effet, dans tout paragraphe se trouve une idée, et pour moi, la neutralité de point de vue est moins importante que la richesse en idées. Je préfère un article qui propose de multiples idées sous une forme non consensuelle voire même provocante, à un article tiède, rempli de tournures de phrases inexpressives et consensuelles, dans lequel les idées ne sont même plus clairement exprimées.
Pour moi, les lecteurs ont un cerveau, et sont en mesure de s'en servir. Wikipédia prétend être une encyclopédie libre, mais elle ne protège pas la liberté de penser de ses lecteurs. Au contraire, ici, c'est le règne de la pensée unique et du consensus.
Voilà comment se passe en pratique l'appauvrissement de l'encyclopédie :
- un utilisateur qui connaît le sujet crée un article ou ajoute un paragraphe dans un article (qui exprime clairement une idée, c'est-à-dire que l'idée y est centrale et bien visible);
- un jour ou l'autre, un imbécile arrive et se met à crier "ce paragraphe n'est pas neutre" (même si c'est un imbécile, on lui donnera toujours raison, car le créateur de Wikipédia dit que si un article n'est pas neutre pour n'importe qui, alors il n'est pas neutre);
- des wikipédiens qui n'y connaissent généralement pas grand chose se mettent à discuter, et modifient le paragraphe de sorte qu'au bout d'un temps plus ou moins long, l'idée qui était initialement bien visible est diluée dans une formulation artificiellement neutre (c'est-à-dire une formulation lourde et pédante);
- au bout de plusieurs mois, un utilisateur arrive et dit : "ce paragraphe est très mal rédigé, j'ai tout enlevé";
- personne ne s'apercevoit qu'une idée vient de disparaître de l'encyclopédie, donc personne n'y trouve rien à redire (le plus fort, c'est que personne n'est directement responsable!).
Voilà comment la neutralité de point de vue permet de supprimer toutes les idées minoritaires au profit de l'idée dominante, qui elle est appuyée par des personnes extérieures à Wikipédia (quand bien mêmes ces personnes sont des économistes rentiers qui défendent le système qui leur permet de s'enrichir sans rien faire, des professeurs gâteux d'une obscure Université états-unienne, etc.). C'est une sorte de censure douce et discrète, car elle s'effectue progressivement, sur une échelle de temps de plusieurs mois, par plusieurs personnes... Mais il s'agit bien d'une forme de censure.
Ajouté suite à un commentaire dans la page de discussion : le concept de "Neutralité de Point de Vue" est mal nommé. On le comprend trop facilement comme "recherche de consensus" alors qu'il signifie seulement "équilibre des points de vue".
[modifier] Centres d'intérêt
- J'essaye en ce moment de me remettre à niveau en solfège car comme pas mal de monde, ça ne m'a pas passionné beaucoup quand j'étais plus jeune, mais maintenant je me dis que ça pourrait m'être utile pour mieux apprécier la musique classique;
- Je me suis intéressé aux langues et leurs liens avec la politique (philologie, espéranto, impérialisme linguistique, Union européenne);
- Je suis curieux de physique, chimie, informatique, un peu moins de mathématiques et de médecine (je suis l'un des heureux gagnants du grand concours de don de moelle osseuse organisé en permanence dans le monde entier).
[modifier] Réflexion sur la taille de l'Univers
D'un point de vue philosophique, la question de la finitude ou de la non-finitude de l'Univers a toujours préoccupé les hommes. L'Univers contenant par définition tout ce qui existe, y compris l'espace-temps (et c'est une précision essentielle), il ne peut pas avoir de « bord » tel que nous concevons intuitivement cette notion. En effet, l'existence d'un bord impliquerait qu'au-delà de ce bord, on ne serait plus dans l'Univers, ce qui est par définition absurde. Mais si l'Univers n'a pas de bord au sens intuitif de ce terme, alors son expansion n'est pas intuitive non plus : si elle l'était, dans quoi l'Univers serait-il en expansion?
On voit que ce problème échappe à nos raisonnements, qui se basent toujours sur l'hypothèse fausse que l'Univers est galiléen. En définitive, les concepts de fini et d'infini ne peuvent pas être appliqués à l'Univers. La seule donnée qui semble intuitive et évidente, c'est que l'Univers a toujours eu, et aura toujours, une taille « suffisante » pour toutes ses activités.
[modifier] Réflexion sur la neutralité de l'espéranto
L'espéranto est une parfois qualifiée de langue neutre par les espérantistes. Pourtant, ce qualificatif n'implique pas l'absence de culture ou la neutralité politique de cette langue. Ludwik Lejzer Zamenhof, qui a établi les bases de l'espéranto, l'a fait pour donner aux hommes une langue rationnelle leur permettant de se libérer du chauvinisme et des rapports de force. C'est bien là un objectif politique, au sens non péjoratif de ce terme. L'expression « langue neutre » se réfère à la neutralité perçue par ceux qui choisissent de s'exprimer dans cette langue.
Ce sentiment de neutralité a plusieurs origines :
- comme l'espéranto n'est pratiquement jamais la langue maternelle de l'un des deux interlocuteurs, aucun des deux n'a l'avantage décisif de s'exprimer dans sa langue maternelle. L'espéranto garantit, au moins d'un point de vue linguistique, un rapport d'égal à égal.
- comme chacun des deux interlocuteurs a une expérience de l'espéranto, chacun d'eux a conscience qu'il s'agit d'une langue rationnelle : la valeur affective (inconsciente) associée à l'espéranto dans l'esprit des interlocuteurs est toujours inférieure, à la limite égale, mais jamais supérieure, à celle qui est associée à toute langue issue d'un peuple sur lequel nous avons tous un certain nombre de sentiments divers (dont les stéréotypes). De plus, quand on parle une langue « ethnique », on utilise forcément les expressions, les tics gestuels, le référentiel culturel commun aux peuples dont c'est la langue, même si nous n'appartenons pas à ce peuple. Cela ne peut pas se produire avec l'espéranto.
Voir : Culture et espéranto
[modifier] L'hypothèse Sapir-Whorf est-elle le résultat d'une ambiguïté de l'anglais ?
Voici un paragraphe trouvé sur Internet et visant à expliciter l'hypothèse Sapir-Whorf : « This [il s'agit de l'hypothèse Sapir-Whorf] states that language is not simply a way of voicing ideas, but is the very thing which shapes those ideas. One cannot think outside the confines of their language. The result of this process is many different world views by speakers of different languages. »
Si on traduit ce paragraphe en français, on aboutit à : « L'hypothèse énonce que le langage n'est pas seulement la capacité d'exprimer oralement des idées, mais est ce qui permet la formation même de ces idées. Quelqu'un ne peut penser en-dehors des limites de sa propre langue. Le résultat de cette analyse est qu'il y a autant de visions du monde qu'il y a de langues différentes. »
On observe que dans le paragraphe en anglais, le mot language signifie à la fois langage, c'est-à-dire la faculté de parler, et langue, c'est-à-dire le code utilisé par les humains pour se comprendre. En français, les deux concepts de langue et de langage sont bien distincts. Mais dans le paragraphe en anglais, il y a un glissement sémantique entre la première phrase et les deux suivantes sur le sens à donner au mot language. En français, la phrase « Quelqu'un ne peut penser en-dehors des limites de son propre langage » n'a absolument aucun sens, puisque le langage est une faculté, une capacité de faire quelque chose. C'est donc bien le mot langue qu'il faut utiliser. De même, seule la phrase « le résultat de cette analyse est qu'il y a autant de visions du monde qu'il y a de langues différentes. » a un sens en français.
On peut donc se demander si l'hypothèse Sapir-Whorf ne repose pas sur l'ambiguïté du mot language en anglais. Puisque l'on peut penser mieux en utilisant une autre langue que notre langue maternelle (à la condition que l'on ait appris les concepts existants dans cette autre langue et n'existants pas dans la nôtre), c'est bien que la pensée n'est pas plus influencée par la langue maternelle que par une autre. L'hypothèse Sapir-Whorf, relativement à l'influence particulière de la langue maternelle sur le cerveau (c'est-à-dire le langage en tant que faculté cérébrale), est donc fausse.
Cependant, il est vrai que la pensée d'un individu est, au moins en partie, dépendante des langues qu'il connaît, et en particulier de leurs précisions. Ce que l'on appelle « apprendre une langue », c'est la création d'une série de liens entre signifiants (mots) et signifiés (concepts). Si un signifiant est absent (si nous ne connaissons pas l'existence d'un mot), alors le signifié (le concept exprimé par ce mot) pourra être absent aussi. Mais il n'y a aucune implication forte entre la pensée et la langue, ni dans un sens, ni dans l'autre. Il est possible d'oublier la signification d'un mot, et il est possible de ne pas trouver un mot correspondant à un concept que l'on a en tête.
Pour illustrer l'influence de la précision des langues sur la qualité de la pensée, prenons un exemple, aux dépens du français cette fois : « Tout ce qui brille n'est pas or ». Cette phrase est souvent utilisée par les professeurs de mathématiques pour introduire la logique du premier ordre et en montrer l'utilité. Si l'on traduit la phrase de départ dans une langue où la négation se met devant le mot concerné, la difficulté disparaît. C'est le cas en espéranto. Dans cette langue, la phrase de départ, traduite littéralement, est « Ĉio, kio brilas, ne estas oro. ». Cela peut se comprendre par : « Parmi tout ce qui brille, il n'y a rien qui soit de l'or ». On voit immédiatement que ce n'est pas vrai. En revanche, si l'on déplace la négation en début de phrase, on obtient : « Ne ĉio, kio brilas, estas oro. ». L'espéranto permet de mettre la négation (ne) devant le mot ĉio du début de phrase, et non sur oro, ce que ne permet pas de faire le français. On en déduit alors, que la phrase « Tout ce qui brille n'est pas or » est la négation de « Tout ce qui brille est de l'or ». Le prédicat correspondant est donc :
La conclusion est donc que plus on connaît de langues différentes, plus on est capable de penser clairement et précisément.
[modifier] Interlingua - comparaison avec l'espéranto
Ce paragraphe que j'avais passé plusieurs heures à traduire a été supprimé par quelqu'un à qui il ne plaisait pas : voilà le résultat de la fameuse et fumeuse Neutralité de Point de Vue qui autorise n'importe qui à supprimer tout ce qui ne lui plaît pas.
La méthode d'élaboration de l'Interlingua a produit une langue plus ou moins compréhensible aux locuteurs des langues-sources sans qu'ils aient besoin d'un apprentissage préalable. Certains locuteurs de l'Interlingua reformulent cet argument sous la forme que bien que les Espérantistes peuvent communiquer entre eux, l'Interlingua permet de communiquer avec beaucoup plus de locuteurs que ceux qui l'ont appris.
Cependant, cette admirable lisibilité a un coût. Si l'Interlingua est facile à lire, il n'est pas aussi facile à apprendre, écrire ou parler que l'espéranto. On peut dire que sa grammaire n'est pas aussi régulière et simple que celle de l'Espéranto, en raison, par exemple, de la présence de verbes irréguliers. De même, l'ensemble du vocabulaire de base nécessaire à une conversation ordinaire est beaucoup plus grand en Interlingua, car l'Interlingua n'utilise pas un ensemble régulier d'affixes, ceux-ci dépendent des mots concernés. Considérons par exemple :
sana san sano sanitate malsana malade malsano maladia malsanulejo hospital sanigxi recovrar sanigi curar malsanigxi cader malade
Au lecteur qui maîtrise déjà l'anglais ou l'une des langues romanes ayant servi à construire l'Interlingua, la colonne de droite semblera beaucoup plus compréhensible. Cette colonne contient des mots beaucoup plus internationaux : par exemple, hospital existe dans pratiquement toutes les langues (même en espéranto!), alors que masanulejo n'existe que dans une seule, l'espéranto.
En revanche, la colonne de gauche est beaucoup plus facile à mémoriser, car elle utilise une seule racine (san-) avec des affixes réguliers. Les mots de l'espéranto sont réguliers : sana → sano, sana → malsana, malsana → malsano. On constate qu'en Interlingua, les mots ne sont pas aussi réguliers : san → sanitate, san → malade, malade → maladia (et non *maladitate).
L'espéranto écrit est moins facilement compréhensible à ceux qui ne l'ont pas appris, parce que Ludwik Lejzer Zamenhof, quand il a construit l'espéranto, a pris grand soin de l'orthographe et de la prononçabilité, ce que Gode n'a pas fait autant. Par exemple, le mot kontakto de l'espéranto et le contacto de l'Interlingua ont un sens et une prononciation identique, mais ne s'écrivent pas pareil, parce que l'orthographe de l'espéranto respecte la règle — un son, un caractère —, tandis que celle de l'Interlingua est moins simple. La lettre c de l'Interlingua, par exemple, peut avoir le son [k], [ts] ou [s], selon les lettres avoisinantes et la langue maternelle du locuteur. Ces détails rendent l'Interlingua plus difficile à apprendre et à parler, mais le rendent aussi plus lisible : les lettres reflètent le caractère latin de cette langue. À un esprit latin, le k de l'espéranto semble laid, peu naturel et barbare, mais celui qui apprend cette langue constate que le k est beaucoup plus fiable que le c.
Le vocabulaire de l'espéranto, en grande partie emprunté aux langues latines, germaniques et slaves, peut être considéré comme plus neutre que celui de l'Interlingua, qui ne puise le sien que dans les langues latines. Cependant, les mots les plus utilisés de l'espéranto sont aussi d'origine latine. On peut aussi remarquer que la neutralité de l'espéranto ne vaut qu'en Europe, et rappeler que dans le monde, les deux tiers de l'humanité ne parlent pas une langue européenne. Enfin, l'Interlingua est plus fidèle au vocabulaire gréco-latin, qui est utilisé internationalement en science.
Au niveau de la prononçabilité, l'espéranto reste la seule langue planifiée qui ait dépassé le chiffre de quelques milliers de vrais locuteurs. Ce n'est pas la moins remarquable de ses réussites, car seule une autre langue construite a dépassé ce stade : le Volapük aurait eu 200 000 locuteurs en 1890, mais on peut supposer que parmi ceux-ci, la plupart n'avait que commencé l'apprentissage de cette langue et qu'une proportion bien plus faible la maîtrisait vraiment.
Pour conclure sur les différences que nous venons de montrer entre l'Interlingua et l'espéranto, il faut rappeler que l'espéranto existait depuis 64 ans quand l'Interlingua est né. La comparaison du nombre de locuteurs doit donc être considérée comme un simple point de repère, pas comme une conclusion définitive sur le succès des deux langues. En revanche, la connaissance des caractéristiques et des mérites de chacune de ces langues est digne d'intérêt pour tous les linguistes, amateurs ou professionnels.