François-Timoléon de Choisy
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François-Timoléon de Choisy, né à Paris le 16 août 1644 et mort à Paris le 2 octobre 1724, était un abbé et littérateur français.
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[modifier] Biographie
Petit-fils d’un receveur général des finances de Caen originaire de Balleroy en Normandie, fils d’un conseiller d’État, intendant du Languedoc, chancelier de Gaston d'Orléans et d’une intime de Marie de Gonzague, reine de Pologne qui l’habille en fille jusqu’à l’âge de dix-huit ans pour satisfaire aux caprices de Monsieur, frère de Louis XIV. Sa mère lui disait : Écoutez, mon fils; ne soyez point glorieux, et songez que vous n'êtes qu'un bourgeois. Je sais bien que vos pères, que vos grands-pères ont été maîtres des requêtes, conseillers d'État; mais apprenez de moi qu'en France on ne reconnaît de noblesse que celle d'épée. La nation, toute guerrière, a mis la gloire dans les armes: or, mon fils, pour n'être point glorieux, ne voyez jamais que des gens de qualité.[1] C'est ainsi qu'il est poussé, tout jeune, à la fois à se détourner de la vie militaire et à faire sa cour au futur cardinal de Bouillon, son contemporain, dont il restera l'ami.
Après être apparu, durant une courte période, habillé en homme, il reprend le costume féminin et réside, avec les encouragements de son curé et l’approbation de son évêque, dans une demeure du quartier Saint-Médard, sous le nom de « Mme de Sancy » jusqu’à ce que le duc de Montausier lui en fasse publiquement le reproche à l’Opéra. Il se retire alors en province à Bourges où il se fait passer pour une riche veuve sous le nom de « comtesse des Barres » et séduit sous ce costume filles de bonne famille et comédiennes – y compris les actrices Montfleury et Mondory – dont une qu’il fait tomber enceinte avant de la marier au comédien du Rosan, toutes aventures qu’il a rapportées dans ses Mémoires de l’abbé de Choisy habillé en femme.
À vingt-trois ans, sa famille l’ayant persuadé de renoncer à se travestir, il se rend à Venise où, s’abandonnant à son autre passion, se ruine au jeu. Revenu impécunieux en France, la pauvreté relative l’oblige à vivre de son bénéfice ecclésiastique à Saint-Seine en Bourgogne. En 1676, il visite Rome dans la suite du cardinal de Bouillon et, peu après, une maladie sérieuse provoque une conversion soudaine et superficielle. C'est à peu près au moment de ce voyage qu'il se lie avec Daniel de Cosnac, évêque de Valence.
Pendant sa jeunesse, ses deux passions, le travestissement et le jeu lui coûtèrent, l'une, l'épiscopat; l'autre lui valut de vivre toute sa vie d'expédients.
En 1685, il accompagne, comme "coadjuteur", le chevalier de Chaumont dans une mission au Siam. Il y est ordonné prêtre. Il raconte son périple dans un très vivant Journal de voyage au Siam. Il reçoit, à son retour en France, le bénéfice du prieuré de Saint-Benoît-du-Sault en 1689 et du doyenné de la cathédrale de Bayeux en 1697. Reçu à l’Académie française en 1687, il collabore avec Charles Perrault à la rédaction des Opuscules sur la langue française. Il écrit une brève biographie de sa parente, l'édifiante Mme de Miramion. Le facétieux abbé tire un peu à la ligne, mais se réveille quand il raconte la tentative rocambolesque d'enlèvement de ladite dame par Bussy-Rabutin.
Son œuvre, peut-être la plus marquante est le journal d'un témoin de quelques moments marquants du règne de Louis XIV : Mémoires pour servir l'histoire de Louis XIV[2]. Il rédige, toujours habillé en femme jusqu’à l’âge de quatre-vingts ans, un certain nombre de travaux historiques et religieux dont une volumineuse Histoire de l’Église en 11 volumes au sujet de laquelle il a déclaré non sans humour : « J’ai achevé, grâce à Dieu, l’histoire de l’Église ; je vais, présentement, me mettre à l’étudier. » Il l'écrivit paraît-il sur le conseil de Bossuet[3].
Ses deux Mémoires, celui sur Louis XIV et celui sur son travestissement, sont écrits avec grâce, alacrité, humour et un sens pénétrant de la restitution des gestes, des attitudes, des intonations... On retrouve parfois chez Choisy, quoique avec moins d'intensité, le sens du portrait, de l'animation de Saint-Simon (on pense par exemple au portrait par Saint-Simon de Mme de Castries, ce paradigme de l'esprit Mortemart).
[modifier] Œuvres
- Mémoires de l’abbé de Choisy habillé en femme
- Histoire de la marquise-marquis de Banneville, 1695
- Journal du voyage de Siam fait en 1685 et 1686 (éd. critique par Dirk Van der Cruysse, 1995)
- Mémoires de l’abbé de Choisy
- Mémoires pour servir à l'histoire de Louis XIV
- Histoire de la comtesse de Barres à madame la marquise de Lambert
- La vie de Saint Louis, 1690
- Histoire de France sous les règnes de Saint Louis … de Charles V et Charles VI, 1688-1695
- Vie de Mme de Miramion, 1716
- Histoire de l’Église, 1703-1723
- Quatre dialogues sur l'immortalité de l'âme, 1684
- Traduction de l'Imitation de Jésus-Christ, 1692
[modifier] Bibliographie
- Fernande Gontier, Homme ou femme ? La confusion des sexes, Paris, Perrin, 2006, 2e chap. (ISBN 226202491X)
- Jean Mistler, Un Original à l’Académie : l’abbé de Choisy, Paris, Institut de France, 1977
- Pierre-Joseph d'Olivet, La Vie de Monsieur l’abbé de Choisy de l'Académie françoise, 1682-1768
- Geneviève Reynes, L’Abbé de Choisy ou l’ingénu libertin, Paris, Presses de la Renaissance, 1983 (ISBN 2856162630)
- Nathalie Reznikoff, Un homme de robes à la cour du roi-soleil, Ramsay, 1988 (ISBN 2859566929)
- Dirk Van der Cruysse, L’Abbé de Choisy, androgyne et mandarin, Paris, Fayard, 1995 (ISBN 2213594090)
- Pierrick Brient, La perversion normale de l'abbé de Choisy, La Clinique Lacanienne n°11, Ramonville Ste Agne, ERES, 2007, ((ISBN : 2-7492-0620-0 ))
[modifier] Notes
Précédé par François Honorat de Beauvilliers |
Fauteuil 17 de l’Académie française 1687-1724 |
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