Conradin
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Conrad, dit Conradin, de Hohenstaufen, roi de Sicile et de Jérusalem sous le nom de Conrad II, duc de Souabe sous le nom de Conrad III, parfois considéré comme un roi des Romains sous le nom de Conrad V, né vers 1252 au Château de Wolfstein (Basse-Bavière), mort en 1268 à Naples, est le dernier représentant légitime de la maison de Hohenstaufen. Il fut exécuté sur l'ordre de Charles d'Anjou alors qu'il avait à peine 16 ans.
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[modifier] Biographie
Lorsqu'en 1250 meurt Frédéric II, empereur germanique et roi de Sicile, son fils, Conrad IV (père de Conradin), hérite du Regnum Sicilie, sans toutefois parvenir à ceindre la couronne impériale. Durant les deux premières années, celui-ci va donc orienter sa politique vers l'Allemagne, où il a été reconnu roi des Romains du vivant de son père. Son absence du Regnum profite momentanément à un des fils bâtards de Frédéric, Manfred, qui tentera alors de rallier les barons régnicoles à sa cause afin d'usurper le titre de roi de Sicile. Conrad est cependant de retour en 1252, et préfère alors écarter son ambitieux demi-frère. Mais il meurt en 1254, laissant derrière lui un très jeune héritier, Conradin, fils d'Élisabeth de Bavière, alors tout juste âgé de deux ans. Après avoir été nommé vicaire de Conradin,[1] Manfred décide alors de faire passer le jeune garçon pour mort auprès des barons (chose aisée, le petit se trouvant auprès de sa mère en Bavière) et se fait couronner roi de Sicile. Il mène ensuite une politique digne de celle de son père, d'opposition totale à l'Église et d'appui aux forces gibelines du Nord de l'Italie.
En 1265, après l'avoir excommunié, le pape Clément IV envoie contre lui Charles d'Anjou, au préalable couronné du Regnum. Manfred meurt à lors de la bataille de Bénévent, en 1266. Les barons régnicoles et siciliens, ainsi que les gibelins, font alors appel au jeune Conradin, qui entreprend une expédition contre Charles en 1268. Il a alors seize ans. Après avoir rejoint Vérone puis Pise, Conradin, à la tête d'une armée faite de soldats allemands et italiens, arrive à Rome où il reçoit l'appui du sénateur de Rome Don Henri de Castille. Faisant fi de l'excommunication du pape, il se dirige ensuite vers l'entrée du Regnum, passant par les Abruzzes où les armées de Charles le rejoignent. Les deux armées se font face le 23 août 1268 dans la plaine de Tagliacozzo, près de l'Aquila.
A l'issue d'une bataille épique, où s'illustrent les chevaliers français Allard de Valéry et Guillaume de l'Etendard, les armées gibelines sont défaites et Conradin est contraint de prendre la fuite. Après avoir rejoint Asturi, sur le littoral romain, pensant pouvoir embarquer incognito, il est reconnu par un gentilhomme romain de la famille des Frangipani qui, dans l'espoir d'une récompense, le ramène à Naples et le livre aux hommes de Charles d'Anjou. Celui-ci fait voter son exécution, qui a lieu sur la Piazza del Mercato, provoquant l'indignation générale.
Les chroniqueurs italiens, contemporains ou plus tardifs, témoignent de cette indignation, qui finit par gagner également le parti pro-angevin. Dante l'évoque dans le chant XX de son Purgatoire. Le thème fut repris au XIXe siècle par le courant romantique, comme en témoigne la statue de Conradin dans l'Eglise Santa Maria del Carmine (lieu du supplice).
Bartolommeo di Neocastro, Historia Sicula (IX-X) :
"Réunis les primats de la ville et des terres, le jeune homme est porté sur les lieux du supplice [...]. Sur une pierre de marbre, le fer est apprêté et le bourreau, déjà présent, est horrible à voir, les pieds et les bras nus [...]. Et ainsi [Conradin] s'étendit à terre, posa le cou sur la pierre, et le bourreau, brandissant la lame, lui trancha la tête. [...] Ô misérable condition de la fortune humaine ! Ô fragile mystère de la condition humaine ! Le remarquable jeune homme, jadis admiré de tous, n'est plus qu'un tronc informe et gît vilement dans l'arène. [...] Oh ! si la cruauté de la mort était fatale, mieux eut-il valu que l'homme ne naisse des viscères humains. Que lui profita-t-il de naître de César si, en raison d’une faute commise, la gloire royale, qui d'une certaine manière égale celle des cieux, devait par un sévère jugement se soumettre à la mort, comme il advient aux voleurs ? Ou peut-être est-il écrit que les innocents doivent être punis du même châtiment qui vient frapper les plus viles personnes ? Et si le pardon n'a pas sa place, le péché dominera-t-il seul sur terre ? Et si l'autorité refusait de le libérer, devait-on au moins infliger au Roi une peine plus salutaire"
Saba Malaspina, Rerum Sicularum Historia (IV 16) :
"Conradin, avant qu'il n'ait bu le calice d'une telle mort, arrivant à proximité du lieu du supplice et des cruelles mains du bourreau, sans même se lamenter d'une voix plaintive, joignait les mains au ciel et, attendant patiemment l'inévitable mort, recommandait son âme au Seigneur [...].Voici donc le jeune sang absorbé par la coupe de la cruauté, voilà le jeune garçon tombé à terre, les espoirs de sa jeunesse détruits. Le noble tronc gît sans vie, et sans voix la tête séparé du cou. La terre rougit, baignée du sang vermeil et ce magnifique corps demeure tel une fleur couleur pourpre, décapité par la faux imprévue"
Giovanni Villani, Nuova Cronica (VIII 29) :
"a dì.... fu dicollato Curradino, e 'l duca d'Osteric, e 'l conte Calvagno, e 'l conte Gualferano, e 'l conte Bartolomeo e due suoi figliuoli, e 'l conte Gherardo de' conti da Doneratico di Pisa in sul mercato di Napoli lungo il ruscello dell'acqua che corre di contra alla chiesa de' frati del Carmino; e non sofferse il re che fossono soppelliti in luogo sacro, ma in su il sabbione del mercato, perch'erano scomunicati. E così in Curradino finì il legnaggio della casa di Soave, che fu in così grande potenzia d'imperadori e di re, come adietro è fatta menzione. Ma di certo si vede per ragione e per isperienza che chiunque si leva contra santa Chiesa e è scomunicato conviene che·lla fine sia rea per l'anima e per lo corpo; e però è sempre da temere la sentenza della scomunicazione di santa Chiesa giusta o ingiusta, che assai aperti miracoli ne sono stati, chi legge l'antiche croniche, e per questa il può vedere per gl'imperadori e signori passati, che furono ribelli e persecutori di santa Chiesa. Della detta sentenzia lo re Carlo ne fu molto ripreso, e dal papa, e da' suoi cardinali, e da chiunque fu savio, però ch'egli avea preso Curradino e' suoi per caso di battaglia, e non per tradimento, e meglio era a tenerlo pregione che farlo morire. E chi disse che 'l papa l'asentì; ma non ci diamo fede, perch'era tenuto santo uomo. E parve che·lla innocenzia di Curradino, ch'era di così giovane etade a giudicarlo a morte, Iddio ne mostrasse miracolo contra lo re Carlo, che non molti anni appresso Iddio gli mandò di grandi aversitadi quando si credea essere in maggiore stato, sì come innanzi nelle sue storie faremo menzione"
[modifier] Notes
- ↑ Émile G. Léonard, Les Angevins de Naples p.39
[modifier] Références
[modifier] Bibliographie
- Emile G. Léonard, Les Angevins de Naples, Paris, Presses universitaires de France , 1954
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