Collaboration en France
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La Collaboration en France (1940-1944) traite non seulement de la collaboration d'État initiée officiellement lorsqu'au terme d'un discours radiodiffusé le 30 octobre 1940, le maréchal Pétain a invité les Français à collaborer avec l'Allemagne, mais aussi des autres formes de collaboration plus radicales ou plus confuses auxquels ont pu se livrer des Français en-dehors de l'appareil d'État.
On peut distinguer trois sortes de collaboration :
- La collaboration d'État menée par le régime de Vichy[1].
- Les collaborationnistes, d'idéologie fasciste, qui prônent le principe de la collaboration et qui mènent un collaboration privée dans les domaines politiques (Rassemblement national populaire (RNP), Parti populaire français (PPF) ou militaires (LVF)[2].
- La collaboration privée non politique (entreprises privées, artistes, etc.)[3]. Cette collaboration privée est aussi appelée collaboration technique imposée par les vainqueurs [4]
À la suite de Philippe Burrin[5], les historiens parlent de « collaboration au quotidien » pour désigner un certain nombre de comportements significatifs mais ne révélant pas de l'engagement politique actif : rapports personnels scandaleusement cordiaux entretenus avec des Allemands, envoi de lettres de délation à la police ou à la Gestapo (cinq millions de lettres anonymes en France), chefs d'entreprises sollicitant d'eux-mêmes des commandes de l'ennemi, relations amoureuses affichées avec des soldats de l'armée d'Occupation voire des membres de la Gestapo, etc.
Il peut y avoir recouvrement entre la collaboration d'État et le collaborationnisme : de nombreux collaborationnistes parisiens, certains partisans convaincus de la victoire allemande et de l'idéologie nazie, sont ainsi entrés au gouvernement de Vichy.
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[modifier] La Collaboration d'État en France
La collaboration d'État est l'aide apportée à l'Allemagne nazie par le gouvernement de Vichy et l'administration française en zone occupée. Cette aide se situe principalement sur les plans économiques (les frais d'occupation), policiers (lutte contre la résistance, livraison d'Allemands antinazis exilés en France, etc.), racial (recensement, arrestation et déportation des juifs) et militaire (accord Darlan, LVF, Waffen-SS français, etc.).
La collaboration fut lancée médiatiquement à la suite de la rencontre de Pétain et d'Hitler à Montoire-sur-le-Loir, le 24 octobre 1940, avec sa fameuse poignée de main de Montoire, image symbolique que l'on peut opposer à celle du général de Gaulle prononçant au micro de la BBC son intention de continuer le combat aux côtés des Alliés. L'entrevue de Montoire, bien qu'elle ait été préparée par Laval au moyen de rencontres avec les dirigeants nazis (dont Hitler lui-même, deux jours avant au même endroit) eut un bilan fort maigre: aucun engagement concret ne fut pris d'aucune part, seul le principe de la collaboration fut mis en place, avec un malentendu soigneusement entretenu par les Allemands sur le sens réel de cet engagement.
Pour Pétain comme pour Laval, les concessions faites à l'occupant à partir de l'accord de Montoire devaient entraîner sa mansuétude: devant ces gages de bonne volonté, l'Allemagne aurait accordé des contreparties, comme le retour des prisonniers de guerre français, l'aménagement de la ligne de démarcation ou le retour du gouvernement français à Versailles. Mais Hitler, en raison de son immense francophobie, n'était nullement disposé à faire des concessions au vaincu de juin 1940. De plus, il considérait la collaboration comme un atout tactique et stratégique: aide purement ponctuelle et militaire, elle devait aider l'Allemagne dans la perspective du conflit encours avec la Grande-Bretagne et du projet d'invasion de l'URSS. Il s'agissait pour les nazis de se garantir des intentions françaises, c'est-à-dire de « neutraliser la France aux moindres frais » en maintenant « une écrasante domination économique » et en s'assurant « que Vichy s'opposera fermement à toute tentative de mainmise des gaullistes et des Anglais sur l'Afrique du Nord. »[6]
Pétain déclara dans son allocution radiophonique du 30 octobre que la France entrait dans une ère nouvelle : « j'entre dans la voie de la collaboration ». Mais il avoua par la suite sa déception devant l'absence d'accord concret, et d'engagement de la part d'Hitler. Il confia par la suite avoir rencontré un « rien du tout », un « médiocre qui n'a pas retenu les leçons de l'histoire », allant jusqu'à minimiser la rencontre en affirmant que Montoire était dès le départ conçu comme un simple « tour d'horizon » informel[7]. Ceci ne l'amena pourtant pas à tirer les leçons de cet échec, dont il ne soupçonna sans doute jamais la portée réelle. Laval et lui pariaient sur une victoire allemande définitive, et ils voulaient faire de la France le partenaire privilégié de Adolf Hitler dans l'Europe nazie. Leur illusion était grande que Adolf Hitler veuille faire de la France autre chose qu'un vassal taillable et exploitable à merci. La seule divergence entre les conceptions des deux hommes d'État était une différence de degré : pour Pétain, la collaboration avait des motivations réactionnaires et nationalistes, alors que Laval raisonnait en termes nettement européens, ceux de « l'Ordre Nouveau » évidemment[8].
L’État français, pour démontrer sa bonne volonté, a donc recherché la collaboration et fréquemment anticipé ou surenchéri sur les demandes allemandes. Quant aux concessions obtenues en échange de la collaboration, elles furent pour le moins très limitées, le fardeau de l'Occupation ne cessant de s'alourdir jusqu'au bout. Ainsi, en échange du départ de 600 000 à 650 000 jeunes travailleurs au Service du travail obligatoire (STO), Pétain et Laval obtinrent le retour de moins de 100 000 prisonniers pour la plupart âgés et malades, dont une majorité aurait sans doute été rapatriée de toute façon.
Parmi les collaborationnistes qui ont participé aux différents gouvernements de Vichy ou lui ont apporté leur soutien, on peut citer Fernand de Brinon, admirateur du IIIe Reich dès avant-guerre, est ainsi le délégué général de Vichy en Zone Nord de 1941 à 1944. On peut citer aussi Jacques Benoist-Méchin, principal conseiller de Darlan pour les négociations avec Hitler (1941-1942), Gaston Bruneton, chargé de l'action sociale auprès des travailleurs (volontaires et forcés) Français en Allemagne en étroite collaboration avec le D.A.F. (Front Allemand du Travail), Jean Bichelonne, maître-d'œuvre du Service du travail obligatoire (STO), ministre de la production industrielle puis des transports, ou l'académicien Abel Bonnard dit « Gestapette », promu à l'Éducation nationale en 1942. En 1944, les fascistes et collaborationnistes convaincus Joseph Darnand, Philippe Henriot et Marcel Déat entrent au gouvernement sous la pression allemande.
Si de nombreux collaborationnistes parisiens méprisent ouvertement le régime de Vichy qu'ils jugent trop réactionnaire et pas assez engagé dans l'alliance avec le IIIe Reich, d'autres se proclament inconditionnels du maréchal Pétain, à commencer par Darnand. Jacques Doriot, chef du PPF, se présenta jusqu'à fin 1941 comme « un homme du Maréchal ». Pierre Laval, la plus importante personnalité à Vichy après Pétain, entretenait des relations politiques très étroites avec Déat et Darnand, et prit en personne la tête de la Milice française, organisation collaborationniste très violente et jusqu'au boutiste, supplétive de la Gestapo.
[modifier] Collaboration d'État à la Shoah
Le régime de Vichy accorda son soutien au régime nazi particulièrement au travers de l'expulsion et de la spoliation des biens (aryanisation), associée à la déportation de Juifs étrangers puis français. Sur les 76 000 Juifs déportés de France, dont 50 000 étaient des Juifs étrangers, 80% ont été arrêtés par la police française, selon les calculs de Serge Klarsfeld. La Milice française a aussi participé à l'arrestation des 25 000 Juifs français déportés [9]. Bien que le port de l'étoile jaune n'eût jamais été instauré en zone libre, le Régime de Vichy y fit aposer le tampon « Juif » sur les papiers d'identité, et ne protesta pas non plus contre la mesure prise en zone nord. En application des accords policiers Oberg-Bousquet de mai 1942, c'est la police française qui a assuré seule la rafle du vel' d'Hiv à Paris, aucun Allemand ne participant techniquement à l'opération. Les personnes raflées furent dirigées vers des camps, dont Drancy, où la surveillance était assurée par la gendarmerie française. Le 26 août 1942, René Bousquet organisa la rafle et la déportation de 10 000 Juifs étrangers de zone libre : la France est le seul pays d'Europe d'où des Juifs ont été livrés aux nazis en l'absence de troupes allemandes.
[modifier] La collaboration policière
[modifier] Collaboration d'État militaire
- Les accords Darlan-Abetz (1941)
Le gouvernement de Vichy fut le principal acteur de la collaboration lorsque son vice-président, l'amiral Darlan, signa avec l'ambassadeur Otto Abetz les trois protocoles de Paris du 28 mai 1941. Ces textes, qui instituèrent une collaboration militaire entre les forces armées allemandes et françaises (Protocole I pour la Syrie-Liban, Protocole II, pour Bizerte et la Tunisie, Protocole III, pour l'A.O.F. et l'A.E.F., et protocole complémentaire, sur les moyens demandés par l’État français pour combattre toute riposte alliée) furent personnellement approuvés par Pétain dans son télégramme du 15 mai 1941 au général Dentz, haut commissaire en Syrie. Ces dispositions furent appliquées totalement en Syrie-Liban et partiellement en Afrique du Nord par la livraison à l'ennemi de pièces d'artillerie lourde et de munitions, que celui-ci allait pouvoir utiliser contre les soldats français à Bir Hakeim puis pendant la campagne de Tunisie.
- La Milice
La Milice, qui joua un rôle de force supplétive de l'armée allemande, par exemple lors de l'écrasement du maquis du Vercors en 1944, fût créée par le régime de Vichy le 30 janvier 1943. Elle est officiellement présidée par le chef du gouvernement, Pierre Laval.
[modifier] Collaboration d'État économique
[modifier] Débat sur la collaboration d'État
Bien que Pétain et Darlan aient été largement responsables de la collaboration d'État, certains observateurs superficiels des évènements de cette époque hésitent à les classer parmi les collaborateurs.
Philippe Pétain était certes, au départ, un « réactionnaire », présentant peu d'affinité avec les nazis. Mais il profita de la défaite française pour mener à bien son projet de Révolution nationale. Celle-ci ne pouvait s'épanouir que dans le cadre de la défaite, puisque toute victoire des Alliés auraient signifié le retour aux libertés fondamentales et la fin des persécutions contre les Juifs, les Francs-Maçons, les républicains.
Les accusations se sont donc principalement reportées sur Pierre Laval, qui tout en collaborant outrancièrement, était avant tout un opportuniste jugeant préférable que la France soit du côté de l'Allemagne à l'issue de la victoire de celle-ci — qu'il jugeait inéluctable. C'est la raison sans doute pour laquelle il déclara : Je souhaite la victoire de l'Allemagne parce que, sans elle, le bolchevisme demain s'installerait partout. À partir de 1943-1944, toutefois, la position de Laval se révéla être bien au-delà d'un simple opportunisme, puisqu'il ne varia pas dans sa politique, malgré l'inéluctabilité devenue évidente de la défaite allemande. Au contraire, il accentua la collaboration, notamment en créant la Milice et le STO.
[modifier] Les collaborationnistes en France
Le terme « collaborationniste » serait dû à Marcel Déat, dans L'Œuvre du 4 novembre 1940. Le collaborationnisme ne se contente pas de pratiquer la collaboration, mais de l'encourager, de la promouvoir, d'en faire un thème politique. Il est le fait des partis politiques et de la presse collaborationnistes.
Ces serviteurs pourtant ostensibles de l'ennemi n'hésitaient pas à se qualifier de « nationaux ». Les Allemands eux-mêmes, qui ne les prenaient pas très au sérieux, les utilisèrent surtout pour accroître leur pression sur le gouvernement de Vichy. Les « collabos » n'étant qu'une poignée d'hommes isolés et méprisés par la masse du pays (quelque 2 % de la population), Adolf Hitler se garda de leur confier des responsabilités trop importantes. D'autant que dans son esprit, le fascisme rendait les peuples forts, ce qui aurait donc été un danger à ses yeux pour l'hégémonie allemande.
L'agitation menée par les « collaborateurs » les plus voyants, installés pour la plupart à Paris occupé, et venus d'horizons politiques variés, fit parfois oublier l'action patiente et résolue du gouvernement de Vichy en matière de collaboration.
[modifier] Les partis collaborationnistes (France)
Dés juillet 1940, des activistes tentent leur chance en créant des partis politiques favorables à l'occupant nazi. Ils sont ensuite rejoints par les hommes politiques fascistes déçus par le caractère réactionnaire, catholique et moralisant du régime de Vichy (vers l'automne 1940).
Tout en se réclamant officiellement du maréchal Pétain, le petit monde collaborationniste parisien se distingue tout d'abord par sa volonté d'aller plus loin que le régime de Vichy. Au contact direct des forces d'occupation allemandes, il prône l'instauration d'un régime fasciste ou nazi en France, plus « révolutionnaire », et engagé sans arrière-pensée dans la collaboration avec l'Allemagne nazie. Les collaborationnistes parisiens vont progressivement prendre des places au sein du régime de Vichy qu'ils ont tant critiqué au départ et tendront à radicaliser encore plus le régime (Marcel Déat ministre en 1944).
Autre caractéristique du petit monde collaborationniste, l'incapacité à s'unir, et les intrigues entre chefs (la rivalité entre Jacques Doriot et Marcel Déat, mais aussi entre Marcel Déat et Eugène Deloncle, etc.). Marcel Déat a tenté de réaliser un parti unique en 1941 en alliant RNP et MSR, puis en 1943 au sein d'un éphémère Front révolutionnaire national.
Tout ce petit monde là se retrouvera, avec le maréchal Pétain et les derniers fidèles de Vichy en exil en Allemagne, à Sigmaringen en 1944-1945 [10]. Jacques Doriot tentera de rejouer l'aventure gaullienne à l'envers en prenant la tête d'un Comité français de libération nationale et enverra quelques agents pro-allemands dans la France libérée par les alliés. Certains se retrouveront dans la LVF, à défendre le dernier carré des chefs nazis dans le Berlin dévasté au printemps 1945.
- Les 2 principaux partis collaborationnistes :
- Parti populaire français ou PPF (fondé en 1936 et dirigé par Jacques Doriot, ouvertement fasciste. Maximum de 20 000 à 30 000 membres[réf. nécessaire]).
- Rassemblement national populaire (ou RNP), fondé en 1941 et dirigé par Marcel Déat, ancien député socialiste SFIO puis néo-socialiste, parti de classes moyennes, plus « modéré » que le PPF. Maximum de 20.000 à 30.000 membres.
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- Satellites du RNP :
- Ligue de la pensée française (fondée en 1942 par René Château, ancien député radical-socialiste. Le mouvement le plus étonnant, constitué de sincères intellectuels républicains favorables à la Collaboration pour que, en échange, l'Allemagne permette à la France de rétablir la République !).
- Satellites du RNP :
- Partis collaborationnistes « moyens» (plus de 1.000 membres) :
- Parti franciste (fondé en 1933 par scission de la Milice socialiste nationale de l’ancien leader socialiste Gustave Hervé. Fondé et dirigé par Marcel Bucard, réactionnaire de droite passé par toutes les ligues. Membres : 5 500 à 8 000 maximum).
- Mouvement social révolutionnaire ou MSR (issu de la Cagoule, fondée en 1936 par scission de l'Action française. Fondée et dirigé par Eugène Deloncle, ancien membre de l’Action française. Puis dirigé en 1942-1944 par Georges Soulès, socialiste SFIO membre du cabinet de Charles Spinasse dans le gouvernement du Front populaire. Parti de comploteurs d’extrême-droite. Membres : vers 1.500 à 16.000 membre maximum selon les sources !).
- Jeunes de l’Europe nouvelle (issu de la branche jeunes du groupe Collaboration. Dirigé par Marc Augier, ancien organisateur du Centre laïque des auberges de jeunesse et membre de cabinet de Léo Lagrange dans le gouvernement du Front populaire, puis par Jacques Schweizer, président des JNS, successeur de la ligue d’extrême-droite des Jeunesses patriotes. Max : 1.500 membres).
- Les jeunes du Maréchal (créée par Jacques Bousquet, professeur de lycée, puis prise en main par Jean-Marie Balestre et Robert Hersant. Membres : 1.400 maximum).
- Ligue française d’épuration, d’entraide sociale et de collaboration européenne (Mouvement social européen) (dirigé par Pierre Costantini, officier bonapartiste. Membres : 1.000 à 3.000 membres maximum).
- Organisations collaborationnistes de notables et d’élus
- Groupe Collaboration (dirigé par Alphonse de Châteaubriant, écrivain réactionnaire. Groupe de notables conservateurs spécialisés dans les conférences à thèmes sur la collaboration. Audience : 33 comité en zone sud et un nombre inconnu en zone nord).
- Comité d’action antibolchévique (CAA) (dirigé par Paul Chack, officier de marine et écrivain d’extrême-droite, membre de l'Action française jusqu'en 1939. Groupe de soutien à la LVF. Membres : vers 1.000 mais qui appartiennent aussi à d’autres organisations collaborationnistes)
- Parti ouvrier et paysan français (POPF) (dirigé par Marcel Gitton, ancien n°3 du PCF puis Marcel Capron, député-maire PCF d’Alfortville. Parti regroupant l'aile collaborationniste des communistes. Membres : 300 en zone nord).
- Comité ouvrier de secours immédiat (Cosi) (dirigé par Georges Yvetot, figure historique du syndicalisme français, puis par René Mesnard, socialiste passé au RNP, et Jules Teulade, ancien communiste passé au PPF. Organisation « caritative » pour les ouvriers bombardés, en fait instrument de propagande collaborationniste envers les milieux ouvriers).
- Les Energies françaises (ébauche de futur parti unique piloté fin 1942 par Pierre Laval. Chef : Léon Cayla, ancien gouverneur général de Madagascar. Mais restera un petit groupe de notables conservateurs).
- Groupuscules collaborationnistes (moins de 1 000 membres)
- Parti français national-collectiviste (PFNC) (fondé en 1934 et dirigé par Pierre Clémenti, journaliste de la presse radicale-socialiste. Membres : quelques centaines). Proche en 1940 du Jeune front (dirigé par Robert Hersant, ancien membre des Jeunesse socialistes) et des Gardes françaises,
- Front franc (dirigé par Jean Boissel, ancien combattant d’extrême-droite et ultra-raciste. Membres : quelques dizaines).
- Le Feu (dirigé par Maurice Delaunay, ancien député apparenté au PDP démocrate-chrétien. Il se fait appeler « François Henry Prométhée », « le Maître du feu » et prône une renaissance de la France sans idée politique claire. Cette histoire de fou ne dure que 6 mois mais largement subventionnée par l’Allemagne qui voulait peut-être discréditer les collaborationnistes).
- Autres groupuscules : Parti national-socialiste français (PNSF) (environ 50 membres), Croisade française du national-socialisme (CFNS), Formations éclaires révolutionnaires (50 membres maximum), Les Hitlériens français (une douzaine de membres), Mouvement national-syndicaliste-L’Union française, Les Gardes du peuple révolutionnaire, Comité d’épuration de la race française, Cadets de Francs (organise quelques camps de jeunesse de 100 à 300 membres).
- Collaborationnistes régionalistes
- Parti national breton pro-nazi
- Brezona, détaché du Parti national breton, qui se réclame du national-socialisme ; et dans cette mouvance Galv ouvertement pro-nazi, et formé à partir des rédacteurs de la revue Arvor, Stur d'Olier Mordrel, et le Bezen Perrot formé par une fraction du Parti national breton.
[modifier] La presse collaborationniste, ou collaboration de plume (France)
La presse française sous l'occupation soutenait très majoritairement la politique collaborationniste et antisémite de Pétain. Une partie de cette presse était aux mains des Allemands, qui finançaient certaines publications, notamment (mais pas uniquement) à travers les Éditions Le Pont.
Des dizaines d'écrivains ou journalistes de renom furent des collaborateurs, parfois même rémunérés par la « Propaganda Staffel » allemande, qui finançait certaines publications: Les articles spécialisés permettent de connaitre plus en détail la nature des engagements de différents écrivains de renom en faveur de l'occupant ou de la Révolution nationale.
- Jacques Benoist-Méchin, historien
- Henri Béraud, journaliste et écrivain
- Abel Bonnard, académicien
- Georges Albertini, journaliste et secrétaire général du RNP
- Robert Brasillach, journaliste et écrivain
- Charles Spinasse, député socialiste et fondateur de l'hebdomadaire collaborationniste Le Rouge et le Bleu
- Louis-Ferdinand Céline, écrivain
- Paul Chack
- Jacques Chardonne, romancier
- Alphonse de Chateaubriant
- Pierre Drieu La Rochelle
- Abel Hermant, académicien
- Georges Montandon, ethnologue
- Lucien Rebatet, romancier
- Charles Maurras, directeur du journal L'Action française.
- Maurice Sachs, écrivain, juif, collaborateur.
[modifier] L'engagement militaire aux cotés des Allemands
- La LVF
La Légion des volontaires français contre le bolchévisme fût une initiative privée des chefs des partis collaborationnistes parisiens en juillet 1941 et non pas une création du régime de Vichy. Mais le maréchal Pétain l'a encouragé publiquement à sa création (par exemple en novembre 1941) avant d'adopter une attitude plus prudente par la suite. La LVF fut reconnue d'utilité publique et Pétain déclara que ses soldats détenaient « une part de notre honneur militaire ». Ceux-ci prêtaient serment de fidélité personnelle à Adolf Hitler.
- La Waffen SS française
La constitution d'une Waffen-SS française (unité militaire de la SS) fût autorisée par le régime de Vichy en juillet 1943.
- La phalange africaine
En réaction du débarquement allié en Afrique du Nord (Opération Torch), le gouvernement français veut envoyer une force militaire en Tunisie. Les amiraux Derrien et Esteva restent fidèles au maréchal qui a demandé aux forces militaires d'Afrique du Nord de résister contre les alliés.
[modifier] Personnes ayant joué un rôle important dans la collaboration et non citées dans le texte
- Jean-Marie Clamamus, premier sénateur communiste français et Maire de Bobigny
- Gaston Bergery, député radical-socialiste
- Louis Darquier de Pellepoix, commissaire général aux affaires juives à partir de mai 1942
- Maurice Gabolde, garde des Sceaux
- Pierre Galien, adjoint de Darquier de Pellepoix
- Étienne Leandri (porte l'uniforme de la Gestapo)
- Jean Leguay, représentant de René Bousquet à Paris
- André Pascal, député communiste de Paris
- Simon Sabiani, adjoint du maire de Marseille pendant l'entre-deux-guerre puis maire par intérim
- Xavier Vallat commissariat général aux questions juives jusqu'en mai 1942
- Maurice Papon secrétaire général de la préfecture de la Gironde chargé des affaires juives
[modifier] La Collaboration privée
La collaboration d'ordre privée, même si elle est encouragée par des déclarations du régime de Vichy, est celle qui relève de l'initiative privée en particulier dans l'activité professionnelle (le collaborationnisme politique est traité plus haut). des degrés de responsabilité particuliers peuvent être dégagées : les chefs d'entreprise (en raison des implications collectives des décisions qu'ils prennent) et les artistes et « vedettes » (en raison de l'exemple que constitue leur conduite).
[modifier] Collaboration économique privée
- Louis Renault a été accusé à la Libération de collaboration avec l'armée allemande. Les usines Renault (Groupe) furent confisquées et nationalisées sous ce motif. Le Gouvernement provisoire condamnait ainsi un homme sans jugement, à titre posthume (la mort de Louis Renault ayant éteint l'action publique), c'était une grande première dans un État de droit. Une fois l'entreprise confisquée, la Justice admit que les usines n'avaient pas collaboré avec l'ennemi. Le PDG, en charge de Renault pendant l'occupation, René de Peyrecave, obtint en effet un non-lieu en 1949, la justice estimant que l'entreprise avait travaillé « sous la contrainte » pour l'occupant et n'avait témoigné d'aucun zèle dans la fourniture des commandes aux Allemands. La présence du neveu de Louis Renault, François Lehideux (1904-1998) au gouvernement de Vichy n'a pas arrangé le cas Renault.
- Gnome et Rhône fournissait des moteurs d'avions à l'Allemagne. Elle fût nationalisée à la Libération pour faits de collaboration et deviendra la Snecma (actuelle société Safran).
- Berliet
- Banque Worms, bien introduite au sein du régime de Vichy, avec notamment Jacques Barnaud (1893-1962), responsable des relations économique franco-allemandes et Pierre Pucheu (une présence qui a entraîné bien des fantasmes : voir la Synarchie).
[modifier] Collaboration artistique
Des hommes du monde du spectacle (par exemple Sacha Guitry) furent un moment taxés de collaboration parce qu'ils avaient, pendant l’Occupation, continué à exercer leur métier et avaient entretenu des relations pour le moins cordiales avec l'occupant. De fait, si nombre d'autres artistes (comme Ray Ventura) avaient émigré à cette époque, un certain nombre d'autres ont — pour reprendre l'expression de Guitry — continué à exercer leur métier, comme tous les autres Français restés sur le territoire national, à la seule exception de ceux qui avaient pris le maquis. Il n'en reste pas moins que plus d'une personnalité des arts et des spectacles ne manifesta aucun état d'âme particulier à s'afficher régulièrement aux côtés des Allemands, et que ceux-ci furent largement mêlés pendant quatre ans à la vie d'un Tout-Paris pas toujours regardant.
[modifier] Libération et épuration
Les nouveaux pouvoirs issus de la Résistance intérieure et du GPRF mirent fin aux violences spontanées et procédèrent à l'épuration judiciaire. Les excés de l'« épuration sauvage »[11] n'ont pas dégénéré dans un « bain de sang » général[12]. Mais, avant que les cours de justice et chambres civiques soient créées et installées, et parfois après, les résistants et les populations s’en prennent aux collaborateurs. Cette épuration extrajudiciaire, ou « épuration sauvage », vise principalement des collaborateurs avérés, notamment les miliciens de Darnand, ou des militants de partis collaborationistes. Elle a également lieu à la Libération à la faveur des mouvements de foules, où la joie et le désir de vengeance se mêlent. Les femmes ayant collaboré sont tondues (20 000 au total), à la Libération, mais aussi au printemps 1945, au retour des camps[13]. Les exécutions extrajudiciaires de collaborateurs, ou considérés comme tels, sont l’objet d’une légende noire où les chiffres deviennent de vrais arguments dans les tentatives de réhabilitation de certains. Cependant même si les dérapages et les actions de pur banditisme existent (Maquis Le Coz), toutes les exécutions « extralégales » ne sont pas empreintes d’injustice.
Par la suite l’épuration judiciaire prend le relais. Elle s’exerce par l’entremise de tribunaux d’exception : la Haute cour de justice, les cours de justice, et les chambres civiques pour les actions non réprimées par le code pénal. L’épuration touche tous les secteurs d’activité et toutes les couches de la société. Le cinquantenaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, au milieu des années 1990, fut l’occasion de nombreuses études permettant d’éclairer d’une lumière nouvelle cette période extraordinaire, au sens propre du terme, qu’est la Libération. Ce fut également le moment de synthétiser l’ensemble des travaux concernant la période. Ainsi, l’épuration extrajudiciaire entraîna la mort de 10 000 personnes, la tonte de 20 000 « horizontales ». L’épuration légale concerna plus de 300 000 dossiers, dont 127 000 entraînent des jugements, ce qui donne 97 000 condamnés. Les peines allant de 5 ans de dégradation nationale à la peine de mort. Soucieux de réduire rapidement la fracture entre les Français, le gouvernement de la République française vota trois amnisties pour les épurés, dès 1947, puis en 1951 et 1953.
L’épuration est très rapidement un sujet polémique. Les premiers à écrire sur le sujet sont les épurés eux-mêmes ou les épurateurs. Ce qui ne favorise pas la neutralité des propos. De plus les journaux d’extrême-droite et les anciens vichystes ou leurs avocats relaient la « légende noire » de l’épuration : massacres, chiffres farfelues. Cependant les dernières enquêtes réalisées par le Comité d’Histoire de la Deuxième Guerre Mondiale (CHGM) et son successeur, l’Institut d’Histoire du Temps Présent (IHTP) donne pour 84 départements (sur 90 en 1945) le chiffre de 8 775 exécutions sommaires lors de l’épuration extrajudiciaire, auxquels il faut ajouter les condamnés à mort par la Haute cour de justice et les cours de justice (791 ou 767 suivant les enquêtes), et par les cours martiales (769 pour 77 départements selon l’IHTP[14]). L’épuration aurait donc fait entre 10 000 et 11 000 morts.
En valeur absolue, moins de Français furent internés que dans les Pays-Bas. Moins d'un Français sur 1 000 fut interné ou arrêté, ce qui reste très en-deça des taux du Danemark, de la Norvège, de la Belgique et des Pays-Bas. Plus de 1 500 condamnés à mort furent exécutés, cependant deux condamnations sur trois à la peine capitale furent commuées, taux le plus élevé d'Europe occidentale.
[modifier] Notes et sources de l'article
- ↑ Voir, par exemple Robert Paxton, la collaboration d'État, in la France des années noires, Le seuil, 1993, Tome 1
- ↑ Voir, par exemple Philippe Burrin, la collaboration d'État, in la France des années noires, Le seuil, 1993, Tome 1
- ↑ Voir, par exemple, Jean-Pierre Azéma et Olivier Wieviorka, Vichy, 1940-44', Perrin, 1997, le temps des profiteurs, p.231 de l'édition de poche
- ↑ Claude d'Abzac-Epezy, postface à L'armée de Vichy de Robert Paxton, Taillandier, coll. Points Histoire, p.547
- ↑ Philippe Burrin, La France à l'heure allemande, Ed. du Seuil, 1995
- ↑ Cf. Pierre Laborie, Dictionnaire Historique de la Resistance, « Montoire », Robert Laffont, Paris, 2006, p. 600.
- ↑ Marc Ferro, Questions sur la deuxième Guerre Mondiale, Firenze, Casterman, 1993
- ↑ Voir, par exemple, Jean-Pierre Azéma et Olivier Wieviorka, Vichy, 1940-1944', Perrin, 1997, le temps des profiteurs, p. 71 et p. 78 de l'édition de poche
- ↑ Asher Cohen, Persécutions et sauvetages, Cerf, 1993, (voir l'article Shoah)
- ↑ Lire à ce sujet Louis-Ferdinand Céline, D'un chateau l'utre, Gallimard, 1957
- ↑ Philippe Bourdrel, L'épuration sauvage, 1944-45, Perrin 2002
- ↑ Peter Novick, L'Epuration française, Seuil, 1986
- ↑ Fabrice Virgili, La France virile. Des femmes tondues à la Libération, Payot, 2000
- ↑ Rousso Henry, « L’épuration en France une histoire inachevée », Vingtième siècle, Revue d’histoire, n° 33, janvier-mars 1992, pages 78-105.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
- Collaboration dans l'Europe occupée par les nazis
- Régime de Vichy
- Entrevue de Montoire
- Vie des Français sous l'Occupation allemande
- Régionalisme et collaborationnisme
- Camp de concentration français
- Publications antisémites en France
- Épuration à la Libération en France
- Jean Azéma
- Maurice Papon
- Paul Touvier
[modifier] Bibliographie
- Ouvrages généraux
- Christophe Belser, La Collaboration en Loire-inférieure 1940-1944, Geste éditions, 2 vol., 2005. ISBN 2-84561-210-9 et 2-84561-211-7 [(http://wodka.over-blog.com/article-1655523.html) (compte-rendu de cet ouvrage)]
- Philippe Burrin,La dérive fasciste. Doriot, Déat, Bergery 1933-1944, Paris, Editions du Seuil, 530p, 1986 (édition de poche avec une préface inédite, 2003). (ISBN 202009357X et ISBN 2020589230)
- Philippe Burrin, La France à l’heure allemande 1940-1944, Paris, Editions du Seuil, 559p, 1995 (édition de poche, 1997). (ISBN 2020183226 et ISBN 2020314770)
- Michèle Cotta, La collaboration 1940-1944, Armand Colin, Coll. Kiosque, 1964.
- Pascal Ory, Les Collaborateurs 1940-1945, Seuil, 1976. ISBN : 2-02005-427-2
- Pascal Ory (présenté par), La France allemande, Paroles du collaborationnisme français (1933-1945), Gallimard, Coll. Archives, 1977.
- Robert O. Paxton, La France de Vichy 1940-1944, Seuil, Points Histoire, 1973.
- Henry Rousso, Pétain et la fin de la collaboration, Editions Complexe, 1984.
- Henry Rousso, Le syndrome de Vichy, 1944-198..., Seuil, 1987, ISBN : 2-02-009772-9
- Partis et mouvements politiques
- R. Handourtzel et C. Buffet, La collaboration… à gauche aussi, Ed. Perrin, Paris, 1989.
- Pierre Philippe Lambert, Gérard Le Marec, Partis et mouvements de la Collaboration, Jacques Grancher éditions, Paris, 1993.
- Ahlrich Meyer, Täter im Verhör. Die 'Endlösung der Judenfrage' in Frankreich 1940-1944.' Wissenschaftliche Buchgesellschaft, Darmstadt. 2005. ISBN 3534175646, 471 Pages. (allm)
- Police et la Justice (cf surtout régime de Vichy)
- Jean-Marc Berlière, avec Laurent Chabrun, Les policiers français sous l'occupation d'après les archives inédites de l'épuration, Perrin, 2001, ISBN : 2-262-01626-7
- Hervé Lamarre, L'Affaire de la Section Spéciale, 2 vol., Fayard, Folio, 1973.
- Presse
- Pierre-Marie Dioudonnat, L'argent nazi à la conquète de la presse française (1940-1944), Jean Picollec éditions, Paris, 1981.
- Entreprises françaises
- Le groupe de recherche du CNRS sur les entreprises françaises sous l'occupation : [1] et [2]
- Lacroix-Riz, Industriels et banquiers français sous l’Occupation : la collaboration économique avec le Reich et Vichy, Paris, Armand Colin, 1999.
- Lacroix-Riz Annie, Les entreprises françaises et l’Allemagne de l’avant-guerre à l’occupation, Des capitaux aryens, in Le Manifeste n° 4, mars 2004 ([3]).
- Rochebrune (de) Renaud et Hazera Jean-Claude, Les patrons sous l'occupation, Odile Jacob, 1995 (et collection semi-poche en 2 volumes 1997) ([4]).
- Entreprises étrangères
- Edwin Black, IBM et l'holocauste, Robert Laffont, février 2001.
- Maurice Papon
- Michel Slitinsky, L'affaire Papon 1983, Éditions Alain Moreau Préface de Gilles Perrault, Préface interdite qui donne lieu à un seconde édition de L'affaire Papon en 1984 avec comme préface le rendu de justice qui a donné lieu à l'interdiction de la préface de Perrault qui traitait Papon de "franc salaud"
- Michel Slitinsky, Pouvoir préfectoral lavaliste à Bordeaux, Éditions Wallada, 1997 (ISBN 2904201130)
- Michel Slitinsky, Procès Papon, le devoir de mémoire, Éditions de l'Aube, 1998 (ISBN 2876783843)
- Michel Slitinsky, Bordeaux, indiscrétions des archives de l'occupation, Éditions Les Chemins de la Mémoire, 2005 (ISBN 2909826872)