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Calembour - Wikipédia

Calembour

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Le calembour est un jeu de mots fondé sur

  • l'homonymie/homophonie (mots qui s'écrivent/se prononcent de la même façon, mais différents par le sens),
  • la paronymie/parophonie (mots dont l'écriture/prononciation est très proche),
  • la polysémie (mots ayant plusieurs sens).

C'est un trait de l'esprit, à connotation humoristique mais qui, par le sens double d'une phrase, permet aussi une approche ironique sur un sujet donné (souvent utilisé dans cette optique par les chansonniers du début du XXe siècle et les journaux satiriques).

Sommaire

[modifier] Étymologie

Deux hypothèses circulent concernant l'étymologie du mot calembour. Il est traditionnellement admis[1] que c'est Denis Diderot qui aurait utilisé pour la première ce terme, dans une lettre à Sophie Volland datée du 1er octobre 1768. Toutefois, la revue Historia a évoqué l'existence d'un comte de Kalhenburg ambassadeur d'Allemagne à Paris dont l'accent rendait les propos difficilement compréhensibles ; ces interlocuteurs, refusant par politesse de le faire répéter, interprétaient ses propos. Le terme est en tout cas attesté dans le Dictionnaire de L'Académie française, 5e édition, 1798.

[modifier] Quelques exemples

Le calembour s'applique à des expressions figées, bien connues, ou à des situations que le contexte permet de décoder :

  • Tu lis tes ratures ? (littérature)
  • La boutade de mots. (La moutarde de Meaux)
  • Je préfère un calembour d'Anvers qu'un camembert d'Hambourg. (Pseudo contrepèterie)
  • Il n'y a que la vérité qui baisse. (Faux proverbe : Il n'y a que la vérité qui blesse)
  • Jamais deux sans toi. (Faux proverbe : Jamais deux sans trois)
  • Un Marx et ça repart. (Un Mars et ça repart)
  • « Allons ! Finissons-en, Charles attend ! » (charlatans) (Louis XVIII sur son lit de mort entouré de ses médecins.)
  • Demandez nos exquis mots. (Demandez nos esquimaux), Patrice Delbourg.
  • Un clavier azerty en vaut deux. (Faux proverbe : Un homme averti en vaut deux)
  • Ce plat cale Hambourg. (Ce plat calembour)
  • Un conflit de canards. (Un confit de canard ; Nom de la rubrique culinaire du Canard enchaîné)
  • Manger épicé. (Manger et pisser)
  • Des escabeaux de Bourgogne. (Des escargots de Bourgogne)
  • Merci d'être velu ! (Merci d'être venu !)
  • Bande d'abrutis ! (Bon appétit !) (Coluche)
  • Notre but, comme la tarte, est atteint (Tarte Tatin)
  • L'érection pestilentielle. (L'élection présidentielle)
  • Qui trop embrase mal éteint. (Faux proverbe : Qui trop embrasse mal étreint)
  • Donner, c'est donner, repeindre ses volets. (Faux proverbe : Donner, c'est donner, reprendre c'est voler)
  • Partir, c'est crever un pneu. (Faux proverbe : Partir, c'est mourir un peu)
  • Un pastiche sinon rien (Un Pastis sinon rien).
  • Le sévice public. (Le service public)
  • Vieux motard que j'aimais. (Faux proverbe : Mieux vaut tard que jamais)
  • Il est Balazs ou hongrois. (Il est pas là où on croit; Balázs étant un prénom typiquement hongrois)
  • Les Ibères sont rudes. (Les hivers sont rudes, René Goscinny)
  • Heureux qui, communiste. (au lieu de "Heureux qui, comme Ulysse" - détournement de poésie)
  • Un cas très rare de « calembour municipal »[2] : la place d'Enfer, rebaptisée place Denfert-Rochereau[3].
  • Mi-putes, mi-soumises (faisant référence à l'association Ni putes ni soumises).
  • Il ne faut pas tuer la peau de l'ours avant de l'avoir vendue. (Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué.)
  • Après "la Mouche" de David Cronenberg, voici "la Mèche" de David Kronembourg (sketch des Nuls).
  • "Aux sombres héros de l'amer" (Ô sombrero de la mer) chanson de Noir Désir.

Certains journaux, comme Le Canard enchaîné[4] (notamment dans ses manchettes), Libération, L'Équipe ou 20 minutes, ainsi que certaines bandes dessinées comme Iznogoud ou Astérix le Gaulois se sont fait une spécialité de truffer leurs pages de calembours, pour le plus grand bonheur de leurs lecteurs.

[modifier] Opinions sur le calembour

  • Il y a une remarque assez singulière à faire sur ceux qui écoutent un calembour ; c’est que le premier qui le devine le trouve toujours excellent, et les autres plus ou moins mauvais, à raison du temps qu’ils ont mis à le deviner, ou du nombre des personnes qui l’ont entendu avant eux ; car dans le monde moral, c’est l’amour-propre qui abhorre le vide. - Marquis de Bièvre, Article Kalembour ou Calembour, Supplément à l'Encyclopédie, 1777.
  • Le calembour est la fiente de l'esprit qui vole. Le lazzi tombe n'importe où ; et l'esprit, après la ponte d'une bêtise, s'enfonce dans l'azur. Une tache blanchâtre qui s'aplatit sur le rocher n'empêche pas le condor de planer. Loin de moi l'insulte au calembour ! Je l'honore dans la proportion de ses mérites ; rien de plus. Tout ce qu'il y a de plus auguste, de plus sublime et de plus charmant dans l'humanité, et peut-être hors de l'humanité, a fait des jeux de mots. Jésus-Christ a fait un calembour sur saint Pierre, Moïse sur Isaac, Éschyle sur Polynice, Cléopâtre sur Octave. Et notez que ce calembour de Cléopâtre a précédé la bataille d'Actium, et que, sans lui, personne ne se souviendrait de la ville de Toryne, nom grec qui signifie cuiller à pot. Victor Hugo, Les Misérables, 1862.

[modifier] Sur les scènes francophones

Les calembours sont généralement plus appréciés à l'oral qu'à l'écrit. Une légère différence d'intonation peut en effet orienter la compréhension d'une phrase ambiguë. Cette caractéristique est propre à la langue française, peu accentuée et riche en homophones, et s'accommode mal à d'autres langues comme l'allemand.

Le théâtre 
Vous me connoissez mal : la même ardeur me brûle,
Et le desir s'accroît quand l'effet se recule.[5]

les metros m'etouffent l'aimer trop m'etouffe

(elle) - Il me faut, disons le mot, 50 000 francs
(lui) - Par mois ?
(elle) - Par vous ou par un autre !
  • Victor Hugo, Booz endormi dans la Legende des Siecles
Tout reposait dans Ur et dans Gerimadeh. (J'ai rime a "dais".)
Les one-man-show 
  • Le Québécois Marc Favreau (Sol) base tout son texte sur le calembour poétique :
… Mais le bébé, il sait pas,
il sait pas à quel sein se dévouer
pour lui, c'est la mère à boire…
Elle était bonne pour moi, ma mère
C'était une mère veilleuse.
Dans la chanson 

Tout un courant de la chanson française se distingue par son goût du calembour et la recherche systématique d'effets de dédoublement sonore, qui y est liée. On peut mentionner Boby Lapointe et, plus récemment Noir Désir, Sttellla, Gérald Genty et Nicholson.

C’est un saucisson… de cheval
Un saucisson que… de cheval
Que je viens de faire… à cheval
C’est une chanson… de saillie
Ah ! Chanson de saillie… de cheval
Moi qui suis esthète… de cheval
Ah ! je trouve ça beau ... de cheval
Génial admirable… de lapin'
(Boby Lapointe. Saucisson de cheval n° 1.)
- Dis-moi, je te réveille, mais c'est qui l'espion ?
- L'espion, c'est celui qui dort.
- Hein ?
- Laisse pioncer celui qui dort !
(Gérald Genty)

[modifier] Notes

  1. Voir entre autre Ferdinand Brunot, t. 6, 2, p. 1315.
  2. selon Éric Hazan, L'invention de Paris.
  3. Denfert-Rochereau est un militaire français resté célèbre pour avoir dirigé la résistance de la place forte de Belfort durant la guerre franco-allemande de 1870.
  4. Ainsi Jean-Paul Grousset, journaliste au Canard enchaîné, spécialiste du cinéma, est l'auteur d'un nombre considérable de calembours :
    • Chassez le naturiste, il revient au bungalow.
    • C'est beau mais c'est twist !
    • Les choses étant ce caleçon
    • Mais vous pleurez, mi-lourd ?
    • Un peu d'Eire, ça fait toujours Dublin !
    • Un seul hêtre vous manque et tout est des peupliers !
    • Je suis en congé de ma Lady
    • Être reçu England pompe
    • Le rugbyman est talonneur…
    • Mes illusions sont des truites
    • Ne lâchons pas lamproie pour l'omble…
    • La loi de l'offre et de la limande
    • Les gaîtés de l'esturgeon
    • Ciel, mon méhari !
    • Chaloupe à tous les coups !
    • Je suis verseau, ascendant recto !
    Voir son œuvre : Si t'es gai, ris donc ! (Julliard, 1963), Mettez les voiles. (avec la coll. de Michel Claude, Julliard, 1965), Les perles du « Canard » recueillies par Jean-Paul Grousset. (Canard de Poche, Éditions du Canard enchaîné, 1967).
  5. Polyeucte, BNF Gallica

[modifier] Liens externes

wikt:

Voir « calembour » sur le Wiktionnaire.


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