Café de Foy
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Le café de Foy est un café parisien en opération de 1749 à 1854.
Fondé par un ancien officier du nom de M. de Foy, qui lui donna son nom, ce café, qui devint si célèbre, occupait alors tout un étage d’une des maisons situées dans la portion de la rue Richelieu, qui longeait le jardin du Palais-Royal. Lorsque les galeries de pierre de ce palais n’étaient pas encore construites, un escalier particulier conduisait du café de Foy à l’une des entrées du jardin.
Vers l’an 1774, le café de Foy passa entre les mains d’un sieur Joussereau, qui venait d’épouser une jeune et jolie femme, dont la beauté fit un certain bruit. Voulant voir de près la belle limonadière, le duc d’Orléans vint un soir s’installer dans le café et y prendre une glace. Il y revint plusieurs fois et sa protection fut acquise à cet établissement. Madame Joussereau eut du prince une audience particulière ; elle obtint pour son mari l’autorisation de vendre des rafraîchissements et des glaces dans la grande allée des marronniers du jardin du Palais-Royal, où furent construites depuis les galeries de pierre. Il fut d’ailleurs expressément interdit à Joussereau de placer des tables dans le jardin, il ne pouvait y placer que des chaises.
Lorsque les galeries de pierre furent achevées vers 1792, le café de Foy s’établit alors dans les appartements qu’il occupa jusqu’à sa fin. Le café de Foy fut le premier établissement de ce genre à s’ouvrir au Palais-Royal ; il eut entre autres habitués célèbres toute la génération des peintres Vernet, Joseph, Carle et Horace. Au milieu du plafond du rez-de-chaussée, une hirondelle assez bien peinte amenait infailliblement l’anecdote selon laquelle, en 1810, Carle Vernet passait une partie de son temps au café de Foy, où venait exactement le rechercher son fils Horace. Un jour, en repeignant le plafond, un ouvrier maladroit y fit une tache qu’il ne savait comment dissimuler. Voyant le désespoir de son confrère, le jeune Horace – il avait alors vingt ans – prend le pot à couleurs et les brosses, grimpe à l’échelle, et en cinq minutes, aux applaudissements de son père, d’Isabey et de quelques autres habitués, transforme cette tache grossière en l’élégant oiseau que tout le monde a connu. Il ne manque malheureusement à cette anecdote, qui s’appliquerait facilement au talent preste et vif d’Horace Vernet, que d’être vraie car Vernet lui-même ne perdait jamais une occasion de la démentir et se montrait même presque offensé, dans les dernières années de fa vie, qu’on lui attribuât l’hirondelle du café de Foy.
C’est, juché sur une table du café de Foy que, le 13 juillet 1789, Camille Desmoulins, une épée dans une main, un pistolet dans l’autre, haranguant une foule immense, une feuille verte à son chapeau, appelant les bourgeois de Paris aux armes, leur distribuant des feuilles vertes en signe de ralliement, donna le signal de l’insurrection qui partit de ce café pour s’achever le lendemain avec la prise de la Bastille. Par la suite, l’orientation politique du café de Foy, d’abord dévoué aux patriotes, devint nettement plus monarchiste et constitutionnel, fréquenté par des batailleurs fleurdelisés, ayant gourdins, cannes à dard, bâtons plombés, lisant des motions monarchiques, se découvrant quand on prononçait le nom du roi, dont ils demandaient la réintégration dans son pouvoir. On y voyait de vieux chevaliers de Saint-Louis, des anciens militaires, des financiers « à grosses perruques, à cannes à pommes d’or et à souliers carrés. » En février 1791, il se forma au café de Foy des rassemblements de conspirateurs monarchiques. La même année, on y demanda l’abolition des clubs, même de celui des Amis de la Constitution, séant aux Feuillants.
La réaction prit pied, s’étala presque au café de Foy où dominait la réaction. En décembre 1791, les sieurs Jousserand, qui tenaient l’établissement, devenu « un réceptacle de l’aristocratie », faisant partie des maisons de jeu du Palais-Royal signalées comme les repaires habituels des Chevaliers du poignard, laissaient voir leur prédilection marquée pour les aristocrates, de préférence aux patriotes. On y lisait tout haut la Gazette de Paris, l'Ami du roi, la Gazette de la Cour et de la Ville.
Pendant toute la Restauration, le café de Foy, ayant résisté à toutes les innovations du XIXe siècle telles que le cigare, le domino ou le billard, fut le rendez-vous des ultra-royalistes. Dans la grande salle dans cet établissement vénérable, avec ses colonnes cannelées à la mode de 1788, avec l’encadrement de bois ciselé de ses glaces, avec ses vieux quinquets à guirlandes de cristal éclairés à l’huile, le café de Foy n’ayant jamais adopté l’éclairage au gaz, la lecture et la conversation à voix basse tournant autour des représentations du Théâtre-Français restaient de mise.
À Joussereau succéda une madame Lenoir, puis un certain Lemaître, lui même remplacé par un certain Questel qui présida aux destinées du café de Foy plus d’un quart de siècle à la suite de quoi il fut racheté, en 1854, par Louis Bignon pour en faire le restaurant Bignon, établissement qui devint une des meilleures maisons de Paris avant que Bignon ne le cède, à son tour, à son propre frère, Jules Bignon, en 1847, pour aller prendre la direction du café Riche.
Jules Bignon ouvrira, en 1878, un établissement sous le nom de café Foy, situé à Paris au 32, avenue de l’Opéra. Ce restaurant cessa son activité à la fin du XIXe siècle.
[modifier] Source
- Augustin Challamel, Les Clubs contre-révolutionnaires, Paris, L. Cerf, p. 591-2.
- Louis Désiré Véron, Mémoires d’un bourgeois de Paris, t. 2, Paris, Gabriel de Gonet, 1853, p. 6-7.
- Mélanges de littérature et d’histoire, Paris, Gabriel de Gonet, Pour la société des bibliophiles français, 1877, p. 46-7.