Beau risque
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En politique québécoise, le beau risque est l'idée-clé du gouvernement Lévesque faisant suite à la défaite référendaire de 1980 et au rapatriement de la constitution canadienne sans l'accord du Québec par le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau
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[modifier] La naissance de l'entente
Lors des élections fédérales de 1984, le Parti québécois s'engagea à soutenir le Parti progressiste-conservateur de Brian Mulroney dans le but de réformer le fédéralisme canadien. Brian Mulroney, chef des Conservateurs depuis le printemps 1983, propose au gouvernement québécois d'entrer dans la constitution canadienne dans " l'honneur et l'enthousiasme ". Le premier-ministre québécois René Lévesque accepte l'offre de Mulroney et se lance à ses côtés pour les élections fédérales à venir. Ultimement, Brian Mulroney fut élu et le projet put se mettre en branle. Après des rencontres tant à Ottawa qu'à Québec, les deux chefs gouvernementaux s'entendirent sur les bases d'une entente. Le premier-ministre québécois devait proposer à ses députés de renvoyer aux calendes grecques la souveraineté en échange de l'entrée du Québec dans la constitution après consensus avec les autres premier-ministres provinciaux. Pour René Lévesque, un important travail de négociation devait s'amorcer.
[modifier] La fronde s'organise
Au sein du gouvernement québécois, de mentalité souverainiste, certains députés et ministres influents refusèrent carrément d'aborder quelque association que ce soit avec des forces fédéralistes. Des souverainistes de la première heure comme Jacques Parizeau ou le docteur Camille Laurin n'entendaient pas accepter le projet Lévesque-Mulroney, et ont fait rapidement comprendre à leur chef qu'ils quitteraient le gouvernement si l'entente venait à être ratifiée. De plus, de nombreux députés commencèrent à se réunir en cachette pour planifier une stratégie pour contrer cette entente. Des noms du gouvernement tels que Pauline Marois ou Guy Chevrette participent alors aux rencontres menées par la députée des Îles-de-la-Madeleine Denise Leblanc-Bantey. En secret, une frange importante du caucus péquiste décide alors d'affronter leur chef sur la question constitutionelle. Au début novembre 1984, une réunion importante du caucus péquiste a lieu à Québec ou la question du " beau risque " est sur toutes les lèvres. Une partie importante des troupes avec en tête Parizeau, Laurin et Leblanc-Bantey, font comprendre à René Lévesque que s'associer aux conservateurs et aux fédéralistes mènera à la mort du Parti Québécois et de l'option souverainiste. Malgré le message clair que lui lance son caucus, René Lévesque refuse de reculer et avant la conclusion du caucus le chef tranche : tu es pour le Beau Risque ou tu sors. Le compte à rebours avant l'explosion de la crise est officiellement lancé.
[modifier] Le gouvernement s'effondre
Le 20 novembre 1984, le député de Deux-Montagnes Pierre De Bellefeuille quitte le caucus péquiste pour siéger comme indépendant. Il part en déclarant qu'il juge impossible de continuer dans un gouvernement qui ne croit plus en son but premier. Le 22 novembre 1984, le gouvernement péquiste éclate. En matinée, le ministre des Transports, Jacques Léonard, démissionne pour protester contre les nouvelles positions du gouvernement. Denise Leblanc-Bantey fait de même quelques minutes plus tard. L'après-midi, deux nouvelles arrivent sur le fil de presse. Le vice premier-ministre et ministre des affaires sociales, Camille Laurin, quitte à son tour le gouvernement. Le ministre des finances, Jacques Parizeau, numéro deux du gouvernement et véritable pilier, quitte à son tour le cabinet en déclarant que la religion ne peut survivre si le pape perd la foi. Deux jours plus tard, Louise Harel démissionne elle aussi. Denis Lazure, en voyage en Russie, démissionne à son retour. En tout, les troupes péquiste perdent cinq ministres et trois députés d'arrière-banc.
[modifier] Les conséquences
Le 20 juin 1985, sept mois après la crise du Beau Risque, René Lévesque, profondement affaibli par la crise qui a secoué son gouvernement et poussé vers la sortie par différents ministres aux dents longues, démissionne comme chef et président du Parti Québécois. Le 26 septembre 1985, Pierre-Marc Johnson succède à René Lévesque. Il refuse de remettre la question constitutionelle sur le tapis. Ce dernier déclenche une élection générale quelques semaines plus tard. Le 2 décembre 1985, le Parti libéral de Robert Bourassa défait le Parti Québécois. Maintenant en position de négocier avec un vis-à-vis fédéraliste, Mulroney met sur la table le projet qui deviendra en 1987 l'accord du lac Meech.